AGRICULTURE

 

Les terres djebahies sont riches. Elles ont donné des records de céréales dans les plaines de Mahas et de Ain El Bor... Elles ont donné les meilleurs crus dans les vignobles en amont de Boubekeur et du versant nord-est du Boutboul, elles ont donné de très bonnes récoltes de betteraves fourragères, de tournesol ou de haricots blancs sur le versant sud d'El Madjen... Aux premières années de l'indépendance, Si Hamid a essayé l'ail dans sa parcelle de R'Mada, ce fut une réussite; il planta des carrottes et des pommes de terre à El Maasra et ne sut qu'en faire tant le rendement fut important, il essaya le melon dans la lagune d'El Madjen qui s'assèche en été et eut une récolte qui n'avait rien à envier en quantité et en succulence à celles de Bordj Ménaïel.

Le Comité de Gestion du domaine autogéré sut aussi faire donner à cette terre généreuse d'autres richesses. Le comité de gestion, c'est toute une histoire... de son premier président, Lakehal le bien nommé en passant par Boudjemaa qui acquit le surnom de "brizidene" (président) à Gargattou pour arriver à Moha... Cette histoire vous sera racontée, nous vous en faisons la promesse.

Les camions de la SAP n'arrêtaient pas leur navette entre les docks et les meules  au temps où la grande batteuse rouge était encore fonctionnelle. Les meules carrées de blés et les petits "nouaders" de foin   agrémentaient le paysage de la fin des "h'soum" jusqu'au bout des "S'mayem" et j'entends toujours avec une indéfinissable nostalgie les chants des faucheurs en ligne ou le signal de Hamana au muletier chargé d'évacuer la paille de la batteuse: "yaou rouh" ah'aouuuu !..."

C'était une période faste...

Le village reposait en équilibre parfait sur trois solides pilliers. Le vignoble, l'olivier et le tabac.

Le vignoble était traité sur place dans la grande cave coopérative qui dominait de sa stature les mansardes du village. Les vendanges constituaient un grand moment de fébrilité. Les tracteurs allaient et venaient des vignobles à la cave, les remorques dégoulinant de jus de raisin. Le vin du village avait dit-on une très bonne réputation...

Les vendangeurs faisaient tout pour laisser derrière eux des grapilles de bon raisin qu'enfants, nous allions cueillir à leur départ.

A côté, dans l'endroit qui accueille aujourd'hui la nouvelle mosquée qui s'aggrandit démesurément et de manière inversement proportionnelle à la foi des villageois, des grands hangars accueillaient les feuilles de tabac dont les plants étaient semés en face, dans la petite place où la commune a construit un baraquement hideux pour accueillir des commerces encore plus hideux... C'est principalement Saïd Benrabah qui s'occupait de l'entretien des carrés de semences et des opérations de séchage des feuilles de tabac.

L'olivier lui, est superbement omniprésent. Si certains pays ont trouvé l'idée de mettre un cyprès ou une feuille d'érable sur leur drapeau, nous, nous aurions dû y mettre un olivier.

Cet arbre généreux nous a tout donné sans que ne lui rendions la pareille. A son huile qui a tout d'un elixir et d'une panacée   s'ajoutent ses fruits que nous préparons à toutes les sauces et que toutes les maisons du village conservent en toutes saisons,  son bois nous donne une si douce chaleur odorante et ses grumes entretiennent des feux persistants dans nos âtres, sans compter ses branchages qui garnissent nos haies, son ombre épaisse qui permet aux paysans de s'abriter des rayons incandescents du soleil, ses ramures qui donnent des cannes qui resistent aux bastonnades les plus enragées et ses Y qui permettent de sculpter de superbes mains de tire-boulettes .

Le ramassage des olives commence en novembre et se termine dans les froideurs de janvier et il arrive, en periode de bonne récolte qu'on aille jusqu'à mars. Les chantiers de femmes qui s'égaient dans la nature donnent des couleurs à la grisaille des terres labourées et on y voit de proche en proche les volutes de fumée des foyers qu'elles allument pour se rechauffer et qui donnent l'impression de signaux indiens.

Que serait la cueillette des olives sans cet auxilliaire indissociable de nos paysans qu'est l'âne ?... En effet, c'est sur l'échine tenace de ce sympathique quadrupede que les tonnes d'olives de tous les coins sont transportées vers le "missour" (le mot dérive surement de "mesure") où  elles sont entreposées par tas distincts.

L'huilerie du village qui travaillait de jour comme de nuit et malgré ses moyens techniques rudimentaires réussissait à triturer toutes les olives de la contrée. Les villageois pouvaient y accéder pour tremper des pains entiers dans les cuves et en ressortir en mordant goûlument dans la pâte dégoulinante.

Le village sentait bon l'huile d'olive de la SAS aux Nouaders et la fumée qui se dégageait de la cheminée de l'huilerie avait l'air avenant d'un feu d'auberge.

On ne sait comment tout fut disloqué...

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vous avez autre chose à dire sur ce sujet ? écrivez-moi à borhan26@hotmail.com ... je me ferai un plaisir de vous publier...

 

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