Jeudi 1 janvier 2004 : Le soleil est revenu après les derniers jours gris de 2003. Le vieux Zaoui, un monsieur qui a fui la montagne pour s'abriter au village est mort aujourd'hui; il a été enterré au cimetière de Boubekeur. GERIR reprend les travaux de réfection de la chaussée; il faut espérer que cette société nous libère enfin du calvaire de la boue dans lequel elle nous a mis et qui nous fait regretter le temps des ornières et des nids de poules... Le téléphone est toujours en dérangement; maintenant que le réseau est enterré, il faut s'attendre à ce que sa réparation prenne des mois...
Vendredi 2 janvier 2004 : Journée fade comme un couscous du quarantième jour... La pluie ne veut pas prendre une décision ferme et joue avec le vent. C'est la fin des vacances d'hiver et dès demain le piaillement des écoliers redonnera de la vie à nos jours de boue. Le téléphone s'est remis en marche; notre appréhension d'hier s'est avérée non fondée et c'est tant mieux !  
Samedi 3 janvier 2004 : Le ciel n'arrête pas de déverser son eau sur nos contrées. Ca ruisselle de partout et quand on se dit que ça va s'arrêter ça reprend de plus belle. Le débat national, totalement biaisé est concentré sur l'imbécile guerre de leadership entre dinosaures du Parti Unique... D'aucuns prêtent à Bouteflika le dessein de faire rendre gorge au FLN - patrimoine de tout le peuple - mais à voir la manière avec laquelle il opère, on comprend qu'il veut plutôt remettre en selle ce parti en lui ajoutant un peu plus de stalinisme. Ce n'est pas cette vieille garde qu'elle soit Boutefliko-Belkhademienne ou Zeroualo-Benflissienne qui redonnera leur pleine citoyenneté aux algériens... Heureusement que le temps se chargera de classer ce remugle de l'histoire dans ses sous-sols dans moins de 20 ans... Heureusement aussi que ces débats de coqs comme les a qualifiés l'autre dinosaure, Abdelhamid Mehri pour ne pas le nommer, restent confinés aux hauts lieux de la politique et ne descendent pas jusqu'aux pâquerettes où nous nous ébattons...  J'ai enfin compris pourquoi le téléphone marque une pause entre 18 H 30 et 21 H 30... C'est le nouveau central, installé dans les locaux de l'ex Souk el Fellah, du côté de la cave qui ne parvient plus à fonctionner durant cette fourchette de temps du fait de la surconsommation du courant par temps de grand froid. Cette surconsommation génère une baisse de tension qui ne permet pas aux équipements de fonctionner. Ce phénomène est aujourd'hui devenu une règle alors qu'il constituait une exception, en effet, les quartiers de "la SAS", d'El-Harka et même du centre du village n'arrivent même pas à allumer les téléviseurs car le courant qui leur est dispensé ne le donne que la possibilité d'avoir une lumière de bougie dans leurs lampes.  
Dimanche 4 janvier 2004 : Le soleil s'échine depuis son lever à balayer les nuages résiduels et en début d'après-midi il n'est resté que quelques stratus obstinés. Il faut espérer que la nuit leur prodiguera le sympathique conseil d'aller se faire voir ailleurs que dans nos cieux... Un semi-remorque a été volé d'audacieuse manière du côté de Boulerbah puisque les pirates s'y sont pris en pleine journée. La version des faits que colporte le téléphone arabe et que répercute radio-trottoir dit que les voleurs qui agissaient en duo auraient neutralisé le chauffeur après qu'il ait remonté une roue suite à une crevaison; ils l'auraient ensuite embarqué dans la malle de leur véhicule tandis qu'un comparse s'est chargé de dételer la citerne de 20000 litres du côté du pont de Djebahia pour fuir avec le tracteur. Le chauffeur a été ramené du côté du même pont puis relâché une heure plus tard. On a d'abord dit que le camion appartenait à l'Usine d'eau minérale de Ben-Haroun et la nouvelle a fait le tour du patelin avant d'être démentie; il n'empêche que dans cette affaire, un camionneur a perdu un camion, des voleurs en en gagné un et notre population a eu l'occasion de papoter et c'est déjà ça de gagné aussi !
Lundi 5 janvier 2004 : Au marché de Brachma on entend plus de bêlements que de paroles d'hommes... La fête du sacrifice approchant à grand pas, tout le monde court après le sacré mouton. C'est encore un obstacle que la population s'est imposé et qu'elle se plaint de ne pouvoir sauter... Le temps s'est mis au beau mais la gelée du matin risque même d'avoir raison des fèves de Saadi Boualem tant elle est dense...
Mardi 6 janvier 2004 : On dit chez nos paysans que le gel doit faire ses quarante jours même si c'est en juillet !... la couche de glace qui recouvre la nature ce matin vaut celle d'une dizaine de jours de gelée normale. Il faut espérer  que le temps qui se fait stakhanoviste  tiendra compte de ses concentrations de sadisme pour nous réduire ses quarante jours  à une durée plus supportable... Au marché de voiture de Brachma, il y'a une affluence des grands jours... Au village, GERIR continue à refaire avec acharnement la travail qu'il a déjà fait sur la route; le tronçon entre la cave et la "SAS" est presque prêt à recevoir sa couche de goudron; le tronçon entre la cave et les "Nouaders" continue à martyriser les suspensions... Aissa El Baggar m'a confirmé l'exceptionnelle récolte d'olives de cette année et le rendement qui dépasse les 16l au quintal du côté de Harchaoua. Une grippe extrêmement  violente sévit dans la région; d'habitude elle alitait les gens pendant une semaine s'ils n'ont pas la chance d'avoir des anticorps disposés à en découdre avec le virus; cette année ceux qu'elle frappe ont droit à quinze jours de congé de maladie non complaisant...
Mercredi 7 janvier 2004 : Encore une nuit glaciale et au petit matin un manteau de gelée recouvrant la nature. Mais la journée fut joliment ensoleillée, ce qui a permis à GERIR d'avancer dans ses travaux de réfection de la route jusqu'au niveau de la poste. L'opération d'épandage du gravier puis de tassement devrait se terminer demain et si dame météo ne vient pas mettre son grain de sable, on devrait normalement voir l'entreprise entamer les travaux de goudronnage dès ce vendredi. 
Jeudi 8 janvier 2004 : Rien à signaler... sauf peut être cette panne du réseau électrique qui a plongé dans le noir certains quartiers du village à partir de 20 H.
Vendredi 9 janvier 2004 : Le courant a été rétabli aux environs de 13 H. Un drame a eu lieu à Boulerbah où cinq personnes qui ont accompagné une  parente à l'aéroport pour son pèlerinage ne sont pas revenues chez elles car la mort les a happées sur un des ponts de l'évitement de Lakhdaria. Une autre version parle de deux morts et trois blessés. Rachid Boukellal le dentiste et Malek Adjou se préparent à voler vers les Lieux Saints; ils ont organisé aujourd'hui des déjeuners d'au revoir pour leurs familles et leurs amis. Une nouvelle génération de villageois guidée non pas par l'attrait du titre de "Hadj" mais par le souci de remplir l'un des préceptes de l'Islam postule de plus en plus au pèlerinage malgré son coût exorbitant. GERIR n'a pas profité du répit accordé par la météo pour goudronner la route... Les nuages ont commencé à se faire menaçants depuis midi et rien ne dit que demain ils ne vont pas emporter les graviers qu'il a répandu sur la voie, l'obligeant à refaire cette opération pour la Nième fois.
Samedi 10 janvier 2004 : Il a fait assez beau. La presse a rapporté de manière lapidaire l'accident dont ont été victimes des membres de la famille Graïne de Boulerbah; il y'a eu carambolage entre une Peugeot 504, une Renault Kangoo et une Peugeot Expert; on a dénombré cinq morts; trois de Boulerbah et deux de Batna; les autres passagers ont été blessés. A 19 H 38, la terre s'est secouée brutalement pour nous rappeler que nous vivons à la merci de ses sautes d'humeur. Un petit mouvement de panique s'en est suivi mais tout le monde a fini par rejoindre ses pénates se disant sans doute qu'il est préférable d'affronter la peur du séisme que la gelée nocturne... La télé a bien sûr parlé de cette secousse; le CRAAG l'a évaluée à 5.7° sur l'échelle de Richter et a situé son épicentre à 25 km de Zemmouri pour bien montrer que c'est une réplique au séisme du 21 mai... Le téléphone se coupe par intermittence, ce qui ne permet pas d'appeler pour avoir une idée de l'ampleur des dégâts ni de se connecter pour informer les djébahis et nos amis de l'extérieur.
Dimanche 11 janvier 2004 : Aux infos de 7 H, on donne des détails sur le tremblement de terre de la veille. On précise qu'il n'y a pas eu de dégâts même à Boumerdès et Zemmouri où se situe l'épicentre du séisme.  On apprendra par la suite qu'il y'a 300 blessés, pratiquement tous du fait de la panique... La discussion au village tourne comme de bien entendu exclusivement autour du tremblement de terre. Tout le monde devient géophysicien instruit de la tectonique des  plaques ou imam sachant interpréter les signes de la colère de Dieu et les raisons de cette colère... Il se prépare certainement quelque chose chez les politicards car on remarque des regroupements bizarres qui annoncent de louches coalitions... ça doit sûrement avoir une relation avec la fébrilité qui anime les hautes sphères à l'approche de l'élection présidentielle et il n'est pas exclu que des comités de soutien se fassent connaître dans les prochains jours... Au lieu de soutenir des candidats qui l'ignorent royalement, Le village aurait gagné à voir se constituer un comité de soutien au... village  ! car il en a vraiment besoin pour s'extirper de la boue.
Lundi 12 janvier 2004 : c'est Yennayer... le jour de l'An traditionnel. un soleil généreux nous gratifie de sa chaleur et de sa lumière. La route continue à se faire retaper; aujourd'hui les engins décapent le peu de revêtement bitumineux qui couvre une partie du tronçon entre la cité lépreuse des Nouaders et le grand virage de l'entrée ouest du village. Aissa Dermouche, natif du village  est aujourd'hui sur toutes les lèvres. Le journal l'Expression croit voir en lui le futur préfet musulman de France et lui consacre un long commentaire. Ainsi, c'est enfin Chirac qui daigne accorder à un "Laperrinois" l'honneur qu'il mérite alors que nos gouvernants n'ont jamais pensé à puiser de la pépinière de compétences que constitue le village un maigre sous-préfet pour quelque Daïra perdue. Espérons que cette consécration sera effective... espérons aussi que du haut de son nouveau statut, Aïssa Dermouche se souviendra de la fontaine publique du village, des oliviers de Z'babedj El Metrouk, de Boutboul et de moukdiya qui l'ont vu grandir et que sa nomination fera sortir ce village de l'immense anonymat dont lequel il est maintenu... Nous présentons à Aissa Dermouche nos très sincères félicitations pour cette consécration.    
Mardi 13 janvier 2004 : La gelée habituelle a laissé place à une forte rosée. Le temps s'est littéralement printanisé et le soir on a eu droit à un radieux coucher de soleil. L'heure est entièrement aux olives; la récolte de cette année est exceptionnelle et les huileries devraient travailler à plein régime jusqu'au mois de mars ou avril.
Mercredi 14 janvier 2004 : Brouillard matinal le long de la RN 5... Journée agréablement ensoleillée; toutefois en fin de soirée des nuages ont commencé à affluer. La route est surchargée de cortèges accompagnant les pèlerins à l'aéroport.  Toutes les voitures ont le capot revêtu de l'emblème national. C'est devenu un rituel auquel tout le monde se plie. Rachid Boukellal et Malek Adjou ont, eux aussi, pris le départ l'après midi. 
Jeudi 15 Janvier 2004: Rien à signaler; loin des turbulences des états-majors politiques qui n'arrêtent pas de nous inciter par leurs inconséquences à rejoindre le gros du peuple qui ne croit plus que l'acte de voter est un devoir de citoyenneté, les villageois vaquent tranquillement à leur ... oisiveté.
Vendredi 16 Janvier 2004: La veuve d'El Ghomari, Khalti Aïcha pour les villageois, s'est éteinte aujourd'hui après une trop longue maladie. Il me souvient qu'un jour d'hiver des années 90, elle est passée par El Maasra à pieds dans le froid matinal. Ma mère qu'elle respectait en sa qualité d'ancienne voisine l'a appelée pour lui demander les raisons de sa présence insolite si loin du village. Khalti Aïcha lui a expliqué qu'elle avait entendu dire qu'à El Khaloua, la colline boisée qui domine El Maasra, poussait cette plante qu'on appelle "Za3itra" et qui est réputée pour ses vertus curatives... Khalti Aicha était grippée; elle n'avait pas de quoi acheter les médicaments prescrits par le médecin du dispensaire et c'est vers la pharmacopée locale qu'elle a dû se rabattre. En dépit de la fièvre et de la fatigue que lui occasionnait sa grippe, elle avait fait dans les froidures hivernales ce trajet de cinq kilomètres en aller-retour. Cette brave femme qui n'a connu de la vie que misère et privations sera enterrée demain au cimetière de Boubekeur où elle reposera en paix sous les oliviers. Paix à son âme ! 

 Samedi 17 Janvier 2004: Khalti Aicha a été enterrée à 12 alors que son inhumation était attendue à 14 H... Comme son mari, elle a dû subir une concurrence morbide de certains de ses proches... Le temps est au beau fixe; l'oued Djemaa est noir du rejet des huileries qui le bordent. Monsieur Mazouz qui fut l'avant-dernier wali de Bouira et qui officie aujourd'hui à Ain Temouchent avait eu le courage de s'attaquer au lobby des huileries; il avait imposé des bassins de décantation et interdit les rejets directs dans les voies d'eau. L'administration avait exécuté ses instructions avec beaucoup de zèle au point de laisser penser que la margine était plus nocive que le plomb ou le mercure. Ce wali parti, les bassins de décantation ont été oubliés et les huileries ont perdu leur caractère polluant car le nouveau wali a fait de l'irrigation de la pomme de terre à l'aide des eaux usées son cheval de bataille... pour en savoir plus sur ces formes de gouvernance, reportez vous à mon site: http://www.geocities.com/bouirapw

 Dimanche 18 Janvier 2004: Il pleut sans discontinuer depuis ce matin. C'est GERIR, la société chargée de la réfection de la route qui doit rire jaune car le sable avec lequel elle a couvert la voie en attendant de la goudronner va pour la troisième fois revenir à la rivière d'où il a été prélevé...   

 Lundi 19 Janvier 2004: Profitant de l'obscurité de la nuit, la neige a jeté discrètement son manteau blanc sur les hauteurs de Ben Haroun. La pluie qui est tombée durant toute la journée n'a pas réussi à la faire fondre et le soir, elle était toujours là à narguer la boue du village.

Mardi 20 Janvier 2004: La neige qui est tombée sur les hauteurs de Ben Haroun a persisté jusqu'à aujourd'hui et s'amuse à glacer les vents qui y transitent avant de nous les renvoyer. Les travaux de refection de la route sont toujours à l'arrêt; mais les ponts et chaussées ont eu la bonne idée de réaliser des fossés bétonnés à partir du sommet de côte de la SAS; ce qui va conférer à la route plus de longévité. Ils devraient faire la même chose pour tout le rebord de la route, d'El Barda à Brachma afin de nous éviter le  spectacle de Essaid "Boudouaou" qui n'arrête pas de faire semblant de désherber les talus en regardant passer les voitures le manche de la pelle sous le menton... 

Mercredi 21 Janvier 2004: Je conçois très bien que la chronique peut lasser si elle n'arrête pas de parler de la réfection de la route mais je n'y peux rien si rien ne vient galvaniser l'actualité du village... 

Jeudi 22 Janvier 2004: Une lycéenne d'Aomar a été spectaculairement percutée par un chauffard de taxi devant l'arrêt de bus de Brachma. A voir les comportements de tous les âniers qui roulent carrosse, on rêve de revenir au bon vieux temps des calèches...

Vendredi 23 Janvier 2004: La pluie nous a donné un répit pour cette journée. En matinée il y'eut un épais brouillard que le soleil a trouvé beaucoup de peine à balayer. Au crépuscule nous eûmes droit au spectacle d'un coucher flamboyant.

Samedi 24 Janvier 2004: La pluie est venue démentir le proverbe de la météo paysanne. Le coucher de soleil écarlate d'hier n'a pas donné le beau temps promis. Selon Chachou, des journalistes sont venus d'on ne sait où pour enquêter sur le passé du préfet Dermouche; mais Chachou dit que cette affaire ne l'intéresse pas car il a d'autres préoccupations; la principale étant la fermeture de la cantine scolaire squattée par des "sinistrés" du séisme du 21 mai et auxquels le maire n'a pas daigné accorder des logements alors qu'il en a plusieurs en attente de répartition. L'autre souci de Chachou, ce sont les logements de ses vieux collègues retraités et dont il voudrait bien faire bénéficier ses jeunes collègues en activité. Le Directeur de l'éducation ne l'a pas beaucoup aidé pour démêler cet écheveau... il aurait tout simplement donné des décisions d'affectation aux postulants et leur a conseillé d'ester en justice leurs aînés afin de les obliger à vider les lieux... Entre nous, c'est une belle leçon de solidarité corporatiste que cherche à déclencher le marchand d'alphabet en chef !

Dimanche 25 Janvier 2004: L'heure est aux bêlements... Le mouton est omniprésent aussi bien dans l'espace que dans les discussions. J'ai entendu hier Slimouni demander à (Touhami) Ahmed-Hamouda de lui trouver un petit mouton pour petite bourse. Ahmed-Hamouda a été catégorique: ça n'existe plus ! Le mouton présentable se négocie à plus de Un Million Huit cent mille Centimes. Ce soir un bouchon s'est formé à Brachma; la circulation s'est étendue de Kalous à Boulerbah et demain, dernier marché avant l'Aid, ça va être la fête pour les automobilistes puisque les moutons vont certainement déborder le souk pour occuper la RN5.

Lundi 26 Janvier 2004: La conjugaison d'un fort brouillard matinal avec la cohue du dernier lundi de marché avant l'Aïd a causé un énorme embouteillage sur la RN 5. Le marché de ce matin pouvait à juste titre être qualifié de "souk m'sekreff" selon l'expression villageoise qui veut dire "marché géant". Les automobilistes ont du garer leurs voitures même devant le cimetière de Sidi Athmane. La décantation ne s'est opérée qu'après 14 H.

Mardi 27 Janvier 2004: Ca discute mouton à chaque coin de rue. Le prix du mouton a même détourné les enfants de leurs ruées habituelles  vers l'habillement et les jouets. Le prix des fruits et légumes devient insolemment agressif avec les 3ouachirs. La pomme de terre reprend ses airs de grandeur en s'affichant à trente dinars et l'orange dont c'est pourtant la saison est proposée à plus de 80 DA. Les gens de notre village, comme tous les algériens d'ailleurs, ont appris à transformer leur rire en rictus à l'occasion de ces grosses épreuves qu'on continue à appeler "fêtes"... On comprend que la fête des pères soit ignorée... c'est toujours leur fête !

Mercredi 28 Janvier 2004: Il a bien plu ! L'Isser et Oued Djemaa sont remplis à ras le bord. Saadi Boualem m'a dit qu'il attend vainement un répit depuis plus de vingt jours pour planter quelques oignons. Mais ce n'est pas le déluge qui sauvera les moutons de leur mort programmée. Le spectacle de la bête conduite par l'homme à son inévitable destin est omniprésent. Un embouteillage monstre s'est formé à hauteur de l'EDIMCO de Lakhdaria. La route s'est très vite retrouvée bloquée suite à un accident de la circulation et le bouchon doit s'être étendu de Kadiria à Beni Amrane puisqu'à 16 H il s'étirait de la sortie est de Lakhdaria à l'entrée ouest de Kadiria. Les pouvoirs publics qui ont pour habitude d'interdire la circulation des poids lourds deux jours avant le vote et deux jours après, devraient penser à appliquer cette formule pour les grandes fêtes comme celles des deux Aids.

Jeudi 29 Janvier 2004: Il est 21 H 20... La rencontre de football entre l'Algérie et l'Egypte vient de se terminer à Sousse par la victoire de l'Algérie par 2 à 1. Le village s'est libéré de l'immense tension qui l'a tenu en haleine durant toute la rencontre. Les cortèges de voitures sillonnent les rues défoncées du village en klaxonnant et les jeunes courent dans les rues drapeaux au vent... Tout à l'heure des clameurs assourdissantes ont accueilli nos deux buts et les militaires et la garde communale n'ont pas hésité à tirer des salves pour saluer ces réalisations. La fête va se poursuivre certainement jusqu'à une heure tardive de la nuit.

Vendredi 30 Janvier 2004: On ne s'entend plus avec les bêlements des moutons. Cette année, le sacrifice en sera vraiment un vu le prix qu'affiche l'ovin dans les placettes transformées en souks à bestiaux à chaque bout de champ... Ca frise la folie car il y'a des moutons qui réussissent à se faire vendre à 5 millions de centimes et un bouc a été acheté à 1 million à Brachma... il y'a de quoi ne pas pavoiser quand la saison agricole s'avère bonne car, contrairement à toute logique c'est en pareil cas que les maraîchers et les éleveurs font leur loi. 

Samedi  31 Janvier 2004: C'est demain l'Aïd. cette journée intermédiaire entre le week end du jeudi-vendredi et les deux jours fériés de l'Aid a été comme de bien entendu sautée allégrement par tous les "travailleurs" et autres "étudiants". Sur la RN 5 c'est le calme plat... tous les voyageurs sont rentrés chez eux depuis le mercredi soir... La nuit, c'est un concert de bêlements que fait entendre le village... 

Dimanche 1 Fevrier 2004: L'Amen de l'Imam a donné le coup d'envoi au massacre des moutons. Dans un quart d'heure des millions d'entre eux sont passés au fil du couteau. Il n'y'a pas de "sacrifice" sans cruauté... mais cette épreuve que très peu de gens accomplissent avec gaieté de c?ur est récompensée dans les heures qui suivent par cette bonne viande de mouton que nous sommes nombreux à ne manger entre les Aïd qu'à l'occasion des fêtes familiales de l'été. 

Lundi 2 Fevrier 2004: Seconde journée de l'Aïd el Adh'ha. Notre gueule de bois à nous découle d'une indigestion... Les abats trop chauds et le bouzellouf trop gras, engloutis à la va-vite font tourner la tête et se retourner les estomacs et ni le chih' ni le zaatar ne nous remettrons d'aplomb avant deux ou trois jours. On dit que "Lah'm El Aïd mer'bi" (la viande de l'Aïd n'est pas "consistante")... en effet, une semaine après la grosse bouffe on se retrouve ses instincts carnivores qu'on croyait estompés. 

Mardi 3 Fevrier 2004: Le "pont" continue pour la plupart de ceux qui sont prétendus "actifs". Jeudi, Vendredi, Samedi, Dimanche, Lundi... pourquoi ne pas prolonger jusqu'au week-end se dit-on et s'exécute-on sans autre forme de procès surtout qu'une raison majeure dicte aux algériens de rentrer chez eux aujourd'hui à 13 H: la rencontre de l'Equipe Nationale avec celle du Zimbabwe dont nous nous sommes frottés les mains durant une semaine à l'idée d'en faire notre kebch El Aïd... Ce fut une brutale chute sur les fesses ! Le Zimbabwe nous administre une mémorable raclée et c'est l'Egypte qui nous permet de nous qualifier à ses dépens en concédant un malheureux nul face au Cameroun. C'est Amar Belaïd qui doit supporter une terrible désillusion lui qui me disait après notre victoire à l'arraché face à l'Egypte que nous possédions une équipe imbattable !

Mercredi 4 Fevrier 2004: Le journal "le Jour d'Algérie" (voir mon site réservé à la presse algérienne sur http://www.geocities.com/coquilles2003 a réservé un petit encadré à la route du village. Le correspondant y donne une version selon laquelle les travaux seraient à l'arrêt pour non respect des prescriptions techniques par l'entrepreneur. Cette histoire de route cache en réalité très mal des enjeux strictement électoralistes et il n'est pas dit que les villageois sortiront bientôt de la boue... Le 2e jour de l'Aïd un jeune homme a dérapé au niveau du grand virage de Djebbanet Enns'ara... C'est dans ce virage qu'est mort Hammida Boutheldja sur le tracteur du comité de gestion; c'est aussi en cet endroit qu'est mort l'année passée un Italien travaillant pour le compte de la sté qui réalise les ouvrages d'art de Oued Djelada; ce virage à angle droit a assisté à d'autres dérapages heureusement sans gravité. Il continuera à faire de nombreux morts et blessés puisque Dieu lui prêtera sans doute très longue vie grâce aux rivalités "bouliticiennes" de nos fondés de pouvoir... A Tizi Larbaa, entre Dra El Mizan et Aomar  c'est un octogenère de la famille Zouggar qui a été trouvé agonisant dans un ravin. Il est décédé à l'hôpital de Dra El Mizan. La consternation est à son comble surtout que le coupable de cet homicide serait un de ses neveux; ce qui pourrait causer une sanglante vendetta... Le défunt était un ancien émigré, élément très actif de la fédération de France du FLN puisqu'il était chargé de conduire les fédaï en moto pour accomplir les attentats (cette version de sa vie m'a été rapportée par un de ses voisins et amis).    

Jeudi 5 Fevrier 2004: "Ila khredj fourar ghouar, el kesra yet'dharbou bih'a ess'ghar" (Si en février la pluie n'est pas de la partie, avec les galettes se battront les petits" dit le proverbe météo de chez nous... et février d'habitude très peu porté pour la clémence est cette année d'une douceur avrilienne... L'autre proverbe météo dit: "fi fourar ellouz iguoul le'theldj t'bayyadh oualla n'bayadh !" (en février l'amandier dit à la neige: où tu blanchis ou je blanchis !"... et les amandiers se sont déjà enturbannés de blanc... est-ce à dire que l'année 2004 sera aussi généreuse que 2003 ? il est encore trop tôt pour l'affirmer puisque les connaisseurs vous disent que ce sont les pluies de mars qui feront la décision... En attendant, il fait un temps d'hiver à rendre jaloux le printemps et c'est tant mieux ! Dans un journal d'aujourd'hui, des investisseurs ont publié un communiqué faisant état de la réalisation d'une enquête d'impact sur l'environnement pour la construction d'une briqueterie à Djebahia. Cette usine devrait être réalisée aux environs de Boubekeur... espérons que les autorités n'iront pas bloquer ce projet au prétexte qu'il empiète sur les "terres agricoles" car ces terres, confiées à des incapables ne donnent rien depuis longtemps. 

Vendredi 6 Fevrier 2004: Les retours après la longue semaine de l'Aid drainent un flux interminable de voiture sur la RN 5 et comme d'habitude, Aomar, Kadiria et les gorges de Lakhdaria font grincer bien des dents, se vider bien des radiateurs, s'envoler bien des postillons  et s'user pleins de mécanismes d'embrayage.

Samedi 7 Fevrier 2004: Une cigogne niche déjà sur le minaret de la mosquée de Brachma et à la tombée de la nuit, la sérénade des grenouilles d'El Madjen se fait entendre de Ben Haroun. Pour rester dans la zoologie et particulièrement dans l'ornithologie, il faut signaler un phénomène assez bizarre et qui a de quoi inquiéter: il s'agit de la baisse dramatique de la population des moineaux. Cette disparition progressive de ce gentil passereau doit avoir des raisons qui n'ont peut-être rien à voir avec la grippe aviaire... Déjà que les étourneaux (Zarzour) boudent pour la deuxième année nos oliveraies (la première fois, ce fut en 1990, si mes souvenirs sont bons), que le gros bec (Dhourraiss) n'égaie plus les fougères de son chant, que le Nou3aidj ne survole plus nos chaumes, que le S'rand ne hante plus les bosquets, que Oum_Sissi, Bousbiss, El Kouba3a, El Hmey'ma, Boufessiou et El 3azzi ne sont plus qu'un lointain souvenir,  que le chardonneret,  Timarkamt pour nos villageois, (Moknine pour les algérois) n'existe qu'en cage, voilà que même le moineau risque de nous faire faux bond... Ca doit être terriblement triste une nature sans oiseaux; mais qui va réagir pour sauver les oiseaux dans cette société gangrenée par les clivages artificiels, les conflits imbéciles et la course vers le m'as-tu-vu et les artifices ?...

Dimanche 8 Fevrier 2004: Consternation au village après la défaite de l'équipe nationale face au Maroc. Le village s'est totalement vidé à 17H et on pouvait suivre l'évolution du jeu en écoutant seulement les explosions de joie, les exhortations furieuses, les silences résignés et les soupirs de dépit... La baraque disposée à l'angle de la poste a été rasée aujourd'hui. le jeune homme qui y proposait des petits riens aux passants a sans doute manifesté des velléités de retournement de casaque, ce qui aurait engendré la colère des édiles accusés de lui avoir accordé l'autorisation d'exercer pour son soutien... Ce n'est certainement pas une opération de nettoyage de l'environnement en prévision d'une quelconque visite présidentielle puisque nombre de mochetés continuent à s'ériger en verrues sur le corps d'un village lui même défiguré, à l'instar de la baraque de la place publique et de celles qui poussent devant l'esplanade de la mosquée. Le temps s'est remis aux froidures et durant toute la journée le soleil s'est éclipsé derrière des brumes d'une tristesse de défaite...

Lundi 9 Fevrier 2004: Le temps s'écoule sans trop faire de vagues. Les chantiers du village sont tous à l'arrêt et tandis qu'à Aomar les opérations d'aménagement urbain (placette de la mairie, rebords de la RN 5, construction du centre de formation professionnelle, construction de logements etc...) se poursuivent à une cadence effrénée, chez nous c'est le calme plat...

Mardi 10 Fevrier 2004: Les pèlerins commencent à rentrer de la Mecque. Les cortèges d'accompagnateurs se distinguent par les drapeaux décorant les capots des voitures. Le rapport entre Pèlerinage qui implique quelque part l'insertion dans une Oumma qui transcende les frontières géographiques et le drapeau qui symbolise justement ces frontières géographiques est encore un autre de nos secrets...

Mercredi 11 Fevrier 2004: Le soleil est revenu mais à la nuit tombée il fait un froid assez vif. Le printemps a pris tous ses aises du côté de Boubekeur, d'El Madjen, Moukdiya ou Boutboul. Les blanches fleurs des marguerites rivalisent avec les fleurs jaunes de la vinaigrette et la moutarde empressée étale déjà ses branches au dessus de toutes les plantes... le narcisse n'a pas eu cette année l'occasion de faire le beau en solitaire car la nature s'est laissée aller à l'exubérance avant terme. Seul le coquelicot se laisse encore désirer mais il obtempérera certainement très vite aux ordres de madame Soleil pour venir donner du rouge aux champs... Pour le reste, c'est toujours le calme plat. 

Jeudi 12 Fevrier 2004: C'était prévisible... les dos d'âne d'El Maasra ont fait des petits... de la SAS jusqu'à la cave, les riverains de la route départementale 125 ont en érigé 6 autres... Dans ce pays à l'imagination en panne, il ne reste aux citoyens que l'idée de "faire comme l'autre". Cette  imbécillité érigée en Djabahian way of live se trouve encouragée par le laxisme et la complaisance coupables d'une autorité locale dont le seul souci consiste à ne pas déranger pour ne pas être dérangée...

Vendredi 13 Fevrier 2004: RAS... Tout semble léthargique sauf les herbes qui, dans les plaines en contrebas de Djebbanet Ensara montent déjà à l'assaut de la route.

Samedi 14 Fevrier 2004: La vie s'écoule dans une torpeur que ne parvient même pas à déranger la finale de la Coupe d'Afrique remportée ce soir par la Tunisie.   

Dimanche 15 Fevrier 2004: Ils oublient la gadoue dans laquelle ils pataugent et font de l'élection présidentielle leur préoccupation de l'heure. Les villageois trouvent encore prétexte à diverger... Les partisans de Louiza Hanoune font presque du porte à porte pour récolter les signatures au profit de cette dame qui fait de la politique un amalgame de contradictions et de populisme (il existe beaucoup de "mirlitants" de cette formation chez-nous et paradoxalement, pour ce "parti des travailleurs" ils sont en très large majorité oisifs); les partisans du président-candidat se recrutent, eux, dans cette formation-alibi qui a pour nom RND et qui regroupe toutes les sangsues que le régime à générées depuis 1962... chez ces gens-là, les signatures vont bon train même si elles sont inutiles car le président-candidat n'a pas besoin de cette goutte d'eau_bséquiosité pour remplir les tonneaux dont lui font cadeau ses partis-soutiens. Les partisans de l'aigri Benflis agissent pour leur part avec une peureuse discrétion... l'intronisation de cet homme qui vient du néant et qui a voulu éclipser ceux qui lui ont permis d'être devant les feux de la rampe étant très peu sûre, on craint de s'afficher à ses côtés de peur des représailles de demain... Pendant ce temps, le village est sans eau depuis l'Aïd pour une motopompe qui aurait grillé ou quelque chose du genre...et des quartiers entiers restent sans électricité et sans route comme "El harka" ou  "Zebboudj djemaa"... Pendant ce temps aussi, à Kadiria et Aomar, ce sont de très vastes chantiers d'aménagement urbain qui sont lancés dans l'euphorie des populations et des élus... C'est vrai que "Harchaoua, fass bla h'raoua" comme le disait si bien Sidi Ali Bounab... (NB/ harchaoua:  la tribu en entier, pas seulement le malheureux village de Ain Laazera).

Lundi 16 Fevrier 2004: Bouferkas Saïd... Ammi Said,  "Boulahya" pour ses intimes est mort ce matin à 2 H des suites d'une maladie brutale. Il est 15H50 et nous venons de rentrer du cimetière de Braïka où nous l'avons inhumé. Paix à son âme et sincères condoléances à ses proches. "El Maasra" ne sera plus jamais ce qu'elle a été car la faucheuse vient de lui retirer une pierre trop éminente pour ne pas laisser sa place désespérément vide.  

Lundi 16 Fevrier 2004:  L'entreprise chargée de la réfection de la route a repris les travaux. Aujourd'hui elle a arrangé le tronçon situé entre "El Khazna" et "El Korraba". L'entrepreneur qui réalise ces travaux est accusé de consacrer le gros de ses efforts à un chemin de wilaya situé du côté d'El Hachimia parce que la population de la région lui montrerait qu'elle tient à sa route, ce qui n'est pas le cas de la nôtre... Les Italiens de la firme Garboli qui ont réalisé les ouvrages d'art de l'autoroute sur l'oued Djelada devraient bientôt plier bagages car ils en sont aux dernières retouches. On ne sait pas ce que l'autorité fera de l'immense base vie qu'ils vont laisser à "El Krouma" (bled Boumghar). On apprend que le père Sellami qui habite la belle villa du bord de la RN5 et dont les enfants gèrent les grandes surfaces à meubles, literies et draperies de Reghaia est mort des suites d'une chute.

Mardi 17 Fevrier 2004: Le mauvais temps est revenu. Il s'est annoncé d'abord par un froid assez vif puis par des nuages bas qui, dans l'après-midi ont donné des averses assez violentes.

Mercredi 18 Fevrier 2004: Le village a retrouvé son aspect boueux qui le distingue des autres villages. La mélasse est partout. Les pèlerins sont presque tous revenus des lieux saints et dépensent ce qui leur reste de sous en grandes bouffes auxquelles les villageois à la recherche de "baraka" (mais surtout de bon couscous au mouton) ne se font pas prier. 

Jeudi 19 Fevrier 2004: Les agapes "pélerinesques" continuent à drainer les flots de villageois vers les banquets dressés par les illustres "invités du Seigneur". Le temps se remet au beau après l'interlude pluvieux d'hier; pour le reste c'est toujours le calme plat.  

Vendredi 20 Fevrier 2004: Il souffle depuis les premières heures de la nuit un vent à déraciner les oliviers. La boue d'hier s'est totalement asséchée et le décor est peuplé de sacs de plastique noirs qui volent très haut comme des corbeaux lugubres. Le vent vient du sud;  il est assez chaud et transporte des poussières de sable qui rendent le ciel ocre. Dans cet air trop chargé, les lampadaires ne représentent que des points lumineux entourés de halos auxquels la diffraction de la lumière donne toutes les couleurs du prisme. Avec le vent qui souffle comme un damné, cela donne une ambiance de fin du monde. quelques satisfactions sont quand même notées: l'eau qui est revenue depuis hier, le téléphone et l'électricité qui continuent à fonctionner malgré ce temps exécrable.

Samedi 21 Fevrier 2004: L'année Hégirienne se termine dans un décor d'apocalypse. Le sable du désert semble avoir été entièrement transbordé du Sud vers le Nord. Le sirocco a soufflé durant toute la nuit d'hier et la journée d'aujourd'hui; il a pris ses aises comme s'il était dans ses éléments de Juillet-Août, oubliant que nous devrions vivre les froidures de la "h'dachiya" (la onzaine). Les velléités de nettoyage de l'air que la nature a osé se permettre ont été très timides et les quelques gouttes de pluies qui sont tombées sporadiquement n'ont fait que maculer les carrosseries des véhicules de chiures de mouches. Les journaux d'aujourd'hui focalisent tous sur les prêches sur commande que les Imams ont fait subir aux fidèles dans les mosquées lors de la prière du vendredi. Il aurait été question de réquisitoires en règle contre le journal "Liberté". Ledit journal a mis ça sur le compte de son opposition déclarée à Bouteflika en oubliant les piques de son caricaturiste aux gardiens des temples heu... des mosquées !... Ces controverses sont loin d'être inutiles... ça a le mérite de faire jaser le peuple et de l'occuper en l'invitant à assister aux joutes oratoires qui se donnent sous le grand arbre à palabres... Mais trêve de digression... revenons à nos moutons et souhaitons une bonne année nouvelle à tous les habitués de notre chronique.  

Dimanche 22 Fevrier 2004: Une pluie drue a lessivé l'atmosphère durant la nuit et au petit matin un jour radieux est venu nous faire oublier les jours d'apocalypse qui l'ont précédé. De la neige rouge est tombée sur l'Italie comme pour nous faire comprendre que nous ne fûmes pas les seuls à avoir subi la tempête de sable.

Lundi 23 Fevrier 2004: Des fossoyeurs ont été vus hier au cimetière de Boubekeur. Renseignements pris, il s'est avéré que c'est une femme qui est morte; il s'agit de la veuve Bathi; elle a perdu son mari depuis peu. C'est une famille qui s'est installée récemment au village. Le temps est toujours très beau; la tempête de neige qui a sévi en Syrie, Turquie, Italie, Grèce... semble ne pas être intéressée par nos contrées et c'est tant mieux. 

Mardi 24 Fevrier 2004: La fête des pétroliers est passée inaperçue; les présidentielles nous réservent des jours difficiles avec tous les zélés fans qui piaffent d'impatience d'en découdre. Au village c'est le beau fixe. Les herbes poussent à vue d'?il et les fèves sont déjà en fleurs. Les travaux sur la route du village semblent avoir été complètement abandonnés; l'entreprise qui en est chargée travaille sur le tronçon "El khazna-El Korraba". La profusion d'olives fait que les huileries continuent à tourner à plein régime; la preuve est administrée si besoin est par Oued El Djemaa qui continue à envoyer ses eaux de noire margine vers l'Isser.  

Mercredi 25 Fevrier 2004: Février est décidé à confier en douceur le témoin à Mars. La semaine se termine dans la lassitude. Les grosses manipulations ont commencé et la campagne électorale aux présidentielles se joue par perfidies réciproques. Les manipulations sont légion et le peuple se laisse prendre avec une facilité déconcertante au jeu des groupes de pression. Au village tout semble calme mais les man?uvriers doivent affûter leur stratégie dans les arrières-salles pour qu'au moment opportun ils abattent leurs cartes. La sérénité qu'affiche le village ressemble au calme qui précède la tempête...

Jeudi 26 Fevrier 2004: Rien à signaler... Le village continue à couler des jours paisibles sous un temps qui refuse de prendre position en balançant entre beau et moins beau.

Vendredi 27 Fevrier 2004: Toujours rien à signaler hormis une descente des forces de sécurité du côté de Ben Haroun; Radio Trottoir parle de l'arrestation d'une dizaine de personnes. 

Samedi 28 Fevrier 2004: On apprend que des arrestations ont été opérées du côté de Chaabet Yekhlef; les personnes interpellées aurait un rapport avec l'assassinat d'un bijoutier à Draa Ben Khedda.

Dimanche 29 Fevrier 2004: C'est au tour du vieux Khelil de tirer sa révérence. On ne reverra plus cet espiègle vieillard à la moustache révoltée. Le vieux Khelil habitait le nouveau quartier du nord-ouest du village qui surplomble la route nationale 5.

Lundi 1er Mars 2004: C'est demain l'Achoura et les bons croyants qui font les commerçants n'ont pas hésité à spéculer rageusement sur les prix de tout ce qui se mange. La pomme de terre frôle les 50 DA; le piment est vendu à 140 DA; seule la pauvre tomate ferme la marche à 20 DA... Le froid se fait très vif et les hauteurs de Bouhandjar sont déjà blanches de neiges. La météo prévoit pour demain un enneigement jusqu'à 300 m; si ces gens là ne se trompent pas dans leurs prévisions, nous allons nous réveiller sous un manteau blanc. La presse relativise le nombre des personnes arrêtées à Ben Haroun en le situant à 5... Radio trottoir revient à la charge en précisant qu'hier aussi il y'a eu d'autres arrestations (une dizaine). 

Mardi 2 Mars 2004: La météo a vu juste ! Il a neigé même sur Oued El Djemaa... beaucoup de neige ! ça a commencé la nuit mais c'est durant la matinée que ça s'est pris au sérieux ! Et ça risque de continuer cette nuit car il fait un froid glacial et le ciel est chargé. L'électricité nous a faussé cie en soirée mais a été fort heureusement rétablie avant la nuit. 

Vendredi 5 Mars 2004: Journée de plein soleil. Le printemps a pris de très sérieuses options et les herbes se font déjà faucher sur les bords de la Départementale 125. Les aubépines commencent à fleurir et les genêts ne vont pas tarder à donner des notes d'or aux maquis.

Samedi 6 Mars 2004: La Route Nationale 5 a été totalement bloquée par les habitants de Ziraoua qui réclament la réalisation d'un pont susceptible de mettre fin à l'isolement de leur bourg. Les usagers de la route ont dû supporter encore l'enfer d'un embouteillage qui a duré de 8 H à 14 H. En soirée le village apprend dans une sorte d'apathique indifférence le suicide d'un jeune homme par pendaison. Le malheureux Kermia Ali est originaire de la région d'Ain Bessem et habitait "La SAS" depuis quelques temps. Il ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales. Il a mis fin à ses jours en se pendant à un olivier de Zebboudj Djemaa. 

Dimanche 7 Mars 2004: Ce matin, il est tombé des hallebardes ! Le ciel a réussi à se dégager par la suite et le beau temps s'est réinstallé. Les politicards de tous bords ont déjà lancé la campagne électorale pour les présidentielles en allumant des feux là où ils ont pu trouver des pyromanes et des situations potentiellement explosives... Les habitants de Ain Laloui (Ain Boudhib); ceux de Ain el Hadjar et ceux de Ziraoua ont coupé les routes pour gêner les usagers, pensant qu'ainsi ils gênaient le pouvoir. Celui ci, en pleine recomposition, ne veut plus s'engager. Le bras de fer se termine généralement par une promesse d'un chef de Daira ou d'un wali qui ont appris l'art de désamorcer les crises sociales en usant de promesses qu'ils savent ne pas pouvoir tenir car ils n'ignorent pas qu'ils doivent être mutés avant l'échéance qu'ils se sont fixée.

Lundi 8 Mars 2004: C'est la journée de la femme... La femme est si considérée qu'on lui réserve une journée sur 365, journée durant laquelle elle a droit à un après-midi de repos qu'elle consacrera à ses enfants et à sa cuisine... Ce matin une catastrophe a été évitée de justesse sur la RN5 au niveau du palier entre Aomar-Gare et "El Koudia El Hamra"; un car rempli de voyageurs a percuté un camion; les passagers s'en sont tirés sans casse mais avec une grosse frayeur. Le glissement de terrain d'El M'Rakba s'est accentué; la terre qui a été nivelée par les bulldozers de Cosider après le premier glissement a repris son mouvement et les crevasses risquent de se propager en amont sur les terres d'El Djbara et jusqu'à Harchaoua ; en face, le tapis de goudron posé sur la nouvelle autoroute ne paie pas de mine car il s'est soulevé de manière spectaculaire. Les études de sol semblent avoir été menées avec beaucoup de légèreté par les bureaux techniques chargés du suivi de la réalisation de cette voie de communication et il y'a fort à craindre que des catastrophes majeures en résultent. Au niveau du versant sud de Oued Djelada en contrebas de Ben Haroun, la construction du pont a déstabilisé le sol et l'immense mur de soutènement qui le retient ne résistera sûrement pas longtemps à la formidable poussée qui s'exerce sur lui. A Ain Cheriki la colère des citoyens les a poussés à arrêter le chantier de construction du tunnel car les travaux qui s'y déroulent ont asséché les puits d'eau potable.

Mardi 9 Mars 2004: La route du village, il faut bien y revenir, continue à faire souffrir les suspensions des véhicules. Il faut savoir que les travaux de réalisation d'une distance de 1 km reliant "Ennouaders" à "la SAS" ont débuté au mois d'octobre de l'année passée. Cela fait donc 6 mois que ça dure... En d'autres termes, on n'a pas pu réaliser 6 m de route par jour... une performance digne de figurer au Guiness ! Tous les journaux de ces derniers jours parlent de notre village pour une affaire qui défraie la chronique et qui est relative à l'incarcération d'une dizaine de personnes pour activités subversives. Le village, d'habitude prompt à se passionner pour n'importe quoi reste inexplicablement placide devant les présidentielles d'Avril. Les observateurs au fait des arcanes de la "boulitique" parlent de retournements de vestes dont on entend le bruit de Lahguya jusqu'à D'hamnya... Des messieurs qui juraient FLN et qui se sont même permis de guider la protesta lors des élections locales se sont transformés par miracle en zélés fans du candidat du clan adverse mais ceci n'empêche pas que les "élus" FLN continuent à bouder l'Assemblée Communale laissant l'autre clan libre d'en disposer à sa guise, ce dont il ne se prive d'ailleurs pas du tout ! On parle de source très bien informée d'une mini-crise au RND -Wilaya ou une tentative de putsh aurait tourné contre ses initiateurs qui se sont permis d'exclure du parti des caciques (dont notre maire) à tour de bras. Il y'eut très vite retournement de situation et ce sont les putshistes qui se seraient faits virer... la crise s'est répercutée jusqu'au niveau local où le responsable du Parti se serait fait remplacer par... son cousin ! 

Mercredi 10 Mars 2004: Rien à signaler sauf peut être les travaux d'aménagement des regards d'eau pluviale qui vont normalement canaliser les torrents qui descendent de la SAS et du Bou'T'boul dans les conduites souterraines et nous priver ainsi du spectacle des eaux impétueuses descendant le long des trottoirs... Gageons toutefois qu'aux premières pluies de l'automne prochain tout rentrera "dans l'ordre" car ces bouches se seront colmatées sous l'effet des sachets en plastique... 

jeudi 11 Mars 2004: Le souk du village affiche encore des prix impossibles. La pomme de terre trône toujours au podium de la mercuriale mais tout de même en 2e position après le roi-oignon qui se vend au prix de la banane à 80 DA le kg, pas moins !

Vendredi 12 Mars 2004: Les discussions sont concentrées sur les attentats de Madrid. Pour le reste, c'est toujours l'attente d'une quelconque sensation forte qui fera s'ébrouer le village. C'est une journée de grosse chaleur dûe au vent du Sud. A 20 H 30 il a redoublé de férocité et a continué à mugir toute la nuit.

Samedi 13 Mars 2004: Début de semaine fade. Le vent du Sud met son grain (de sable) dans la mélancolie qui se lit dans les regards et les gestes des villageois, mélancolie à laquelle la verdure ambiante n'arrive pas à donner des couleurs.

Dimanche 14 Mars 2004:  La rafle policière continue... La presse rapporte l'interpellation d'autres personnes pour présomption d'activités subversives. Le village se prépare comme tout le pays à la grande foire d'empoigne  de la campagne électorale pour les présidentielles durant laquelle nous allons assister à des déballages en règle. 

Lundi 15 Mars 2004:  Des personnes interpellées avant-hier ont été relâchées. Ce matin, on aurait cru qu'une ligne de démarcation était dessinée à la main au niveau de Mahas. Un brouillard très dense recouvrait toute la vallée jusqu'aux confins de Lakhdaria et une limpidité printanière caractérisait toute la vallée de l'Oued el Djemaa qui lui fait face. Dans l'après-midi le vent du Sud est venu effacer ces disparités régionale et réconcilier terre et gens sous imposer sa poussière, sa chaleur et sa suicidaire mélancolie... 

Mardi 16 Mars 2004:  Le vent du Sud s'est retiré sous les effets de la bise marine et les embruns ont graduellement remplacé les nuages de sable. La journée se termine dans la fraîcheur. Les candidats à la présidentielle aiguisent leurs lames et leurs zélés fans se préparent à cogner... Des alliances surréalistes sont constatées; le maire RND et ses soutiens et autres courtisans font bataille commune avec leurs irréductibles ennemis du FLN pour Bouteflika... le clou du spectacle, ce sera quand ils devront se retrouver ensemble pour quelque meeting sur la place publique... Les journaux autoproclamés "indépendants" redoublent de férocité et font littéralement  dans la presse de caniveau; les attaques contre le Président candidat se font chaque jour un peu plus sales au point où ça pourrait lui attirer d'insoupçonnables soutiens car le bon peuple n'admet pas les charges collectives contre une seule personne.

Mercredi 17 Mars 2004:  Au petit matin, un fort brouillard enveloppait la région; le soleil n'a pas tardé à le chasser pour s'imposer de manière brutale, faisant dire à quelqu'un que l'été était en avance... Le soir, des sortes d'embruns nous sont venus du nord-est; ça a commencé par emburnousser le Djurdjura puis ça a déferlé vers la vallée de l'Oued el Djemaa pour arriver chez nous en légers souffles frais et humides. La population du village est totalement occupée par les élections... non pas en discussions sur les programmes ou les vertus des candidats mais dans la recherche de l'embauche... Il faut savoir en effet que les "surveillants" de la régularité du scrutin touchent le pactole... parfois jusqu'à 2 Millions de centimes ! et il paraîtrait que tous les partis (même ceux qui ne sont pas en lice) ont droit à des "surveillants"... Cette pratique qui a déjà été utilisée avec beaucoup de bonheur aussi bien pour les partis que pour les candidats durant les précédents scrutins est en passe de constituer la cause principale de l'engouement citoyen pour les urnes. Les partis négocient à 50 % l'indemnité avec les mercenaires (puisque c'est le trésor public qui paie) et c'est UNE VERITE ETABLIE ET PROUVEE qui montre l'indigence intellectuelle et morale des citoyens mais aussi et surtout l'indignité de ceux qui prétendent le représenter. Les "indus-constructeurs" qui ont envahi comme une nuée de sauterelles l'espace public situé derrière le parc de l'APC pour y ériger des habitations sous l'oeil complice du maire ont été estés par la direction des domaines où sévissent les adversaires politiques du maire... il faut savoir que ces heureux attributaires n'ont pu s'attribuer ces parcelles de terres qu'en contrepartie de leur engagement au côté du maire lors de son élection, ce qui a attisé les rancoeurs des adversaires et c'est presque de bonne guerre si on dans cette guerre on n'usait pas de la naïveté des gens comme moyen... bref, la justice vient de trancher: une peine de prison, une amende de 13 millions de centimes et la destruction de tout ce qui a été construit (à noter la célérité de la réaction qui n'intervient qu'après que les pauvres bougres aient terminé leurs maisons et les ont habitées)... A noter aussi que l'Agence Foncière que ces pauvres bougres ont vainement sollicitée, dispose de nombreuses "poches vides" dans ses lotissements; des poches vides qui continuent à se faire octroyer en catimini à des personnalités qui n'ont pas le souci d'y ériger un domicile mais la seule idée de les revendre aux indigènes locaux... A noter surtout qu'aussi bien à l'intérieur du village que dans sa périphérie se sont érigés des petits châteaux sans aucun respect des titres de propriété ni du permis de construire ni  des règles de l'urbanisme mais où la justice - quand elle a été saisie - reste embourbée dans des questions procéduriales qui laissent les heureux propriétaires profiter sans crainte de leur bien mal acquis... C'est du TAG ALA MEN TAG...

Jeudi 18 Mars 2004: La route continue à alimenter ses macabres bilans en nouvelles réalisations... on apprend que dans la nuit d'hier Sahtali de Ziraoua et son fils ont été tués à Tiliouine du côté du dépôt de gaz dans un accident qui a fait deux autres morts venus d'ailleurs,  et du côté du pont de Boulerbah, c'est un véhicule qui aurait percuté de plein fouet un camion avant de prendre feu. Ses occupants auraient péri. Ca y'est ! la campagne électotale a commencé. Les tableaux d'affichage du village sont dominés pour le moment par le seul portrait du Président-candidat; Louiza Hanoune a choisi les poteaux électriques pour s'y faire pendre le portrait tandis que les autres candidats se laissent désirer. Benflis est venu à Bouira où il aurait reçu un bain de foule impressionnant selon ses fans, tout à fait modeste selon les indifférents et pitoyable selon les supporters de ses adversaires. La campagne pour Bouteflika ne connaîtra certainement pas de grosses sensations car sa faiblesse réside dans la force qu'on a voulu lui conférer. Les comités de soutien sont un patchwork  de formations et d'individus dont l'opportunisme le dispute à l'orgueil mal placé; chacun voulant s'assurer les dividendes de son soutien, ils se regardent comme des chiens de faïence et vont finir par se neutraliser au lieu de fédérer leurs énergies. Si le président n'est pas réélu, il le devra à cette stratégie de large ratissage.  

Vendredi 19 Mars 2004:  A El Khaloua de nombreuses explosions ont été vues; le maquis  s'est enflammé  mais ce n'est pas encore le grand feu d'artifice. Ca a commencé avec l'aubépine qui a exulté en faisant éclater simultanément toutes ses fleurs blanches et depuis peu, c'est le genêt qui explose littéralement en dorant les collines tandis que l'églantier se prépare à y mettre sa touche finale... le printemps est bien là et Monsieur Winter qui traîne la patte doit vite se rendre à l'évidence de sa fin de règne. Les gros becs lui lancent déjà des ousssssst ! empressés et le perdreau, là haut sous les oliviers appelle la perdrix à construire le nid nuptial sous les jujubiers, tandis que les grenouilles d'El Madjen se préparent aux sérénades et les cigognes aux festins batraciens... La nature exulte sans se soucier de la morosité humaine,  des "hainissements"  des candidats à la présidentielle et de leurs zélés fans.    

Samedi 20 Mars 2004:  Une centaine d?habitants de Ain Laazera dans la commune de Djebahia s?est regroupée au carrefour de Bellahnèche et a procédé à la fermeture du CW 125 à tout trafic. Les manifestants protestaient contre la précarité des conditions de vie dans ce village oublié. Le Maire et le Chef de Daira qui se sont déplacés sur les lieux de la protesta ont réussi après un quart d?heure de discussions à convaincre les protestataires de lever le blocus de la route. La colère des habitants de Ain Laazera découle de l?ignorance dans laquelle sont tenus le bourg et ses hameaux épars  qui ne connaissent encore presque aucune commodité. Entre autres griefs soulevés : la route qui relie Ain Laazera au CW125 et qui est devenue difficilement praticable car elle n?a bénéficié depuis des lustres d?aucune opération d?entretien ou de réfection ; l?eau qui coule au gré des caprices de la nature et de la gestion approximative de ceux qui en sont chargés, le chômage qui sévit à l?état endémique et sur lequel même les travaux de l?autoroute, des ouvrages d?art et du tunnel n?ont eu aucun effet vu que les travailleurs, même non qualifiés ont été, népotisme oblige, ramenés d?ailleurs ; la santé qui voit l?infirmerie locale privée de tout et qui contraint les résidents à parcourir plus de 5km pour espérer une illusoire consultation au Chef lieu de la Commune où opère un seul médecin pour plus de 17000 habitants et où une maternité rurale construite dans les années 80 sert à tout sauf à recevoir les parturientes ; le téléphone qu?on n?ose même pas réclamer tant il constitue un luxe inaccessible ; le logement dont même l?auto construction reste contrariée par des problèmes fonciers récurrents depuis l?indépendance et qui pourraient selon le chef de Daira trouver bientôt leur épilogue dans le cadre de l?opération RHP (résorption de l?habitat précaire).Le comble du mépris pour ces populations et qui a fait déborder le vase des ranc?urs trop longtemps refoulées est sans doute cette dégradation avancée d?un tronçon de route occasionnée par les engins des sociétés chargées de réaliser l?autoroute Est-Ouest  et que les responsables de ces sociétés n?ont pas daigné remettre en l?état malgré les supplications des usagers. Aujourd?hui, dès que les habitants ont entamé leur protesta, ces responsables sont revenus à de meilleurs sentiments et, en un quart d?heure, ils ont réhabilité le tronçon en question. Les protesta ont décidément de beaux jours devant elles puisqu?il a été démontré que ceux qui les génèrent par leur laxisme, leur imprévoyance ou leur arrogance n?acceptent de se corriger que quand la population les force à le faire.

Samedi 20 Mars 2004:  C'est au tour de Louiza Hanoune de draguer l'électorat de la Wilaya. Et comme son parti doit compter plus de militants chez nous que partout ailleurs, il est certain que ce sont les Djebahis qui ont fait toute l'ambiance à Bouira. Le paradoxe pour ce "parti des travailleurs", c'est qu'il compte très peu de gens qui vivent de leur sueur. La démagogie et le populisme de Madame Hanoune qui promet un SNMG à 25000 DA et d'autres joyeusetés du genre attirent toute une faune d'oisillons qui croient avoir découvert la mère poule qui leur donnera la becquée sans avoir à se triturer les méninges ou à se forcer les biceps... Cette formation est devenue avec le temps le repère de tous les rentiers ou de ceux qui aspirent à l'être. Le trotskisme dont elle se revendique s'est délité dans une nouvelle idéologie "revendicationniste" qui fustige les gloutonnerie des caciques du FLN mais exige paradoxalement le même traîtement (partage de la rente pétrolière) au motif d'égalitarisme et de justice sociale. Le discours qu'elle développe attire les opportunistes de tous bords; pour le meeting d'aujourd'hui, ce sont des candidats aux communales sous les couleurs du FLN de Benflis (rejoint à l'époque parce qu'il avait le vent en poupe sous les souffles de Bouteflika)...qui se sont chargés de la diffusion des "tracts"...

Dimanche 21 Mars 2004: La campagne électorale se poursuit dans l'indifférence citoyenne. Des forêts de papier ont été consommées en poster de candidats qui devraient montrer tout sauf leurs visages dont le rictus qui se veut sourire cache mal leur fatigue. Hier soir le tableau d'affichage situé devant la mairie ne contenait que la photo de Bouteflika; les autres ayant été sauvagement lacérées  et jetées par terre; aujourd'hui c'est celle de Djaballah qui y trône toute seule. On comprend que le dernier colleur fait d'abord place nette avant d'apposer sa signature en la forme du portrait de son candidat.

Lundi 22 Mars 2004: Le souk de brachma n'a pas dérogé à la règle; il s'est rempli à ras bord malgré la campagne pour les présidentielles... Une campagne qui, dans la presse, prend une tournure ridicule. Aujourd'hui tous les journaux ont fait du transfert des services de l'ambassade de Grande Bretagne à Tunis leur une... Ce transfert est présenté par tout un détour du raisonnement comme un coup dur porté à... Bouteflika ! La fin justifie très souvent les moyens mais certains moyens sont sincèrement trop mesquins et si l'Albion est perfide, elle a trouvé chez nous bien plus perfides qu'elle...

Mardi 23 Mars 2004: C'est au tour de Bouteflika de montrer ses atours et ses atouts à notre wilaya. De très bonne heure les forces de l'ordre étaient déjà en poste mais dans une discrétion qui détonne avec l'habituel déploiement de forces qui accompagne les visites du Président de la République car cette fois-ci Bouteflika n'est que candidat en campagne. Les fourgons de transport de Harchaoua jusqu'à D'hamniya ont été mobilisés pour ne pas dire réquisitionnés afin de transporter la populace acclamatrice. Le président a fait son one-man-show puis s'en est retourné. L'on ne peut s'empêcher de penser, devant cette débauche d'énergies citoyennes, à ce qu'auraient réalisé ces zélés fans si on les avait convaincus d'user leurs mains non pas en stériles applaudissements mais en plantation d'arbres, en pavage de rues, en nettoyage de l'environnement, en aménagement des sources... bref, dans un travail d'utilité publique quelconque... L'on aurait aimé voir nos candidats s'"émuler" dans l'exhortation des citoyens à faire oeuvre utile au lieu de souffler comme des démons sur les cendres des rancunes et des rancoeurs oubliées et de parler de droits dans un pays où ce mot doit être banni du vocabulaire pour être impérativement et très rapidement remplacé par le terme "devoir"...

Mercredi 24 Mars 2004: Le froid est revenu... Fatah 24 m'a assuré que nous sommes entrés dans la f'tira de mars. Rappelons aux ignares qu'il existe de périodes appelées "F'tayeres" durant lesquelles on observe un refroidissement inhabituel du temps; ces deux f'tayeres durent 11 jours chacune. Elles représentent les dernières ruades de l'hiver. La nuit  a été tonnante; entre 19 H et 22 H un pilonnage intense s'est fait entendre loin derrière les montagnes, peut-être du côté de H'djita.

Jeudi 25 Mars 2004: Le froid s'est légèrement accentué. Le village baigne dans les chants patriotiques et les discours enregistrés de Bouteflika; c'est le RND local qui fait sa campagne de soutien au président-candidat. Bouteflika aurait mieux fait de ne pas s'encombrer de ce soutien car il lui enlève de la crédibilité au lieu de lui en donner. Le RND local est en effet un ramassis de ce qu'il y'a de pire en matière de militantisme et si des citoyens vont décider de bouder Bouteflika, ils le feront certainement non pas en considération de sa personne mais de ses soutiens. Ammi Ali (ADJOU Ali/Moussa) a été victime d'un très grave accident de la circulation à Oued Djenane entre Sour El Ghozlane et Dirah. C'est en revenant de Tiaret où ils étaient allés présenter leurs condoléances à leur supérieur hiérarchique, le directeur de l'Urbanisme et de la Construction (DUC) de la Wilaya de Bouira suite au décès de sa mère, que leur voiture a été percutée par un camion. Ammi Ali était accompagné de 3 autres cadres de la DUC: Kermia Athmane de Ain Bessem, Houaci de Haizer et Bélaïdi de Djebahia. Kermia a été éjecté de la voiture puis écrasé par le camion; il est mort sur le coup, Houaci et Mamèche sont toujours hospitalisés pour fractures diverses; Ammi Ali a passé la nuit à l'hôpital; il est rentré chez lui aujourd'hui; il souffre d'une fracture au bras et de contusions multiples. Je l'ai vu ce soir chez lui, il garde le moral en dépit du choc terrible qu'il a subi. 

Vendredi 26 Mars 2004: Il fait franchement froid. Aissa El Baggar a contredit Fatah 24 en précisant que ce froid n'a rien à voir avec la f'tira qui n'arrivera que dans quelques jours. Le RND local a convoqué le Président Boumediene pour l'aider à faire élire Bouteflika. Durant toute la journée nous avons eu droit à grand renfort dé décibels à des discours du Président défunt... Tout y est passé: la révolution agraire et son impact sur la paysannerie, la révolution culturelle et ses promesses d'un algérien nouveau, la révolution industrielle et son industrie industrialisante, le panarabisme et son chauvinisme, le tout ponctué de chants patriotiques d'époque. Ce nécrophagisme politique est d'une incongruité frappante car ceux qui le pratiquent ainsi, à ciel ouvert oublient ou ne savent pas que c'est Boumediène qui a emprisonné Nahnah, le leader défunt du MSP, l'autre parti de la coalition pro-Bouteflika... Les heureux encadreurs des bureaux de vote sont enfin connus... Il s'agit d'un patchwork de militants du RND et du FLN dont certains occupent ou ont occupé des positions clés dans les structures partisanes locales. On comprend que nombre de ces messieurs n'ont été choisis ni pour leur érudition, ni pour leur honnêteté, ni pour leur engagement ni même pour leur disponibilité à jouer le jeu des éventuels bourreurs d'urnes. Leur choix ne découle que des dividendes que compte en retirer l'édile du village lors des prochaines consultations électorales car il veut se confondre littéralement avec le fauteuil municipal et il sait qu'en politique tout investissement est bon à prendre parce que la fin justifie les moyens. 

Samedi 27 Mars 2004: Il fait toujours froid et à 20 H 30 un orage très violent à éclaté; le tonnerre a ébranlé les vitres et a fait sauter le courant électrique pour un laps de temps. La campagne électorale continue avec le siège du RND qui est devenu le refuge des enfants des élus de l'APC. Les chants patriotiques y sont diffusés à plein tube aux frais du contribuable car ledit siège est raccordé directement au compteur de l'APC et le parti doit bénéficier aussi de ses murs sans bourse délier... comme quoi ce parti est bien le digne rejeton de son père FLN que ces pratiques ne rebutaient pas du tout. Durant la nuit d'hier, une bande de voleurs de voitures a visité au moins quatre véhicules du côté des lotissements. Il faut s'attendre à ce que cette bande fasse parler d'elle s'il n'y a pas une réaction énergique des villageois. Il est vrai que le village qui n'abritait ni garde communale, ni gendarmerie ni casernement de l'armée avant 1990, ne souffrait que très rarement des vols et ces vols n'étaient le fait que de garnements en mal de limonade ou de gâteaux... aujourd'hui le village s'est ouvert aux quatre vents; la situation sécuritaire a favorisé l'exode des populations rurales qui sont venues occuper tous les espaces libres; la réalisation de l'autoroute et l'implantation du casernement militaire ont ramené des tas d'étrangers à la région et même au pays. La composante originelle du village s'est trouvée noyée dans une marée de nouveaux venus; les maux sociaux (drogue, vols, alcool, déliquescence des m?urs ...) est une réalité que seuls les responsables locaux refusent de reconnaître pour ne pas avoir à l'affronter...

Dimanche 28 Mars 2004: La nature se moque des convenances... après le grand froid de ces derniers jours et sans transition aucune, voilà que s'abat sur nous un sirocco à soulever les tuiles. Un fourgon de transport de voyageurs a été percuté aux environs de 14 H sur la RN5 à la sortie Ouest de Kadiria. Je n'ai pas réussi à savoir quel bilan a résulté de cet accident qui a causé un embouteillage monstre entre Lakhdaria et Kadiria... Les automobilistes qui ont eu le malheur de se trouver pris dans cet embouteillage se souviendront de cette journée où ils ont du supporter la chaleur, les dépassements anarchiques, les fumées des échappements, les poussières ramenées par le sirocco ou soulevées par les véhicules et... l'expectative de ceux qui ont le devoir de tempérer les pulsions anarchisantes des usagers de la route. La photo ci dessous a été prise quelques minutes après l'accident qui a eu lieu à quelques mètres de la passerelle du sommet de côte de Kadiria. 

photo prise aujourd'hui à 14 h

 

Lundi 29 Mars 2004: La pluie est tombée drue toute la journée. Les oueds sot en crue et les herbes poussent à vue d'oeil. Les coquelicots ne constituent pas encore leurs tapis rouges mais ce n'est pas le cas des marguerites et de "la truffe du chat" (khannoufet el gatta) qui décore les talus des routes. La pluie n'a pas crée ses habituels torrents dans les rues du village car des avaloirs ont été réalisés depuis peu. Les poteaux electriques placés cet été dans les rues des lotissements d'El Harka-Moukdiya  ont reçu les cables  et il y'a deux jours nous avons vu passer un camion chargé d'équipements électriques sans doutes destinés au poste transformateur de ces quartiers... Le gaz de ville semble lui aussi ne pas être une chimère car les enfants qui ont fait du pré situé entre El Khazna et El Maasra un stade n'y sont plus chassés par Moha et les paysans du "comité de gestion". On dit que c'est en cet endroit  qui servait d'aire de battage durant la colonisation que l'on implantera le poste de détente. 

une "khannoufet El Gatta" très timide a osé affronter la dernière neige pour annoncer le printemps. (Photo prise le 4 mars 2004 à Magtaa el Khemamsa)

Mardi 30 Mars 2004: La journée fut assez belle malgré une légère fraîcheur. A 22 H un fort grondement de tonnerre s'est fait entendre et un vent froid est venu de l'ouest présageant d'une nuit pluvieuse. La campagne électorale pour les Présidentielles du 8 Avril se fait chaque jour plus violente et plus sale à mesure que s'approche l'échéance fatale,  au contraire de la campagne tout court qui se fait plus douce et plus propre à mesure que s'installe le printemps.  

Mercredi 31 Mars 2004: Mars nous quitte en pleurant. la campagne électorale se poursuit avec ses crocs en jambes. Le village semble entièrement acquis à Bouteflika car aucun autre candidat ne dispose d'un comité de soutien ou du moins d'une devanture sur laquelle il peut afficher son portrait et même les 6 emplacements sur les tableaux d'affichage sont occupés par celui de Bouteflika. Dans les rédactions des journaux on doit cogiter sur la couleuvre de préférence électorale qu'on essaiera de faire avaler aux citoyens-lecteurs-électeurs pour la journée de demain. A voir le degré de cynisme de nos feuilles de choux, gageons que l'on aura droit à de gros requins en guise de poissons. 

Jeudi 1er Avril 2004: Aucun gros poisson n'est venu donner de l'ambiance à la monotonie quotidienne. Le marché du village étale oignons verts, petits-pois et fèves. Le poulet s'envole à nouveau et s'affiche à 150 DA après qu'il soit descendu en deçà du seuil de rentabilité de 100 DA. A 17 H j'ai entamé une longue randonnée pédestre qui m'a conduit de Zebboudj Djemaa jusqu'au village agricole en passant par la lagune d'El Madjen dont je vous livre ci-dessous une photo. On y voit presque l'ombre chasser le soleil et l'eau de la lagune respire la sérénité. Il est dommage que l'image soit muette autrement on entendrait la sérénade qu'entament à l'unisson des milliers de grenouilles. J'aime ces espaces vierges et cette nature indifférente à la frénésie des hommes car ça me réconcilie avec la vie.

Photo prise ce soir à 18 h 20

Vendredi 2 Avril 2004: Il a fait beau. La campagne électorale se poursuit dans l'engouement partisan et l'indifférence citoyenne.

Samedi 3 Avril 2004: Rien à signaler... La moutarde des champs a envahi l'espace et cache sous son jaune agressif le vert tendre des prés. Il a bien raison, Le bon mot du terroir qui dit qu'"Avril fait sortir l'épi du fond du puits" puisqu'à peine installé, on a vu l'orge et le blé rivaliser se doter de têtes chevelues. 

Dimanche 4 Avril 2004: La campagne électorale continue d'alimenter la chronique villageoise. Le maire lui-même n'hésite pas à mettre la main à la pâte puisqu'il distribue en personne (sur la voiture de service de la commune) les portraits de son candidat...

Lundi 5 Avril 2004: A El Maasra comme partout ailleurs l'heure n'est plus à la réserve. La rive gauche et la rive droite affichent à ciel ouvert leurs préferences; d'un côté c'est Benflis, de l'autre Bouteflika. Les gardiens de la Cie de Sécurité "Amn Oua Salam" qui sécurisaient le pont sur Oued Djelada ont été libérés, leur société, née des circonstances dramatiques vécues par le pays, s'est retrouvée dans de sérieuses difficultés dès que la paix (relative) est revenue. Les autorités ont dû mobiliser d'autres hommes armés pour occuper la place des agents de sécurité. D'aucuns trouvent l'idée judicieuse en se disant que ces gens là vont au moins mériter le pécule qu'ils touchent depuis plus de 10 ans et que leurs armes vont au moins servir à la dissuasion au lieu de rouiller dans les armoires...

Mardi 6 Avril 2004: Un camion-cocotte (à ciment) de Cosider - chantier de Djebahia a quitté la chaussée hier à 22 H pour percuter la vieille épicerie délabrée des "Sellami" située en bordure de la RN5 entre Aomar Gare et Boumia. Le chauffeur, originaire de Ain Bessem et qui porterait le nom de "Zahouani" est mort sur le coup. Les premiers arrivés sur les lieux du drame n'on réussi à dégager sa dépouille qu'après des heures d'efforts car elle était coincée dans la cabine sur laquelle se sont écroulés les murs en pierre de l'ancienne bâtisse.  

 

Mercredi 7 Avril 2004: C'est demain que nous irons voter. L'appréhension se lit sur tous les visages. Cette élection ne ressemble à aucune de celles qui l'ont précédée. Un bureau de soutien à Benflis a été ouvert au lotissement mais le village est entièrement tapissé de portraits de Bouteflika et semble acquis au président-candidat. Le printemps se fait de plus en plus éclatant et aurait été d'un goût exquis sans l'amertume de la politique, découlant de la conception que s'en font les supporters et surtout leurs idoles qui grognent comme des chiens prêts à se mordre et qui peuvent tout avoir sans rien avoir puisqu'il leur manque l'humilité et le sens de l'humour et de... l'amour ! Un Bouteflika ostensiblement paternaliste, un Benflis arrogant comme un coq de combat, un Said Sadi cynique, emphatique et suintant le pédantisme de toutes ses moustaches et ses lunettes, un Djaballah hautain et lamentablement ironique, une Louiza Hanoune faussement réaliste et qui se force de cacher sa hargne sous des airs de sagesse trop feinte pour être crédible et enfin un Robaine Ali Fawzi malade de ses rancoeurs historiques et qui semble ne pas croire lui-même à ses discours...

jeudi 8 Avril 2004: la nuit a été mise a profit par les partisans de Bouteflika pour nettoyer le décor des portraits des autres coursiers et apposer celui, en noir et blanc, de leur candidat. Les élections se sont déroulées sous la surveillance tatillonne des représentants des partis en lice. Une belle bagarre a éclaté entre "El Hadj" Moha le représentant du RND et de Bouteflika et Zaarat Rachid député du PT de Louiza Hanoune. Ce fut une belle partie de boxe ponctuée par des insultes de charretiers sous les yeux amusés des électeurs. Puis vint le tour de Benabdeslam le député d'El Islah de Djaballah qui s'en est pris à Chachou Mohamed, le chef du centre de vote, menaçant de l'étrangler après l'avoir traîté de tous les noms d'oiseaux pour ne pas avoir enlevé les portraits du président-candidat des murs de l'école qui servait de bureau de vote. Le chef de Daira (sous-préfet) est intervenu et a calmé les ardeurs du député-tueur en enlevant le badge à  Chachou et en le confiant à Abdelkader Bensenouci. A Ain Laazerah le député Zarrat qui a osé s'insurger devant le vote des mâles pour leurs femelles sans procuration - pratique usitée depuis que le droit de vote a été reconnu aux femmes - a failli être lynché par les électeurs. Son intervention a dû porter un coup sévère à sa passionaria de candidate. Au cours du dépouillement un très violent orage a éclaté mais l'électricité a tenu bon. Rabah Zerrouk qui assistait e qualité de représentant du Docteur Said Sadi a reçu une raclée anonyme de la part de deux personnes qui ont profité de l'obscurité pour la lui administrer. Il n'a pu assister aux opérations de dépouillement car il a dû rejoindre la brigade de gendarmerie pour déposer plainte contre un x trop vague pour pouvoir être retrouvé et qui n'a laissé sur la victime aucune empreinte digitale car il a fait usage de ses poings fermés et de ses pieds chaussés. A la télé, le dépouillement montré en direct laisse présager d'une victoire de Bouteflika. Il est 23 H. Nous vous raconterons demain l'élection avec plus de détails...

Vendredi 9 Avril 2004: Bouteflika a réussi à faire l'unanimité parmi les gens de la région. Il a été littéralement plébiscité par la population et les très très rares partisans des autres candidats n'ont fait que confirmer le verdict sans appel des urnes. Little Big Man est pourtant parti perdant avec la furieuse coalition qui s'est liguée dans des mariages incongrus contre sa personne et qui n'a pas hésité à l'attaquer de manière indécente dans sa propre intimité. Mais c'est certainement sa position de faiblesse que le peuple a voulu redresser en lui redonnant sa confiance car le peuple, le nôtre, accepte tout sauf la "hogra" et cette terrible levée de boucliers contre un seul homme constituait une incommensurable hogra.  

L'orage d'hier s'est prolongé par une pluie qui n'a pas arrêté de tomber durant toute la journée. Cette pluie a eu le mérite de refroidir les ardeurs contestatrices des perdants des présidentielles et celles, festives, des gagnants, ce qui nous a permis de passer un vendredi tranquille.

Samedi 10 Avril 2004: poussé par les gens du village qui ont des comptes à rendre avec Zaarat Rachid ou qui veulent tout simplement prolonger le spectacle, Moha a déposé plainte pour coups et blessures ayant entraîné une incapacité de travail de 12 jours !!!! Il faut dire que "El Hadj" n'en est pas à sa première affaire puisqu'il a, lors des élections communales, été tabassé par un autre opposant, Said Senouci du FLN après qu'il l'eût empêché de doubler sur la route. Said Senouci a pris ce comportement pour une provocation et a réagi certainement comme le voulait El Hadj. Il y'eut à l'époque une médiation qui a fini par tout arranger. Cette fois-ci ça devrait aller loin car les exhortateurs de Moha ont trouvé l'occasion de se venger de tout ce que Rachid Zaarat leur a fait subir en n'arrêtant pas de parler en direct à l'Assemblée Nationale et en intervenant auprès des autorités locales pour mettre à mal toute décision de l'autorité communale. Le quotidien "Le Jour d'Algérie" daté de ce samedi a parlé de cet incident et les pronostics des villageois vont bon train quand aux suites que la justice réservera à cette affaire... d'aucuns prédisent même que l'immunité parlementaire du député ne lui sera d'aucun secours... Il a continué à pleuvoir, ça a redonné du tonus aux herbes mais ça a fait une hécatombe sur les routes transformées en patinoire. Notre photo montre un fourgon qui s'est renversé à l'entrée des gorges de Palestro hier à 14 H.

Dimanche 11 Avril 2004: Il fait froid et la pluie n'arrête pas de tomber sous forme de crachin. Les paysans disent que c'est la "f'tira" d'Avril. Ils appellent ça: "berd mah'roum el-lh'am" (le froid de l'interdit de chair) et on devine que l'interdit de chair c'est d'abord l'homme puis le sanglier. On dit que le premier ressent ce froid plus qu'en toute autre période et que le second prépare la nichée de ses marcassins. On dit aussi qu'il ne sort pas de sa soue durant 10 longues journées; qu'il ne mange rien et  ne boit pas... Je ne sais si c'est vrai mais je me promets de faire attention aux bords de route pour voir si durant cette période aucun sanglier n'aura été écrasé. Si c'est le cas, il nous faudrait admettre la véracité de cette légende. L'actualité reste dominée par les suites de l'affaire de pugilat entre le député du PT de Louiza Hanoune et le représentant du RND d'Ouyahia. On prétend que c'est Ouyahia en personne qui a pris cette affaire en main... Elle est tombée au mauvais moment car entre les deux partis se joue une belle idylle depuis les élections présidentielles et il est fort probable que tout sera fait pour que le dossier soit classé. 

Lundi 12 Avril 2004: Il fait toujours froid et la pluie tombe par intermittence. Les ponts et chaussées ont ramené un groupe d'ouvriers pour récurer le fossé de la route départementale 125. C'est une opération aussi coûteuse qu'inutile et qui a été décidée après que les eaux de pluie aient détruit en grande partie la route qui n'a été refaite que depuis peu. La très forte déclivité plaide pour des fossés bétonnés mais il faut croire qu'on n'envisagera jamais cette solution car elle a le défaut de régler pour longtemps le problème. L'électricité a été absente des foyers de 9 H à 17 H. Il faut espérer que c'est pour mettre en service le transfo du lotissement nord-est du village où les travaux semblent enfin terminés. 

Mardi 13 Avril 2004: Le froid persiste et signe. Le Djurdjura s'est même permis de s'enturbaner. Pour le reste c'est le wait and see. D'aucuns parlent avec insistance d'une prochaine dissolution des assemblées élues et il en est même qui commencent déjà à se préparer pour entrer dans la danse. La responsabilité politique a ceci de particulier qu'elle se fait désirer même et surtout par ceux qui n'arrêtent pas de dire qu'elle ne représente pas une sinécure... c'est reconnaître que ce n'est pas le rire qui est le propre de l'homme mais... l'ambition !  

Mercredi 14 Avril 2004: Un groupe de jeunes de Ben Haroun et Ain Cheriki a bloqué la route départementale 125 à hauteur de l'embranchement d'el Khaloua empêchant les seuls engins de Cosider de passer. Ces jeunes entendaient protester contre le recrutement népotique des travailleurs ramenés d'ailleurs alors que la main d'oeuvre locale est ignorée. le blocus a été levé après intervention des "autorités civiles et militaires". Un monsieur de 37 ans s'est donné la mort à Kalous. Handicapé moteur suite à un accident de la circulation, le malheureux devait supporter un conflit famillial délicat. On se demande comment il a pu, avec son impotence, attacher une corde au plafond puis se la passer autour du cou... L'hypothèse du suicide n'est plausible que parce qu'on sait qu'il a tenté déjà de s'auto-anéantir en avalant une grande quantité de médicaments l'année passée...   

Jeudi 15 Avril 2004: Il est 22 H au moment où je rédige cette chronique. Le village subit une grosse tempête;  le vent souffle très fort; tout à l'heure, j'ai remarqué que l'Isser au niveau des gorges de Palestro était en crue. Son affluent, Oued Djemaa par contre continue à couler tranquillement preuve s'il en est que des précipitations très importantes sont tombées du côté de Tablat. La météo a lancé hier un bulletin d'alerte pour le sud du pays et aujourd'hui on apprend que certaines régions y sont sinistrées à l'image de Bechar et Timimoun. Cette perturbation atmosphérique qui a frappé aussi l'ouest du pays devrait arriver chez nous cette nuit ou demain matin.

Vendredi 16 Avril 2004: Il fait un temps d'hiver. Le vent souffle très fort et de la pluie tombe par intermittence. Le froid est assez vif. L'électricité en a profité pour nous faire faux bond mais elle est revenue à de meilleurs sentiments aux environs de 19 H.

Samedi 17 Avril 2004: C'est la météo qui fait l'actualité. Tout se passe comme si une chape de léthargie était tombée sur le village et l'on se prend à regretter les inconséquences de la campagne électorale car elles nous permettaient au moins de nous donner l'illusion d'être selon le cas, acteurs ou spectateurs. Durant la nuit un tonnerre à réveiller les morts a accompagné une pluie diluvienne.

Dimanche 18 Avril 2004: L'eau qui est tombée hier à dérangé la quiétude d'Oued El Djemaa. Un soleil froid s'est amusé à jouer à cache-cache entre des nuages bons enfants sous un vent à la violence ostensiblement exagérée...

Lundi 19 Avril 2004: A 18h le téléphone s'est brutalement coupé au niveau de toute la commune. Les talus de la départementale 125 qui exultaient sous les couleurs des marguerites et des coquelicots commencent à se peler par endroits sous l'effet des faucilles des éleveurs qui possèdent des bêtes mais pas de terres contrairement aux rentiers des ex comités de gestion qui possèdent des terres mais pas de bêtes... 

Mardi 20 Avril 2004: Le téléphone a été rétabli à 18 H... Personne ne sait ce qui a causé cette coupure de 24 H; les PTT n'iront pas jusqu'à diffuser un placard dans les journaux pour expliquer les motifs de cette situation et s'excuser pour les désagréments causés aux abonnés... Cette culture de la responsabilité et du respect de l'usager n'existe pas du tout chez nous. L'eau peut ne pas couler dans les robinets durant des mois, l'électricité peut nous faire faux bond pendant des jours, la route peut se couper durant des semaines que personne ne se sentira le devoir de montrer la moindre faiblesse des services dits "publics" qui doivent rester arrogants pour bien montrer que la canaille est déjà assez bien servie en étant servie de la sorte...

Mercredi 21 Avril 2004: L'eau a coulé au village. Cela se voit très bien à l'humidité des rues. Les conduites cassées à "La SAS", au lotissement, au centre du village, à Zebboudj Djemaa ont laissé déferler les eaux dans les pentes. L'eau perdue doit être double de celle qui a réussi à parvenir aux robinets. Ce soir c'est la fête du côté de "la SAS" et du stade. Un jeune homme a convolé en justes noces avec une fille de son voisinage et à cette heureuse occasion on a fait venir une troupe folklorique. Le village est submergé de musique et des Nouaders on entend les vociférations du berrah et les youyous des femmes. C'est la première fête de l'année et elle annonce déjà un été très chaud.

Jeudi 22 Avril 2004: Serait-ce le début de la fin des travaux de refection de la route départementale dans son tronçon qui traverse le village ? L'ineffable "GERIR" a enfin repris du service et on a pu voir aujourd'hui quelques engins s'affairer à répandre du gravier sur la voie puis à le damer tandis que des quidams récuraient les trottoirs. Il faut dire que nous sommes en droit de revendiquer notre inscription sur le Guiness pour "lenteur dans les travaux" puisque le kilomètre de route attend d'être refait depuis le 15/10/2003 (voir http://www.geocities.com/djebahia2002/chronique2003.htm). Si nos comptes sont bons, cela signifie que les travaux ont avancé de 5.32 ml par jour soit 22 cm à l'heure !!!!! (je crois qu'il faut aussi, dans le même ordre d'idée, évaluer de combien de mm par jour monte le second minaret de notre mosquée...). Le jeune homme qui a écopé d'une peine de prison pour vol (voir chronique 2003 à la date du 15 octobre) a été libéré hier. Il a bénéficié de la grâce promulguée par Bouteflika en récompense au peuple qui l'a élu.  

Vendredi 23 Avril 2004: Rebelote ! La pluie et le froid sont revenus nous rappeler que le printemps n'est pas l'été. On va certainement justifier cette vague de fraîcheur par un bof entendu en disant que c'est prévu, que ça rentre dans le cycle naturel du temps et on va parler d'une deuxième "f'tira"... Cela m'inspire une petite digression philosophique que beaucoup de lecteurs de cette chronique pourraient trouver déplacée: depuis que le monde est monde deux conceptions s'opposent en se rejoignant: la conception aléatoire et fataliste qui croit que la prévision est antinomique avec la foi parce que l'inconnu est totalement hors de la portée des créatures car c'est un Dieu omniscient qui gouverne tout et qui décide en maître absolu de ce qu'Il fera de Ses jours;  et une autre conception qui cherche à tout prix à trouver les règles qui régissent l'Univers en se disant que Dieu a tout fait dans une logique parfaite et que l'Homme a pour mission essentielle de retrouver les équations qui font cette logique afin de prévoir le lendemain en lisant le passé,  pour gérer le présent... On constatera que dans les deux cas l'absoluité de Dieu n'est pas discutée et c'est en ça qu'elles se rejoignent... Cette seconde conception s'est imposée même aux sociétés paysannes telles que la nôtre qui n'admet plus l'aléatoire puisqu'elle situe tout dans un cycle prédéterminé. Le calendrier agricole qui reste connu de quelques initiés est, dit-on, un monument de savoir construit au long des siècles par l'observation et la pratique; il représente à lui seul une preuve que la conception fataliste n'est pas forcément paysanne... ceci pour dire que la dérision sur la "f'tira" ne concerne pas les érudits en matière de calendrier agricole mais les pédants... ouf !   

Samedi 24 Avril 2004: Il continue à pleuvoir. Cette humidité inhabituelle a généré une exubérance remarquable des fougères et des chardons sur les talus de la départementale 125. Le tronçon de route qui était prêt à recevoir le goudron s'est encore détérioré sous l'effet des pluies. Question politique, c'est le calme qui caractérise les périodes dont l'horizon immédiat est dépourvu de consultations électorales. Hier, un camion de Rouiba est venu proposer des fèves vertes à 10 DA... c'est dire que la vie de paysan ne sera pas une sinécure quand tout le projet de relance de l'agriculture arrivera à la phase productive... 

Dimanche 25 Avril 2004: Il a fait beau. Les moineaux ont lancé la grande campagne de nidification et leur enthousiasme est lisible dans leur piaillement. Un nouveau moulin à blé va être incessamment installé à El maasra par Nacer et Mokhtar. Rappelons que le premier moulin à blé se situait à la rue... du moulin juste en dessous de la cave. Ce moulin appartenait à El Hadj Ali et la bâtisse qui l'abritait continue à résister aux aléas du temps. Le moulin ne servait pas seulement à triturer les blés mais, sous son auvent, un banc élimé servait de lieu de rencontre aux habitants du quartier. Puis ce fut El H'Midi qui prit la relève dans un vieux bâtis face à la nouvelle mosquée. On ne sait pas quel sens donner à l'idée de Nacer et Mokhtar qui, à l'heure des cybercafés reviennent à cette si vieille tradition de trituration archaïque des céréales mais il est certain que c'est un pan de notre folklore qu'ils remettront d'actualité et rien que pour ça, ils méritent nos félicitations.  

Lundi 26 Avril 2004: Ouf ! GERIR a enfin décidé de mettre fin au calvaire des villageois en goudronnant la route. Ce soir, le noir recouvre tout le tronçon qui va des "nouaders" à "la SAS"... Ce n'est pas le "tapis" dont on recouvre les rues des villages respectables comme Kadiria ou Aomar mais c'est toujours bon à prendre, cette mince couche de bitume même si on sait que ça va très vite se crevasser par endroits et que les automobilistes seront obligés de slalomer entre ses nids de poules pour préserver leurs parties charnues et les rotules de leurs mécaniques... A  8 H les résidents de "la SAS" se sont essayés à la mode de ces derniers temps: ils ont brûlé un pneu et coupé la route à la circulation automobile pour protester contre la gestion du maire. Les habitants d'El Madjen, Ben Haroun et Ain Cheriki ont très mal pris ce faux barrages et un camionneur de Ben Haroun a administré une belle tannée à un des coupeurs de route... Le maire a dû intervenir en compagnie du brigadier et un groupe de six manifestants a été chargé de transmettre les doléances des sept ou huit citoyens en colère... Il faut reconnaître que la gestion de la municipalité mérite une contestation mieux organisée et plus forte que celle des quidams qui, en désespoir de cause coupent par intermittence la route à leurs infortunés semblables. Cette gestion est d'une telle opacité que personne ne sait qui a bénéficié de quoi et qui fait quoi. L'autorité administrative de tutelle devrait au plus tôt imposer aux potentats locaux de rendre publiques: les listes des bénéficiaires des logements évolutifs, RHP, sociaux etc et ce qu'ils en ont fait; les listes des bénéficiaires des aides à l'autoconstruction et parmi eux les heureux récidivistes; les listes des messieurs-dames inscrits dans le filet social, leur liens de parenté avec les membres de l'APC et des autorités civiles et militaires, les heureux bénéficiaires de contrats de complaisance... les listes des 20 derniers attributaires des lots de terrain, les listes des jeunes ayant bénéficié du dispositif de l'emploi de jeunes et ce que sont devenues leurs coopératives, les listes des personnes affectées régulièrement aux opérations électorales... Les listes des heureux attributaires des terres agricoles dites "marginales", les listes des encore plus heureux bénéficiaires de l'aide de l'état au "fonçage" des puits et le débit global enregistré par ces fonçages, les listes des bénéficiaires des ruches et le volume de miel qu'ils ont produit, les listes des pseudo-paysans qui ont bénéficié de l'aide à la plantation d'arbres et ce que sont devenus ces arbres, l'état des 50 derniers projets dont a bénéficié la commune, les entrepreneurs qui les ont réalisés, leurs coûts et l'état de leur réalisation ... Si par malheur on décidait de dévoiler tout ça, on constaterait l'énorme imbécillité qui consiste à imposer à toute une population de vivre sous le tsarisme en pleine république... 

Mardi 27 Avril 2004: Journée printanière. Le soleil était au beau fixe jusqu'à son coucher. Mais à peine s'est il éclipsé derrière les lointaines montagnes de Reddama que le vent s'est mis à souffler, préparant la venue d'une autre perturbation pour clore Avril dans la fraîcheur et l'humidité. Le village, comme tous les villages se retrouve plongé chaque soir dans le bruit des pétards et l'odeur de la poudre. Le Mouloud de cette année risque d'être excessivement tonnant au vu des étals de produits pyrotechniques qu'on n'arrête pas d'installer à chaque coin de rue.

Mercredi 28 Avril 2004: Journée pétaradante... Cette culture du baroud semble s'imposer à toute autre forme de culture et même les parents qui refuseraient d'acheter à leurs enfants des dessins à colorier pour 50 DA  n'hésitent pas à dépenser 500 à 1000 DA pour des pétards... il faut reconnaître aussi que très peu de nos enfants trouveraient plaisir à redonner des couleurs à des dessins en noir et blanc au moment où les jeux des indiens et des cow-boys constituent le passe temps favori même des adultes...

Jeudi 29 Avril 2004: Le train a déraillé à l'entrée est des gorges de Palestro. Il n'a pas choisi son jour car c'est le début d'un long week-end qui s'étend d'aujourd'hui à Lundi (1er Mai et Mouloud). C'est ce jeudi q'on a choisi aussi pour faire passer quelques convois exceptionnels sur la RN5. La conclusion, on l'aura devinée:  d' immenses bouchons qui s'étendirent de Aomar Gare à Boulerbah, de Kadiria à Lakhdaria et des Gorges à Souk El Had... Arrivés à Boulerbah, les usagers de la route ne trouvèrent d'autre échappatoire que celle d'emprunter l'autoroute et de transiter par Djebahia pour passer par El Maasra puis El Madjen et se retrouver à Zeboudja. Mais ils ne furent pas au bout de leur peine car à Djebahia c'est ce jour aussi que GERIR a choisi pour goudronner la route. Heureusement qu'un passage était permis par Boubekeur vers "La SAS"... Notre cimetière, d'habitude si serein n'a jamais entendu pareil vacarme ni vu pareil mouvement. Ce n'est que tard dans la soirée que tout rentra dans l'ordre.

Le Train a déraillé à l'entrée des gorges. On voit la locomotive qui est tombée sur la route de Lakhdaria et une grue qui essaie de la remonter. Collision ou attentat? On devrait vite le savoir.

Au fond, le cimetière de Boubekeur. L'autoroute qui passe à côté a encore servi d'exutoire à la RN 5 bloquée par l'imprévoyance des autorités et l'anarchie des usagers.

vendredi 30 Avril 2004: Le temps ne sait plus où donner de la tête. Il alterne sans transition un froid assez vif et une chaleur d'été en fonction du vent dominant. L'atmosphère est sale. On ne sait si les nuées qui la couvrent sont des embruns ou des particules de sable. Les paysans disent que c'est un temps qui fait souffrir les arbres en rendant malades leurs feuilles, en faisant tomber leurs feuilles et en gâtant leurs fruits .

 Samedi 1er Mai 2004: Fête du travail qu'on célèbre par... le repos. Il fut un temps où les "travailleurs" y bossaient très fort pour faire en tenue de travail des défilés grandioses devant les pontes endimanchés. Ces manifestations où la démagogie le dispute au ridicule ont fait leur heure mais, pour notre malheur, elles ont laissé place à un vide sidéral puisque rien n'est venu nous faire comprendre pourquoi on nous "oblige" à nous reposer et comment meubler ce repos autrement qu'en farniente ou en shopping. Cette année nous avons tout de même droit à de l'ambiance puisque le Mouloud Ennabawi a eu l'idée de se coller au 1er Mai. Les pyrotechniciens en herbe nous ont concocté un spectacle détonnant en rivalisant à qui fera la meilleure explosion et dame nature, sans doute jalouse, a cloué le bec à tout le monde en faisant rugir son tonnerre et en lançant ses éclairs. Elle a ensuite dispersé la foule en soulevant un vent tempêtueux... En dépit de leur omniprésence; les pétards qui ont fini par devenir une culture du Mouloud, n'ont pas sauvé les pauvres poulets de l'égorgement rituel et il y'eut pas moins de 5 vendeurs (3 à la place et 2 du côté de la cave) à proposer des volailles, exposées à même le sol derrière des barrières de fortune. 

Dimanche 2 Mai 2004: Le Mouloud Ennabawi continue à se faire célébrer à coups de  pétards. GERIR s'est lavée les mains des travaux de réfection de la route principale du village et s'attaque laborieusement au tronçon situé entre El Maasra et Ben Haroun qu'elle devrait terminer si Dieu nous prête vie dans une dizaine d'année dans le cas où le travail suit sa cadence habituelle. Les habitants de "la SAS" fulminent et se préparent à reconduire avec plus de férocité que la première fois leur mouvement de protestation contre les intrigues de la municipalité qui oublie ce bidonville alors qu'elle a une occasion en or de reloger ses habitants dans les nouveaux logements qui ont été construits et d'éradiquer cette verrue qui date de l'époque coloniale pour récupérer le terrain d'assise afin de construire d'autres logements. Mais il faut croire que la gestion de la commune obéit à des considérations qui n'ont rien à voir avec la prospective... Le temps s'est alourdi avec un puissant vent du sud qui attriste le paysage et renfrogne les mines. 

Lundi 3 Mai 2004: Le mauvais temps ne veut pas lâcher prise. Le sirocco d'hier a laissé place à de gros cumulus qui ont fini par éclater en bruine éparse, juste pour rendre glissante la chaussée et réduire la démographie... Le mécontentement des gens de "la SAS" va crescendo. La municipalité essaie de désamorcer une crise qu'elle sait fatale pour elle en usant de vagues promesses de relogement que les malheureux habitants du bidonville prennent avec circonspection, connaissant la duplicité du maire. Les jours à venir devraient être très pénibles pour les locataires de "l'hôtel de ville" car ils mettront à nu des pratiques trop longtemps couvées par le sérail. On parle d'enveloppes faramineuses généreusement versées à des initiés pour les dédommager de dégâts sismiques inventés de toutes pièces...  

Mardi 4 Mai 2004: le ciel reste toujours indécis... quelques gouttes de pluie suivies de timides éclaircies. Le soir il s'est mieux couvert en prévision des froidures nocturnes. Les nuages éclipseront... l'éclipse de lune de cette nuit mais on n'entendra pas un grand "oh!" de déception fuser du village car les phénomènes cosmiques sont les derniers soucis de nos villageois qui regardent où ils mettent les pieds plutôt que ce qui se passe au dessus de leurs têtes.  

Mercredi 5  Mai 2004: Il fait froid... c'est le moins que l'on puisse dire!... Un vent du nord glacial souffle sur la région alors que d'habitude à pareille époque les premiers estivants se préparent à occuper les plages. Ce froid tardif engonce un peu plus les villageois dans leur taciturnisme; on comprendra l'indigence de notre chronique. A signaler tout de même le goudronnage du tronçon du chemin vicinal entre Boubekeur et l'autoroute (à hauteur du passage de l'oléoduc). 

Jeudi 6  Mai 2004: Il fait toujours froid. L'hiver ne veut décidément pas lâcher les bosquets au printemps alors que l'été doit piaffer d'impatience de s'installer... les nèfles sont déjà là mais les cerises continuent à se faire désirer.

Vendredi 7  Mai 2004: nuages, froid et léger crachin. A croire que le climat veut à tout prix retarder les fenaisons pour laisser festoyer les criquets pèlerins qu'on annonce à moins de 150 km à vol d'oiseau et qu'un sirocco providentiel pourrait ramener chez nous plus tôt que prévu.

Samedi 8  Mai 2004: Il a fait beau durant toute la journée mais en début de soirée de gros cumulus se sont dressés du côté de Lalla Oumessaad et le froid est revenu pour démentir le proverbe qui dit: "en mai fais ce qui te plait"... 

Dimanche 9  Mai 2004: Ce sale printemps a gâché tout par son imprévisibilité et sa propension ridicule à faire l'hiver. Il a même refroidi les ardeurs contestatrices des gens de "la SAS" qui s'engoncent dans le café "Es-Safir" (l'Ambassadeur) que Zaabouche a ouvert à proximité en oubliant leur promesse de reprendre leur protesta avortée.

Lundi 10  Mai 2004: Le printemps humide et froid de cette année a fait de nous des amis des bêtes à notre corps défendant... après le sanglier qui foisonne dans les thalwegs d'alentours et qui doit faire des descentes jusque dans nos bennes à ordure, voilà qu'on annonce une attaque massive d'escargots ! Du jamais vu !... Le gastéropode qui a presque connu le sort de "Tinibou", la sauterelle grassouillette aux ailerons embryonnaires et à la longue queue pointue qui peuplait nos champs et l'égaillait de ses crissements puis qui a subitement disparu sous l'effet des fongicides et autres pesticides, est revenu en force et cette fois-ci, ce n'est pas pour le plaisir de s'operculer puisqu'on a détecté chez lui une inquiétante voracité qui lui fait dévorer non seulement les feuilles des fèves mais aussi les gousses et les graines ! Considérant sa capacité de reproduction (il est hermaphrodite, le bougre !) il y'a fort a craindre qu'il constituera le fléau des prochaines années. Mais l'escargot n'est pas notre seul hôte indésirable puisque cette année nous devons nous accommoder de la "rouille jaune", ce champignon qui affecte les épis en lactescence et qui a déjà détruit des centaines d'hectares de céréales, du moineau qui se fait fort d'oublier qu'il est aussi insectivore et qui se croit uniquement granivore. Quant on sait par ailleurs la quote-part que prélèvent chaque année les rats des champs et les fourmis, on ne peut qu'être sceptique sur le produit de la récolte si récolte il y'a, car il n'est pas certain que les sauterelles nous laisserons quelque chose à moissonner...

Mardi 11  Mai 2004: Il pleut et il tonne ! A 18 h des grêlons aussi gros que des balles de tennis sont venus terrasser les grappes de raisin naissantes et secouer les épis d'orge rescapés de l'appétit des moineaux.

Mercredi 12  Mai 2004: Pluie et froid. A cette allure notre village de soleil et de lumière va finir par ressembler à quelque bourg de la campagne londonienne ou du nord de la France... Pouah !

Jeudi 13  Mai 2004: Le mauvais temps s'est légèrement replié. La journée fut agréable en dépit d'un nuage retardataire qui a laissé tomber quelques gouttelettes aux environs de 18 h. A la tombée du jour nous eûmes droit à un splendide coucher de soleil précurseur d'un lendemain de pleine lumière.

Vendredi 14  Mai 2004:  Le temps continue à se moquer des règles climatiques conventionnelles. Des giboulées diluviennes s'abattent sur la région au hasard des nuages; l'une d'elles s'est déversée sur le village et l'a noyé sous des trombes d'eau entre 14 h et 15 H.  

Samedi 15  Mai 2004: J'ai appris ce soir que Moussa Rezig est mort depuis une dizaine de jours. La disparition du malheureux est passée inaperçue et ça rappelle cette belle chanson qui dit: "il est mort le bohémien... les citadins dorment tranquilles, sa mort n'est pas sur le chemin du centre-ville..." Moussa est mort dans sa mansarde à la "SAS"; il s'y est installé après avoir vendu sa maison en toub de la rue du moulin après le décès de sa femme. On parle de clôturer le cimetière de Lalla Braika qui domine le tripot de Chaabet Lakhera (la rivière du jugement dernier). L'élan de solidarité qui a permis de clôturer Sid-Essaadi semble faire des émules et si par bonheur le projet de Lalla Braika aboutit, il fera certainement tâche d'huile et on n'aura plus à supporter le triste spectacle d'un Boubekeur, Sidi Athmane et autre Sidi Gacem livré aux herbes folles et délimités par de la ronce artificielle rouillée.    

Dimanche 16  Mai 2004: Le beau temps semble revenir mais des nuages assez denses continuent à menacer de le renvoyer à plus tard. En soirée, du côté des montagnes de H'lala, H'djita et Bouhandjar des embruns délicatement vaporeux ont recouvert les crêtes boisées. 

Lundi 17  Mai 2004: Chantal, notre amie et l'amie de notre village est arrivée aujourd'hui. Elle a découvert les effets du séisme sur Menerville sa ville natale et ses environs. C'est vrai que l'immense effort de reconstruction et de relogement des sinistrés a cautérisé la majeure partie des plaies mais l'ampleur du séisme fut telle qu'il est illusoire de s'attendre à ce que tout soit cicatrisé. La matinée fut agréablement ensoleillée mais dans l'après-midi le ciel s'est fortement noirci à l'est et des pluies diluviennes se sont abattues sur la région de Lakhdaria.  

Mardi 18  Mai 2004: Le beau temps du matin ne fait plus illusion... c'est devenu une seconde nature de la nature qui se force chaque soir à gronder de colère pour nous faire regretter sa placidité matinale. Chantal, notre invitée a découvert les portes du désert en visitant Boussaada la ville d'Etienne Nacereddine Dinet où les truffes se négocient à 500 DA/kg... 

Mercredi 19  Mai 2004: C'est toujours l'incertitude climatique. Une visite aux zones sinistrées du séisme de l'année passée s'est imposée en cette veille d'anniversaire de la catastrophe. Les stigmates du séisme restent encore visibles mais l'effort de reconstruction et de relogement est incontestable.

Jeudi 20  Mai 2004: Un immense pneu d'engin a dévalé la montagne au niveau du barrage fixe de l'entrée Est des gorges de Palestro. Il a failli causer une énorme catastrophe en venant s'écraser sur la route. On ne sait pas jusqu'au moment où ces lignes sont écrites s'il s'agit d'une attaque extraterrestre ou de quelque accident fortuit. Les Ponts & Chaussées devraient peut-être penser à enlever les panneaux  mettant en garde contre les chutes de pierres pour le remplacer par d'autres panneaux représentant des sortes de "bibendum" descendant au pas de course du sommet des collines... Dans l'après midi un déluge s'est abattu sur le village et puis un très fort vent du sud s'est levé pour assécher vite fait la terre ruisselante. Les éléments naturels continuent à jouer à qui aura le dernier mot.

 

Je vous offre cette photo de Laperrine au temps de la colonisation. Elle m'a été gracieusement transmise par Jean Louis,  qu'il en soit vivement remercié.

Vendredi 21  Mai 2004: C'est devenu si habituel que ça n'étonne plus... beau temps durant la matinée, temps mitigé l'après midi, orage violent en soirée. Nous descendons à Alger avec Chantal notre invitée et nous visitons Riadh El Feth et son Maqam dont nous vous offrons cette photo prise à 15 h. 

Samedi 22  Mai 2004: Nous offrons à Chantal une promenade à Tipaza. Le temps est toujours exécrable pour un mois de mai. Les fenaisons qui débutent habituellement durant la deuxième décade de mai sont reportées au calendes grecques à cause de la pluie qui a rendu les champs impraticables. Une toile plastique fait toujours office de verre sur la lunette arrière de la 307 que le maire a acquise depuis quelques semaines. D'aucuns parlent d'une pierre lancée par des protestataires mais le maire soutient mordicus que le verre s'est brisé "tout seul" sous l'effet de la résonance... 

Dimanche 23  Mai 2004: Mouvement de protestation devant le siège de la commune. Cette fois-ci, ce sont les "sinistrés" du séisme du 21 mai 2003 qui réclament des aides à la réhabilitation de leurs bâtis... En réalité, très peu d'habitations ont subi les effets de ce séisme mais le mécontentement est légitime si ce que la rumeur colporte comme informations au sujet de certaines aides était exacte... On parle au moins de trois personnes très proches du président d'APC qui auraient bénéficié d'aides substantielles (40, 50 et 100 millions de centimes !)... Même si elle demeure du domaine du possible, l'information est à prendre avec beaucoup de réserves car il pourrait s'agir d'intox... Ce qui légitime aussi l'action des contestataires, c'est le fait que dans la commune d'Aomar voisine de très nombreux citoyens ont bénéficié de cette manne, la Commune ne s'étant pas érigée elle-même en instrument de blocage. Avec Chantal notre invitée, nous effectuons un large tour de la ville d'Alger en passant par El harrach - Ben Aknoun - Sidi Fredj - Bainem - Bab El Oued etc... 

Lundi 24  Mai 2004: Il a plu durant toute la journée. La chaussée glissante à causé un gros carambolage entre trois mastodontes de camions dans la descente de la sortie Est de Beni Amrane. La circulation a été totalement partalysée durant toute la matinée. Notre invitée qui devait embarquer à 12 H a raté son avion car nous n'avons pu atteindre l'aéroport qu'à 12 H 30. Sa visite en Algérie qui s'est déroulée dans d'excellentes conditions s'est terminée en queue de poisson et c'est vraiment dommage. 

Mardi 25  Mai 2004: Il pleut... Il n'arrête pas de pleuvoir; les villageois résument pareille situation climatique par une phrase: "el ma kla el ma" intraduisible en français, elle veut dire très approximativement: l'eau noie l'eau. Le mois de mai est dit "mayeh" c'est à dire "humide" et cette année il le prouve de manière ruisselante. Les fenaisons sont remises à une date que le soleil et surtout le vent fixeront plus tard car il faudra d'abord assécher les terres pour espérer faire passer les faucheuses et cette tâche ne peut être accomplie en cette période d'exubérance des herbes que par un sirocco d'une semaine.  

Mercredi 26  Mai 2004: Il a plu durant la nuit; et pendant toute la journée le soleil honteux de s'être laissé doubler par les nuages durant sa faction n'a pas osé montrer sa face. On dit qu'en mai "la terre l'emporte sur le ciel" (El Ardh taghleb Essma) ce qui signifie que quelles que soient les précipitations, la terre a vite fait de les ingurgiter. Il faut dire que cette fois ci le ciel a démenti l'adage puisque la boue et les flaques d'eau sont aussi persistantes qu'en décembre ou janvier. La protesta des djébahis s'étend aux habitants de Ben Haroun. Un ultimatum aurait été remis au Sous-Préfet pour qu'une solution soit trouvée au "tripot" de Chaabet Lakhera où les gens vivent dans des huttes littéralement troglodytes. La liste des "victimes" du séisme qui devraient bénéficier de dédommagements faramineux (on parle de centaines de millions de centimes) a été divulguée par le sous-préfet lors de la protesta du dimanche passé. Y figurent le maire et nombre de dignitaires qui gravitent autour de lui... Les habitants de la périphérie du village et des campagnes ont été totalement exclus de cette aide au prétexte très discutable que la loi prévoyant pareille aide ne les concernerait pas !!!! les jours à venir seront très riches en rebondissements et il est fort probable que certains responsables démasqués ne trouvassent refuge que dans quelque providentiel IDM qui les mettrait à l'abri de la colère citoyenne. Cette issue était de toute manière prévisible vu la transformation graduelle de l'administration locale en causa nostra...  

Jeudi 27  Mai 2004: Il continue à pleuvoir. Les foins sont déjà jaunes et les faux sont encore rangés dans les granges. Oued El Djemaa qui reçoit les eaux de ruissellement de toutes les collines qui le bordent n'arrête pas de grossir. La boue  recouvre toutes les rues du village et la route départementale a retrouvé tous ses nids de poules d'avant le dernier bitumage qui ne date pas d'un mois. Les talus des chemins vicinaux sont parsemés de feuilles blanches. Les collégiens qui ont terminé l'année ont comme d'habitude déchiré leurs cahiers et semé au vent les pages dont l'encre s'est délitée sous la pluie. Vivement le soleil car cette ambiance ne prête pas du tout à la joie. 

Vendredi 28  Mai 2004: Le soleil est revenu... très timide le matin, il a fini par prendre ses aises l'après-midi. La terre gorgée d'eau s'est très vite réchauffée et les herbes ont donné l'impression de pousser à vue d'oeil. Les moineaux longtemps privés de lumière ont fait la fête à leur manière et la nature s'est réconciliée avec l'optimisme... Les habitants de Ain Cheriki ont à leur tour coupé la route qui mène vers leur bourg pour protester contre... la coupure de cette route par l'entreprise qui réfectionne la route départementale 125 !... ils se sont rassemblés devant la gendarmerie et une délégation a été reçue chez les hommes en vert où elle a négocié avec le maire, jusqu'à midi, la levée du blocus. Ces protesta sont à la mode et on attend  pour voir ce que feront les habitants de Ben Haroun dont l'ultimatum expirera le dimanche... A chaque fois on retrouve parmi les meneurs des hommes liges du maire qui réussit ainsi à faire le pompier après avoir fait le pyromane. Une autre protesta se prépare du côté d'un quartier du village; elle donnera demain un ultimatum au sous-préfet en menaçant de couper la RN5 si ses doléances ne sont pas satisfaites. Là aussi ce sont les dignitaires de la commune qui manipulent et qui allument des feux follets là où ils peuvent afin de détourner l'attention sur le grand incendie qui risque de les emporter du fait de leur gestion désastreuse des aides publiques. Ce soir j'ai reçu Bouferkas Rachid, un émigré de Roubaix, fidèle de notre site, accompagné de son frère et un de leurs cousins. C'est une visite de simple courtoisie qui m'a sincèrement fait plaisir car ces gens-là ne me connaissent qu'à travers ce site; leurs encouragements me donneront plus de motivation car il m'arrive de ressentir une profonde frustration devant l'indifférence des villageois pour ce travail. 

Samedi 29  Mai 2004: c'est un jour de plein soleil qui vous fait pardonner au mois de mai le calvaire qu'il a fait endurer du fait des pluies. En un jour de chaleur la boue n'est plus qu'un mauvais souvenir. En tendant bien les oreilles  on entendrait presque le "Milègue" aiguiser les faux et dès demain la campagne des fenaisons va commencer  avec acharnement pour rattraper le retard causé par le mauvais temps... Les "officiels" qui, comme des bourriques, ne bougent que sous les coups d'éperon sont venus aujourd'hui constater le bien fondé des récriminations des habitants de Ain Cheriki. On parle avec insistance du retour des élus du FLN à l'Assemblée Communale qu'ils boudent depuis les élections ce qui a laissé la voie libre au maire et à sa clique de faire ce que bon leur semble et en ce sens, ces messieurs du FLN sont aussi comptables devant le peuple de la gabegie constatée. D'aucuns affirment que des revirements se seraient produits au sein du groupe RND-ISLAH qui dirige la commune et que le maire devrait connaître des jours difficiles et pourquoi pas un retrait de confiance au profit d'un autre élu ce qui, entre nous, serait une bonne affaire pour la commune car elle a sérieusement besoin d'un sang nouveau. 

Dimanche 30  Mai 2004: Les "officiels" qui sont venus hier auraient reconnu sans réserves toutes les récriminations citoyennes. La terre sur la rive gauche de la route d'El Mouilh'a a soudain perdu la vocation agricole que soutenait mordicus la direction de l'agriculture. Autorisation aurait été donnée de la "bétonner". La figueraie immémoriale deviendra sous peu une autre cité lépreuse... Les responsables des Ponts et Chaussées auraient promis de refaire le goudron de la départementale 125 transformé en une succession de nids de poules deux semaines après avoir été posé. Ils n'ont pas parlé de sanctions contre l'entreprise coupable de mauvaise exécution des travaux ni contre les services techniques coupables de complaisance dans leur suivi... Ils auraient même promis de goudronner l'évitement du village par Chaabet Wambir c'est dire avec quel état d'esprit ils sont venus !... Les officiels ont écouté les doléances des habitants de Ain Cheriki et promis de tout régler. La population a compris que l'administration dort de son sommeil du juste et qu'il suffit de la réveiller pour qu'elle sorte de sa léthargie et sonne les clairons de la charge contre les problèmes. Gageons que du côté de Ain Laazerah , Lahguya, Ech-Nayene et jusqu'aux confins de la commune on a entendu son message et que les jours à venir seront riches en agitation citoyenne. C'est vrai que ces petites effervescences donnent de la couleur et de l'animation à notre quotidien déserté depuis très longtemps par la culture, les arts et les sports mais le risque est grand de voir s'imposer cette forme de gestion faite de rapports de force à défaut de stratégie... Les rumeurs sur la fin de règne du maire se sont avérées pur intox. D'après une personne instruite des grenouillages du sérail, c'est plutôt un élu FLN qui a faussé compagnie à ses pairs  grâce à la vertu des contrats de complaisance en matière de travaux... Il est vrai que Sahnoune Boutheldja, un homme d'une grande probité a bien démissionné de son poste d'élu, préférant quitter un bateau à la dérive, mais on affirme que le maire reste indétrônable pour le moment et entre nous, c'est dommage pour la commune ! Le soleil indifférent à cette agitation nous a fait passer une journée radieuse.

Lundi 31  Mai 2004: Mai se termine dans la chaleur. Le soleil a tapé très fort depuis les premières heures du jours et le soir il s'en est allé sous un horizon flamboyant. Au village et dans toute la commune l'heure est à la course au trésor. La population a trouvé le point faible de l'autorité. il suffit de menacer de bloquer la route pour que l'administration s'affole et vient vous offrir la lune et dans ces conditions se dit-on, pourquoi ne pas faire les maîtres chanteurs ? Après la bombe et les destructions qu'elle a causées parfois à des centaines de mètres de son point d'impact, destructions qui ont comme de bien entendu été grassement dédommagées par les pouvoirs publics comme si c'était eux qui avaient posé ladite bombe, voici venu le tour du séisme d'être accusé d'avoir fissuré des édifices branlants qui se situent à une centaine de km de son épicentre... et là aussi, les pouvoirs publics qui ont une peur bleue des coupeurs de routes, accordent des dédommagements faramineux. Ce n'est pas l'argent de l'Etat qui fait pitié car une trentaine de milliards dorment dans ses caisses et si on ne les utilise pas pour reconstruire, ils iront se faire dépenser en gadgets d'importation... ce qui fait mal, c'est cette nouvelle version de l'Etat providence qui castre les gens et leur donne l'occasion de ramasser en un tour de passe-passe ce que les honnêtes citoyens ne peuvent thésoriser en deux ou trois vies de labeur... un état qui, au lieu d'encourager l'autonomie citoyenne, crée des parasites à tour de bras.  

Mardi 1er Juin  2004: La chaleur a fait fondre le goudron de la route. Les précipitations conséquentes ont favorisé une production record de fruits et légumes. Les néfles sont omniprésentes et se vendent à un prix dérisoire: 12.50 SA le Kg ! Les pêches envahissent aussi en force les étals et se vendent entre 25 et 40 DA mais elles sont insipides. Les fraises font elles aussi partie du décor;  A Lakhdaria on peut en trouver de superbes à 140 da le kg; les abricots font une entrée fracassante et se négocient à moins de 50 DA le kg. La Commune a commencé l'épandage des produits anti-moustiques et c'est Fatah 24 qui est rentré dans une colère noire parce que les agents en charge de cette opération n'ont pas trouvé mieux que d'arroser sa treille de vigne. Pour le reste c'est le calme qui suit les grosses tempêtes. Les profiteurs de tous acabits attendent que l'Etat-Providence leur débloque l'argent promis pour en jouir durant la saison estivale en attendant une autre catastrophe qui leur permettrait de réclamer à nouveau, la mine contrite, des dédommagements pour ce qu'auront subi leurs maisons. 

Mercredi 2 Juin  2004: Juin veut nous faire oublier Mai... il joue au conformiste et nous impose sa chaleur habituelle. Les faucheuses sont déjà à pied d'oeuvre à "Blad likoul" et dans quelques jours le vert qui se décolore à vue d'oeil laissera place au jaune. De sources très bien informée, j'apprends que le coup de force contre le maire a bien failli imposer son rival du FLN et pour désamorcer la crise, des concessions grosses comme ça ont été accordées aux élus putschistes afin de les faire revenir sur leur décision. Tout serait parti des indemnités versées aux présumées victimes du séisme. Ce chantage permanent du "retrait de confiance" est devenu un moyen efficace d'extorsion d'avantages. 

Jeudi 3 Juin  2004: Belle journée. Aux Pins maritimes un fabricant de couscous n'a pas trouvé mieux que de se lancer à l'assaut du Guiness en invitant la population à aller goûter à un "t3am" géant. Le spectacle aurait valu la peine si un concurrent avait eu l'idée de laisser mariner des feuilles de "bounafa3" dans la sauce. Le chasseur de record aurait décroché celui de la plus grosse intoxication alimentaire de tous les temps... Heureusement pour lui que les vertus purgatives du bounafa3 ne sont encore connues que de quelques vieilles  de nos campagnes.

Vendredi 4 Juin  2004: Aucune catastrophe majeure ne vient déranger la douce quiétude villageoise. La vie commence à basculer en faveur de la nuit où on voit des groupes de jeunes profiter de l'agréable fraîcheur pour veiller à se raconter "les poèmes qu'ils n'ont pas écrits, les romans qu'ils n'ont pas lus, les vérités qui ne servent à rien..."  mais ces moments de complicité et d'insouciance, pour ceux qui ont en goûtés, constituent des moments d'une ineffable bonheur qu'on aimerait figer pour l'éternité.

Samedi 5 Juin  2004: Journée très douce. La vie se laisse couler avec désinvolture et met les gens en confiance en attendant de les réveiller par quelque brutale ruade. Les champs se pèlent de proche en proche et les îlots de verdure se font remplacer par la couleur indéfinissable des foins fauchés. Dans quelques jours on pourra savourer le beau spectacle des meules qui moutonnent nonchalamment en attendant la botteleuse. Dans cette ambiance qui rappelle "la terre" de Zola, il est indécent de parler de politique et la descente de Karim Younes  du perchoir de l'assemblée nationale passe aussi silencieusement qu'un vol de guêpier...

Dimanche 6 Juin  2004: Certains résidents d'El Maasra en mal de sensations fortes et sous prétexte de dissuasion des usagers du CW 125 de faire de la vitesse en passant par ce bourg, n'ont pas trouvé meilleure moyen que celui d'ériger des dos de chameaux... les transporteurs ont très mal pris la chose et ont fait un sit-in sur les lieux du crime. Les autorités civiles et militaires, ravies de pouvoir faire les arbitres dans un conflit entre citoyens alors que d'habitude ce sont elles qui se font contester, ne sesont pas priés pour venir jouer aux bons offices. Le calme est revenu après une guerre de postillons car un compromis a été trouvé: le dos de chameau incriminé a tout simplement été réduit à un dos d'âne.  

Lundi 7 Juin  2004: Journée très chaude. Un très violent orage a ponctué une bataille indécise entre un sirocco enragé et une bise marine décidée. On dit chez nous que le "gharbi bat le guebli", en plus clair: " le vent d'est ne mène pas large devant le vent d'ouest". L'orage a fini par éclater en trombes d'eau sous les effets du tonnerre et des éclairs faisant sauter le courant électrique à plusieurs reprises.  

Mardi 8 Juin  2004: L'examen de sixième commence aujourd'hui et se terùinera demain. Dès ce jeudi les écoles primaires vont se faire déserter. L'été avance à grands pas. Les espaces de verdure ne sont plus représentés que par les champs parasités par la "nettayna" et le "fliou". Le spectacle des meules de foin devient rarissime car la botteleuse est devenue itinérante.

Mercredi 9 Juin  2004: le climat est indécis. Le soleil déchire difficilement le voile des nuages. L'effet de serre génère une humidité difficile à supporter. Les pluies de Mai on causé deux phénomènes que tout le monde à la possibilité de constater: d'abord une prolifération de serpents ensuite une chute généralisée des figues précoces qui, gorgées d'eau, ne tiennent plus sur les branches.

Jeudi 10 Juin  2004: L'eau ne coule plus dans les robinets depuis une semaine. la conduite s'est cassée à hauteur de Z'babedj El Metrouk et une pelle excavatrice est à pied d'oeuvre pour nous la réparer mais avec notre cadence de travail, il faut s'attendre à ce que les "citerneurs" reprennent du service.

Vendredi 11 Juin  2004: On parle de l'interpellation de 5 personnes pour assistance à groupes terroristes. Certains empires risquent de s'écrouler si la rumeur publique dit vrai. Les fenaisons battent leur plein. Les champs sont maintenant parsemés de bottes de foin. 

Samedi 12 Juin  2004: Le ministre de l'habitat est passé aujourd'hui par Aomar... Il n'a pas daigné monter les 4 km qui séparent notre village de son itinéraire programmé. Notre commune n'a presque jamais les honneurs des visites présidentielles ou ministérielles et même... préfectorales ! Seul notre Chef de Daira (Sous-Préfet) nous accorde parfois un peu de son temps précieux pour calmer des citoyens et rouvrir la route qu'ils ferment pour réclamer un peu d'attention de la part des autorités. Nos citoyens qui ne sont pas exigeants lèvent d'ailleurs le blocus à la première promesse. Aujourd'hui cela fera plus de 10 longues journées que l'eau a déserté nos robinets. Gageons qui si on ferme le chemin de wilaya à la circulation ou si on fait un sit-in devant la mairie, le soir même l'eau coulera à flots... C'est dire qu'il ne s'agit ni de pompes ni de conduites ni de sources mais de... bonne volonté et de ... plan de charge pour les pauvres citerneurs. 

Dimanche 13 Juin  2004: L'eau est revenue. Le maire se serait fait voler son portable alors qu'il téléphonait en conduisant dans une ville de l'Algérois. On serait tentés de dire "chah' !" car malgré l'interdiction de l'usage du portable en conduisant, certains, avides de frime, n'arrêtent pas de se donner en spectacle en croyant impressionner la foule. Une information à prendre au conditionnel parle du retrait de la démission de Boutheldja Sahnoune de son poste de membre de l'assemblée communale.  

Lundi 14 Juin  2004: Les personnes interpellées dernièrement par les services de sécurité auraient été libérées. Les collégiens en sont à leur deuxième jour d'examen du BEF. Les discussions au village sont dominées par l'exploit qu'à fait accomplir Zidane à l'équipe de France au détriment de la malheureuse équipe d'Angleterre. La performance des coqs  français auxquels nous nous identifions grâce à Zizou nous fait oublier notre déception devant la piètre participation de  nos fennecs en coupe d'Afrique et du Monde...

Mardi 15 Juin  2004: Dernier jour d'examen pour les candidats au BEM. A 10 H une pluie diluvienne a  faussé las calculs des paysans qui pensaient s'enrichir en voyant l'importance de leur récolte de foin. En effet, les foins en bottes résistent très mal à l'humidité et risquent de pourrir ce qui leur enlèverait  tout valeur . Le mauvais temps s'est caractérisé par un curieux phénomène: les montagnes d'El Fasma jusqu'à h'lala ont blanchi sous l'effet de la grêle donnant un spectacle insolite de monts enneigés en plein mois de juin. Les grêlons aussi gros que des oeufs de "dhourraïss" (gros-bec) n'ont pas fait de quartier. On parle de pare-brises cassés mais la catastrophe se situe surtout au niveau des épis de blé et d'orge qui ont été égrainés et des arbres dont certains ont été effeuillés.

Mercredi 16 Juin  2004: Rien à signaler. Juin poursuit son avancée vers juillet en alternant le chaud et le moins chaud. Les premiers "bakours" commencent à s'exhiber sur les bords de la RN 5; les cerises aussi mais à un prix qui dissuaderait Rebrab et Moumen Khalifa: pas moins de 400 DA LE KG ! dans ces conditions, on n'hésite pas et on se rabat sur les pommes rabougries qui arrivent à se faire proposer à 20 DA LE KG ou les pêches insipides qu'on trouve à tous les étals à 25 DA. Question légumes, c'est dame courgette qui ne mène pas large puisqu'elle se vend à ... 5 DA ! Quand on sait qu'au Ramadhan elle trônait en haut de la mercuriale à 150 DA, on voit l'extrême précarité de nos équilibres...

Jeudi 17 Juin  2004: Les répercussions de la dernière grêle n'ont pas tardé à se faire sentir. Les fruits prennent une grosse envolée et on affirme que le couscous au raisin constituera une denrée rare cet été puisque du "cardinal" de très mauvais choix se propose à 100 DA/kg à Réghaia. La satisfaction viendra peut-être de la pastèque qui commence à agresser les usagers des routes; et ce n'est pas la pastèque rabougrie de ces dernières années ! Au village c'est toujours le calme qui précède... le calme ! 

Vendredi 18 Juin  2004: Il a fait chaud. Une envie d'évasion m'a conduit à faire un tour jusqu'à Blida pour rentrer par Médéa  - Berrouaghia - Beni Slimane - Ain Bessem - Bouira. La traversée de la Chiffa m'a permis de jouir du spectacle féerique qu'offre la forêt. A hauteur du ruisseau des singes, des magots - certaines femelles portant leurs petits sur le dos - se laissent presque toucher par les très nombreux passagers et visiteurs. Au village c'est la léthargie diurne mais quand vient le soir et que descend la fraîcheur, il fait bon prendre une Ben Haroun glacée sur l'esplanade de la place publique où des jeunes hommes très serviables et très dynamique ont pris en location le café du haut. 

 

Photo prise aujourd'hui à 14 H au ruisseau des singes à la Chiffa. On voit les singes magots descendre pour profiter des gaufrettes que  leur lancent les enfants.

Samedi 19 Juin  2004: Journée de repos pour cause de "redressement révolutionnaire". Personne ne comprend pourquoi o, s'évertue à célébrer une date aussi controversée alors qu'on refuse de fêter officiellement le 1er Yennayer (12 janvier), une date qui jouit pourtant de l'unanimité... La prolifération des cigognes est absolument remarquable surtout dans la plaine des Aribs entre Bouira et Beni Slimane. Tous les poteaux électriques, tous les châteaux d'eau, tous les minarets sont colonisés par des familles de ce sympathique échassier. Profitant du repos du 19 juin, un groupe d'une trentaine de ces oiseaux a choisi une crique discrète du côté de Chaabet Yekhlef pour tenir une assemblée générale . Ces cigognes ont-elles convenu de quelque mariage, ont-elles débattu de la préparation de leur départ, ont-elles organisé la hiérarchie dans leurs rangs ou ont-elles écouté le récital poétique de quelque poète d'oiseau ? Nous vous livrons la photo  de cette assemblée en vous laissant le soin de lui donner l'objet que vous pensez être le bon. 

Dimanche 20 Juin  2004: Retour au travail après un week end prolongé d'une journée qu'on a fêté dans la discrétion comme si on avait honte d'avouer que notre repos n'avait aucune raison... 

Lundi 21 Juin  2004: c'est le jour le plus long de l'année. L'été rentre en force en poussant le mercure à escalader le thermomètre. Le village plonge dans sa léthargie et ne s'ébroue qu'à la tombée de la nuit. 

Mardi 22 Juin  2004: Journée particulièrement chaude. Les nouveaux abonnés au téléphone qui ont cru avoir acquis l'instrument par excellence de la modernité se mordent les doigts après avoir reçu leurs redevances. La note est très salée puisque certains se retrouvent avec plus de 2 millions de centimes à débourser. les réclamations fusent de tous les côtés et il est certain que le mois prochain de nombreuses lignes seront disponibles...

Mercredi 23 Juin  2004: Les résultats de l'examen d'entrée en sixième font couler à flots la limonade. La vélomania s'installe au village. Chaque jour voit s'acheter une bicyclette et la circulation automobile commence à devenir dangereuse. Au premier accident grave les parents des cyclistes en herbe réfréneront les ardeurs pédalistiques de leur progéniture. Tahar Adjou vient d'avoir un nouvel héritier. "Zorro" Boudjemaa Bouferkas lui a fait franchir une étape vers la maturité à ses héritiers en fêtant leur circoncision donnant ainsi le coup d'envoi aux fêtes estivales qui vont jalonner tous les week ends de l'été.  

Jeudi 24 Juin  2004: Grosse chaleur durant la journée et même au début de la nuit. Une chaleur qu'accentue l'ambiance du match de coupe d'Europe entre le Portugal et l'Angleterre. Un match suivi en direct comme tous les autres matchs en plein air sur la place publique où les jeunes tenanciers du café supérieur ont eu l'heureuse idée de placer un téléviseur. 

Vendredi 25 Juin  2004: Il a fait très chaud et dans ces conditions c'est trop demander que de demander à l'actualité d'offrir des sensations fortes alors on se rabat comme des marocains sur la finale de la Coupe. ce soir elle a opposé ma JSK à l'USMA et s'est terminée en faveur des enfants de Soustara. Juste après, la France qui a joué sans conviction a été éliminée par la Grèce au grand dam des fans de Zidane. Les moissons ont commencé; la récolte qui était prometteuse s'avère catastrophique car les épis sont presque totalement vides en dépit de leur bel aspect.

Samedi 26 Juin  2004: la terre s'est légèrement ébrouée à 9 H 30. C'est la première journée de l'examen du bac et il fait une chaleur à ne pas mettre un lycéen dehors.

Dimanche 27 Juin  2004: Deuxième journée d'examen pour les candidats au bac. La canicule redouble d'ardeur. Il a fait au moins 40° à l'ombre aux environs de midi et sur la route, le spectacle des capots relevés et des vapeurs qui giclent des moteurs surchauffés montre bien que les constructeurs d'automobiles n'ont en pas encore conçu une pour nous. Du côté du logement évolutif des trous ont été creusés pour recevoir les poteaux électriques puis ils ont été comblés et d'autres trous ont été creusés littéralement contre les murs. Les fils électriques se situeront à portée de dalle et donc de mains d'enfants...  

Lundi 28 Juin  2004: la canicule se poursuit avec plus d'acharnement mais cela n'a pas empêché le marché de "Brachma" d'afficher complet. Paradoxalement, cela fait plaisir aux paysans qui affirment que c'est le soleil qui fera mûrir tomates, piments, pastèques et melons. Aissa el Baggar m'a d'ailleurs fait savoir que les figues précoces (el bakour) sont à point du côté de Ain El Azra.

Mardi 29 Juin  2004: Dernière journée d'épreuves pour les candidats au bac. Le sinistre heu !... le ministre  Benbouzid a fait preuve devant les pauvres élèves de terminale d'une "redjla" qu'on aurait aimé le voir afficher devant les enseignants du CLA, CNAPEST et autres SATEF. Fier et ombrageux sur ses ergots, il a déclaré alors que les candidats attendaient une parole réconfortante: "il n'y aura ni deuxième session ni rachat !"... les résultats du BEF ont été affichés ce soir. y'a de la joie dans certains foyer, de la tristesse dans d'autres et joie et tristesse se conjuguent cyniquement dans la symphonie villageoise puisqu'elles sont étroitement tributaires l'une de l'autre. Certains youyous sont lancés moins pour fêter la réussite dans la maisonnée  que pour peiner le voisin pour l'échec enregistré dans la sienne. En attendant la canicule continue à sévir.  

Mercredi 30 Juin  2004: Juin se termine dans la canicule. Les blés du côté de Boubekeur attendent toujours une illusoire moissonneuse. C'est vrai qu'en considération du nombre de grains que les paysans risquent de trouver dans les épis, il est plus profitable pour eux de faucher ces blés sans se donner la peine de les battre. Les criquets pèlerins sont à moins de 50 km à vol de... sauterelles. Certains voyageurs affirment les avoir vu du côté de Sidi Aissa. 

Jeudi 1 Juillet  2004: Plein soleil. Les plages sont bondées. Beaucoup de villageois ne trouvent d'autre alternative que celle d'aller faire trempette dans la grande bleue. Ceux qui n'ont pas ce choix  noient leur mélancolie dans d'interminables parties de dominos. Le cadavre d'une cigogne se putréfie au soleil sur la route de Harchaoua. Personne ne peut affirmer de quoi est morte la pauvre bête dont la campagne (ou le compagnon) erre dans les champs d'El Dj'bara comme une âme en peine.

Vendredi 2 Juillet  2004: Les émigrés commencent à débarquer... On en voit qui montent vers Harchaoua et Ben Haroun ou qui déambulent dans les rues du village. Ils se reconnaissent facilement à leur air faussement décontracté. 

Samedi 3 Juillet  2004: Très léger rafraîchissement de l'atmosphère mais la grande canicule n'a pas dit son dernier mot. L'équipe d'Algérie de Football se fait marquer un but dans les 5 dernières minutes de sa rencontre avec le Nigéria.

Dimanche 4 Juillet  2004: C'est la canicule. Ca chauffe très fort et dans ces conditions, la vie se met au ralenti.

Lundi 5 Juillet  2004: Les émigrés continuent d'affluer. La nationale 5 n'arrête pas de voir défiler les voitures immatriculées en France, le porte bagage regorgeant de tout venant: bicyclettes, couvertures...

Mardi 6 Juillet  2004: il fait toujours très chaud et les villageois exploitent la fraîcheur de la soirée en investissant la place publique que les cafetiers ont parsemées de chaises en plastique. 

Mercredi 7 Juillet  2004: la météo a annoncé une très forte canicule pour le week end. la nuit, un sirocco très violent à soufflé.

Jeudi 8 Juillet  2004: Le vent d'hier s'est arrêté au petit matin et des embruns assez denses sont venus rafraîchir l'atmosphère. 

Vendredi 9 Juillet  2004: Tremblement de terre de 3.7° sur richter. Un grondement sourd l'a accompagné et la secousse fut assez forte pour être ressentie par tout le monde. Pris de panique beaucoup de villageois sont sortis de chez eux mais tout est rentré dans l'ordre dans les minutes qui ont suivi. 

Samedi 10 Juillet  2004: Les journaux ont fait état du séisme d'hier. il a eu lieu aux environs de 17 H 30 et son épicentre est situé selon le CRAAG  à 20 km au nord ouest de Bouira c'est à dire précisément à... Djébahia ! Température très agréable durant toute la journée et en soirée des éclairs spectaculaires ont zébré sans interruption un ciel menaçant de noyer la terre. les nuages ont fini par crever sous forme de quelques gouttelettes qui ont nettoyé l'atmosphère des suspensions de sable ramenées par le sirocco du mercredi. Un câble électrique est tombé à El Maasra ce qui a causé une coupure de courant et nécessité l'intervention des pompiers et ce n'est qu'aux environs de 20 H que le courant a été rétabli. 

Dimanche 11 Juillet  2004: La légère pluie de la nuit a déposé sur les voitures des chiures de mouches d'un ocre sale. La journée fut assez fraîche pour la saison.

Lundi 12 Juillet  2004: Juillet semble avoir pris une sérieuse option pour le frais; et ce n'est pas pour déplaire aux villageois qui n'ont plus que le problème des moustiques à résoudre pour trouver le sommeil. Les derniers blés se font laborieusement moissonner; le peu de rentabilité n'enthousiasme pas trop les fellah des exploitations agricoles collectives qui semblent espérer de providentiels incendies qui leur éviteraient la corvée des moissons puis du bottelage de la paille et à voir l'état des champs de la plaine de Boubekeur, on devine que le feu peut difficilement attendre la moissonneuse batteuse.

Mardi 13 Juillet  2004: Le marché de voitures d'Aomar s'est définitivement ancré dans les moeurs locales. Mais s'il est devenu une attraction hebdomadaire à ne pas rater par les gens d'alentours, il constitue aussi une psychose récurrente pour tous les usagers de la RN5 qui doivent ronger leur frein et surtout user leurs systèmes d'embrayage et surchauffer leurs moteurs au passage par Brachma.

Mercredi 14 Juillet  2004: Journée agréablement fraîche. Juillet s'est fait, contrairement à son habitude, très tendre avec "les arabes". Mais cette fraîcheur hors-saison n'est pas pour plaire à tout le monde. Une virée par les plages de l'est d'Alger montre que ce n'est pas le grand boum. En soirée un embouteillage monstre s'est constitué entre kadiria et lakhdaria pour des raisons qui n'ont pas été divulguées.

Jeudi 15 Juillet  2004: la chaleur reste tolérable. la fête bat son plein et les cortèges nuptiaux n'arrêtent pas de se succéder. Les décorateurs de voitures ne chôment pas. A midi il y'avait quatre voitures qui attendaient de se faire fleurir devant le fleuriste du centre ville de lakhdaria. Au village l'heure est aux inter-quartiers de Foot-ball et ce soir le stade a fait le plein d'une jeunesse très peu avare de décibels.

Vendredi 16 Juillet  2004: les inter-quartiers s'étant soldés par la victoire de Djébahia sur Bouler bah, nous eûmes droit hier à une nuit endiablée. C'est sur l 'esplanade, devant l'épicerie d'Amar Belaid que s'est déroulée la fête; les jeunes du village, longtemps sevrés de défoulement se sont laissés aller sous les vociférations des chebs en tous genres. Le raï a coulé à flots (et certainement autre chose aussi). Les "vieux" ont bien sûr grommelé leur réprobation mais juste du bout des lèvres car tout le monde sait que quand un "vieux" réprouve c'est surtout parce qu'il est dépité de ne pouvoir faire pareil... J'ai effectué une longue randonnée pedestre qui m'a mené de Boubekeur à Ben Haroun puis de Ben Haroun à El Madjen et retour par Zebboudj Djemaa; le tour du village pour ainsi dire. Les villageois ignorent ce qu'ils ratent en se privant de ces promenades. Du côté de la lagune d'El Madjen c'est en effet un paysage qu'on ne peut se lasser de contempler. Les joncquilles qui tapissent l'espace en ïlots de verdure laissent apparaître des plans d'eau où  vit en toute quiétude la sauvagine. Si nous savions l'importance de cette zone humide, il est certain que nous aurions mobilisé les contestataires si habiles à fermer les routes pour des babioles afin d'imposer à l'autorité le bénéfice des dispositions édictées à Ramzar au profit de notre petit paradis dont je vous livre ci-dessous ces photos  prises aujourd'hui à 19 H.

   

  

Samedi 17 Juillet  2004: Très grosse canicule. Le vent du sud ajoute ses grains de sable à la fournaise et la nuit, les moustiques achèvent d'achever les pauvres arabes qui suintent de tous leurs pores. Une forte tempête a fait sauter les plombs au courant électrique après 20 H et les villageois ont dû passer le reste de la nuit sans ventilateur et sans télévision.

Dimanche 18 Juillet  2004: Le courant n'a été rétabli qu'après dix heures. Il s'agit d"une panne sur le réseau, due au mauvais temps et ça commence à taper sur les nerfs cette électricité qui nous joue les filles de l'air à chaque fois que le ciel tonne. les résultats du bac sont diffusés à une heure tardive de la nuit. Saadi Boualem qui s'est fait opérer d'une hernie qu'il traine depuis des années est sorti de l'hôpital de Lakhdaria. Dans la grande gandoura colorée qui lui va très mal, il semble se porter... très bien.

Lundi 19 Juillet  2004: Pas de courant électrique durant toute la journée. Cette fois-ci c'est une coupure annoncée par Sonelgaz pour travaux. Les candidats au bac qui n'ont pas pu se connecter très tard hier ou très tôt ce matin ont dû maudire ce courant électrique qui joue au sloughi (ce chien est dit-on, pris d'envie d'uriner juste au moment où le gibier est débusqué).

Mardi 20 Juillet  2004: Journée trop fade pour être décrite. Des poteaux électriques ont été déposés au lotissement évolutif de Zebboudj Djemaa. Les pouvoirs publics ont enfin compris l'indécence d'un quartier électrifié entièrement grâce à une extension sauvage du réseau mais poser les poteaux et même les placer, ne veut absolument pas dire que le quartier va être mis au courant dans l'année qui vient car le lotissement dit d'"El HARKA" reste non alimenté en dépit des poteaux, des câbles et du poste transfo réalisés depuis belle lurette.

Mercredi 21 Juillet  2004: La fête bat son plein. La canicule aussi. La fille de Essaid Guerrache convolera demain en justes noces. Merci à Essaid  pour le couscous qui fut excellent, bonne fête aux deux familles qui ont décidé de se lier par les liens du mariage et félicitations aux heureux mariés.

Jeudi 22 Juillet  2004: Terrible chaleur. Dans pareilles conditions tout doit se mettre en léthargie car chaque geste est de trop. De très nombreux véhicules ont dû s'arrêter à la moindre place ombragée des bords de la RN5 pour se faire refroidir mais la chaleur n'a en rien refroidi les ardeurs festives des noceurs car les cortèges nuptiaux n'ont pas arrêté de défiler en donnant frénétiquement du klaxon. La nuit sera encore une fois éprouvante. 

Vendredi 23 Juillet  2004: La chaleur semble s'être installée pour de bon au point qu'il nous est difficile d'admettre qu'il puisse y avoir un autre climat. Le village continue à vivre sa léthargie diurne, ses soupirs d'aise en soirée et ses nuits trop suintantes pour ne pas être blanches.

Samedi 24 Juillet  2004: L'actualité du village est entièrement concentrée sur les tractations qui entourent le renouvellement des instances dirigeantes de l'ARD. La présidence  se joue entre deux grosses pointures et l'assemblée générale qui devrait se tenir ce vendredi risque d'être houleuse.

Dimanche 25 Juillet  2004: La canicule semble s'estomper. le climat s'est  rafraîchit et la nuit fut propice au sommeil. Les poteaux électriques ont été installés au lotissement évolutif. On ne sait pas combien de temps prendra la mise en place des câbles quant au branchement du courant, il faudra certainement attendre longtemps au vu du lotissement d'El Harka qui continue à attendre qu'on daigne lui donner du jus alors que le réseau est fin prêt depuis belle lurette.   

Lundi 26 Juillet  2004: Le marché hebdomadaire de "Brachma" a fait encore rager les automobilistes qui ont eu le malheur de passer par la RN5 ce matin. Comme à son habitude, il a causé un bouchon de plusieurs kilomètres et la route n'a retrouvé sa fluidité qu'après 13 H.

Mardi 27 Juillet  2004: Les lundis et les mardis se suivent et se ressemblent chez nous... C'est en effet le mardi que se tient le marché des véhicules à Brachma. Et comme hier, la circulation a été totalement bloquée jusqu'à 12 H. Les pouvoirs publics laissent faire ces foires dans des endroits très peu indiqués sans savoir que ce qu'ils croient faire engranger au trésor public en mettant ces marchés en adjudication est sans commune mesure avec les pertes que subissent les citoyens (et l'état) du fait des retards, des accidents, des pannes enregistrées par ces embouteillages itératifs... Nous ne dirons rien du temps (qui est relativement frais pour la saison) afin que cette chronique ne finisse pas par ressembler à un bulletin météo.

Marcredi 28 Juillet  2004: Le village égrène les jours sans se forcer. L'automne envoie précocement des bouffées de fraîcheur que l'été encore vigoureux n'a aucune peine à chasser comme le cordonnier du marché hebdomadaire chasserait des mouches importunes. J'ai appris  ce soir que notre ami Slimane Derouaz est malade et qu'il a été hospitalisé à Rouiba. Toute notre sympathie lui est acquise et nous lui souhaitons de tout c?ur un prompt rétablissement.   

Jeudi 29 Juillet  2004: Le marché du village étale a profusion cantalou et pastèques; le poulet se laisse proposer à 140 DA/kg ce qui signifie que les aviculteurs continuent à manger leur pain noir. Les élus FLN à la mairie seraient revenus à de meilleurs sentiments et auraient décidé de ne plus bouder les délibérations de l'assemblée communale. c'est le maire qui ne doit pas être content car il devra apprendre à débattre de la chose publique au lieu de l'imposer et c'est un exercice périlleux pour lui...  L'effervescence est à son comble chez les jeunes en prévision de l'assemblée générale du l'association sportive communale de ce vendredi.  

vendredi 30 Juillet  2004: C'est l'immuable rituel de la journée sainte. En matinée les gens se préparent à la prière, en début d'après midi ils l'accomplissent plus pour se libérer de son obligation que par amour de Dieu; en soirée c'est le farniente estival... Une sorte de remake immuable; un "copier-coller" qui se répète chaque semaine et que rien ne semble pouvoir perturber. A l'heure où nous mettons ce fichier sous transfert, l'assemblée générale de l'association sportive communale doit avoir entamé ses travaux. Nous en diffuserons les résultats dans nos prochaines éditions. 

DERNIERES NOUVELLES: l'assemblée générale de l'association sportive communale s'est terminée comme prévu en queue de poisson. Ali Daïri, Amir Boudjemaa et d'autres membres, forts de la claque d'une clique de joyeux lurons ont étalé leurs états d'âme à grands coups de gueule et l'assemblée s'est transformée en foire d'empoigne obligeant  le "superviseur" venu de la Wilaya à reporter l'élection du Président à une autre journée. La prochaine session sera encore plus loufoque car d'ici là les armes auront le temps de mieux se fourbir... A suivre donc !

Samedi 31 Juillet  2004: Début de semaine fade. Un carambolage au grand virage de Sidi Athmane a causé un embouteillage matinal qui ne s'est délité qu'à 11 H. Sinon rien à signaler hormis peut-être le flamboyant coucher de soleil de ce soir.

Dimanche 1 Août  2004: Août débute dans une relative fraîcheur. C'est la bise qui fait mûrir les figues disent nos anciens. Et c'est bien vrai  puisqu'on peut, en cherchant bien, trouver des figues précoces dont la parcimonie dope la succulence... Les premières figues de Barbarie arrivent elles aussi; elle se font déjà proposer, toutes vertes, sur le bord de la route nationale. Les choses vont s'accélérer et dans quelques jours elles raviront la vedette aux pastèques et melons. Le raisin quant à lui, frappé par toutes les catastrophes, est presque totalement absent des étals et les fêtes se font, au grand dam des convives, à l'aide d'un couscous nu. 

Lundi 2 Août  2004: Le marché de Brachma a encore une fois et comme de bien entendu généré des milliers de jurons d'automobilistes et occasionné la perte de dizaines de joints de culasses de véhicules en créant son habituel embouteillage. Boulerbah est en effervescence et le maire et le sous-préfet sur le qui-vive. Hier les habitants du lieux, guidés par les chauffeurs de fourgons de transport de voyageurs (une "confrérie" qui commence à devenir très contestatrice) ont bloqué la route qui monte vers Lahguya pour réclamer on ne sait plus quoi encore. Pendant ce temps, à Djebahia, le tronçon de trottoir de l'entrée ouest, le plus relativement en bon état, voit ses bordures se faire remplacer alors que les rues sans bordures restent en l'état. Une insistante rumeur circule par ailleurs au sujet de la distribution en catimini des lots de terrains résiduels de l'ancien lotissement... Les heureux bénéficiaires seraient des personnes très influentes et qui ne seraient ni originaires (de) ni résidentes dans la commune... Affaire à suivre donc ! 

Mardi 3 Août  2004: L'opposition aurait avalisé sans réserves le compte administratif du maire. Cette opération est acidement commentée par les citoyens qui la traitent de "forfaiture" en se demandant pourquoi faire la tête durant la moitié du mandat pour revenir faire allégeance de manière si plate. En fait, le conseil communal n'avait pas d'autre alternative et dans la réalité il a cautionné un non-événement au vu de l'insignifiance des réalisations. La chaleur est revenue en force; la bise a fait mûrir les figues mais les figues de barbarie, elles, ont besoin justement de soleil pour mûrir. Le temps qui a à faire avec ces fruits gâtés ne sait plus à quel climat se vouer. 

Mercredi 4 Août  2004: Les mauvaises herbes qui jonchent le sol du cimetière de Boubekeur ont fini par prendre feu. L'incendie a failli avoir raison de tout ce qui peut brûler autour des tombes. Personne n'a réagi et aucune voix ne s'est élevée pour appeler les gens de bonne volonté s'il s'en trouve à éloigner ce lieu de repos des sources de nuisances pour laisser les morts dormir tranquilles. C'est vrai que le village a perdu depuis la disparition de Meddahi Tahar N'Amar l'homme providentiel capable de réveiller les consciences... C'est vrai aussi que le village qui s'est laissé prendre aux jeux de la politique et des clivages artificiels était plutôt occupé à magouiller pour introniser le président de l'Association Sportive Communale et le cimetière comme le malheureux bohémien de la chanson, "n'est pas sur le chemin du centre-ville..."

 

Le cimetière de Boubekeur vu de l'autoroute. La tâche noire montre que le feu qui a pris dans les chaumes s'est étendu au cimetière. Au premier plan, la route de Harchaoua bordant le nouveau verger de Boualem Gharbi. (notez la limpidité du ciel). Photo prise aujourd'hui à 10 H 30

Jeudi 5 Août  2004: Contre toute attente, c'est le clan opposé à Moha qui a eu la présidence de l'Association Sportive. Le macchiavélisme aura payé. C'est un jeudi de pleine fête; les cortèges nuptiaux qu'immortalisent depuis quelques temps d'inévitables caméras sont devenus la caractéristique essentielle de nos week-ends. 

Vendredi 6 Août  2004: La moitié du village se trouve sans électricité suite à un court circuit sous-terrain près du poste transfo du vieux lotissement. Passe pour la lumière à laquelle on peut suppléer par une petite bougie mais ce qui rend infernale la situation c'est l'impossibilité d'avoir de l'eau fraîche.

Samedi 7 Août  2004: La panne de courant perdure; une armada de la Sonelgaz est pourtant à pied d'oeuvre depuis l'accident. Les villageois avides de sensations se sont agglutinés autour des ouvriers et regardent faire en silence... Ils sont venus des quatre coins du village et certains passent des heures sous le soleil à jouir de ce spectacle que d'aucuns trouveraient anodin mais que nos villageois savent apprécier car ils ont le sens du spectacle...

Dimanche 8 Août  2004: Nuit très mouvementée; le vent s'est levé au crépuscule; il a soufflé de manière démoniaque et ne s'est calmé qu'aux aurores. On ne sait pas s'il fut la cause de la coupure de courant de deux ou trois heures que nous avons subie à 20 H ou si ce sont toujours les travaux de réfection du réseau au niveau du transfo du vieux lotissement qui ont nécessité une coupure technique... 

Lundi 9 Août  2004: Chaleur, anarchie routière, imprévoyance des responsables et expectative des services répressifs se sont conjuguées, ce lundi comme tous les lundis pour mener la vie dure aux automobilistes transitant par Brachma. Cette situation est devenue si coutumière qu'on se demanderait presque ce qui nous arriverait si on devait retourner à ce qui, par ailleurs est considéré comme normal... Il est certain que ce retour à la normale fera au moins une victime: votre chronique  qui devra fermer le lundi pour cause d'indigence de l'information !  

Mardi 10 Août  2004: Un premier martyr djebahi de l'autoroute a été enregistré hier. Il s'agit de Lafradi de Ben Haroun, le fils de feu Aissa Lafradi. Il est mort écrasé par la cocotte à ciment qu'il conduisait sur le tronçon qui fait face à Sidi Assem. Nos condoléances à la famille éplorée et un conseil à l'ANA (agence nationale des autoroutes) : l'érection de petites stèles aux endroits où meurent ces bâtisseurs pour que demain les usagers sachent que ces ouvrages ne se sont pas construits sans le tribut du sang. Pour aujourd'hui, il n'y a presque rien à déclarer hormis peut-être le fossé bétonné qu'on est en train de réaliser entre Ben Haroun et Djebahia pour drainer les eaux pluviales et qui est exécuté sur tout le tronçon de CW125 entre Ban Haroun et El Korraba. Aujourd'hui on a continué à réaliser le tronçon "La SAS" - EL Maasra.

Mercredi 11 Août  2004: Ca chauffe et ça traîne la patte... Sur la route on ne peut passer sans remarquer le nombre de petites bêtes écrasées. L'euphorie pluviale de cet hiver à entraîné une exubérance sans pareil de la végétation et la faune qui a trouvé des conditions très favorables à sa multiplication a rattrapé le retard des années de sécheresse. On dit que "Pluies de Nissan (printemps), serpents à profusion"; en réalité, les pluies de nissan n'agissent pas comme aphrodisiaques chez les reptiles mais génèrent des situations qui favorisent leur multiplication et une humidité qui permet à tous leurs oeufs (et à celles des autres ovipares) d'éclore et qui donne par conséquent des proies aux prédateurs leur permettant à eux aussi de proliférer... L'homme qui veille au grain aux grands équilibres naturels se charge de réguler ces poussées en usant de son véhicule pour écraser avec délectation hérissons, mulots, lièvres, grenouilles, rats des champs, tortues, couleuvres, scolopendres etc... Vous avez compris maintenant pourquoi la route est jonchée de cadavres de petites bêtes que les rares charognards encore en vie parviennent difficilement à évacuer...  

PS: Notre amie Chantal m'a fait remarquer le mélange des dates que j'ai commis (et que je viens de corriger)... je l'en remercie en espérant que beaucoup d'autres visiteurs auront remarqué cette situation... Le contraire prouverait que nous sommes deux à nous intéresser à cette chronique: moi pour l'écrire et elle pour la lire et ce serait dommage... Cette sensation d'absence d'impact se vérifie par ailleurs par l'indigence du forum... Mettons-la sur le compte des vacances et de la chaleur en attendant d'être démentis ! C'est vrai que parler des hérissons écrasés n'incite pas à se faire lire, mais que voulez-vous, il y'a tellement de gens qui écrivent sur les sujets plus "sérieux" comme la levée de boucliers qui accompagne la visite de Bouteflika à Toulon ou l'affirmation du Ministre du Tourisme, l'inénarrable M.S.Kara qui affirme pince sans rire que le "tourisme doit être privatisé" que nous n'avons pas trouvé un créneau informatif non saturé... Et puis, cette chronique prétend véhiculer les nouvelles du "Col des Mulets" et ces petites bêtes dont nous parlons sont aussi des habitants de Djébahia, n'est ce pas ?

jeudi 12 Août  2004: Le marché du village regorge de pastèques et de melons. Les lève-tôt auront eu la chance de trouver du piment et de la tomate de H'djita. Ces deux légumes sont d'une saveur exquise quand ils sont arrosés avec l'eau pure de notre montagne et qu'ils mûrissent sous sa fraîcheur. Zarifi "El kazouit" pour ses intimes en a ramené quelques kilos; je peux affirmer, pour en avoir acheté et goûté, que ça vous réconcilie avec la salade de piment qui a perdu de sa saveur depuis que nous nous trouvons forcés de la préparer à l'aide de ces insipides légumes qui nous viennent des serres de Biskra ou d'ailleurs.  

Vendredi 13 Août  2004: Le demi-frère de Belkacem Khouas est mort en France. Il a sollicité vainement la présence de Belkacem qui n'a pu répondre à son v?u pour des questions de visa. La faucheuse était plus empressée que les services consulaires. La dépouille mortelle devait arriver ce soir mais elle est toujours attendue au moment où ces lignes sont écrites (22 H). Le défunt qui a vécu en France depuis 1962 a insisté pour que son corps reposât dans ce cimetière serein de Mouah'djar, loin des cris et chuchotements de la "civilisation".

Samedi 14  Août  2004: Le frère de Belkacem Khouas dont la dépouille a été rapatriée hier dans la nuit, a été enterré ce matin au cimetière de Moiah'djar en présence d'un grand nombre de personnes.

Dimanche 15 Août  2004: "Kouider" est mort. Il s'est éteint aujourd'hui à l'hôpital et devrait être enterré demain au cimetière de Sid'Essaadi à Mouilh'a. Il n'y aura certainement pas foule car Kouider fut un attardé mental qui vécut en marge des spots de l'actualité djébahie. Il n'aura laissé aucune progéniture et dans quinze jours peu de gens se souviendront qu'il a existé. Qu'il repose en paix comme il a vécu.

Lundi 16 Août  2004: Contre toute attente, c'est à Braïka, juste devant la vieille mansarde qui abrite le tombeau de la sainte que Kouider a été enterré aujourd'hui à 13 H. Il y'eut une affluence respectable et la cérémonie s'est déroulée dans une simplicité qui n'a d'égale que celle de cet homme. Le souk de Brachma a encore fait des siennes puisque la circulation n'est redevenue fluide qu'à 13 H 30 et pas pour longtemps car un carambolage l'a à nouveau bloquée à 16 H.

Ce spectacle est devenu coutumier. Chaque lundi et chaque mardi, les usagers de la RN5 doivent affronter par tous les temps cette épreuve... photo prise aujourd'hui à 13 H à 1.5 km d'Aomar Gare. La chaîne de véhicules s'étend en amont et en aval de plusieurs autres km. (notez quand même le bleu du ciel)

Mardi 17 Août  2004: Sidi Gacem Ben Haroun doit être au comble de la joie !... Ne voilà t'il pas en effet que les PTT viennent d'installer une antenne visible de Bouzegza tant elle est haute... Cette antenne est supposée servir de relais pour la mise en place d'un réseau de téléphonie sans fil qui desservira la région située sur les hauteurs de la commune de Djebahia, de Ain Cheriki à Harchaoua en passant bien sur par les deux parties de Ben Haroun: El Hamra et Chaabet Lakhera. On ne va donc plus revoir ces poteaux plantés n'importe comment tout au long du CW 125 et ces gros fils qui pendouillent  portée de main des voleurs de cuivre et qui n'offrent même pas, par leur déclinaison, la possibilité aux hirondelles de tenir leurs conciliabules périodiques... On n'arrête pas l'progrès !

Mercredi 18 Août  2004: Les très fortes chaleurs de la journée ne pouvaient se terminer autrement que par un orage. Il est arrivé à 16 H 30. Tonnerre, éclairs, vent et pluies. L'"ouragan" est vite passé, laissant derrière lui un vent légèrement plus frais mais poisseux d'humidité. L'entrée du village se fait aménager. Les anciennes bordures de trottoirs ont été enlevées et des bordures flambant neuf se font décharger sur les deux côtés de la route. On ne sait pas ce qui a été fait des anciennes bordures mais il y'a fort à parier qu'elles vont commencer une nouvelle vie ailleurs. La Commune aurait été très bien inspirée si elle les avait récupérées pour matérialiser au moins les bordures des ruelles de ses lotissements... L'oléoduc s'est encore cassé au niveau de Boubekeur. La Sonatrach est à pied d'?uvre pour récupérer le pétrole avant qu'il ne dévale vers l'Isser où il risque de polluer la nappe phréatique. Le projet de détournement de cet oléoduc par Ain Bessem - Larbaa est très avancé; il est temps de le mettre en service afin que notre région se débarrasse de cette saleté qui ne lui profite en rien et qui dessine sur le paysage une blessure béante et purulente.

Jeudi 19 Août  2004: De mémoire de Djebahi, on n'a certainement jamais enregistré autant de fêtes en une seule journée. Dans chaque quartier c'est la bombance et la musique à fond la caisse. A Boubekeur, les agents de la Sonatrach sont toujours à pied d'oeuvre pour colmater la brèche de l'oléoduc... Des brèches il y'en eut aussi sur le réseau d'adduction en eau dite "potable" ! Ca fuit de partout et les trottoirs ressemblent à des torrents en furie. Cette gabegie a un nom: incompétence criminelle, elle n'a pas encore de remède parce que, népotisme oblige, elle s'est durablement installée sur tous les échelons de la hiérarchie... 

Un impérieux besoin de déconnexion m'a contraint à rompre les amarres professionnelles... Quatorze longues années sans congé ont fini par user mes résistances; j'ai donc "osé" m'en aller et je suis parti... Une dizaine de jours à voir un autre horizon que celui qui me tient lieu de décor depuis toujours... A lire et entendre les réactions de mes ami(e)s, je me sens coupable d'avoir commis un acte de haute infidélité... Je me rassure toutefois car je sais que je pourrai compter sur leur indulgence et leur compréhension. Je reprends la chronique avec un peu plus de motivation maintenant que j'ai une autre preuve que beaucoup de mes ami(e)s l'attendent.  

Voici un cadeau de vacances que j'offre aux fidèles de cette chronique

Photo prise à la "vieille calle" d'El Kala. C'est dans ces criques sauvages que les français avaient bénéficié d'une concession des turcs pour pêcher le corail. 

Jeudi 2 Septembre  2004: Le sirocco souffle sur le village. La chaleur est difficilement supportable. 

Vendredi 3 Septembre  2004: Le vent du sud souffle toujours avec frénésie. Les travaux de construction de classes dans la cour du collège se poursuivent toujours. On ne sait pas qui a eu l'idée de squatter les 3/4 de la cour pour y construire ces classes et où vont s'ébattre les élèves qui étaient déjà à l'étroit lors des récréations... L'opération "trottoirs" se poursuit. Si on avait pris la peine de suivre un tracé rectiligne, l'entrée du village aurait eu un air plus avenant... 

Samedi 4 Septembre  2004: Très forte chaleur durant toute la journée. Encore un abus de l'autorité municipale... Cette fois-ci c'est un adjoint du maire qui s'est installé dans le logement d'astreinte de l'économe du collège dans l'indifférence complice de l'autorité de tutelle. Les collégiens auxquels on veut inculquer les civilités comprendront très vite que les leçons qu'on leur administre c'est pour la frime puisqu'ils ont l'heur de vérifier que la piraterie est un acte de gestion... A 19 H 45, El H'Midi était à pied d'oeuvre sur la départementale 125. Le camion chargé de mottes de bitume, il s'échinait à combler les nids de poule qui jalonnent le tronçon compris entre le pont et les premiers eucalyptus... Dans son excès de zèle, il a même comblé les joints de dilatation du pont !... 

Dimanche 5 Septembre  2004: La canicule redouble de férocité. L'Algérie rencontre ce soir le Gabon. Les manipulations "Fafesques" ont fini par donner une équipe sans âme qui se fait étriller chez elle par une équipe aussi modeste que celle du Gabon. Gageons que comme d'habitude aucun responsable de la débâcle n'aura le courage de déposer sa démission et que tout sera mis sur le compte du "mauvais arbitrage"...

Lundi 6 Septembre  2004: Le vent du sud semble s'être installé pour de bon. La rentrée qui s'effectuait avant dans la grisaille et sous la pluie se passe aujourd'hui sous la poussière et la chaleur. Mais ce temps qui incite plutôt à la morosité n'empêche pas les fêtes de se préparer pour le week-end; entre autres fêtes, c'est ce jeudi que Fatah 24 mariera sa fille. Le maire, El Bled lui a promis la citerne de la commune pour régler son problème d'eau et Monsieur Chachou, le Directeur de l'école primaire s'est proposé de lui prêter tables, chaises et assiettes de la cantine en insistant comme chaque week-end pour qu'il ne fasse pas trop de publicité car lui a t'il chuchoté, l'académie interdit ces pratiques et les villageois sont si bavards...  

Mardi 7 Septembre  2004: Il fait toujours très chaud. Une protesta se prépare à Harchaoua. Les habitants des lieux qui doivent faire 4 ou 5 km sur une route complètement défoncée ont de toute manière intérêt s'ils veulent se faire entendre à crier très fort car avec la culture de l'émeute que semblent encourager les responsables, il ne reste plus de place à la raison.

Mercredi 8 Septembre  2004: C'est la fête chez Fatah 24. Les ripailles ont commencé à 16 H pour se terminer à 22 H. La fête devient un calvaire aussi bien pour l'hôte que ses invités. Il fut un temps où la "taoussa" était un rituel obligé. Ces dons d'argents qui avaient pour mérite d'aider l'hôte à amortir les frais de la fête ont été remplacés par une curieuse mode qui, en plus du couffin impose un cadeau de la part de chaque invité. Les heureux mariés se retrouvent souvent avec une vingtaine de services à eau, une quinzaine de veilleuses, une douzaine de montres murales et une dizaine d'ensembles de serviettes de bain... des produits bas de gamme auxquels seul l'emballage confère une esthétique douteuse. Un très grave accident de la circulation a eu lieu ce matin entre l'usine de l'ENAP (peintures) et la station service d'El Mekhfi. Un car de Annaba et deux véhicules légers ont été laminés par un semi-remorque. Il y'aurait des dizaines de morts. La circulation a été totalement bloquée durant des heures et doit l'être encore à l'heure où ces lignes sont écrites (22 H 30).

Jeudi 9 Septembre  2004: la presse qui a rapporté l'accident d'hier parle de 12 morts et d'une quarantaine de blessés. Le bilan, comme d'habitude, va s'alourdir d'heure en heure. Au village, ça festoie férocement. Les troubadours qui accompagnent les cortèges reviennent en force et les airs de la ghaïta et du bendir font danser les gens partout. C'est vrai que la rentrée imminente et le Ramadhan qui pointe le bout de son doigt menaçant ne sont pas sans contraindre les gens à faire vite pour expédier les fêtes résiduelles...

vendredi 10 Septembre  2004: la chaleur ne veut pas en démordre. Elle aurait été très profitable pour les vendeurs de pastèques mais la récolte a été si prolifique que cette cucurbitacée est proposée à moins que rien. Le village vit dans l'ambiance de la veille de la rentrée. Les pères de familles se font péniblement traîner par leurs bambins jusqu'à Bouira et Lakhdaria pour les derniers habits et les fournitures scolaires. Saisissant cette aubaine, des échoppes de fortunes s'ouvrent dans n'importe quel réduit pour proposer cahiers, stylos, compas, gommes et équerres.

Samedi 11 Septembre  2004: Un affreux accident a eu lieu à 8 H au carrefour du pont de Djébahia où un mastodonte de semi-remorque a littéralement écrasé un véhicule Golf TDI. On a déploré un mort sur le coup qui fut extrait de la Golf et recouvert de sacs de jute sur le bas-côté en attendant son évacuation vers la morgue de l'hôpital de Lakhdaria. Dans sa chevauchée sauvage le camion a écrasé les plaques indicatrices du carrefour. Le père de la victime est arrivé par la suite à la gendarmerie de Djébahia où il n'a pu se retenir et s'est laissé aller à des scènes d'hystérie. El Maasra a eu rendez-vous aujourd'hui avec Mohamed ADJOU - Adlane pour ses intimes, qui a soutenu en compagnie de deux charmantes demoiselles sa thèse d'ingéniorat en Sciences de la Mer à l'ISMAL de Dely Brahim. Le sujet avait un rapport avec l'impact des anomalies de température à la surface de l'eau en mer Méditerranée... en réalité les étudiants ont très peu parlé des impacts mais ont magistralement expliqué les influences de facteurs climatiques et des phénomènes El Nino et El Nina sur ces températures ce qui leur a valu les félicitations du jury et un "Très Bien" en guise d'appréciation. Ci-dessous le comité des supporters de Adlane, venus d'El Maasra devant l'amphi juste avant la soutenance et les trois étudiants qui se préparent à affronter le jury. félicitations à Adlane et à ses collègues.   

 

 

 

Dimanche 12 Septembre  2004: La protesta des habitants de Harchaoua dont nous avons parlé le mardi passé s'est concrétisée le mercredi par un déplacement massif vers la Wilaya. Le Wali étant occupé à recevoir le ministre Sellal, c'est le Chef de Cabinet qui a dû écouter les doléances de nos protestataires, ces doléances portaient essentiellement sur l'état de la route. Le Chef de Cabinet s'est engagé à ce que les travaux de réfection débutent dans moins de quarante jours... d'aucuns pensent que ce délai est très suffisant pour... qu'il ne soit plus là ! La veille la population avait reçu le maire et le chef de Daira à qui elle a fait passer de très mauvais quarts d'heure. Les individus peuvent devenir féroces dans l'anonymat des foules ou quand il se mettent à surenchérir à qui montrera sa plus grande témérité... Les deux responsables qui ont déjà promis en l'écrivant noir sur blanc qu'ils allaient lancer les travaux lors de l'extinction d'une précédente poussée fébrile ont eu tout le mal du monde à se justifier... il faut dire que la protesta en question  s'était déroulée la veille des dernières élections... Pour aujourd'hui il a fait chaud... On a appris que l'accident d'hier a fait deux morts; l'adulte qui conduisait la Golf et un adolescent de 14 ans.

Lundi 13 Septembre  2004: La chaleur totale de la journée ne pouvait se terminer autrement que par l'orage qui s'est abattu sur le village à 18 H. Il a entamé sa partition par un vent très violent ponctué d'éclairs continus et d'un tonnerre qui labourait les nuages sans prendre le temps de souffler puis la pluie est venue. Elle est tombée drue sur la terre asséchée et a coulé en torrents en descendant des hauteurs de la SAS et du Boutboul. Les paysans aiment bien cette violente pluie automnale car elle prend au dépourvu les petits rongeurs et les insectes et les emmène dans ses eaux tumultueuses pour les donner en pâture aux poissons. En faisant mon habituelle tournée nocturne de Djebbanet ennsara à El Maasra, j'ai par ailleurs remarqué l'incroyable nombre de crapauds et de grenouilles dansant dans la lumière des phares de la voiture. L'expression: "il pleut des grenouilles" trouve sa pertinence dans cette chorégraphie insolite...

Mardi 14 Septembre  2004: La pluie d'hier qu'un soleil hargneux évapore crée une atmosphère invivable d'humidité. L'événement des derniers jours se situe à Aomar où quatre jeunes hommes auraient disparu. Les spéculations vont bon train et le journal Liberté s'est même permis de raconter deux versions complètement contradictoires à leur sujet, la première en page 2 et la seconde en page 24... En soirée la pluie a profité de la disparition du soleil pour revenir imposer sa fraîcheur.

Mercredi 15 Septembre  2004: L'automne fait tout pour s'imposer à un été qui se fait coriace au crépuscule de sa saison. Les rues se remplissent graduellement de bambins d'abord endimanchées puis qui reprennent graduellement leur naturel après avoir rangé les beaux habits de la rentrée pour l'Aïd. Le Ramadhan n'est plus qu'à quelques encablures et la Souika du premier de Chaabane vient d'être fêtée avec force poulets aux berkoukès malgré le prix impossible qu'a atteint la volaille qui plane au dessus des 200 DA le kg. Cette arrivée en trombe de maître Ramadhan incite les fêtards à expédier vite fait les dernières fêtes après avoir rendu exsangues les convives saignés à blanc par des dizaines de cadeaux offerts avec une rage qu'on devine dans des rictus qui se veulent sourires.

Jeudi 16 Septembre  2004: L'air s'est sensiblement rafraîchi. L'oued Isser étale sur toute la largeur de son lit un tapis de boue qui témoigne de la crue subite qu'il a dû vivre depuis peu. Les cortèges nuptiaux continuent à défiler; on en a compté près d'une dizaine pour la seule journée d'aujourd'hui. L'hécatombe sur la RN5 continue elle aussi. Ce soir à 16 H 30 à hauteur de l'huilerie de Kandi, face à la décharge de Lakhdaria, un fourgon a percuté une camionnette; on ne sait pas s'il y'eut des morts mais des blessés certainement puisque les pompiers sont arrivés avec ambulance et camion citerne pour évacuer les victimes et effacer les traces de sang; l'accident est sûrement dû aux nombreux vendeurs de raisin qui étalent leurs marchandises sur le bord de la route en ces lieux car on les a vus évacuer précipitamment balances et cageots avant l'arrivée des gendarmes.

Vendredi 17 Septembre  2004: C'est un vendredi tout ce qu'il y'a de commun. La vie continue en glissant imperceptiblement sur les heures. La fraîcheur automnale dynamise un peu mieux les gestes des gens. Les nostalgiques  ne peuvent s'empêcher de penser que pareil temps était propice au piégeage des "queues blanches" (nou33aïdj) dans les chaumes et les terres nouvellement labourées...

Samedi 18 Septembre  2004: Début de semaine studieux et frais. Les arrêts de bus sont surchargés aux premières lueurs du jour. Les élèves des cycles primaire, moyen et secondaire ont presque atteint la vitesse de croisière. Les étudiants pour leur part continuent à se débattre dans les procédures d'inscription et de réinscription.

Dimanche 19 Septembre  2004: Les gens parlent à voix basse de la tragédie de la nuit d'hier où trois passagers d'un taxi ont été tués à Kalous par un groupe armé qui y a dressé un faux barrage aux environs de 21 H. On ne sait pas qui a donné le signal des feux de chaume mais le pays brûle littéralement aujourd'hui et flammes et fumées créent une ambiance de ... terre brûlée. Les pseudo-victimes du séisme ont reçu des aides substantielles à la reconstruction de ce qui ne leur a pas été détruit. Encore une fois les édiles ont fait de cette généreuse initiative des pouvoirs publics une opération de marketing politique puisque seuls les initiés des secrets d'alcôve ont déposé des dossiers au niveau des structures concernées qui leur ont ouvert leurs portes puis les ont refermées dès que les gâtés du système se sont fait servir. La réglementation a été  très curieusement interprétée puisqu'elle a totalement exclu de ces avantages les citoyens qui n'ont pas la chance de résider dans le périmètre urbain... C'est ainsi que nos responsables comptent lutter contre l'exode rural...

Lundi 20 Septembre  2004: L'attentat du samedi aurait fait 4 morts selon les journaux d'aujourd'hui. On parle de passagers sans autres précisions et certains journaux parlent de l'enlèvement d"une femme. Une commission de l'Assemblée Populaire de Wilaya a fait un tour dans la commune. Le maire aurait connu des moments difficiles à Harchaoua et Ben Haroun. Il a réagi aujourd'hui en donnant instruction pour sécuriser l'école de Harchaoua dont la cour ouverte à tous les vents, a été transformée en dépotoir et pour remplacer  toutes les vitres cassées de toutes les écoles de la commune. Il fallait donc qu'une commission venue d'en haut l'interpellât pour qu'il daigne s'occuper de ces missions pourtant élémentaires de la commune... C'est dire l'ampleur du désastre que vivent nos villages avec pareils responsables à qui les pouvoirs publics vont bientôt offrir 50 milliards de dinars à dépenser pour "relancer" l'économie du pays...  

Mardi 21 Septembre  2004: La région continue à vivre dans l' appréhension des suites du dernier attentat. La circulation se fait rare à la nuit tombée mais c'est peut être dû à la fin des vacances et au retour de la fraîcheur. Le Ramadhan se rapproche et avec lui la boulimie des commerçants.  

Mercredi 22 Septembre  2004: Un petit tour à Harchaoua m'a permis de comprendre la justesse de la colère des habitants de ce hameau qui n'a vu des bienfaits de la modernité que le courant électrique... Les travaux de réfection des trottoirs du chef lieu de la commune sont à l'arrêt. On dit que le maire aurait fait un choix complaisant de l'entrepreneur, ce qui aurait incité la commission venue de la wilaya à demander la suspension des travaux en attendant les résultats de son enquête... Voilà comment on met de la poudre aux yeux des citoyens... Les grandes affaires sont laissées à la merci des prédateurs et on vient faire les redresseurs de torts dans les petits larcins... Gageons qu'on attendra les pluies hivernales pour d"crêter le RAS habituel et permettre à l'entreprise de reprendre ses travaux qui vont engluer le village dans la gadoue.

Jeudi 23 Septembre  2004: En dépit de l'approche du Ramadhan, des fêtes continuent à s'organiser. L'eau coule de partout au village. du côté de la SAS, une défectuosité du réseau libère un vrai geyser et dans toutes les ruelles, les fuites déversent peut être un volume deux fois plus grand que celui qui coule dans les robinets. Le malheur c'est que cette gabegie à ciel ouvert se déroule sous l'oeil indifférent de ce qu'on nomme "autorité locale" et les zélés religieux qui n'en ratent pas une pour lancer des prêches incendiaires ne font aucun cas de ce gaspillage dont le Bon Dieu a qualifié les adeptes de "ikhouane echayatine" (les frères des diables)... 

Vendredi 24 Septembre  2004: La pastèque commence à se raréfier et se fait remplacer par le melon. Les tas jaune doré parsèment les marchés ert les bords de routes. L'opération réfection des trottoirs est à l'arrêt pour un tout autre problème que celui que la vox populi se transmet par le téléphone arabe à travers radio... trottoir ! Il s'agirait du non respect des normes techniques et il n'y avait pas besoin de sortir de l'école des ponts et chaussées de Paris pour deviner que les bordures se trouvaient à la limite du niveau de la route. L'entrepreneur a été contraint d'effacer tout et de recommencer après avoir réalisé plus  de la moitié du travail. C'est dire la compétence de nos entreprises mais aussi la diligence avec laquelle les techniciens des institutions publiques réagissent ! Gageons que la gêne occasionnée aux villageois passera par perte et profit dans le bilan d'une commune, que personne n'ose réaliser...

samedi 25 Septembre  2004: L'automne est bien là. Une forte averse a nettoyé l'atmosphère des poussières en suspension et a fait bouger l'eau dans les rus, entraînant vers Oued El Djemaa les milliers de sachets en plastique noir des emplettes de l'été finissant... 

dimanche 26 Septembre  2004: Un noirceur inquiétante a couvert le Djurdjura en début de soirée laissant présager un orage d'une rare violence. Mais ce fut une menace en l'air (et c'est bien le cas de le dire) puisqu'il n'y'eut que quelques gouttes de pluies qui n'ont même pas réussi à faire bouger Oued El Djemaa.

Lundi 27 Septembre  2004: L'approche du Ramadhan devait normalement occasionner un bouchon de circonstance sur la RN5 en ce jour de marché. Il n'en fut rien !... Au village nous vivons toujours le triste spectacle des bordures de trottoirs gisant le long des rues et attendant que ces messieurs les responsables locaux et les responsables techniques arrêtent leur imbécile jeux de "je te tiens, tu me tiens par la barbichette"... Une automobile a dérapé aujourd'hui au niveau du grand virage sous le cimetière chrétien, virage où est mort Hammida Boutheldja sur son tracteur et un italien de la société Fioroni. L'accident n'a semble t'il pas fait de victimes car le véhicule n'a pas basculé puisqu'il a été retenu par le tronc d'un olivier. 

Mardi 28 Septembre  2004: Il se passe quelque chose d'inexplicable... hier, malgré le marché hebdomadaire, il n'y eut aucun embouteillage et aujourd'hui, malgré le marché de voitures, la circulation est restée fluide. La route entre Djebahia et Ben Haroun reçoit sa couche de bitume... une couche si fluide que les malheureuses voitures qui ont du la fouler ont vu leurs bas de caisses décorés de taches de goudron. Monsieur Kahlouche (prof de Math au CEM) dont le véhicule a subi cette dégradation a réussi à trouver l'astuce permettant d'ôter le goudron sans esquinter les peintures; il a utilisé des chiffons imbibés d'huile d'olive; le résultat est remarquable... comme quoi, l'huile d'olive est loin d'avoir dévoilé tous ses secrets ! 

Mercredi 29 Septembre  2004: La 307 rutilante de la Commune se trouve dans un piteux état chez un mécanicien de la côte est d'Alger. Elle ne doit pas avoir 6 mois d'âge. Elle a fait les frais de l'immense gabegie qui caractérise la gestion des biens de la municipalité. La gabegie se remarque aussi dans ces trottoirs qui n'en finissent pas de se faire refaire, de ce gaz de ville que tout le monde attendait pour juillet et dont on ne voit aucune tubulure, de ce même gaz de ville invoqué comme prétexte pour laisser dormir 2.5 milliards de centimes qui devaient servir à l'aménagement urbain que les responsables, grands princes, évitent de lancer par "précaution prospective"... de la mise en service de l'électricité pour les lotissements nouveaux d'El Harka et de Zebboudj Djemaa, inexplicablement reportée aux calendes... algériennes !... Elle se remarque également dans ces oliviers centenaires qu'on brûle en mettant le feu aux chaumes et qui dressent leurs rameaux décharnés comme pour maudire devant Dieu ces criminels en puissance dont aucune autorité ne veut arrêter l'oeuvre soutenue de déprédation et de dépravation.  

Ce chacal a été assassiné durant la nuit d'hier par quelque chauffard indigne, du côté de la décharge municipale de Lakhdaria.  Des milliers de ses congénères font les frais des chasseurs en mal de gibiers et des conducteurs en mal de victimes. 

Jeudi 30 Septembre  2004:  La rue entre le CEM et le lotissement Nord Ouest et qui a connu une grosse controverse entre le maire et sa clique et les opposants du FLN (quand ils avaient le vent en poupe) est finalement en train de se faire réaliser. La controverse avait pour cause le fait que ladite route devait traverser un terrain domanial... Comme quoi, il y'a chez nous des citoyens si jaloux du "beylik" qu'ils préfèrent laisser les terres en friche plutôt que de voir s'y construire des infrastructures d'intérêt public ! Le retard pris par notre commune, dans tous les domaines vient hélas de la présence de villageois qui exercent comme cadres subalternes au niveau des administrations publiques et qui font tout pour bloquer les projets destinés au village de peur que le prestige de la réalisation de ces projets ne revienne aux responsables locaux contre lesquels ils ont une dent tenace; et seules les opérations "centralisées" et qui ont vocation régionale ou nationale se déroulent dans de bonnes conditions et se terminent dans les délais. Cette propension à nous mordre la queue est semble t'il ancestrale... La bretelle qui joint la départementale 125 à la nouvelle autoroute à hauteur de Z'Babedj El Metrouk est en voie de finition. Un gros effort est consenti par Cosider & Co pour clore cette...  opération centralisée à vocation régionale.

vendredi 1er Octobre  2004:  Il fait un temps exécrable. Un sirocco indécis s'amuse à souffler sans trop s'essouffler; il soulève les poussières d'un été qui ne veut pas lâcher prise et ça vous donne une atmosphère chaude et lourde qui vous incite à mordre la première personne qui passerait à portée de dents...

Samedi 2 Octobre  2004:  En guise de récompense pour ce qu'elle a fait à sa Peugeot 307 (voir chronique du mercredi passé), notre commune vient d'être gratifiée d'un autobus flambant neuf, destiné - soit disant - au transport des écoliers. Notre inénarrable ministre de la solidarité nationale continue à nager allègrement à contre courant de l'histoire. Au moment où tous les textes qui régissent la commune la confinent dans son strict rôle de service public, notre généreux ministre lui donne des autocars pour qu'elle concurrence les transporteurs dûment inscrits au registre de commerce, à l'heure où l'Etat décide d'un grand  coup de pied dans la fourmilière du marché informel et des "clandestins" du transport. Et notre dispendieux ministre présente cette grosse aberration comme étant "une aide aux communes démunies"; notre bon samaritain de ministre doit certainement ignorer ce que coûte l'exploitation d'un autobus car il ne doit payer ni chauffeur, ni carburant, ni pièces de rechange, ni vignette, ni assurance ni frais d'entretien de son véhicule... Notre inénarrable ministre doit par ailleurs ignorer l'incommensurable gaspillage dont se sont rendues coupables nos encore plus inénarrables entreprises communales de transport de voyageurs du temps béni du socialisme spécifique dont il doit être nostalgique pour décider de pareille mesure; mais bon... il y'aura cela de gagné que le maire et sa clique vont avoir de quoi faire les "transpo du c?ur" durant les trois mois que va tenir le moteur de ce car... Mais le ridicule ne s'arrête pas dans la dotation elle même... en effet, notre bon ministre, en guise de "mesure d'accompagnement" au bus, a joint des colis de vêtements et une dizaine de chaussures à répartir entre les deux communes "nécessiteuses"... notre maire, profitant d'un moment d'inattention s'est sauvé avec son car et tout le lot de vêtements et de souliers; le Directeur de l'Action Sociale au niveau de la Wilaya s'en étant rendu compte, a poursuivi le fuyard jusqu'au village où il lui a fait une belle scène, l'accusant de voleur; ce que notre maire a très mal pris... l'affaire aurait été soumise à Monsieur Noui en personne qui a tranché bien sûr en faveur de l'élu de son parti... Rappelons que Monsieur Noui qui est au secrétariat général de la Présidence est un député ou un Sénateur, élu en grande partie grâce aux voix de notre Commune. Ca vous donne une idée des conceptions de nos cadres et des hautes oeuvres de nos édiles... 

Dimanche 3 Octobre  2004:  Tout le monde se met à la pyromanie... Les herbes sèches brûlent dans tous les terrains en jachère ou qu'on n'a pas pu ou voulu faucher... Le feu ne sachant faire aucune distinction entre les mauvaises herbes et les bons arbres, ce sont des dizaines d'olivier qui se font roussir le feuillage... du côté d'Aomar c'est pire puisque le champ d'amandiers qui fait face du coté Est au lycée est parti en fumée. La forêt brûle elle aussi entre El Fasma et Harchaoua. Le petit cercle de feu qu'on apercevait à midi s'est élargi et risque d'embraser toute la forêt qui va de Hammam M'Hadjbuya au confins de la commune, du côté de Souk el khemis et El Mokrani.

Lundi 4 Octobre  2004:  Le feu de forêt d'hier a brûlé ce qu'il a pu brûler puis s'est étouffé certainement par la grâce de Sidi Gacem Ben Haroun. La forêt (où ce qui en reste) voit son sursis reconduit. 

Mardi 5 Octobre  2004:  Un vieil homme de la famille NEDJAR qui habite les hauteurs d'Aomar est mort écrasé par un camion ce matin au marché de voitures de "Brachma". Le Souk El Fellah réclamé à cor et à cris par ses travailleurs suite à la dissolution de l'entreprise "Aswak" de Bouira a été cédé par lesdits travailleurs à un promoteur qui devrait pouvoir en faire quelque chose d'utile car il est fermé depuis son acquisition pour des raisons de mésentente entre les membres du collectif de repreneurs... Il reste à se demander si ces mésententes trop artificielles pour des motifs souvent futiles ne sont pas le fait de ceux à qui elles profitent en dernier ressort...

Mercredi 6 Octobre  2004: Une canicule estivale s'est abattue sur le pays. Les travaux d'aménagement de la rue derrière le collège ont repris après une interruption voulue par tous les sournois gardiens de l'absurde. Cette fois-ci ils auraient convaincu le directeur de l'Urbanisme de bloquer cette route au prétexte qu'elle desservirait le logement du maire alors que ledit logement n'a pas été acquis par le maire pour y habiter, comme tous les logements offerts aux membres du conseil communal et à leur cour... Ces gens là ont une considération de leurs personnes si disproportionnée par rapport à leur valeur absolue qu'ils pensent se déshonorer à habiter ces réduits tout juste bons à abriter la canaille. En réalité la rue en question pourra désenclaver tout un quartier habité par des gens très humbles et ceux qui retardent son exécution, inventent des questions de haute technicité pour ne pas laisser les trottoirs se réaliser, empêchent la zone d'activité de recevoir les investisseurs, retardent l'installation du gaz de ville etc... ne méritent que mépris car ils assouvissent leurs bas instincts de revanche en sanctionnant une populationb qui ne leur a rien fait. La Sonelgaz a enfin libéré l'électricité aux lotissements d'El Harka et de Zebboudj Djemaa, sans doute parce que les bloqueurs ont compris qu'ils ont exagéré mais le calvaire n'est pas ecore terminé pour les résidents qui devront attendre encore que ces messieurs daignent entamer les travaux d'aménagement des rues totalement impraticables...   

Jeudi 7 Octobre  2004: Il a encore fait très chaud et l'inquiétude commence à gagner les paysans. Le vent du sud ne veut pas en démordre à cause, nous diront les météorologues, de ce maudit anticyclone des Açores qui empêche, ce sale valet de l'impérialisme et du colonialisme, à lui tout seul les  froidures du nord de traverser la méditerranée et donc les ondées de s'abattre sur nos terres, nous laissant à la merci de la sécheresse, des sauterelles, des rats, des escargots, des hérissons et des chacals...  Joyeux Anniversaire quand même à notre amie Chantal ! à qui nous dédions cette photo du port de Zemmouri el Bahri (ex Courbet Marine)

Vendredi 8 Octobre  2004: Le vent du sud continue à nous jouer son infernale partition. Dans ces conditions, il est difficile de penser à autre chose qu'au meilleur moyen d'échapper à cette canicule. Les chantiers du village sont tous à l'arrêt en attendant que les responsables daignent s'arrêter de jouer à ces jeux de petite susceptibilités d'enfants gâtés du système. Merci à Monsieur Jean-Louis pour son appel téléphonique de tout à l'heure... (pour la mémoire collective du village on dira que c'est sous les ordres de Jean Louis que fur réalisée la toiture de la première école de Ain Cheriki) .

Samedi 9 Octobre  2004: Absolument rien à signaler... Le village continue à se complaire dans sa léthargie. Quelques labours timides viennent rappeler que l'automne est là à ceux qui se laisseraient tromper par la canicule. Les discussions tournent principalement autour du ramadhan. Certains légumes comme les piments et les poivrons commencent à se faire des ailes 

Dimanche 10 Octobre  2004: il a plu e matinée. A l'allure où ça tombait, on a cru que c'en était fini de l'été mais la terre à peine mouillée, le soleil est revenu narguer tout le monde de son grand sourire béat.

Lundi 11 Octobre  2004: Quelques gouttes de pluie sont tombées entre 8 et 10 H. C'est vrai que ces pluies sont trop légères pour nous rendre boueux notre quotidien; et si elles ont le mérite de rafraîchir l'atmosphère, elles ne font rien pour "réchauffer" les ardeurs au travail de nos fondés de pouvoir qui regardent avec une indifférence assassine se détériorer ce qu'ils ne peuvent pourtant se targuer d'avoir réalisé puisque le mérite aussi insignifiant soit-il, revient à leurs prédécesseurs...

Mardi 12 Octobre  2004: Le virage qui se situe immédiatement après le cimetière chrétien et qui a tué hammida Boutheldja et un italien de la firme fioroni qui réalise le pont de l'autoroute sur oued Djelada, ce virage qui a en outre enregistré des dizaines de dérapages non contrôlés, ayant fini dans les décors, voit les Ponts & Chaussées s'inquiéter enfin de le doter de glissières de sécurité. Un peu plus bas, un engin n'arrête pas de déblayer le talus afin de régler le problème de la bretelle d'accès vers l'autoroute. Au village, les travaux de réaménagement des trottoirs semblent avoir repris; un compromis doit avoir été trouvé entre les deux clans qui se tiennent par la barbichette. 

Mercredi 13 Octobre  2004: Deux délégations de villageois ont cru bon d'aller voir Monseigneur le Préfet pour lui exposer les problèmes auxquels ils seraient confrontés. Et c'est le chef de cabinet de Monseigneur qui lui a supplée pour recevoir celle de Ain Laazerah à laquelle il doit avoir fait les sempiternelles promesses de tous ses prédécesseurs et pour renvoyer celle de Djebahia qui est allée réclamer sa part du gâteau distribué au pseudo-sinistrés du séisme de l'année passée. Rappelons que les heureux bénéficiaires de la manne céleste comme ceux qui la réclament encore, se recrutent totalement parmi les amis, les proches  et les courtisans des membres de l'exécutif communal coupable de "délit d'initié" aussi bien pour cette opération que pour celle qui consistait à dédommager les victimes de la bombe, pour le filet social, le préemploi, la désignation aux bureaux de vote, la désignation aux recensements, l'aide au fonçage des puits, les primes de scolarisation... 

Jeudi 14 Octobre  2004: C'est la nuit du doute... L'astronomie qui a réussi à comprendre et calculer le mouvement des astres au point où elle peut prévoir à la seconde près l'éclipse d'Europe ou le retour de la Comète de Haley est occultée au profit de l'observation de notre proche satellite à l'oeil nu... Comme si la Science qui a réussi à faire marcher l'homme sur la lune pouvait lui permettre encore de douter du début et de la fin précises de ses phases ! A se demander pourquoi on a inventé télescopes et fusées intergalactiques... Les "clergés" à qui il ne reste plus grand chose pour imposer leur autorité aux croyants, s'accrochent à ces idées pourtant largement vulgarisées par les scientifiques... Au village, le Ramadhan, ce grand mois de piété et de culture n'a pas été oublié... le maire a autorisé comme d'habitude l'installation sur la place publique de... la loterie ! DERNIERE NOUVELLE: Comme il fallait s'y attendre, les  sentinelles de la foi ont réussi à apercevoir la lune naissante, du côté de Djelfa et Tamanrasset... C'est donc demain que débutera le sacré mois sacré du Ramadhan. Syamkoum makboul !

Vendredi 15 Octobre  2004: C'est le Ramadhan. Dès le matin les marchés sot pris d'assaut, comme si les gens n'avaient pas mangé depuis des jours. Cette boulimie brusque a poussé les commerçants à faire grimper leurs prix de manière indécente. La carotte a détrôné cette année l'inénarrable courgette. Elle se vend à 75 DA le kg alors qu'hier elle faisait 25 DA. Le poulet survole tout ce qui se mange puisqu'il se négocie vivant à plus de 200 DA.  Un carambolage entre 4 voitures légères a eu lieu sur le palier situé à l'entrée Est de Lakhdaria. La violence du choc a certainement fait des morts.

Samedi 16 Octobre  2004: Encore un accident de la circulation. Cette fois-ci c'est un gros camion chargé de sable qui n'a pas trouvé meilleur endroit pour se renverser que les gorges de Lakhdaria. Un embouteillage monstre s'est formé et il n'est pas certain que tous les usagers de la route qui se sont fait attraper en ces lieux aient "cassé" le Ramadhan autout d'une méida.

Dimanche 17 Octobre  2004: comme il fallait s'y attendre, la RN5 s'est déteriorée sur de nombreux tronçons, moins de 6 mois après qu'elle ait reçu son tapis de macadam de 30 cm d'épaisseur. Sous l'effet du poids des camions, elle s'est bosselée au point de devenir impraticable. On l'a constaté sur le sommet de côte entre Kadiria et Tiliouine et sur le palier devant la pompe à essence d'Aomar gare en attendant que la contagion s'étende à d'autres endroits. On ne sait à qui ont été confiés les travaux de décapage de ce goudron et si une quelconque caution de garantie a été retenue de l'entreprise ayant réalisé ces travaux. Il vaut mieux ne pas penser que c'est à l'entreprise coupable de ces malfaçons qu'on a confié le soin (grassement rétribué) de les corriger. Loin de ces préoccupations, nos villageois continuent à grignoter des jours au Ramadhan qui s'est installé avec sa léthargie matinale et sa frénésie nocturne. 

 

Photo prise ce soir à 17 H 45 mn. Cet olivier se situe au niveau de l'embranchement qui mène vers Ain Laazerah. La terre sur laquelle il a eu le malheur d'avoir été planté depuis un siècle peut-être,  appartient à une EAC (Exploitation agricole Collective) qui n'a pas jugé rentable de faucher les blés qui y ont poussé et qui ont subi l'épidémie de rouille. Ces blés ont été brûlés par une main assassine. L'olivier, surchargé de fruits s'est fait roussir la toison. Aucun imam n'a fait état de ce crime; aucun responsable n'a sévi, aucun citoyen n'a réagi, aucun élu n'a dénoncé... "Il est mort l'olivier, les villageois dorment tranquilles... Sa mort n'est pas sur le chemin du centre-ville..." aurait pu dire le chanteur.

Lundi 18 Octobre  2004: Contrairement à ce qu'on craignait, le marché d'Aomar n'a généré en ce début de semaine et premier marché du ramadhan  aucun embouteillage. C'est vrai que durant le ramadhan, les gens fourbus de veilles  passées à la mosquée ou au café, se donnent le plaisir des grasses matinées. Hier les élèves des lycées et collèges de la wilaya ont été renvoyés car les enseignants ont eu l'idée de faire grève pour le retard de deux jours accusé par le virement de leur paie. Tout le monde et le ministre de l'enseignement savent qu'aujourd'hui 95% des pauvres enseignants n'enseignent qu'à titre accessoire parce qu'ils se sont investis dans d'autres activités plus lucratives (commerce de détail, commerce de voitures, transport clandestin de voyageurs etc etc...). Celui qui leur a donné l'occasion d'arrêter le boulot sans avoir recours aux certificats médicaux de complaisance doit avoir compris que le Ramadhan est plus propice aux affaires qu'à la dispense du savoir... Il a fait une chaleur de juillet et le sirocco a repris ses partition avec le f'tour. Ce sera une nuit d'enfer; heureusement que la pluie suit généralement ce temps particulier.

Mardi 19 Octobre  2004: Le baraquement de "la SAS" ne devrait plus être qu'un vieux souvenir dans quelques mois. Les résidents qui ont osé réclamer des habitations décentes se sont vus proposer les nouveaux bâtiments construits aux eucalyptus et à l'emplacement de la cave mais ils ont refusé sous les exhortations des édiles, intéressés par les forts dividendes électoraux qu'ils retireront d'une affectation ciblée de ces logements. Les résidents de "la SAS" ont donné leur accord pour que leur soient construits des logements de type "RHP" (résorption de l'habitat précaire) et les autorités, pour bien montrer qu'elles sont disposées à accepter cette solution ont mobilisé en un temps record des moyens de terrassement pour aménager le terrain d'assiette. Leur dévolu a été jeté sur le plateau situé entre "zebboudj Djemaa" et le château d'eau.

Mercredi 20 Octobre  2004: Le Ramadhan continue à égrener ses jours avec sa lenteur habituelle. Les prières des tarawih drainent un très grand nombre de fidèles et cette année, une nouvelle mode s'est imposée: celle des jeunes filles pieuses qui n'hésitent plus à se déplacer en masse vers la mosquée. Espérons que la gente féminine saura exploiter cette aubaine pour sortir de sa condition et s'investir dans la vie du village afin de nous changer de la gestion catastrophique de ses hommes.

Jeudi 21 Octobre  2004: Septième jour de jeune. La fournaise des prix s'est totalement estompée mais la canicule du temps elle, reste omniprésente. Les commerces continent à s'ouvrir avec un bel entrain et le village prend l'allure d'un vaste souk el fellah. Ces jours ci ont vu au moins quatre échoppes venir proposer du n'importe quoi aux villageois; d'abord c'est Gacem Lakhdar qui a ouvert une épicerie derrière le stade puis c'est Rahmane Adjou qui s'est offert une supérette juste en contrebas de "la SAS", Said Senouci qui offre des matériaux de construction et de la quincaillerie dans un réduit aménagé dans son logement, un jeune homme qui propose de la pâtisserie dans le local attenant à la mairie et propriété des Boudrissa.... et j'en oublie certainement d'autres... 

Vendredi 22 Octobre  2004: Journée très chaude. Ce sacré vent du sud semble avoir trouvé ses aises chez nous. A défaut de labourer des terres trop sèches pour permettre au soc de les retourner, nos paysans s'adonnent aux brûlis. Ca flambe de tous les côtés et ce sont les malheureux escargots qui se font cuire par dizaines de milliers au point où ils décorent littéralement les champs de leurs carapaces calcinées. Les habitants d'El maasra, lassés de faire le déplacementjusqu'au village pour accomplir leurs prières nocturnes du ramadhan (tarawih') ont trouvé une bonne astuce; ils se sont aménagés une salle de prière chez Tahar Adjou et intronisé Slimane Adjou  comme imam et les voilà partis pour prendre option certainement à court terme pour une vraie mosquée... DERNIERE MINUTE: Je viens d'apprendre à 20 h la mort de la mère de Kader Meddahi. Nos sincères condoléances à ses enfants: Miloud, Mohamed, Kader, Omar, Mustapha...    

Cet arbre mort dresse depuis plusieurs années son squelette décharné vers un ciel indifférent. Il se trouve en contrebas du village du côté de Ain Ben H'aggache... On aperçoit, très loin à l'horizon le "lalla Oumessaad" qui domine Lakhdaria (photo prise aujourd'hui à 16 H)

Samedi 23 Octobre  2004: La canicule sévit toujours et le ramadhan se poursuit dans la soif... L'inquiétude des paysans se fait chaque jour plus forte et aucun "Boughandja" ne peut être programmé pour "désangoisser" le peuple car le boughandja ne sera pas admis par les puristes de la foi. Il a d'ailleurs suffi de quelques prêches dans la mosquée pour que la loterie qui s'est installée dans la place publique lève les voiles pour des cieux moins "bigottés"... 

Dimanche 24 Octobre  2004: Le vent du sud redouble de férocité. A 15 H un amoncellement nuageux a failli donner un orage mais la charge s'est dégonflée à coup de gros coups de tonnerre sans aucune précipitation.

lundi 25 Octobre  2004: La chaleur est toujours aussi étouffante et le vent du sud toujours aussi stressant. La forêt brûle en haut de Hammam M'Hadjbiya. Le Ramadhan atteint sa vitesse de croisière et la voix l'imam qui psalmodie le Coran durant les prières des tarawih se fait de plus en plus lasse.

mardi 26 Octobre  2004: La pluie a fini par tomber. elle a fait son cirque durant toute la matinée mais la terre trop longtemps sevrée m'a bue goulûment et en soirée il n'en est resté que quelques flaques dérisoires.

Mercredi 27 Octobre  2004: Un brouillard très épais recouvrait le village au petit matin. Il s'est dissipé après quelques heures pour laisser place à une atmosphère éclatante de propreté après que la pluie d'hier l'ait lavée des souillures du sirocco. Indifférent à l'air du temps, le Ramadhan entame sa deuxième décade.

Jeudi 28 Octobre  2004: elle court la rumeur... De grosses affaires seraient sur le point d'être exhumées par la justice et des têtes risquent de tomber... Pendant ce temps, l'automne essaie de s'imposer en couvrant de nuages noirs un ciel imperturbable et en essayant de souffler le froid qu'un sirocco souverain a vite fait de chasser par de légers coups d'éventail. En prévision du 1er Novembre, les rues du village commencent à se pavoiser d'oriflammes... il est conseillé de regarder le ciel pour trouver des couleurs aux rues car à regarder ses pieds, on ne pourra s'empêcher de remarquer l'horreur des trottoirs défoncées depuis belle lurette et qui attendent qu'on daigne au moins les remettre dans leur état d'avant l'idée saugrenue de les refaire. 

Vendredi 29 Octobre  2004: jour de piété... Le temps s'arrête littéralement pour laisser place à l'adoration. Le village s'est totalement installé dans l'ambiance ramadanesque, à croire qu'il a toujours vécu ainsi, avec la léthargie diurne et la frénésie nocturne, avec les odeurs des épices et des fines herbes et les mines torturées par la faim et le manque de tabac à chiquer et de cigarettes. Des nuages noirs menacent de nous ramener la pluie et ce n'est pas fait pour nous déplaire.

Samedi 30 Octobre  2004: On parle d'un redressement au niveau de la commune. L'élu FLN qui agit en électron libre (ou plutôt "lié" par ses intérêts étroits) aurait fait basculer l'équilibre au détriment de l'élu ISLAH qui aurait perdu sa place d'adjoint au profit d'un ancien membre du triumvirat... L'élu FLN aurait eu en récompense le poste de délégué à Ben Haroun. L'autre information concerne la bagarre qui aurait opposé le fils du maire au Beria du maire, El Hadj Moha. La pluie a commencé à tomber depuis la nuit d'hier. Elle s'en est donné à c?ur joie durant toute la journée et continue encore au moment où ces lignes sont écrites (20 h 30).  

Dimanche 31 Octobre  2004: Le village est pavoisé aux couleurs nationales mais l'ambiance n'a rien de festif. Les bordures de trottoirs éparpillées tout au long de la route en attendant que le bras de fer entre le maire et d'autres sphères de décision se termine, donnent une image de ville détruite par des bombardements. La complotite continue à miner un exécutif communal arrivé à l'extrême limite de sa logique et de sa compétence. Il n'est pas exclu que pour faire diversion à son expectative, cet exécutif aille créer des tensions majeures entre personnes, entre familles ou entre régions.  

Lundi 1er Novembre  2004: On fête le 50 ème anniversaire du déclenchement de la Révolution sans aucune innovation sur le rituel habituel. Des centaines d'invitations ont été distribuées par le maire qui se sent obligé d'en faire sa fête en l'absence de tout mouvement associatif. Sur les centaines d'invités, seuls les inamovibles partisans ont répondu présent pour passer quelques quarts d'heures dans le hall de la mairie à afficher ostensiblement leur présence. La Révolution se retrouve ainsi à intervalles réguliers, otage de responsables administratifs quu se sentent obligés de l'honorer en l'expédiant comme une simple corvée car ils n'y mettent ni âme ni conviction...

Mardi 2 Novembre  2004: Les regards du village sont tournés vers l'Amérique où ils croient que se joue l'avenir du monde arabe alors que cet avenir a été scellé par les peuples arabes et leurs fondés de pouvoir. La pluie a été très généreuse puisqu'elle a enfin daigné tomber sans retenue. L'eau, absente des robinets depuis une dizaine de jours pour panne de motopompe a fait une très brève réapparition  aujourd'hui. L'histoire des trottoirs est maintenant connue... L'entreprise en charge de leur réalisation a été choisie par la commission communale des marchés en dépit de son manque de qualification et de sa quatrième place au classement. Elle aurait entamé les travaux sans même que le contrat ne soit établi. Le délit de "complaisance" sautant aux yeux, le Wali aurait ordonné l'arrêt des travaux et la résiliation du marché aux torts de l'entreprise. Gageons que cette dernière ira en justice et aura gain de cause et qu'elle se fera rétribuer pour tous les travaux effectués et que ce sera comme d'habitude la population du village qui en sortira seule perdante de cette ignoble mais oh combien fréquente manière de gérer les biens publics... A moins que l'entreprise qui élit domicile à Sour El Ghozlane, après intervention de quelque ponte, ne redevienne par miracle qualifiée, qu'on oublie son classement et qu'elle ne bénéficie d'un contrat antidaté pour reprendre les travaux comme si de rien n'était, dès que les clans se seront entendus en se faisant des "concessions réciproques" ...

Mercredi 3 Novembre  2004: Le temps reste très instable. Les dernières pluies ont permis aux paysans d'effectuer les premiers labours. Le Ramadhan se poursuit sans enthousiasme entre un poulet à 190 DA et de la viande congelée ressemblant à des tranches de madriers à 400 Da.

Jeudi 4 Novembre  2004: Le marché hebdomadaire est surchargé d'herbes... des tas de cardes voisinent avec des montagnes de salade verte en face des du fenouil et de l'inévitable épinard. L'année a par ailleurs été très favorable aux grenades qui s'éclatent sur tous les étals.

Vendredi 5 Novembre  2004: Le gros du Ramadhan étant passé, les regards se tournent avec appréhension vers l'Aïd et ses dépenses d'habillement, de gâteaux et de déplacements. Le villageois, tel un hurdler, la langue pendante, va devoir affronter cette épreuve après avoir été littéralement terrassé par le régime endiablé du f'tour et du s'hour. Lakhdaria qui représente le recours obligé se voit submergée par les pères de famille tenant rageusement par la main leurs mioches pleurnichant,  pour le long marathon de la recherche du soulier et du pantalon que doivent agréer simultanément et l'enfant et le porte-monnaie...  

Samedi 6 Novembre  2004: Après dissipation du brouillard matinal, le jour s'est fait radieux. Les dernières pluies ont poussé les herbes à... pousser et des petits îlots de verdure commencent à apparaître ça et là. Le village est toujours sens dessus dessous avec ses trottoirs détruits et qui attendent de se faire reconstruire. L'eau essaie de revenir mais ses nombreuses fuites sur le réseau rendent la pression si insuffisante que nous n'avons pas plus d'une heure de disponibilité en 2 jours... 

Dimanche 7 Novembre  2004: Les techniciens de l'urbanisme de la commune ont fait le tour du village pour recenser les présumés dégâts occasionnés par le séisme du 21 mai 2003 chez les villageois non introduits et qui n'ont pas bénéficié de leur dotation lors du premier recensement, qui s'est déroulé en catimini. On ne comprend plus ces croyants qui remplissent les mosquées de leurs incantations et qui, en en sortant, commettent le terrible délit de "faux témoignage" (chahadet ezzour) pour bénéficier de quelques misérables millions de cts... car il faut l'avouer, très rares sont ces habitants qui ont vu leurs maisons souffrir du tremblement de terre; et il est à craindre que ces appels à la catastrophe n'incitent le Bon Dieu à la faire tomber sur nos têtes pour de vrai !

Lundi 8 Novembre  2004: Froid et pluie sont notre lot aujourd'hui. La pluie a commencé à tomber durant la nuit et s'est poursuivie au long de la journée. L'oléoduc, à hauteur de Bellahnèche s'est encore détérioré et les travailleurs de la Sonatrach sont à pied d'?uvre pour le réparer. A la mairie se joue une des partitions habituelles de "je te tiens tu me tiens par la barbichette"... Cette fois-ci, c'est l'édile en chef qui a pris la mouche et qui a licencié son coche... Ce dernier qui connaît tout de la cour et des intrigues jure qu'il ne laissera pas impuni ce crime par lequel Sa majesté l'a lésé... Mais il n'y a aucun risque de voir l'affaire déborder le cercle restreint des initiés car les courtisans vont vite éteindre ce début d'incendie de peur de se voir brûlés en premiers...  

Mardi 9 Novembre  2004: Il fait assez froid et le temps n'a pas arrêté de se couvrir. Les travaux sur l'oléoduc ont mobilisé les grands moyens de la Sonatrach; la fuite doit être plus importante que ça ne donait l'air à première vue.

Mercredi 10 Novembre  2004: Il pleut à flots et le froid s'est maintenant installé sans fausse pudeur. 

Jeudi 11 Novembre  2004: Les équipes de la Sonatrach devraient avoir réussi à colmater la brèche de l'oléoduc puisque l'armada qui avait jeté l'ancre à Bellahnèche a levé les voiles.

Vendredi 12 Novembre  2004: Nous avons droit à une journée printanière; mais en soirée des gros nuages sont venus empêcher les comités de voyeurs d'apercevoir le croissant de l'Aïd. Il y a quelques jours des initiés aux secrets des astres ont diffusé un communiqué dénonçant comme faux tout témoignage d'un quelconque voyeur de Djelfa, Tamanrasset ou Sebdou qui affirmerait avoir entraperçu le moindre fragment de lune car les calculs astronomiques précis montrent l'impossibilité de pareil fait avant la nuit du samedi-dimanche... A l'heure où ces liges sont écrites, le mystère continue à entourer l'événement et la commission du ministère qui fait toujours fi des avis de ces impies de scientifiques, attend que quelque quidam crie son eurêka en tendant l'index vers un croissant qu'il aurait eu l'illusion d'avoir aperçu, pour venir avec la solennité d'usage nous annoncer après moult salamalecs: Aidkoum mabrouk !   20 H 30... Après avoir fait durer le suspens, l'inénarrable Commission de Surveillance du Croissant a fait lire son communiqué par un léger barbu tout en emphase... Pour une fois, les scientifiques ne sont pas démentis par les religieux (où les portables des voyeurs invétérés n'ont pas fonctionné): l'Aïd sera célébré le Dimanche car ce soir il n'y avait pas trace du croissant dans le firmament de notre polygone étoilé.  Fatah_24 avait raison lui qui me disait hier doctement que même si on devait voir la pleine lune, on ne fêtera pas l'Aïd un samedi car le samedi est "leur" jour sacré, pas le nôtre... Fatah_24 était si sûr de lui qu'il m'a mis au défi de lui prouver que nous aurions fêté un quelconque Aïd un samedi. Il était sûr que je n'allais pas fouiller l'histoire pour vérifier pareille histoire ...

Samedi 13 Novembre  2004: Il pleut et c'est une dernière journée de Ramadhan qui s'avère plus difficile à passer que le cumul des 29 journées qui l'ont précédée car un froid très vif impose aux corps de sortir toutes leurs réserves de calories. L'Aïd qui se prépare sans grand enthousiasme car le deuil décrété suite au décès du Président Arafat ne nous donne pas autre chose à entendre que les psalmodies du Coran et les chants religieux. On ne sait d'ailleurs pourquoi la religion est toujours accolée à l'idée de tristesse et de désespoir alors qu'elle devrait inciter à la joie et à l'espoir... Pourquoi par exemple ne devrait on pas faire chanter Khaled aux cérémonies funéraires pour tempérer la tristesse et diffuser du Coran à plein tube lors des réjouissances pour refroidir l'euphorie festive...

le village sous la pluie, aujourd'hui à 16 h... On remarquera que le second minaret de la mosquée est en voie de finition... On remarquera aussi les drapeaux au dessus des rues et qui sont là depuis le 1er Novembre (les responsables oublient sûrement le deuil officiel de 3 jours, décrété suite à la mort de Yasser Arafat), on remarquera encore les bordures de trottoirs qui jonchent les bas-côtés de la route depuis plusieurs semaines et qui donnent l'image d'un champ de ruines; on remarquera enfin les hideuses baraques en tôle et le champ de boue de l'esplanade  qui détonnent avec l'imposant aspect de la mosquée.

des pluies diluviennes s'abattent sur le village; elle sont accompagnées de très fortes rafales de vent. Je viens de faire un tour entre Djebbanet Ennsara et El Maasra, partout c'est le même spectacle de torrents d'eau boueuse déferlant en tout lieu où existe la moindre déclivité. Les rues du village sont jonchées de pierres ramenées  par les eaux en furie. Les gendarmes et les pompiers sont à pied d'œuvre.  La maison de Saoud Bouferkas et celle de son beau-frère Laifa auraient subi de gros dégâts; leurs occupants ont été évacués vers des lieux plus sûrs. Les eaux qui se sont précipitées de la SAS vers les Nouaders ont dû transiter chez Chachou Mohamed, le Directeur d'école mouillant la literie et noyant les planchers. On  ne sait pas ce qui peut s'être passé à Ain Cheriki, Ain Laazerah, Ben Haroun, Boulerbah et Lahguya où les gens habitent dans des logements autrement plus précaires que ceux du village

Dimanche 14 Novembre  2004: Nous avons droit à un Aîd très mouillé. L'électricité a montré une totale instabilité qui s'est terminée par une coupure franche de 20 à 22 H. Les sinistrés des précipitations d'hier ont été logés dans la salle de sport. Le conseil communal, comme c'était prévisible, n'est pas allé jusqu'à leur octroyer l'un des nombreux logements entièrement terminés à l'emplacement de l'ex cave et aux eucalyptus du nord ouest du village... Ces logements devront rapporter des dividendes électoraux et les élections sont encore loin... Une virée sur la route de Ben Haroun nous a permis de constater l'utilité des fossés bétonnés pour la préservation du macadam de la route. Le tronçon entre le pont et l'embranchement de l'usine d'eau minérale n'ayant pas été travaillé, il est loisible de remarquer que l'effort de réfection de cette route y a été inutile.

Lundi 15 Novembre  2004: Un télescopage frontal entre une Renault Clio et un fourgon à l'entrée d'Aomar Gare a causé un bel embouteillage ce soir à 16 H. Les derniers cumulus de la perturbation atmosphérique de ces derniers jours continuent à se vider de ce qui leur reste dans les panses. L'électricité part et revient comme bon lui semble depuis avant hier. Aujourd'hui elle a été coupée entre 12 H et 17 H pour des travaux du côté d'Aomar. Cette deuxième journée de l'Aïd a été très mouvementée avec les visites familiales; le village a enregistré un flux anormal de véhicules immatriculés un peu partout.

Mardi 16 Novembre  2004: La perturbation atmosphérique qui est venue gâcher l'Aïd s'estompe graduellement mais elle laisse des nuits trop froides et le gaz butane se fait rare. Les retours de l'Aïd n'ont pas donné les embouteillages appréhendés; certainement parce que le gros des rentrées ne se fera qu'après la fin de semaine car il est connu que chez nous les jours ne comptent pas, surtout quand ce sont des jours de travail. 

Mercredi 17 Novembre  2004: Le naufrage des bateaux dans la rade du port d'Alger continue à alimenter la chronique... El Hadj Hamid qui croyait détenir un scoop est allé raconter l'histoire du Béchar en affirmant de l'échouage du bateau reliant Alger à Béchar; une histoire que nombre de personnes ont trouvée malheureuse pour les familles des passagers, contraintes de passer l'Aid sans eux...   

Jeudi 18 Novembre  2004: Journée radieuse. Les nuages qui se sont totalement vidés ont lessivé l'atmosphère pour donner à la nature cet air de propreté qui oblige au sourire le visage le plus taciturne. Maintenant visible, le Djurdjura nous montre son burnous immaculé que le soleil rend encore plus étincelant.

Vendredi 19 Novembre  2004: Très belle journée. Il n'est malheureusement pas intéressant de sortir à partir de 10 H car tous les magasins sont fermés et les provisions ou le simple lèche vitrines sont impossibles. Ceux qui ot décidé en 1976 de faire de notre week-end un week-end de la foi au lieu d'un intervalle de repos pour les familles a réussi à installer la sinistrose au delà de toutes les espérances comme il a favorisé le tire-au-flancs durant les journées de travail car il est certain que le repos ou les petites affaires que nous n'avons pas la possibilité d'effectuer le vendredi, nous n'avons d'autre choix que de l'effectuer durant les autres jours.

Samedi 20 Novembre  2004: Le soleil est toujours au beau fixe mais les nuits sont d'une froidure exceptionnelle. De ce fait, le village se trouve déserté à partir de 22 H. Le feuilleton des trottoirs continue à baigner dans l'expectative bureaucratique et dans l'indifférence citoyenne... Le premier édile du village joue impunément les braconniers; il est chaque soir sur la route à guetter les pauvres lièvres et perdrix... tout le monde sait que la chasse est interdite mais tout le monde sait aussi que cette interdiction ne concerne pas tout le monde alors tout le monde ne dit rien...

Dimanche 21 Novembre  2004: Encore du soleil... il tape si agréablement que les premières clémentines n'ont d'autre choix que de mûrir et cette année, gorgées d'eau et de lumière, elles sont succulentes. Sur la RN 5 c'est la poursuite du calvaire. Aujourd'hui j'ai compté 4 gros bouchons entre Lakhdaria et Aomar. Le premier au niveau des Gorges de Palestro était dû à un barrage filtrant; le second à hauteur de la "Coopawi" était causé par les travaux d'aménagement de ralentisseurs devant la caserne; le troisième entre Tiliouine et Kadiria  et qui devient coutumier est dû à la traversée d'agglomération; le quatrième entre Boulerbah et Aomar est causé par l'installation des étals des commerçants du marché hebdomadaire de demain et le malin plaisir qu'éprouve le monsieur qui a loué ledit marchand à n'ouvrir qu'une voie d'accès: celle du centre du village, afin d'éviter de recruter une deuxième personne pour percevoir le "mex" à l'entrée est.

Lundi 22 Novembre  2004: La destruction des baraquements de l'ex SAS 'est plus qu'une question de mois. En effet, le terrain au dessus de Zebboudj djemaa a été loti et les entrepreneurs sont à pied d'?uvre pour réaliser le programme RHP (Résorption de l'habitat Précaire). Le délai de réalisation a été, comme de bien entendu, optimisé à m'extrême et fixé à... 4 mois ! Il est certain quad même que ces logements seront réalisés dans moins de 4 ans...

Mardi 23 Novembre  2004: Le village est en effervescence... ce qui n'était que sourde rumeur est devenu réalité. L'assemblée communale qui a réglé tous les problèmes de gestion de la région s'est tournée encore une fois vers son hobby: les luttes de clans... De sources très bien informée, nous apprenons que la destitution de l'élu Islah qui a fait pencher la balance au profit du maire en contrepartie de sa nomination en qualité d'adjoint a été démis de cette responsabilité suite à une alliance contre nature entre les élus FLN et RND... et c'est un inénarrable élu du FLN qui l'a remplacé... Connaissant ce dont est capable cet élu, il y a fort à parier qu'à la moindre occasion il fera au maire un coup fourré qui l'éjectera pour de bon de la présidence - ce qui, entre nous soit dit, ne constituera pas du tout un drame pour la commune. Rappelons que cette délibération d'hier clôt tout un feuilleton qui a commencé au Ramadhan quand le frère de l'élu Islah qui travaille comme contractuel à la mairie a eu une altercation en public avec le maire... ce dernier qui a la rancune tenace  l'a licencié illico et lui a même intenté une action en justice pour l'évacuer du logement d'enseignant qu'il occupe indûment... Les jours à venir devraient être riches en rebondissements à la grande joie des villageois qui oublient que les bordures de trottoirs continuent à décorer les bas côtés des rues, que l'alimentation en gaz de ville qui devait être réalisée  n'a connu aucun début d'exécution et que l'eau ne coule plus dans les robinets depuis l'Aïd. 

Mercredi 24 Novembre  2004: Rien à signaler, hormis cette autre fuite de pétrole sur l'oléoduc, au niveau de la base-vie des sociétés qui réalisent l'autoroute à Chaabet Wambir. 

Jeudi 25 Novembre  2004: Journée sombre; le soleil est voilé de bon matin par des brouillards crasseux, très dilués mais qui couvrent toute l'atmosphère. La récolte des olives a débuté. Fatah 24 m'a expliqué qu'elle s'ouvre le 15 de novembre quelle que soit la couleur de l'olive. Cette année elle s'est effectuée avec quelques jours de retard parce que les olives sont restées exagérément vertes. En haute Kabylie,  on ne procède au ramassage que quand elles sont à point et c'est dit-on ce qui préserve leur huile des mauvaises surprises (fadeur, acidité, impureté) et lui donne un rendement de loin supérieur à ce que nous enregistrons dans nos contrées. Mais ce ramassage précoce s'explique surtout par la volonté des paysans de sauver le maximum de leurs olives car les adeptes de l'école buissonnière profitent de l'occasion pour se faire de l'argent de poche sans égards pour le respect de la propriété d'autrui....

Vendredi 26 Novembre  2004: L'eau est revenue après plus de 12 jours de coupure conséquente à une fuite entre le cimetière chrétien et Z'babedj El Metrouk. Le pétrole parsème de flaques noires le tracé de l'oléoduc au niveau de la jonction de l'autoroute et du chemin vicinal qui mène vers Ain Laazerah. Une catastrophe écologique est en train de se dérouler en ces lieux devant une population occupée à surveiller et entretenir les intrigues de ses élus... En parlant d'élus, la rumeur se fait insistante sur l'imminence d'une hospitalisation du premier édile pour une intervention à c?ur ouvert suite à l'IDM qui l'a frappé depuis quelques mois. Cette rumeur est entretenue avec l'espoir d'une issue fatale par une opposition qui lui voue une haine qui n'a d'égale que celle  qu'il leur témoigne. Les travaux s'accélèrent sur les tronçons d'autoroute qui ne sont pas encore au point entre Lakhdaria et Djebahia. On parle de l'ouverture très prochaine de ce tronçon afin de désengorger la RN5 qui ne peut plus soutenir un trafic devenu démoniaque. Les travaux de réalisation des logements RHP de l'ex SAS sont aussi activés de manière très visible puisque les chantiers sont à pied d'?uvre même le vendredi et jusque après les horaires réglementaires de travail.

Samedi 27 Novembre  2004: Les grives sont là. Les étourneaux pour leur part ne se font voir que parcimonieusement. Sur les bords de la RN5, des gosses et même des adultes proposent aux usagers des grives en chapelets, des asperges et des poireaux sauvages, parfois des perdrix et tout à l'heure j'ai même remarqué, à hauteur de eucalyptus de Kadiria, un jeune homme proposer de grosses ombrelles  de champignons des sous-bois qui poussent aux pieds des fougères (el kalkha).

Dimanche 28 Novembre  2004: Le premier responsable de la mairie est rentré de son séjour hospitalier. L'opération qu'il aurait subi serait une sorte de pontage coronarien pratiqué aux ultra-sons ou au laser sans nécessité d'ouverture de la cage thoracique. Hier il y'avait défilé de visiteurs pour lui souhaiter un bon rétablissement après avoir prié Dieu de les en débarrasser.

Lundi 29 Novembre  2004: Le téléphone sans fil est désormais opérationnel dans les régions non connectées aux réseau de câble des PTT. Les habitants de Harchaoua, Ben Haroun, Ain Cheriki et Chaabet Yekhlef vont eux aussi devoir payer pour parler. Mais la distribution des lignes ne se fait pas sans couacs... les PTT en auraient confié le soin à un agent du cru qui ferait preuve d'un favoritisme flagrant en dotant d'abord ses proches; ce que ne devront pas passer sous silence les activistes de tous bords... Il est à signaler que les PTT affirment disposer de mille lignes; ce qui devrait permettre de doter tous les demandeurs sans avoir recours à la sélection arabe... 

Mardi 30 Novembre  2004: Le temps s'est gâté. En début de soirée des bourrasques violentes et froides ont commencé à souffler sur le village annonçant l'imminent retour de la pluie. Il faut espérer que le courant électrique ne nous faussera pas compagnie comme hier entre 20 et 21 h.

Mercredi 1 Décembre  2004: Il est 18 H 45... A 18 H 40 Une secousse tellurique assez forte a été ressentie... Il n'y a pas eu de mouvements de panique. 20 H... le présentateur du journal télévisé a d'abord passé en revue toutes les activités du président de la république et même de certains ministres avant d'annoncer le séisme dont l'épicentre se situe à 5 km de Boumerdes et dont la puissance atteint 5.7° sur l'échelle de Richter. On n"annonce pas la coupure du courant que nous confirment tous nos proches de Réghaia à Bordj El Kiffan en passant par El Harrach... coupure qui nous a épargnés mais que nous subissons à notre tour entre 20 H 30 et 21 H... A signaler que les chaines parabolées du moyen-orient ont parlé avec plus de détails de ce séisme. 

Jeudi 2 Décembre  2004: Lendemain de séisme. Tout le monde en parle et c'est heureux si ce n'était souvent tragique que la nature nous donne ces sesations fortes qui nous permettent de sortir de notre léthargie pour nous rendre à l'évidence que nous continuons à vivre... Les olivaisons ont atteint leur vitesse de croisière. Un vent providentiel est venu gauler les olives et les femmes n'ont qu'à se baisser pour en ramasser; mais ce n'est pas ce qui réduira les statistiques des téméraires "récolteuses" qui se cassent l'échine chaque année en tombant des arbres car elles auraient oublié que depuis la dernière récolte leur corps et les branches de l'arbre ont vieilli d'une année.  

Vendredi 3 Décembre  2004: Rien à signaler... l'eau ne coule toujours pas dans les robinets après son apparition furtive d'il y'a quelques jours. Les travaux d'aménagement des trottoirs sont toujours à l'arrêt en attendant que les abrutis s'entendent sur un compromis pour les reprendre... Quelques légères satisfactions toutefois et d'abord les logements qui vont accueillir les gens de l'ex SAS et dont la construction semble avancer, l'extension du CEM aussi, l'installation du système de téléphonie sans fil et la probabilité de l'installation d'un relais de "Mobilis" pas loin de celui de "Djezzy" derrière le stade municipal.   

Samedi 4 Décembre  2004: Le ciel n'arrête pas de se couvrir; les paysans ou ce qui en reste ont commencé l'épandage des engrais et les semailles et il arrive qu'on  voit nombre d'entre eux  faire le geste auguste car avec le prix de la mécanisation de l'agriculture, les tracteurs sont plus utilisés dans les opérations de transport de matériaux de construction et de colportage de l'eau par citernes tractées que dans les travaux des champs.

Dimanche 5 Décembre  2004: un fort tremblement de terre est ressenti à 9 H 35. Le CRAAG nous a rassurés en nous affirmant que ce séisme est "tabi3i" et qu'il rentre dans le cadre des "hezzat irtidaïya" de la grosse secousse du 21 mai... Les scientifiques ont la fâcheuse tendance de toujours vouloir nous démontrer que les catastrophes rentrent dans le cadre de trucs complexes mais rationnels afin de nous éviter l'angoisse de l'irrationnel et la protection par les incantations des faux prophètes... Ils arrivent très souvent à nous angoisser encore plus en nous démontrant l'imprévisibilité et l'inéluctabilité de ces phénomènes et notre impossibilité à les éviter ou à y échapper, créant chez nous un état psychotique d'impuissance qui démultiplie notre fatalisme et nous renvoie imparablement vers les faux prophètes et leurs incantations...

Lundi 6 Décembre  2004: un soleil trop vif a brusqué les brumes matinales qui ont fui très vite vers les hauteurs laissant la terre labourée dégager des fumeroles évanescentes. De Mahas à Ben Haroun, c'est le même spectacle d'une terre qui exsude ses trop pleins d'eau en beaux filets de vapeur. L'après-midi, l'atmosphère  s'est totalement éclaircie et la nuit fut d'une suave douceur... 

Mardi 7 Décembre  2004: Un chien à qui la solitude doit peser n'a pas arrêté de répondre de bonne heure à l'écho de ses propres aboiements et les coqs du village ont entamé leur sérénade avant l'appel du muezzin. On dit qu'ils chantent en voyant passer les anges contrairement à l'âne qui braie au passage des démons; si c'est le cas, alors c'est un régiment d'anges qui devrait avoir traversé le village de bon matin.  La journée fut très belle en dépit du passage de quelques cumulus trop débonnaires pour être inquiétants.  

Mercredi 8 Décembre  2004: La clémence du temps incite les chantiers féminins de cueillette des olives à se déployer de bon matin et les feux allumés pour chauffer les doigts engourdis élèvent leurs signaux de fumées du lointain horizon des oliveraies de Palestro en passant par les monts de Beni Khalfoune, jusqu'aux collines de Mouahdjar.  

Jeudi 9 Décembre  2004: ¨Un temps vraiment hivernal a caractérisé cette journée. La boue refait le décor du village et les paletots sont appelés à réduire les morsures du froid. Le gaz butane qui devient problématique dès que le temps vire au gris se fait colporter par tout moyen: sur les dos voûtés, dans les brouettes, dans les malles des 404 et sur l'échine des ânes. Notre commue qui a été retenue pour être reliée au gaz naturel continue à traîner la patte car ses élus préfèrent les fourberies des manigances à la satisfaction des besoins citoyens... Le comble c'est qu'aucune autorité ne daigne informer la populace de ce qui retarde ce projet car la populace n'a jamais demandé à être informée...

Vendredi 10 Décembre  2004: ¨La perturbation qui a donné les fortes pluies d'hier s'est dégonflée durant la matinée et dès le début de l'après-midi le temps s'est rasséréné.  Grave crise à la mosquée du village. Une clique de comploteurs  avec à sa tête El Hadj Moha et El H'midi s'est rendu compte que le Comité religieux n'a pas été renouvelé à l'échéance de son mandat; elle a tout fait pour attirer l'attention de l'autorité de tutelle qui a prononcé immédiatement la suspension dudit comité; profitant de la prière du vendredi le comité déchu, avec à sa tête Said Senouci a voulu prendre de court les fidèles en leur demandant un vote de confiance. La partie adverse a crié au scandale, invoquant les statuts qui exigent une publicité pour la tenue de l'Assemblée Générale... La situation est très trouble et on attend des développements qui devraient se produire dans les prochains jours. 

Samedi 11 Décembre  2004: ¨Belle journée... l'atmosphère rincée par des jours de pleine pluie n'oppose aucune résistance au passage des rayons solaires vers la terre et l'apport calorifique fouette les herbes qui poussent presque à vue d'oeil. La mosquée continue à opposer les fidèles et les deux clans sont maintenant opposés sans aucune zone tampon susceptible d'amortir les chocs de leur prochaine confrontation... Il est fort probable que le clan d'El H'midi et Moha, un ramassis hétérogène de parvenus, de revanchards et de prosélytes douteux l'emportera lors des prochaines joutes car il a la capacité de ratisser très large. Ce sera dommage pour la cohésion sociale; dommage aussi pour la mosquée que l'ancien comité à réussi à gérer avec brio. 

Dimanche 12 Décembre  2004: L'eau coule désormais chaque jour... mais la nappe phréatique de la jonction de l'isser et de oued djemaa risque de s'épuiser très vite car les conduites crevées la laisse se perdre dans les rues...

Lundi 13 Décembre  2004: Entre Aomar et Zeboudja, il y'a eu quatre cocottes à ciment qui se sont renversées comme si elles s'étaient donné le mot. On ne déplore fort heureusement aucune victime. Au village la fitna de la mosquée divise les croyants en deux groupes irréductibles. Elle va finir par disloquer le peu de cohésion villageoise au grand bonheur de tireurs de ficelles qui ont depuis toujours encouragé ces luttes de clocher car ils n'ont rien à gagner de l'entente entre villageois; cette entente pouvant rendre moins trouble l'eau dans laquelle ils barbotent, risquant ainsi de les montrer dans leur affreuse nudité. 

Mardi 14 Décembre  2004: L'affaire du comité religieux continue d'alimenter la chronique journalière. Elle devrait infailliblement déboucher sur un clash qui verra le village se diviser en deux "confréries religieuses" distinctes et il n'est pas exclu que l'idée de remise en service de l'ancienne mosquée soit remise d'actualité afin de satisfaire les prétendants aux koursis de deux comités séparés.  Un vent glacial souffle sur le village. A 21 H il n'y avait que l'épicerie d'Amar Belaïd qui était ouverte. 

Mercredi 15 Décembre  2004: ¨notre mairie a trouvé de quoi meubler le temps de ses innombrables travailleurs... toujours en retard de deux guerres, la voilà qui réalise de beaux dos d'ânes sur la route principale du village alors que les autres communes d'Algérie sont en train de démanteler ces systèmes coercitifs dont la brutalité démontre le peu de considération qu'on réserve à ce peuple, considéré comme un ramassis de sauvages avec lequel il faut user d'arguments forts... Le peu de communes qui se sont trouvées obligées de ralentir les frénésies des chauffards ont dû y penser à deux fois avant d'implanter des ralentisseurs devant les écoles et amovibles puisque conçus en matière plastique... La nôtre scelle le sort des amortisseurs et des rotules avec des arguments en béton... Et puis, entre nous, faut-il des dos d'ânes pour obliger les automobilistes à rouler doucement quand le tronçon de route principale fait moins de 300 m avec à l'entrée la brigade de gendarmerie et à la sortie la caserne de la garde communale et entre les deux des nids de poules bien plus dissuasifs que les PV des hommes en uniforme ?  

Jeudi 16 Décembre  2004: C'est le début des vacances d'hiver. Le mauvais temps et l'absence de planification ont fait que nombre de gens devraient avoir passé la nuit sur les quais de gare. La route nationale a connu un trafic infernal. Le fameux minibus offert par l'inénarrable ministre de la solidarité à notre commune a commencé depuis quelques jours à transporter les élèves vers le lycée d'Aomar. Gageons qu'il finira à la ferraille comme tous les véhicules de la commune avant les vacances d'été, sans qu'aucune voix ne vienne s'insurger contre ce honteux gaspillage... Le ministre qui n'a consulté que sa courte vue a inséré ce fourgon municipal entre les fourgons privés en nombre plus que suffisant créant une concurrence que tous les textes devraient condamner pour sa déloyauté.... S'il lisait cette chronique, il aurait peut être  eu l'idée de doter le dispensaire d'un véhicule ambulance afin de l'occuper dans un service éminemment public au lieu de faire dans la grosse démagogie en s'en venant investir un secteur qui, depuis la fin du "tout-état" socialiste devrait être convenablement pris en charge par l'initiative privée sans les intempestives régulations d'une administration encombrante qui revient par la fenêtre quand elle est chassée par la porte. 

Vendredi 17 Décembre  2004: La conspiration a tourné court. Le comité religieux du village aurait été conforté pour un autre mandat et ce n'est que justice. Les conspirateurs devront trouver un autre motif à conspiration pour créer la sensation et faire oublier aux villageois l'immense retard que prend leur village sur les douars des communes voisines qui profitent de l'embellie pétrolière pour décrocher et mener à bien leurs projets de développement. Les trottoirs sont toujours à l'état de triste abandon, les rues attendent toujours un hypothétique aménagement et même la route, pourtant récemment réhabilitée reprend très rapidement son statu-quo ante. 

Samedi 18 Décembre  2004: Pluie, froid et brouillard nous font revivre les hivers d'antan. La mairie continue à ériger d'autres dos d'ânes pour freiner nos ardeurs "célérates" (de célérité)... depuis mercredi passé, elle a réalisé 10 demi-dos d'ânes qu'elle va certainement terminer dans un ou deux mois, à la cadence des travailleurs municipaux... Si elle s'avise de les peindre en bandes blanches, il faut compter que ce beau travail ne sera terminé qu'après une dizaine de mois et une centaine de cardans...

Dimanche 19 Décembre  2004: Le mauvais temps d'hier s'est estompé comme par miracle et le soleil est revenu après s'être longtemps fait désirer. Les femmes ont repris les clés des champs pour ramasser les olives malgré la boue des chemins.

Lundi 20 Décembre  2004: Il fait toujours froid et la pluie s'est remise à tomber durant la nuit. Les fêtes de fin d'année n'enthousiasment pas du tout les villageois même si le pâtissier qui a élu domicile à côté de la mairie propose depuis quelques jours des bûches trop polies pour ressembler à des troncs...

Mardi 21 Décembre  2004: Rebondissement dans la crise de la mosquée... Le compromis auquel les "croyants" sont arrivés le vendredi et qui consiste en l'élargissement du comité religieux à des figures de proue de l'opposition guidée par (el hadj) El H'midi et (el hadj )Moha et c'est le facteur (El Faktour) qui a exigé la présence d'un  huissier pour entériner le vote... L'administration des affaires religieuses aurait refusé le nouveau comité et les jours à venir devraient continuer à être riches en rebondissements. 

Mercredi 22 Décembre  2004: Belle journée, mise à profit par les ramasseuses d'olives pour s'égailler à travers les oliveraies afin de récupérer les journées perdues pour cause de pluie. Les premiers pressages présagent d'une faible teneur en huile. On craint que le quintal d'olives ne donnera pas plus de 14 litres alors que dans les années fastes il peut atteindre 24 litres.

Jeudi 23 Décembre  2004: Les villageois viennent encore de donner la preuve de la perspicacité de Sidi Ali Bounab, le mystique itinérant qui aurait déclaré depuis quelques siècles: "harchaoua fass bla h'raoua" (harchaoua est une hache sans manche) - rappelons que le village se situe dans la tribu des "harchaouas", un nom qui a été donné à tort au village de Ain Laazera... Le village a en effet découvert la source de tous ses maux: le maire, le directeur d'école et l'imam... On ose aujourd'hui le crier haut et fort: Djebahia ne se redressera qu'après s'être débarrassée de ces trois messieurs... Vous avez compris que ces trois messieurs ont un tort commun: celui d'être des enfants du village !

Vendredi 24 Décembre  2004: La crise de la mosquée perdure. L'huissier requis pour assurer la régularité du vote a refusé de se déplacer un vendredi, jour pieux et de surcroît, jour de repos. L'assemblée des fidèles a eu à choisir d'effectuer son vote le dimanche ou le jeudi et c'est naturellement pour le jeudi que les conspirateurs ont opté afin de pouvoir rameuter le plus d'électeurs.

Samedi 25 Décembre  2004: Un accident de la circulation devant la pompe de Salah Gaci à Tiliouine a fait 3 morts et un blessé grave hier aux environs de 14 H. Mahmoudi Mohamed "oulid el 3ammali" pour ses intimes, de Ain Laazera, enseignant de son état, et son fils de 12 ans y ont trouvé la mort. Ils ont été enterrés aujourd'hui. Depuis hier soir il souffle un vent très violent et très froid.

Dimanche 26 Décembre  2004: La pluie a succédé au vent. Le froid est très vif et l'ambiance est toute grise. Le conflit entre le maire et un de ses adjoints a incité le maire à demander l'évacuation du frère de l'élu du logement qu'il occupe à l'école. Le tribunal aurait prononcé l'exécution de cette évacuation sans trop se questionner sur l'autorité qui a permis à cette personne d'occuper depuis des années un logement auquel il n'ouvre pas droit quand ceux qui y ouvrent droit n'ont pas eu droit...

Lundi 27 Décembre  2004: Le tsunami du sud est asiatique a éclipsé toutes les autres sensations. Tout les villageois se sont convertis en doctes sismologues et les débats entre éminents scientifiques se déroulent dans tous les lieux propices; au café, au taxi-phone, dans les épiceries, chez le coiffeur, dans la foule qui entoure le marchand de volailles... Chachou Mohamed, le directeur de l'école primaire a pris son envol pour Narbonne en France; c'est moi qui l'ai accompagné à l'aéroport; il profite de ses vacances d'hiver pour aller rendre visite à son frèree Djemaa que nous saluons au passage.

Mardi 28 Décembre  2004: On n'arrête pas de spéculer sur les raisons qui ont pu inciter la nature à punir les habitants du Sri Lanka, de  Thailande, Birmanie, Indonésie, Inde et Maldives et les oiseaux de mauvaise augure nous promettent à nous aussi un châtiment à la mesure de nos immenses prévarications... La pluie diluvienne que nous subissons est disent-ils un avant goût de ce qui va s'abattre sur nos têtes... Les monts de H'Djita se sont couverts d'un léger manteau blanc et quelques flacons se sont même aventurés jusqu'au village. Le froid est très vif et l'électricité n'arrête pas de se couper. 

Mercredi 29 Décembre  2004: Les neufs dos d'âne sont presque entièrement terminés, il ne reste que celui de la SAS qui a été réalisé à moitié sans doute parce que la mairie a épuisé son stock de ciment... 

Jeudi 30 Décembre  2004: Oued el Djemaa qui a été sauvagement délesté de son sable a perdu le nord. Il a quitté son lit habituel pour aller buter de toute la force de ses eaux contre la route nationale. Il s'est incrusté sous le goudron et a grignoté rageusement une partie de l'assise de la route. Les gendarmes, les pompiers et les ponts et chaussées ont du passer la nuit sur les lieux (1 km à l'est d'Aomar gare) pour dérouter les véhicules vers les bas-côtés afin de les empêcher de basculer dans les eaux en furie. Le téléphone fixe est en dérangement depuis 14 h 30. Le réseau GSM de l'opérateur public Mobilis est à l'arrêt.

Vendredi 31 Décembre  2004: C'est une fin d'année particulièrement pluvieuse qui nous est offerte. Une légère accalmie matinale a permis au bulldozers de pénétrer dans le lit de l'oued pour le dérouter vers la rive opposée à la route dont il n'a pas arrêté de miner les assises durant toute la nuit.

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