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Mercredi 1 janvier 2003 (1) - 8 h :
La terre a commencé
l'année en se secouant fortement comme pour se débarrasser des puces qui l'auraient
squattée en l'an 2002. Un séisme d'une assez forte intensité l'a ébranlée à 1
h 50. Je ne sais si les sismographes ont détecté ce tremblement de terre; je
préjuge que si son épicentre se situait chez nous, ils n'ont pas dû le ressentir car
chez nous c'est un peu l'autre monde... |
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Mercredi 1 janvier 2003 (2)- 14 h :
La femme de Djebri Rabah
ben Saad est morte. Elle a choisi de ne pas survivre à 2003. Elle a été accompagnée à
sa dernière demeure par un cortège funèbre impressionnant. Nos condoléances à Omar,
Salem et tous ses enfants. |
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Mercredi 1 janvier 2003 (3)- 20 h :
La télévision a
annoncé le séisme de ce matin... Son épicentre se situe dans la région de Médéa et
sa magnitude a atteint 4.5 degrés sur l'échelle de Richter. Personne n'en parle au
village car très peu de villageois ont du le ressentir vu l'heure à laquelle il s'est
produit. Ce qui fut remarquable, c'est le comportement des chiens qui ont hurlé à
l'unisson à la mort et celui de mes perruches qui ont été terrorisées au point où
elles ont fait un beau boucan à cette heure indue. |
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Mercredi 1 janvier 2003 (4) - 0 h :
Une journée sans
violence (à l'écran) a été décrétée par les pouvoirs publics pour juguler le
hooliganisme qui s'est emparé des stades à la fin de l'année passée. Elle s'est
déroulée avec tout le tralala, le tintouin et les mines de circonstance qui accompagnent
infailliblement toutes les manifestations officielles. Chez nous (et pas seulement au
village), ce n'est pas la société si vile, par mouvement associatif interposé,
qui prend les initiatives citoyennes (sauf quand il s'agit de couper les routes aux autres
citoyens...). Nostalgie oblige du bon vieux temps où le "tout-état" régentait
tout, ce sont les institutions officielles qui continuent à croire que le citoyen, ce
mineur irresponsable doit être rappelé à l'ordre pour sa turbulence par ce pouvoir
tutélaire qui défend et protège ses intérêts comme un tuteur légal prendrait en
charge la défense des intérêts d'un orphelin mineur ou débile. Ce pouvoir tutélaire a
réussi à faire le vide en matière d'autogestion de la société (rien à voir avec les
domaines du même nom)en soupçonnant toute velléité d'organisation citoyenne d'être
aussi subversive qu'un cheval de Troie; aujourd'hui, fort du principe que "la nature
a horreur du vide", il fait des yeux horripilés et s'en vient mettre sa patte
séculière sur tout ce qu'il croit vide. Qu'à cela ne tienne ! Cette journée sans
violence nous aura au moins permis de voir à la télé le beau spectacle donné par nos
filles et nos garçons de l'équipe de yoseikan-budo à la salle "Harcha" entre
19 et 22 h. Cette équipe qui constitue l'un des rares espaces sinon le seul où le ver de
la politique n'a pas sévi, mérite notre palme du mérite. |
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Jeudi 2 janvier 2003: L'eau a coulé dans nos robinets à
saturation. Serait-ce un signe que l'année 2003 sera fatale aux "citerneurs" ?
Au marché hebdomadaire, le poulet vivant est proposé à 120 DA le kg; il faut se
rappeler qu'il y'a à peine une dizaine de jours il était vendu à près de 200 DA. Aissa
El Baggar qui possède un poulailler du côté de Mouah'djar m'a affirmé que le prix de
gros tourne autour de 95 DA et qu'à ce prix, les éleveurs en auront tout juste pour leur
argent. La situation devient difficile d'ailleurs pour tous les agriculteurs qui devront
faire face à la surproduction constatée dans tous les domaines; une surproduction qui
vient en parallèle avec l'inflation que connaissent les prix des moyens de production et
des services concédés aux fellahs. Cette situation générera bien des difficultés aux
petits producteurs et il faut s'attendre à un bouleversement total au niveau des
campagnes avec l'entrée en production dans moins de trois ans de tout ce qui a été
accordé aux agriculteurs dans le cadre du Fonds National de Développement de
l'agriculture. A titre de simple exemple, il faut savoir que dans le nouveau verger de
Gharbi Boualem, entre Boubekeur et le pont de Ain Laazerah, il a été planté plus
d'arbres fruitiers que tout ce qui a été planté depuis l'indépendance du pays. La
profusion est certes la bienvenue mais que de petites gens elle poussera dans les bras
décharnés de la misère ! Il reste à espérer que cette agriculture très
"biologique" s'imposera à l'exportation devant les OGM des pays d'Europe avec
lesquels nos responsables se sont crus malins (ou ont été contraints) de signer les
accords de libre-échange... Il va sans dire que vu la capacité financière de nos
"partenaires" de l'autre côté de la mare nostrum, ils vont pouvoir donner à
leurs peuples nos produits sains pour nous refiler à très bon marché leurs produits
génétiquement modifiés et qui ont mûri sous les UV de leurs laboratoires très loin de
notre si beau soleil. |
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Vendredi 3 janvier 2003: Rien à signaler. Journée très belle, soleil
et ciel bleu à volonté mais nuit froide. L'eau a encore coulé dans les conduites et
surtout hors des conduites puisque une fuite à hauteur de "la SAS" a généré
un véritable torrent qui a déferlé sur le village sans que les responsables ne
s'avisent d'arrêter cet infâme gaspillage. |
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Samedi 4 janvier 2003: Début de semaine aussi fade qu'un roman de
Tahar Ouattar. Les nuages qui nous viennent de l'ouest vont certainement finir par
nous ramener un peu de la grosse perturbation qui sévit en Europe. A 18 heures la
pluie s'est laissée aller à un petit essai. Cette menace mise à part, il n'y a pas
grand chose à déclarer comme disait Rousseau (le douanier)... |
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Samedi 11 janvier 2003: Une semaine sans alimenter la chronique... En
vérité il n'y a eu pas d'événement digne d'être rapporté. Le village vit à son
rythme habituel et tout le monde se complait dans le statu-quo sauf le temps qui essaie de
varier sa partition mais sans trop influer sur le reste. C'est peut être ce peu de cas
qu'on réserve à ses écarts thermiques insignifiants qui l'a poussé à accentuer sa
froidure, puisque depuis hier, il n'arrête pas de souffler comme un damné pour faire
descendre le mercure. A l'est, c'est la neige qui a fait le décor; chez nous, nous
avons eu le froid mais pas les flocons. Dans ces conditions météorologiques, le village
s'emmitoufle dans son expectative. L'éclairage public réalisé il y'a à peine 6 mois à
coup de millions de centimes ajoute sa note de noirceur à l'ambiance en éteignant tous
ses feux sans se sentir en devoir de fournir à la canaille la moindre explication... et
la vie continue en donnant l'impression de s'être arrêtée... |
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Dimanche 12 janvier 2003: C'est le 1er Yennayer, notre jour de l'An...
Certains demandent à ce que cette journée soit fériée. Ont-ils raison ? Peut-être...
Il serait utile pourtant que nous nous prononcions définitivement sur ce que nous
voulons être. L'universalité nous dicte de fêter le jour de l'An au 1er Janvier... La
foi nous dicte de le faire le 1er Moharrem et nos origines nous dicteraient le 12
janvier... Vu que nombre d'entre nous profitent de leurs congés pour aller travailler, il
serait judicieux d'augmenter le nombre de jours fériés; il reste à convaincre tout ce
beau monde d'accepter d'honorer l'universalité, la foi et les origines par le sacrifice
de leur paie et ainsi on n'aura plus de jours "chômés et payés"... Mais qui
donc pourra faire admettre aux voleurs invétérés que nous sommes qu'il est très
malvenu de faire d'un larcin une offrande... Les enseignants qui sont rentrés de leur
congé le samedi 4 janvier, n'ayant sans doute pas terminé leur travail, ont décidé de
prolonger leurs vacances en se mettant en grève au grand bonheur des enfants et devant
l'indifférence royale de leurs parents... |
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Mercredi 15 janvier 2003: Les marchands d'alphabet n'ont pas encore
repris le chemin des classes et vaquent courageusement à d'autres activités plus
lucratives... Les épiciers d'entre eux font les épiciers même durant leurs heures de
cours, les marchands de voitures d'entre eux marchandent leurs voitures, les paysans
d'entre eux en profitent pour semer fèves et petits-pois et les joueurs de domino d'entre
eux vaquent tranquillement à leur haute occupation. Les élèves dont certains viennent
de très loin sous la gelée matinale s'en reviennent chaque jour chez eux après avoir
constaté que le portail reste fermé. Ces messieurs-dames qui doivent inculquer aux
citoyens en herbe les règles de l'éducation et des civilités font preuve d'une
désastreuse incivilité en n'informant pas ces élèves, au préalable, de la
continuation de leur grève et surtout en n'accomplissant aucun service minimum au profit
des classes d'examen... Et l'on osera demain s'offusquer devant la délinquance juvénile
!... et l'on osera claironner doctement:" koum lilmou'allimi ouaffihi
ettebdjila,
kada el mou'allimou en yakouna rassoula " (voue à l'enseignant le plus grand
respect... Il s'en faut de peu pour que l'enseignant soit considéré comme un prophète).
Dans cette malheureuse déferlante panurgienne, je n'ai pas eu l'heur de voir se dresser
une seule tête pour remonter le courant; c'est dire l'ampleur du désastre... |
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Jeudi 16 janvier 2003: Depuis plus de dix jours, les nuits sont d'un
froid exceptionnel. La pluie n'arrête pas elle aussi de tomber... Bref, il fait un temps
à ne pas mettre un Djebahi dehors. |
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Jeudi 30 janvier 2003: Il continue à pleuvoir sans discontinuer
depuis le 16 janvier... C'est un hiver des années 60 qui nous revient. L'eau suinte de
partout; la terre trop sevrée a bu goulûment tout ce que le ciel lui a donné mais, le
ventre plein, elle refoule maintenant tout vers les ravines qui déferlent en chantant vers
l'oued Djemaa qui s'en remet à l'Isser en grondant. Les rebords de la route
départementale qui mène au village descendent inexorablement et il est à craindre
qu'elle soit mise à très rude épreuve si ça continue. Au village, la route principale
est devenue une rivière; les rues de quartiers ne sont plus pour leur part que des marais
boueux. L'eau qui coule de partout a quand même déserté son exutoire le plus indiqué:
le robinet ! L'eau potable est en effet absente depuis plus de 20 jours. Devant cette
implacable descente aux enfers, les messieurs qui se sont investis pour nous améliorer
notre quotidien lors des élections du 10 octobre continuent à jouer à leur indécent
bras de fer. La commune n'a pas encore d'exécutif susceptible de prendre en charge les
misères des citoyens; ces citoyens trouvent plaisir à ce que ça continue car personne
n'est plus responsable du "beylik" qu'on peut squatter à volonté, les élus y
trouvent leurs comptes car personne ne vient leur en demander et l'autorité
administrative en fait le dernier de ses soucis car l'autorité administrative a appris,
dans nos contrées, à ne réagir qu'en cas d'émeutes... |
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Vendredi 31
janvier 2003 C'est à 7 h 30 qu'il a commencé à neiger. Les anciens ont bien
dit, l'air grave, que la grêle "prépare le lit" de la neige; et de
la grêle, il en est tombé hier ! La neige qu'on qualifie de "pudique"
devait prendre ses aises la nuit; il faut croire qu'elle aussi n'est pas
demeurée en reste de la mode du temps qui veut que l'impudeur et le
sans-gêne soient presque des sujets de fierté puisqu'elle s'est offerte
en spectacle en plein jour. Elle a d'ailleurs poussé l'outrecuidance
jusqu'à tout blanchir en l'espace de quelques heures. Elle s'est affalée
lourdement sur les pauvres mimosas et autres mûriers des bords de rues
et les a totalement disloqués puis s'est amusée à recouvrir de son
manteau immaculé les plaies suintantes du village, lui donnant l'air
d'un nouveau marié emburnoussé... C'aurait pu être une année faste si on
avait pris la peine de travailler la terre. L'ironie de l'affaire, c'est
que malgré toute cette eau, les robinets restent superbement silencieux
et si les villageois en font provisions dans n'importe quel récipient
pour les besoins de leur hygiène, elle devient problématique quand il
s'agit d'étancher les soifs...
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Vendredi 21
février 2003 je n'ai pu alimenter votre chronique depuis le 31 janvier...
j'ai moi aussi des contraintes... en réalité, la vie s'est arrêtée de
tourner cet hiver avec ses pluies et son froid, ses coupures de courant,
sa panne du réseau d'alimentation en eau dite "potable", sa pénurie
chronique de gaz butane et le sempiternel dualisme qui fait se regarder
les deux moitiés du village en chiens de faïence sous les exhortations
des tireurs de ficelles qui en tirent en même temps les dividendes. La
mairie est toujours bloquée par les "na !" de taghannan't des uns et des
autres et l'administration à tous ses niveaux regarde faire ou plutôt ne
pas faire avec sa moue dubitative semblant dire: "vous avez choisi la
démocratie alors bavez !". L'Aid el Adha est passé avec son flot de sang
et de viscères, ses odeurs de bouzellouf et ses embrassades affectées;
sa prière et la quête qui la suit inévitablement afin de continuer à
agrandir la mosquée sous les quolibets, les insinuations et les clins
d'oeil des "croyants" qui croient dur comme fer que l'association
religieuse est bien en dessous de tout soupçon surtout depuis qu'un de
ses membres a osé montrer des signes de non allégeance au clan politique
de certains généreux donateurs qui utilisaient ces opérations publiques
pour faire du charme au lectorat. On conteste sous-cape le choix de la faïence, l'utilisation du sable de rivière pour la réalisation du
minaret à la place du sable de mer etc... et tout fidèle s'est érigé en
censeur et en technicien. Profitant de toute misère du peuple, certains
élus et leurs généreux bailleurs de fonds ont enfourché le problème du
gaz butane. Ils auraient convaincu la Sonatrach de dépêcher un camion
plein de ce précieux carburant afin que les pauvres villageois puissent
enfin jouir de ses bienfaits en ces temps de grand froid. Le spectacle
des vieilles dames, des hommes et des enfants attendant la bouteille au
pied l'arrivée du camion ressemblait presque à celui de quelques
naufragés qui attendraient de voir pointer à l'horizon la pointe du mât
d'un voilier providentiel. Les initiateurs de cette opération de
sauvetage eux, ne se sont pas privés de se montrer en burnous et en
public pour bien montrer qu'ils aiment bien la canaille mais surtout
aussi pour lui signifier que cette manne n'est pas tombée du ciel et n'a
pas été apportée par l'administration ou par le clan adverse et qu'il
lui appartenait de s'en souvenir quand il le faudra.
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Lundi 24
février 2003: Une grève générale est prévue pour demain et après-demain. Les
travailleurs du secteur public qui n'en finissent pas de farnienter sur
les gazons mal entretenus des vastes espaces inutilement occupés par des
infrastructures qui connaissent le superlatif dans tous les domaines
sauf dans celui de la productivité, sont appelés à se reposer durant
deux journées sans savoir pour quelle raison. Ils obéiront au mot
d'ordre avec allégresse car si le repos devait tuer les fonctionnaires,
cela fera longtemps qu'ils auraient connu le sort des dinosaures. Les
partis politiques à l'affût de la moindre fronde sautent sur l'occasion
pour tirer par travailleurs interposés sur ceux qui ne sont pas d'accord
avec leurs programmes. Deux nouvelles tristes sont tombées sur le
village... d'abord l'assassinat du policier Aîdaoui de Ain Laazerah à Dra
El Mizan lors d'un attentat ayant ciblé les agents de l'ordre.
L'attentat a fait deux morts parmi ceux-ci et deux ou trois morts et
blessés parmi les badauds (selon les sources). La seconde nouvelle
concerne le drame vécu par la famille de feu ADJOU Makhlouf dont deux
des fils en sont venus aux mains. L'un a administré à l'autre un coup de
couteau puis est allé se jeter sous un camion. Il a été enterré au
cimetière de Sid Essaadi. Le frère blessé se trouverait toujours à
l'hôpital en observation.
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Mardi 25
février 2003: Première journée de grève de l'UGTA. Tout le monde semble
vaquer à ses occupations et il n'y a que les journaux et la télé qui
font de cette situation tout à fait normale un événement. C'est une
journée tout à fait normale car le secteur public sans être en grève
semble toujours être en grève. Les queues devant les stations d'essence
sont monnaie courante et les fonctionnaires qui vadrouillent dans les
rues aux heures de travail constituent un spectacle coutumier. Notre
village qui n'est pas à son premier paradoxe a connu une reprise du
pompage de l'eau dite potable qui a coulé enfin dans les robinets après
une éclipse qui se compte non en semaines mais en mois. Que vive la
grève générale de l'UGTA si ses bienfaits sont si immédiats ! Question
climat, il fait un vent à déraciner les oliviers.
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Mercredi 26
février 2003: Deuxième journée de grève "générale"... les journaux sont les
seuls à trouver que le mouvement de grève est "massivement" suivi. La
preuve qu'ils font de la surenchère c'est qu'ils ont tous paru... Au
village, rien n'indique que le pays est bloqué car tout le monde exécute
comme d'habitude le service minimum. Aux dernières nouvelles, El Bled du
RND qui était en équilibre instable avec Djebri Rachid du FLN (voir la
chronique du 10/10/02 et des jours qui l'ont suivie) aurait réussi à
arracher le soutien de l'outsider d'El Islah pour se retrouver
majoritaire et s'assurer de sévir pour un troisième mandat à l'issue
duquel la commune retournera à l'âge de la pierre. Le candidat d'El
Islah, ne se serait "rendu" qu'après une montée aux enchères où il
aurait eu des promesses mirobolantes et un poste de vice-président pas
moins ! Voilà comment FLN et RND qui sont de la même famille et issus du
même moule se sont littéralement "nanisés" devant des nabots qu'ils ont
"titanisés" parce qu'en guise de politique et de gestion ils se sont
investis dans une sorte d'affairisme politicard fait de vilain
opportunisme et de cynique revanchardisme... cheh ! Et aujourd'hui, les
perdants qui, bougie à la main, n'arrêtent pas de rechercher des boucs
émissaires à leur défaite, doivent se rendre à l'évidence que ce qui
leur arrive n'est qu'une conséquence logique de leurs mauvais calculs et
de leurs accointances douteuses.
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Jeudi 27
février 2003: La pluie est revenue. Le village n'arrête pas de commenter la
fin de la crise de l'Assemblée Populaire Communale. Pour le reste, c'est
le calme plat.
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Mardi 04
Mars 2003: Awwal Moharrem.. encore une occasion de vaquer à d'autres
occupations que celles pour lesquelles on est rétribué... Encore une
autre occasion de s'offrir un poulet au berkoukès... Encore une autre
occasion de revoir "ERRISSALA" à la télévision nationale. Quand la
religion devient une fin et non un moyen, quand on pratique la religion
pour la religion et non comme moyen d'améliorer la convivialité, il y'a
des risques de voir cette même religion perdre son âme pour ne garder
que l'apparat...
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Lundi 10
Mars 2003: Monsieur Benaissa, Ministre délégué auprès du ministre de
l'agriculture (ou quelque chose du genre) est en visite dans notre
wilaya. On l'emmènera s'extasier devant deux ou trois réalisations qu'on
aura tellement asticotées qu'elles sentiront le vernis à distance. On
ne lui fera pas visiter le champ en contrebas du village et où on a
planté des oliviers pour la frime à coup de grosses subventions
étatiques; des oliviers qui n'ont même pas bourgeonné et dont la terre
aurait gagné à ne pas subir les innombrables plaies qui lui donnent
l'aspect d'un visage véroleux... on ne lui montrera pas les puits
creusés à coup de millions de cts de subventions car si les millions ont
été bel et bien phagocytés, il n'est pas certain que les puits aient été
creusés... on ne lui montrera pas les ruches subventionnées par les
fonds débloqués par l'état car si les fonds ont bien trouvé preneurs,
les ruches elles, ne sont plus qu'une vue de l'esprit... Une note triste
doit être signalée: l'évacuation de Lakhdar et de ses frères, manu-militari
de leurs maisons et la destruction au bulldozer de
ces maisons... l'autoroute passera à El Maasra mais elle laissera un
arrière goût de profonde injustice quand on voit comment se sont
déroulées les opérations d'évaluation des biens privés situés sur son
tracé... certains, bien introduits, y ont touché le pactole: des
milliards de cts pour des "palais" de pacotille; d'autres, très
peu influents car peu argentés ont reçu des miettes pour des demeures
qui, sans être à deux niveaux avaient le mérite d'être honnêtes
dans leur simplicité... Mais qui donc entendra la voix des humbles; elle
qui s'exprime sans postillons et sans porte-voix... (en savoir
plus)
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Mercredi 12
Mars 2003: Un autre ministre est venu rendre visite à la région, c'est
celui de la santé et de la population. On l'emmènera certainement
visiter ce qui ne pose plus problème et non ce qui continue à poser
problème. On ne lui parlera sûrement pas de notre maternité qui sert à
tout sauf à permettre aux nouveaux villageois de naître en sécurité, il
n'aura pas l'idée d'aller faire un tour à l'improviste dans quelque
dispensaire rural pour constater l'immense déchéance que subissent les
infrastructures sanitaires villageoises sous indifférence criminelle
d'édiles dont le souci premier consiste à tisser des toiles d'araignées
au lieu d'inciter à les enlever. Le printemps qui n'a cure de nos
ressentiments s'installe inexorablement... le blanc des marguerites le
dispute au jaune de la vinaigrette et des narcisses retardataires et
seul monsieur coquelicot se fait encore désirer...
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Jeudi 13
Mars 2003: C'est l'Achoura... encore une autre occasion de ne pas
travailler et encore une autre épreuve pour les poulets. Le poulet vole
d'ailleurs inexplicablement en rase mottes puisque son prix, spéculation
villageoise comprise, ne dépasse pas les 130 Da le kg. C'est aussi la
déroute pour la pomme de terre qui est proposée à 12 DA parfois et la
tomate qui ne parvient pas à s'élever au dessus de 25 DA. Loin de ces
histoires là, pour fêter un soleil éclatant et un ciel d'une limpidité
d'eau de source, les genêts commencent à se parer de jaune sans s'inquiéter d'être en légère avance sur le calendrier...
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Vendredi 21
Mars 2003: Le printemps est là et monsieur Winter est allé se faire voir
ailleurs. Les fortes pluies de l'hiver n'ont laissé aucun choix aux
herbes qui se sont lancées dans une concurrence effrénée à qui dominera
le mieux l'espace. El Bsibsa, el gossaiba, el guernina, el djougdjig,
es-sella et el h'laffa agressent littéralement les vadrouilleurs qui ne
se privent pas d'y paître sans retenue sur les bords de la
départementale 125. Les fèves ont pris leur revanche sur le mauvais sort
de l'an passé, le houx s'est transformé en torche jaune, et l'aubépine
et l'églantier promettent du "toute" et des "zaarour" à
profusion.
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Lundi 24
Mars 2003: Berridiou a été enterré aujourd'hui loin du village qui l'a vu
naître. Il serait mort carbonisé des suites d'une explosion de gaz
butane. Il restera de lui le souvenir de cette table rudimentaire sur
laquelle il proposait des articles hétéroclites les jours de marché
d'Aomar, de Dra El Mizan ou de Lakhdaria. Berridiou n'avait pas trouvé
d'autre alternative que celle d'aller s'installer sous des cieux plus
cléments du côté de Boudouaou El Bahri (Lalma Marine)... Il a fini par y
mourir et s'y faire enterrer... Qu'il repose en paix.
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Jeudi 27
Mars 2003: Le village bat au rythme baghdadi... C'est aujourd'hui qu'il
ira marcher à Bouira pour montrer sa solidarité avec les Irakiens,
soumis au diktat des yankees et des tommies... Pour une fois personne
n'osera contester la sincérité des sentiments qui animent tous ces
jeunes et vieux qui n'en peuvent plus de supporter l'arrogance de ceux
qui croient seulement à la raison du plus fort... |
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Jeudi
24 Avril 2003: Devant
l'insistance de mes ami(e)s et des ami(e)s du village, je reprends
cette chronique après l'avoir boudée durant tout un mois pour des
raisons dépendantes de ma mauvaise volonté... Depuis le jeudi 27
mars, il s'est passé des tas de choses ailleurs... la victoire de
Bush sur Saddam, la pneumonie atypique, la mort de Nina Simone, la
réélection d'Obassanjo, 2 ou 3 catastrophes aériennes et une ou
deux catastrophes maritimes... mais tout ça n'a pas sorti le
village de sa léthargie. La lépreuse route départementale qui le
traverse continue à perdre son macadam par grosses plaques, les
rues soumises à des précipitations que la mémoire des villageois
n'a jamais enregistrées ne sont plus que ravines; l'eau présumée
potable coule quand
elle veut et l'éclairage public éclaire les quartiers par
intermittence. L'actualité du village n'a même pas été
bouleversée par la sortie du maire de l'ancienne mairie qu'il avait
squattée, sortie imposée par la vox populi et la véhémence des
cris de putois de son opposition. Le printemps est maintenant
confortablement installé sur les plaines et les montagnes des
alentours du
village. Les grosses pluies qui n'arrêtent pas de tomber ont
favorisé une folle exubérance de la végétation et la "sella"
agresse littéralement les passagers de la départementale 125. Le
spectacle de familles broutant les pissenlits (djougdjig)par la tige
et autres
herbes comestibles est devenu routinier. Si Hamid qui s'est déjà
cassé un bras n'a pas trouvé mieux que de se casser une jambe
alors que la nature n'arrête pas de cligner de l'oeil pour inviter
aux ébats dans ses draperies multicolores... Les fèves ont mûri. Le couscous aux fèves se
laisse préparer dans villas et chaumières. Le printemps qui
commence à s'estomper avec les premières fenaisons redouble
d'ardeur comme pour bien marquer son passage. Les considérables
pluies d'avril et la grêle qui est tombée cette semaine ont causé
des dégâts aux petits pois en fleurs et aux raisins naissants. Les
anciens disaient: "Dieu nous préserve des pluies d'avril et
des vents de mai"... (Rabbi yestorna men m'tar yebrir ou men
rih' mayyou)... les pluies d'avril sont passées, les vents de mai
restent à venir. |
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Vendredi
25 Avril 2003: C'est une véritable journée printanière. Un soleil tendre
incite les herbes à fleurir et les oiseaux à rivaliser de
mélodies. Dès la tombée de la nuit, les grenouilles d'El Madjen
engagent un récital de croassement endiablé comme pour se libérer
des angoisses des longues journées cigogneuses. Au village on parle
avec insistance d'une enveloppe de pas moins de 10 milliards de
centimes qui aurait été consentie pour la réfection des rues.
D'aucuns mettent le nom d'un député sur cette manne, d'autres en
font une prouesse du maire... En réalité il devrait s'agir d'un
programme national visant à rattraper le retard en matière
d'aménagement urbain de toutes les localités. Il faut espérer que
nos décideurs aient l'idée de recourir à d'autres formes de
pavage des rues et délaissent un peu ce goudron sale, laid et
d'entretien coûteux et difficile. Le village et les dechras qui
l'entourent pourraient revêtir un aspect très avenant si par
bonheur leurs rues étaient pavées de bonne pierre au lieu de
macadam. Une note un peu moins gaie doit être signalée: ce sont
les dos d'ânes qu'ont érigés quelques "intrépides"
résidents d'El Maasra sur la route départementale 125 qui traverse
leur agglomération. Cette opération viserait selon eux à
dissuader les chauffards qui font de ce tronçon de route un circuit
de formule 1. Le maire a dépêché un bulldozer pour enlever ces
protubérances qui ont déjà fait quelques blessés parmi les
motocyclistes et mis à rude épreuve les suspensions des
automobiles, mais les constructeurs de cassis se sont opposés à
leur démolition. Que dire de cette dérive ?... Ces gens là ont
bien sûr tort de faire justice par eux-mêmes en érigeant des
ralentisseurs non conformes et non signalés mais les ponts et
chaussées, "bandits chaussés" et les gardes champêtres "gardes champs-bêtes" comme les appelle Si
Hamid doivent assumer leur part de responsabilité car
l'autodéfense se légitime par la carence de la défense légale...
Il reste à signaler à ceux qui s'aventureraient sur ce tronçon de
route qu'ils risquent de gros dégâts si par malheur il oublient
qu'en traversée d'agglomération la vitesse est limitée... |
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Samedi
26 Avril 2003: Le soleil du printemps se fait insistant auprès des foins pour
qu'ils soient au rendez-vous des proches fenaisons. L'orge a fait
sortir des épis encore délicats. Dans quelques jours ils vont se
gorger de lait et l'on verra tous les villageois rivaliser avec les
moineaux dans l'art de décortiquer les grains. "El Gouchaïra"
est une occupation à laquelle s'adonne tout le monde avec une
religieuse méticulosité. Le feuilleton des dos d'âne d'El Maasra
a connu aujourd'hui un début d'épilogue... les gendarmes ont
intervenu et les maasris n'ont pas fait de résistance pour laisser
le bulldozer détruire quelques spécimen de leur grande oeuvre
malgré les exhortations sournoises d'opposants en mal d'en
découdre avec le maire. Il faut admettre que les jeunes hommes de
cette proche banlieue du village excellent beaucoup mieux dans les oeuvres
d'utilité collective que dans le mercenariat. |
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Dimanche
27 Avril 2003: Le printemps se fait été. L'actualité de la région est
focalisée sur l'assassinat du vieux Deghdiche d'Aomar par sa
seconde épouse, à coups de hache. Les spéculations vont bon train
sur les mobiles du meurtre. Le feuilleton des dos d'âne d'El Maasra
rebondit après la visite d'une délégation de la population à la
Sous-préfecture. L'autorité est si divisée sur la question qu'on
comprend qu'il s'agit en réalité d'une bataille en sourdine entre
ses représentants et par l'intermédiaire des naïfs maasris, comme
quoi on peut tout faire à n'importe qui, pourvu qu'on sache
l'aiguillonner ... |
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Lundi
28 Avril 2003: Le vent de mai que nous appréhendions dans notre chronique du
jeudi passé est arrivé avec quelques jours d'avance. C'est un
sirocco digne de celui du mois d'août. Ce vent là vous ramène
tout le sable du désert, vous salit l'atmosphère et
vous renfrogne les humeurs. Il accélère aussi la venue de l'été
en jaunissant les herbes. Le vent et la canicule constituant à eux
seuls un événement, le village a fait l'économie de la recherche
d'une autre sensation. |
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Mardi
29 Avril 2003: Le
vent souffle toujours. Le sirocco, ce souffle triste d'un lointain
enfer ne laisse aucune place à l'optimisme et à l'espoir... La
désespérance qu'il inflige aux hommes, aux plantes et aux bêtes a
sûrement été pour beaucoup dans le suicide d'un jeune homme de la
région voisine d'Aomar. Au village, la mairie qui devait raser les
baraques hideuses qui font face à la mosquée, n'a pas
trouvé mieux que de les relouer à des commerçants de toutes
sortes. Le misérabilisme des élus de cette commune qui n'a
décidément pas de chance avec ses édiles, ce misérabilisme est
devenu une sorte de fatalité avec laquelle nous composons en
parfaits masochistes. |
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Mercredi
30 Avril 2003: Le ministre de la santé est en visite dans la région... Les
autorités locales lui ont fait voir ce qui est agréable à voir...
Elles n'ont pas - comme de bien entendu - conduit Monsieur le
Ministre vers la maternité de notre village qui a coûté une
petite fortune et qui sert aujourd'hui d'entrepôt à des... ruches
! On n'a pas idée de montrer à Monsieur le Ministre cette
infrastructure non exploitée, de surcroît quand, juste à la
limite de sa clôture, un dépotoir n'arrête pas de s'étendre en
longueur et en largeur (voir photo). Cette visite du ministre a
permis aux communes d'embellir l'itinéraire qu'il devait emprunter;
les pauvres herbes des bords de routes ont été décimées, les
troncs des arbres blanchis, les abris-bus repeints etc... Il y'a de
quoi espérer une visite ministérielle mensuelle afin que notre
environnement soit retapé à neuf durant les douze mois de
l'année. La culture de l'apparat et du m'as-tu-vu a décidément
encore de très beaux jours devant elle ! |
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Jeudi
1er Mai 2003: C'est la fête du travail et des travailleurs... La fête du
labeur qu'on célèbre par... le repos ! On aurait dû, pour être
conséquents avec nous même, célébrer "Youm El Ilm" (la
fête du savoir) par la fermeture des écoles... Sinon, c'est le
calme plat. L'imposant dôme de la nouvelle mosquée a été
travaillé au "pax-allumin" ainsi que la tête du minaret.
La mosquée scintille maintenant au soleil comme un rubis. Les
commerces continuent à s'ouvrir avec une belle allégresse; il est
bien fini le temps du monopole de Amar Belaid et Said Touil
puisqu'on compte des "nouaders" jusqu'à "la
SAS" sur la seule rue principale pas moins de 30 commerces !!!!
Le dernier né étant celui des "Boudrissa" et qui est contiguë
au siège de la commune. |
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Vendredi
2 Mai 2003: La nuit d'hier, un vent d'une très grande force s'est levé.
Il a hurlé comme une meute de chacals. Au petit matin, il s'était
calmé. La population commence à prendre conscience du crime qui se
commet à ciel ouvert à Ben Haroun ou le périmètre de protection
de la source d'eau minérale a été choisi comme terrain d'assiette
à la construction de logements. La complaisance des responsables
avec ceux qui squattent depuis longtemps ce périmètre devait
obligatoirement se terminer par cette grave atteinte à un
patrimoine public pourtant protégé. Les jours à venir devraient
connaître d'autres développements... Nous avons jugé que nous
n'avions pas le droit de nous taire devant cette situation; c'est
pour ça que nous vous alertons. |
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Lundi
5 Mai 2003: Le Premier Ministre Benflis a été défenestré par le
Président de la République qui a rappelé l'inusable Ouyahia.
L'information n'aurait pas été rapportée si elle n'avait pas des
incidences directes sur notre village qui, en politique, ressemble
à celui de Don Camillo et Peppone de Guareshi. Dès que la nouvelle
a été diffusée, les partisans du RND sont sortis crier victoire
alors que ceux du FLN se sont donnés le profil bas du perdant. Le
système des vases communicants en fonction de la position dominante
du moment va encore fonctionner et dans les prochains jours, on
verra le FLN se vider de ses militants qui vont rejoindre en masse
le RND refaisant ainsi le chemin inverse que nous avons constaté
lors de la nomination de Benflis. La reconduction d'Ouyahia c'est un
peu le plébiscite d'El Bled (notre maire d'alors et d'aujourd'hui)
qui va retrouver une suffisance éclipsée par l'aura surfaite de
Benflis. |
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Mardi
6 Mai 2003: Le village est en effervescence... la nouvelle a relégué au
second plan le changement à la tête du gouvernement... le marché
de voitures est désormais ouvert au Souk de Brachma
(l'embranchement) à Aomar Gare. Ali Lachehab, l'ancien-nouveau
maire d'Aomar a eu la main heureuse en créant ce marché qui va
drainer la grande foule. Les perdants, ce seront les usagers de la
RN5 qui risquent de connaître dorénavant des mardis noirs si des
dispositions draconiennes ne sont pas prises pour fluidifier la
circulation. Ali Lachehab risque par ailleurs de se faire beaucoup
d'ennemis parmi les maires d'alentours (dont le nôtre) car il
n'arrête pas de se démener pour rendre vivable sa circonscription
en aménageant les rues, en nettoyant l'environnement, bref, en
faisant le maire au lieu de faire l'intrigant. |
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Mercredi
7 Mai 2003: La mère de Mohamed Bouferkas (ex-femme de Ahmed Ben Lakhdar)
est morte. Nos sincères condoléances à Mohamed. Bacha a traité
Tahar de "suceur de sang". Tahar le boulanger d'El
Maasra à qui un épicier devait quelques millions de centimes n'a
pas trouvé meilleur moyen de recouvrer sa créance que celui de lui
prendre sa vieille Peugeot 204. Tahar s'est défendu d'être un
vampire en invoquant le fait qu'il a concédé à l'épicier un
complément confortable et qu'en conséquent il avait payé la
bagnole à un prix plus fort que celui qu'elle mérite. |
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Jeudi
8 Mai 2003: Il fait un temps paradoxal en cette journée patriotique. Aux grosses froidures matinales ont
succédé des bouffées de chaleur estivale qui ont laissé place
dans la soirée à un froid assez vif accompagnant une pluie
d'embruns. Ces retournements climatiques ont fait que l'on entend
tousser le village de Kadiria. |
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Vendredi
9 Mai 2003: Le temps est toujours à la grisaille en cette journée sainte.
L'adage du cru qui dit "ki yelh'gou el h'soum aglaa ksak
ou3oum" (quand arrivent les h'soum déshabille toi et nage)
pour faire écho au proverbe français qui affirme: "en avril
ne te découvre pas d'un fil, en mai fais ce qui te plait"...
est démenti de manière froide par le climat de ces derniers temps... à moins que nous ne soyons rentrés dans ces onze derniers
jours de froid qu'on appelle "h'dachiatt mayyou" (la "onzaine"
de mai) et qui, comme tout le monde le sait, est presque aussi
froide que "el ftira" de l'hiver. |
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Samedi
10 Mai 2003: Il fait toujours gris. L'acte de "bravoure" des
jeunes d'El maasra, faute d'avoir été "réprimé" à
temps a incité des jeunes de la cité Houria à en suivre
l'exemple. En début de soirée un semblant de dos d'âne a été
érigé sur la route... Si ce sont les petits ruisseaux qui font les
grandes rivières, ce sont aussi les actes anodins d'incivilité qui
font son lit à la grande anarchie... |
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Dimanche
11 Mai 2003: L'heure est aux pétards. Djebahia ressemble un peu à quelque
village du Far West durant une attaque de bandits. Ca tonne de
partout. Je ne sais quel négociant importateur de produits
pyrotechniques a eu l'idée d'associer le Mouloud Ennabawi à la
poudre, mais il a réussi à créer une tradition qui gagne en
intensité à chaque nouvelle année et à l'allure où ça va, nous
allons atteindre l'apothéose avec quelque bombinette atomique dans
quelques années. Aux petits pétards inoffensifs ont en effet
succédé de littérales grenades... Je doute fort que ce soit notre "ALERTE !!!!" qui ait
incité les responsables administratifs à réagir mais il faut tout
de même se féliciter de cette réaction; le problème de
construction sur le périmètre protégé de la source de Ben Haroun
aurait été résolu... les travaux auraient été arrêtés... Il
est certain que les dépenses engagées dans cette opération
perfide passeront par pertes et profits et que le ou les
responsables de ce gaspillage continuera (ont) à couler des jours
heureux dans les rouages de l'administration car si on devait
inquiéter les responsables pour l'infamie de leurs décisions, on
n'aurait plus de responsables... |
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Lundi
12 Mai 2003: journée réellement printanière. Les éclats des pétards se
font de plus en plus intenses en attendant le Mouloud. Cette culture
du baroud succède à celle de la solennité et de l'emphase
théâtrales avec lesquelles on célébrait pareilles fêtes. C'est
peut être un juste retour des choses; la canaille s'est
réappropriée ses fêtes usurpées par les dignitaires de tous
bords. Et la canaille préfère à la grandiloquence et au
cérémonial les éclats et l'anarchie... On a remarqué
aujourd'hui, à hauteur du cimetière de Sidi Boubekeur un mouvement
inhabituel le long de l'oléoduc. L'endroit est connu pour ses
fuites régulières à cause des mouvements de la terre argileuse.
Aux dernières nouvelles, les Ponts & Chaussées auraient
déposé plainte contre les jeunes d'El Maasra qui ont érigé des
dos d'ânes sur la route départementale 125 (voir chronique du
vendredi 25 avril 2003). |
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Mardi
13 Mai 2003: l'heure est au Mouloud Ennabawi. Les poulets se font massacrer
par milliers et les étals de feux d'artifices et de pétards
s'improvisent à tout coin de rue. |
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Mercredi
14 Mai 2003: la nuit a été riche en détonations. Les fêtards ont
continué à brûler leur argent durant toute la journée. Ce
défoulement aux pétards doit constituer un sujet très
intéressant pour les sociologues... J'ai appris l'hospitalisation
depuis hier soir de Essaid Guerrache... espérons qu'il se remettra
très vite. |
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Jeudi
15 Mai 2003: le printemps s'empresse de laisser place à l'été... les
herbes jaunissent sous les coups de soleil et les faucilles
s'aiguisent pour des fenaisons qui vont avoir bientôt raison de la
verdure. Les fèves se sont noircis le sourcil et ne se mangent plus
en gousses. Les premiers abricots encore timides font leur
apparition sur les étals et dans très peu de temps les figues
précoces leur disputeront les faveurs des bords de routes... |
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Vendredi
16 Mai 2003: Il y'a deux jours de ça, Fatah 24 qui rendait visite à
Hamouda El Bouchi en convalescence suite à une opération
chirurgicale s'est entendu dire avec inquiétude par ce dernier que
les nuées qui se formaient très loin à l'horizon présageaient
d'un orage très violent. "C'est mauvais, les orages de mai...
mauvais pour les arbres, mauvais pour les foins, mauvais pour les
blés" lui a t'il dit. Le temps était pourtant au beau fixe
mais ses palpitations internes ne peuvent être perçues que par des
gens comme Hamouda El Bouchi qui vit en symbiose avec la nature.
L'orage est arrivé aujourd'hui à 13 H 30... Un vent d'une rare
violence et une pluie diluvienne. Les rues du village se sont vite
transformées en torrents et les fidèles qui effectuaient la
prière du vendredi à ce moment là ont été importunés par le
bruit de la tempête, les blés et les foins n'ont pas pu résister
à la violence du vent et se sont couchés (voir
photo) et le courant électrique
a été interrompu . A 14 h 30 tout est rentré dans l'ordre mais
pour quelques heures seulement puisque le vent s'est levé à
nouveau aux environs de 18 h. Essaïd Guerrache est toujours en
observation à l'hôpital de Bouira. Son état n'inspire normalement
pas d'inquiétude. Il occupe la place 24-54 (voir
photo); il a trouvé ce numéro prédestiné puisqu'il est né
le 24 (12) 54... |
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Samedi
17 Mai 2003: Il fait toujours gris et frais et la vie s'est littéralement
arrêtée au village. Tandis que dans la commune mitoyenne d'Aomar
l'heure est aux aménagements urbains (depuis l'investiture d'Ali
Lachehab la ville s'embellit chaque matin un peu mieux), chez nous
c'est l'expectative. Aucun projet, aucune fébrilité... depuis plus
d'une année, ce sont les logements sociaux qui n'arrêtent pas de
se construire et la municipalité n'a pas trouvé mieux à faire que
de cloîtrer son siège derrière une clôture en barreaux qui
s'éternise et qui sera certainement aussi moche que le bâtis et
peut-être aussi les coeurs de ceux qui y officient. |
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Dimanche
18 Mai 2003: Après dissipation des brumes matinales, le Roi Soleil a
repris son éclatante traversée du ciel. L'effet des pluies
de mai est éphémère - "El Ardh taghleb essma'" disent
nos bonnes gens (la terre l'emporte sur le ciel) et ils ont raison !
les flaques d'eau qui se sont formées ont disparu comme par
enchantement et la terre pourtant copieusement arrosée depuis le
mois de janvier a bu les grosses ondées d'hier comme un faucheur du
"comité de gestion" sifflerait une Ben Haroun fraîche
entre deux coups de faux. Les villages des bords de la Route
Nationale, de Boumerdes à Bejaïa se sont inventés le prétexte
d'une visite présidentielle pour se faire beaux. On y repeint tout
! les trottoirs, les troncs des arbres, les façades donnant sur la
route principale, les garde-fous etc... Notre village quant à lui
est resté de marbre ou plutôt de boue. Situé en retrait de la
route nationale, il est certain que les autorités qui ont défini
l'itinéraire du Président l'en ont exclu de peur d'incommoder
l'illustre visiteur en lui faisant subir l'épreuve des nids de
poules qui jalonnent le chemin de wilaya 125. Le Président
gagnerait une extraordinaire popularité s'il s'avisait d'enjamber
le pont de Oued Djemaa (dont on a repeint en blanc cassé les
garde-fous) pour voir la réalité sans fards et sans vernis...
PS. Je remercie Moussa Djebri pour son message, Hassan Dahmani pour les très belles photos de Ain Cheriki qu'il m'a transmises et dont je ne peux malheureusement gratifier les visiteurs du site faute d'espace-mémoire... je signale à "faucon" que la photo promise ne m'est pas parvenue. Je remercie Chantal pour m'avoir appris canisses et minerve (on apprend à tout âge !) et pour sa prescription à distance qui m'a permis de tourner la tête pour regarder... les balcons ! ...
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Lundi
19 Mai 2003: Le printemps a repris tous ses droits, mais l'inexorable
avancée de l'été se fait chaque jour plus pressante; déjà les
champs d'orge commencent à se colorer en jaune et la terre se pèle
par larges plaques sous l'effet des faucilles. Le coquelicot
dépérit à vue d'oeil et les marguerites s'essaient à une
résistance pathétique. Saadi Boualem m'a dit que les figues
précoces (bakour) devraient être mures à partir de la fin
mai et cette année nous avons la promesse d'une récolte
exceptionnelle. Pour le reste c'est toujours le calme plat. |
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Mardi
20 Mai 2003: Le train a déraillé au niveau de la gare d'Aomar. Il est
resté immobilisé sur la voie ce qui a contraint les automobilistes
venant de Dra El Mizan ou sortant d'Aomar à faire de longs détours
pour rejoindre la RN5. Le passage à niveau a pu être dégagé mais
les habitants de "touahma" à Doumez n'ont pas eu
l'occasion d'entendre la musique du train qui passe et qui - dit on
- les faisait danser sur la terre battue... |
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Mercredi
21 Mai 2003: 20 h 30 - Très forte secousse tellurique à 19 h 45. De mémoire de
Djebahi on n'a jamais ressenti pareil séisme même le 10/10/1980.
Terribles scènes d'effroi... Pourtant, à première vue, il n'y a
aucun dégât humain ou matériel dans le village hormis
l'écroulement d'un pan de mur d'une vieille bâtisse. L'épicentre
du séisme se situerait à Thénia (Menerville) et sa force aurait
été de 5.2 sur l'échelle de Richter. Les premières nouvelles
officielles font état de 3 morts à Bab El Oued et 40 morts à
Rouiba... le séisme s'annonce vraiment meurtrier et les prochaines
heures montreront l'ampleur de la catastrophe. Demain on découvrira
certainement l'horreur. MINUIT: Nous n'arrêtons pas de
compter les répliques. Ca tangue très fort et à chaque fois c'est
accompagné de cris d'effroi des enfants et des femmes. On annonce 250 morts et
des milliers de blessés... les hôpitaux sont submergés... La
wilaya de Boumerdes semble très touchée. Je fais un tour jusqu'à
El Maasra ou les gens sont quittes pour un grosse frayeur. Je reçois KHOUAS
Belkacem qui s'inquiète pour ses filles qui sont à l'université mais nous ne pouvons
communiquer avec Boumerdes et Alger. Les spéculations vont bon train; on a
annoncé la destruction de la vieille mosquée de Chikh El Hammami
et du bâtiment carré situé à côté de la poste de Lakhdaria.
Ces nouvelles sont infirmées par des amis qui y résident. On
annonce aussi d'importantes chutes de pierres au niveau des gorges
de Lakhdaria. 1 H... Impossible de dormir. On attend tous une
sorte de "Big One". Les nouvelles de
Thénia, Réghaia, Boumerdes, Ain Taya et Rouiba sont inquiétantes. |
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Jeudi
22 Mai 2003: 6 H - J'ai eu beau essayer de me connecter hier pour
placer ma chronique afin de rassurer autant que faire se peut les
villageois de l'extérieur et nos ami(e)s qui n'ont que cette tribune pour moyen de
s'informer, rien n'y fit ! Internet était inaccessible. Il est 6
h... après une nuit très remuée, nous allons pouvoir faire le
bilan de ce séisme dévastateur. J'essaie de me connecter pour
transmettre ma chronique telle que je l'ai rédigée... J'espère
sans trop y croire qu'il n'y a pas eu d'évolution de la situation
vers plus de drames et de deuils... 7
H - Je viens d'effectuer un tour au village. Les bâtis se sont
très bien comportés. Au centre du village, à la SAS, à Zebboudj
Djemaa, à El Harka c'est le calme plat. Il y'a même un auto-constructeur qui se prépare à daller sa maison !... Ailleurs
et surtout à Boumerdès et ses environs le spectacle rapporté par
la télévision est hallucinant. Les élèves qui se préparent à
rentrer dans leurs classes sont agglutinés par petits groupes leurs
discussions se rapportent bien sûr à l'événement du jour. La
connexion à Internet est toujours impossible. 8
H 30 - Les élèves ont été renvoyés, l'idée de leur assurer
des cours sous les répliques du séisme était de toute façon une
idiotie. 19
H 30 J'ai fait un tour jusqu'à Bab Ezzouar et retour par Bordj El
Kiffan - Bordj El Bahri - Dergana - Rouiba - Reghaia - Boudouaou -
Corso - Boumerdes avec KHOUAS Belkacem ... J'ai
constaté de visu l'ampleur des dégâts. Des palais de rêve se
sont écroulés comme des châteaux de cartes; des bâtiments se
sont aplatis comme des mille-feuilles géants, écrasant sous le
poids des dalles les habitants. Partout c'est une image
d'apocalypse. Les répliques du séisme continuent. A 15
heures une très forte secousse a été ressentie; les commerçants
du marché couvert de Lakhdaria ont dû se précipiter vers la
sortie, laissant leurs étalages. Tout le monde attend la prochaine
réplique... Les spéculations autour de la destruction de la
mosquée de Cheikh el Hammami à Lakhdaria s'avèrent non fondées.
La mosquée n'a connu apparemment que la chute de quelques
tuiles. La connexion à Internet est toujours impossible. 21
H 30
- La fille de Amar Bouferkas (Amrouche) d'El Maasra est morte. La
nouvelle est tombée comme un couperet. On ne connaît pas encore la
cause de ce décès et s'il est lié au séisme. On apprend aussi le
décès d'un villageois en service commandé à Zemmouri, de sa femme
et de ses deux enfants dans l'effondrement de leur logement de
fonction à Zemmouri. L'information est toujours au conditionnel. Le
nombre de victimes du séisme dépasse le millier et on attend
toujours d'autres répliques; cette attente devient obsessionnelle,
la réplique est presque une libération; on souhaiterait
presque qu'elle se produise si on ne devait pas attendre celle
qui la suivrait... On a expliqué tout à l'heure les raisons de
l'impossibilité de la connexion à Internet et de l'arrêt des
communications avec l'étranger: le séisme aurait causé un
éboulement sous-marin qui aurait sectionné les câbles de fibre
optique reliant le pays à l'Europe. 23
H 30
- Merci à CHANTAL d'avoir tout fait pour téléphoner de France et
d'y avoir réussi pour se rassurer sur notre sort. |
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Vendredi
23 Mai 2003: 7
H - Nuit
calme. Je n'ai ressenti aucune réplique d'envergure mais on parle de deux
grosses secousses à 2 h puis à 4 h du matin. 12
H
- La fille de Amrouche qui est décédée habitait dans la banlieue
algéroise - précisément à KAHOUETT ECHCHERGUI près de DERGANA; elle aurait été blessée à la jambe par la chute d'un
pan de mur et serait morte à la suite d'une hémorragie interne non
détectée. Elle devrait être enterrée après la prière du
vendredi. On a appris aussi que deux petits fils de Belgacem Ahmed
ben Slimane auraient trouvé la mort des suites du séisme. 15
H.
La dépouille de la fille de Amrouche est transportée vers le
cimetière de Braika pour y être inhumée, elle est morte en
essayant de sauver un de ses enfants.
19 H 50
- Les corps des 4 membres de la famille du fils de Bouferkas
Mihoub (la femme et 3 enfants)sont ramenés de l'hôpital. La petite
famille a été décimée par le séisme à Corso où le père
officiait comme gendarme. Un cortège funèbre impressionnant les
accompagne vers le cimetière de Braika où ils vont reposer. Quatre
tombes sont creusées côte à côte. La consternation et la douleur
sont à leur comble. Le cortège funèbre revient à la nuit
tombée. On apprend que 6 membres de la famille d'un pompier du
village agricole El Madjen sont encore ensevelis sous les décombre
du bâtiment de Réghaia... certaines informations parlent de 11
personnes. La mort des petits enfants de Belgacem Ahmed Ben Slimane
est confirmée. Leur père est gendarme et habitait dans la zone qui
a subi de plein fouet le séisme. On apprend aussi que la famille de
Boumghar (originaire d'El Madjen) a été décimée à
Boumerdes ou elle résidait. Les marchands du désespoir
commencent à exploiter la catastrophe à des fins de
prosélytisme... Le séisme n'est plus une manifestation naturelle,
c'est surtout un châtiment divin contre la prévarication et les
turpitudes... Il faut se demander ce dont auraient pu se rendre
coupables les 7 innocentes victimes que le village a
enregistrées... Il est vrai qu'en culpabilisant le sort on
déculpabilise surtout tous les parvenus qui se sont lancés dans
une indécente concurrence à qui construira le palais le plus
opulent sans regard pour ses assises... Il est vrai qu'il est plus
facile de parler de morale que de normes antisismiques... Il est
vrai qu'en focalisant sur la responsabilité morale, on fera
diversion sur la responsabilité... administrative. Il est vrai que
les clergés, depuis la nuit des temps, font de la misère humaine
un moyen d'asseoir leur domination sur les esprits. |
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Samedi
24 Mai 2003: On dit qu'il y'eut deux répliques la nuit passée; la
première à 0 H 30 et la seconde à 4 H. J'avoue ne pas m'en être
rendu compte. Ali Lachehab maire d'Aomar a organisé un cortège de
solidarité avec les sinistrés comme l'a fait hier la commune de
Lakhdaria (ex Palestro); notre maire a récolté quelques vivres
qu'il a acheminés à l'aide d'un camion mais on n'y a ressenti
aucune spontanéité... Un groupe d'habitants s'est formé pas très
loin de la poste autour d'un jeune homme tenant une boite en
carton sur laquelle on pouvait lire en grosses lettres et au
stylo-bille en arabe dans le texte: "tadhamoun"
(solidarité). L'élan de générosité du peuple a toujours été
parasité par les opportunistes, les populistes, les
politicards et les faux dévots. On aurait gagné à voir la force
de la jeunesse de ce bon samaritain utilisée dans les opérations
de déblaiement et de secours aux sinistrés encore ensevelis sous
les tonnes de gravats. Le bilan du séisme a atteint les 1800
victimes; sa magnitude est passée à plus de 6 degrés sur
l'échelle de Richter et on parle d'un phénomène marin curieux qui
l'aurait accompagné. |
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Dimanche
25 Mai 2003: Les opérations de sauvetage continuent dans les zones
sinistrées sous la pestilentielle odeur des corps en
décomposition. Beaucoup de jeunes du village n'hésitent pas à
aller prêter main forte aux secouristes de Reghaia, Boumerdes ou
Zemmouri; ils en reviennent pleins d'images insoutenables. Les corps
des deux familles Mameche ensevelis sous le tristement célèbre
bâtiment de 10 étages de Reghaia ont été retirés. Un père
rescapé de la tragédie qui a décimé sa famille, n'a pas arrêté
de se féliciter, dans un état second, du fait que ses filles
n'aient pas été amochées. Les pères aiment voir leurs filles
belles même quand elles se font inviter par la faucheuse. A Dellys
la famille d'un enseignant de Zeboudja (originaire de Tazmalt)
composée de 4 membres a été elle aussi décimée, elle était
invitée à une fête. Une jeune fille de la famille DACI les avait
accompagnés, elle a trouvé la mort elle aussi et a été enterrée
aujourd'hui. Mais cette situation morbide a généré des images
autrement plus prometteuses et très poignantes: celles des convois
de la solidarité qui se distinguent par un drapeau algérien sur
les capots des véhicules. Ces convois n'arrêtent pas de se
succéder sur la route nationale 5, venant de toutes parts. Beaucoup
de Djébahis hors des circuits officiels ont organisé leurs propres
convois à l'instar de Nasser et de ses cousins et voisins qui ont
porté eau et vivres aux sinistrés de Zemmouri sur l'Isuzu bleu. La
spontanéité et l'anonymat dans lesquels agissent les gens
constituent peut-être le prélude à une autre culture, celle du
coeur et de l'humilité qui supplantera celle du "tebrih'",
du m'as-tu-vu et de la publicité qui a souvent caractérisé les
manifestations solidaristes... |
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Lundi
26 Mai 2003: Les convois de solidarité continuent à déferler sur les
régions sinistrées et j'ai même aperçu un camion partant de Ain
Lazerah... Cette ambiance de communion.... Il
est 21 H 22 et une forte réplique vient de se faire ressentir au
moment où j'écris cette chronique.... Je disais que
cette ambiance de communion populaire a été refroidie par le
communiqué des pouvoirs publics qui insistent pour que les dons
transitent par le Croissant Rouge Algérien. Cette contrainte
pourtant nécessaire pour rendre les aides plus efficientes risque
d'émousser l'enthousiasme populaire et ce sera dommage. En plus de
la réplique de tout à l'heure, il y'eut ce soir entre 17 h et 17 h
30 une sérieuse secousse... il faut espérer que la nature arrête
très vite ces jeux là car ça commence à devenir sérieusement
lassant... La vie devant continuer, les paysans se sont mis aux
fenaisons avec un bel entrain et la nature fait sa mue en se
débarrassant graduellement de son manteau vert pour revêtir un
autre manteau aux couleurs indéfinissables du foin. Les herbes qui
sèchent sous le soleil dégagent une prégnante odeur dont les
effluves enivrent ceux qui savent apprécier la tranquille poésie
qui se dégage de la campagne enfin libérée de sa longue
gestation. |
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Mardi
27 Mai 2003: Très forte secousse tellurique (5.8°) "résiduelle"
aux environs de 18 H. Un bruit sourd a accompagné les vibrations...
Des scènes d'hystérie et des familles qui fuient leurs maisons
pour s'installer dans les voitures car il fait un temps de chien:
froid et pluie comme si le séisme ne suffisait pas. Nous allons
encore passer une nuit d'angoisse... Demain il fera jour. |
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Mercredi
28 Mai 2003: Encore des répliques; la première à 7 H 58 a fait 5.2°; la
seconde à la mi-journée et la troisième en soirée... Beaucoup de
villageois jurent par tous les walis de la région et d'ailleurs que
la terre tremble sans discontinuer... Les débats s'orientent très
dangereusement vers une chasse aux sorcières... Les sorcières sont
en l'occurrence les entrepreneurs qui réaliseraient des
constructions sans respect des normes et en utilisant des matériaux
non conformes. Le paradoxe c'est que le procès est mené par
l'administration qui a en charge justement le contrôle de la bonne
exécution des travaux qu'elle confie à l'entrepreneur. Les boucs
émissaires sont désignés à la vindicte populaire sans avoir la
possibilité de se défendre. Faute de s'en prendre aux vrais
responsables, on montre du doigt des lampistes et c'est la
bureaucratie qui va sortir renforcée de ces procès car on
entrevoit déjà que pour pouvoir construire une cabane en rondins,
il nous faudra à l'avenir dépenser une forêt de papiers... Saadi
Boualem m'apprend que la femme à "Ruisseau" de Ben Haroun
est morte dès suite d'une longue maladie. |
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Jeudi
29 Mai 2003: 3 H 34 mn... Nous
venons d'être réveillés en sursaut pat une très forte secousse
à l'heure où le muezzin lance son appel à la prière... La
secousse s'est passée à 3 H 20 et a duré une éternité... Il n'y
a pas de mouvement de panique dans les bâtiments du CEM où
j'habite et pour cause ! Nous sommes pratiquement deux familles à
continuer à résider dans ces deux paquebots ivres... Nous
entendons des bruits diffus loin, du côté de la poste;
et par
intermittence des coqs qui se relaient en cocoricos... Je m'en
serais voulu si je n'avais pas fait ce flash et puis, c'est aussi
une manière de se libérer de son angoisse que de le faire... 17
H 30 mn... Aucune secousse n'a été perceptible depuis
celles de ce matin. Ce sursis est interprété presque comme un
calme qui précède la tempête. Les sismologues n'arrêtent pas de
rassurer la population par le biais de la radio et de la télé en
disant que les secousses résiduelles vont s'estomper graduellement
et que dans tous les cas, elles seront inférieures en intensité à
la secousse initiale; la population est tellement ébranlée que
tout à l'heure le passage d'un camion près de la "SAS" a
crée une indescriptible panique. 21
H 20 mn... L'énergie accumulée par la terre continue
à se dégonfler à coups de ruades. Le Big One n'a pas eu lieu et
depuis une heure nous eûmes droit à un léger ébrouement
qui a déchargé chez ceux qui l'ont ressenti le potentiel
d'angoisse accumulé depuis ce matin... |
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Vendredi
30 Mai 2003: 6 H ...
La nuit a été calme et aucun bercement de séisme n'est venu nous
rappeler la précarité de nos abris bétonnés. Les savants du CRAAG (un office qui porte bien son nom !) ont peut être raison
après tout. Le séisme n'est qu'un violent bouleversement naturel
et ses répliques ne sont que des tentatives de retour à la normale
et tout ça n'a rien à voir avec la colère de Dieu contre ses
frêles créatures. Ces deux conceptions qui s'opposent depuis que
le monde est monde continueront à s'affronter jusqu'à ce qu'il ne
soit plus car il y va de la survie des "clergés" qu'ils
soient "scientistes" ou "déistes". Le charme de
la vie est peut être au prix de ces impondérables et des
controverses qu'ils génèrent... 21 H... Rien ! Aucune secousse ! Paradoxalement la psychose augmente
plus qu'elle ne diminue; on espère presque que survienne la
secousse tant attendue afin qu'on soit libéré du poids de
l'attente. En dehors de ce paradoxe, le séisme a aussi crée une
autre curiosité: celle du retour de l'homme à sa hutte primitive.
Tout le monde ou presque s'est construit un abri léger en roseaux,
couvertures, toile plastique, bâche et a déserté ces demeures en
dur dont il tirait fierté et gloriole. La puissance de la nature a
rabaissé le caquet à l'homme qui s'est fait plein de modestie et
d'humilité. C'est d'ailleurs ainsi qu'il est plus sympathique car
l'arrogance le rend très laid. |
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Samedi
31 Mai 2003: 5 H 30 mn...
La secousse attendue n'a pas eu lieu et au fur et à mesure que la
périodicité des ébrouements augmente, la psychose s'estompe. Les
oiseaux de mauvaise augure qui prédisaient l'apocalypse n'ont pas
réussi à contredire les scientifiques dont l'argumentaire ne
repose pourtant que sur de simples statistiques. Ces faux dévots ne
vont pourtant pas en démordre... Ils semblent sadiquement nous
dire: "vous ne perdrez rien pour attendre !" et à la
prochaine catastrophe car il y'a toujours une prochaine catastrophe,
dans une heure, dans un jour, dans un an ou dans 10 ans, ils viendront nous dire en jubilant: "nous vous avions avertis
!"... |
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Dimanche
1er Juin 2003: 6 H 00
mn...
La nuit a été très calme; assez chaude aussi... C'est peut être
ce qui a incité bon nombre de gens à dormir dehors. Les
"bonnes" habitudes villageoises d'antan commencent à
reprendre leur droit après qu'elles aient été ébranlées par le
séisme qui a rappelé aux hommes leur fragilité, la vanité de
leur carapace protectrice et la probabilité d'une mort que
nombre de diversions matérielles leur ont fait oublier. La
sournoiserie, la cupidité, la médisance et nombre d'autres
naturels penchants villageois reprennent du service. Fort
heureusement d'ailleurs car que serait un villageois sans ses
"bonnes habitudes" ?... J'ai appris sur un autre registre
que le siège de la gendarmerie d'Aomar et l'école primaire de
"Brachma" ont été expertisés et déclarés trop
sérieusement touchés par le séisme . Si pour l'école on ne
perdrait pas grand-chose à la voir détruite pour être
reconstruite, il n'en est pas de même pour la Gendarmerie car c'est
une construction très ancienne et qui fait figure de relique
historique. Espérons que l'on trouvera le moyen de la remettre en
état sans lui ôter cette patine du temps qui en faisait avec la
gare les seuls agréments architecturaux donnant à la région cet
air de tranquillité provinciale. 21
h 30 mn... Le temps est à l'orage; le tonnerre vient ajouter sa joyeuse
note à une ambiance déjà très gaie... Le séisme a chassé
les gens vers l'extérieur et la pluie les refoule vers
l'intérieur; c'est à croire que les éléments se sont entendus
pour nous faire passer de sales quarts d'heures pour on ne sait quel
crime que nous aurions commis. |
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Lundi
2 Juin 2003: "En'sa el h'am yen'sak" (oublie le malheur, il
t'oublie) dit le bon mot de chez nous... Nous axerons notre
chronique d'aujourd'hui sur ce printemps qui fuit à grandes
enjambées poursuivi par un été encore timide mais très
entreprenant. Les épis d'orge se sont déjà dorés et le blé a vu
sa chevelure noircir. La campagne se pèle par grandes plaques et le
vert se fait discret devant un jaune arrogant. Un éleveur nomade a
déjà installé sa tente sous les oliviers qui bordent "trig
et_traverse" et un cultivateur de cucurbitacées a planté
melons et pastèques à R'Mada. Les femmes en chantiers
cueillent déjà le "mermez" et les feuilles des
figuiers se sont faites oreilles de boeufs... L'eau se perd
inutilement dans la conduite à El Maasra. Les jeunes de ce hameau
qui ont construit des ralentisseurs avec un bel enthousiasme (voir
chroniques précédentes et controverses générées sur le
forum)devraient montrer que leur sens de la responsabilité en est
vraiment un et arrêter d'eux-mêmes ou contraindre l'autorité
communale à arrêter cette gabegie et ce gaspillage indigne, d'une
denrée si nécessaire et si rare... |
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mardi
3 Juin 2003: L'été continue à repousser le printemps en s'aidant de tout
son arsenal de chaleur et de siroco. |
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Mercredi
4 Juin 2003: Les Djebahis comme tous les Algériens attendent avec
inquiétude de voir se réaliser les prédictions apocalyptiques du
nouveau prophète Loth... Bounatiro pour ses adeptes et même pour
les autres. Cet homme qui se dit "unique" expert en
plaques tectoniques a prédit ou prévu un très fort séisme durant
la matinée du samedi passé et un autre séisme pour cette nuit.
Même si le premier n'a pas eu lieu, les gens appréhendent le
second et ce soir tout le monde a garé son véhicule loin des
balcons et est allé dormir ailleurs que dans les bâtiments. |
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Jeudi
5 Juin 2003: Les prophéties de Loth ne se sont pas réalisées et c'est
tant mieux pour nous et tant pis pour lui. Mais comme nous sommes
des crédules incorrigibles, nous ne manquerons pas, malgré la
fantaisie évidente du prophète de malheur, durant la nuit du
12 au 13 (prédiction d'un séisme lothien) d'avoir un soupçon
d'appréhension qui, au fil du temps va se transformer en une
certitude qui nous poussera à chercher refuge hors de nos
refuges... Slimane
Derouaz est venu au village; je l'ai rencontré devant le siège de
la commune. En dépit de la fatigue il conserve le moral. La maison
qu'il a construite à Alger-Plage a tenu le coup et nous nous en
félicitons. Le temps est épouvantablement chaud depuis quelques
jours et les rares espaces verts s'estompent à vue d'oeil. |
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Vendredi
6 Juin 2003: Journée de pieuses incantations. Les mosquées affichent
complet depuis le 21 Mai et cette brusque fièvre religieuse
rappelle le bon mot du cru qui dit "ichahh'ad leilet
erra3da" (il fait sa profession de foi les nuits de tonnerre).
Il y'a beaucoup de choses à dire sur cette foi subséquente à la
peur et non à l'amour de Dieu... Il faut juste espérer que les
croyants garderont l'humanisme prôné par l'Islam même en dehors
des lieux de culte et surtout qu'ils n'aient pas l'idée simpliste
de mettre cette catastrophe sur le compte du maillon le plus faible
de la société, en l'occurrence: la femme qu'on assimile par un
raccourci trop réducteur à l'immoralité... |
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Samedi
7 Juin 2003: L'examen du bac a été sadiquement maintenu par Benbouzid à
cette date malgré l'immense désarroi des élèves. Personne ne
peut expliquer cette rigidité narguante de nos responsables pour des
questions qu'il est pourtant facile de régler par consensus et dans
lesquelles cet autoritarisme d'un autre âge paraît vraiment
déplacé... C'est donc avec la peur de voir le ciel leur tomber sur
la tête que les pauvres lycéens, abreuvés ces derniers jours de
discours religieux apocalyptiques, ont dû plancher sur l'économie
du Mexique ou l'histoire du non-alignement ou de je ne sais plus
quoi encore. Merci aux responsables et un sincère "merde"
aux candidats ! |
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Dimanche
8 Juin 2003: Deuxième journée d'un bac terriblement lourd. La chaleur se
fait de plus en plus suffocante et envoie sur les étals une
profusion de cerises, d'abricots et de pêches. Les premières
figues font aussi leur apparition. Les oisillons de la nouvelle
génération s'essaient laborieusement au vol. L'actualité
nationale reste dominée par la tectonique des plaques et le séisme
qui frappe le FLN dont les structures locales sont prises d'assaut
par des militants qui ne peuvent concevoir leur parti autrement que
ce qu'il doit être, c'est à dire un appendice du pouvoir quel
qu'en soient sa couleur et son programme. Les secousses résiduelles
risquent d'ébranler bien des certitudes et de remettre en cause
beaucoup d'idées trop vite faites... le "Qui t'a fait Roi
?" promet de nous donner des spectacles tragiquement hilarants. |
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Lundi
9 Juin 2003: Le bac continue cahin-caha. Le soleil se fait de plus en plus
brûlant et le farniente gagne progressivement les gens. Les
soirées s'étirent langoureusement sous les auvents des cafés. La
peur des répliques s'estompe graduellement et la brusque ferveur
religieuse qui contraignait les prosélytes à prier sur les
terre-plains faute de place sous les voûtes des mosquées se
refroidit à vue d'oeil. |
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photo prise ce soir à 18 h |
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Mardi
10 Juin 2003: Quatrième et dernière journée du bac. Les passions se
stabilisent après le séisme et ses répliques; les bonnes
habitudes paysannes reprennent graduellement leurs places.
L'humanisme débordant du lendemain de la catastrophe n'est plus
qu'un lointain souvenir. Les convois de solidarité ne font plus
d'embouteillage sur la RN5. La vie reprend ses droits perturbés par
l'incursion brutale de la mort. |
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Mercredi
11 Juin 2003: Rien à signaler... Le long fleuve tranquille de la vie
s'écoule dans l'indifférence et la monotonie. Le vent du sud s'en
vient calmer toute ardeur et estomper de ces hurlements tous les
autres cris et chuchotements. |
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Jeudi
11 Juin 2003: Le vent souffle toujours. Les rares espaces de fraîcheur sous
les arbres de la place publique sont occupés par des villageois
lascifs qui se déboutonnent les chemises et laissent leurs ventres
s'affaler devant eux en regardant passer de rares véhicules. Le
temps semble marquer une pause. PS. Je remercie Moussa Djebri pour avoir attiré mon attention sur
ce phénomène bizarre qui fait que le 11 juin se soit étalé du
mercredi au jeudi dans cette chronique. En ces temps de recherche effrénée
d'explications métaphysiques aux phénomènes physiques, il a eu
l'heureuse idée de prendre à contre-pied la nouvelle mode pour
expliquer ce phénomène para-physique par une théorie physique:
celle de la dilatation des corps... Je le rassure en lui promettant
de corriger cette grave atteinte au calendrier grégorien e
reprenant ma chronique le... vendredi 13 ! |
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Vendredi
13 Juin 2003: Vendredi 13... Il faut espérer que le seul malheur de la
journée s'arrête à cette chaleur étouffante qui s'est abattue
sur nous depuis les premières heures et que nous n'allons pas
encore subir la prophétie apocalyptique de Loth Bounatiro en cette
nuit de pleine lune. On ne va pas jouer aux martyrs devant la
canicule car elle a aussi du bon... Le bon c'est par exemple
l'accélération brusque du mûrissement des figues précoces (bakour),
des prunes, des pêches et surtout des abricots. Cette année tous
les fruits gorgés de pluie sont d'une profusion et d'un succulence
que nous avons rarement vues. Des pêches et des abricots de calibre
respectable entre 25 et 35 DA/kg... il y'a de quoi se faire
végétarien pour tout l'été ! |
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Samedi
14 Juin 2003: Loth
s'est encore trompé dans sa prédiction de l"échéance
fatale. Le Big One n'a pas eu lieu cette nuit et tant mieux pour
nous ! La nature reprend son exubérance et ce matin c'est un
concert de chants de moineaux qui nous est offert; des moineaux qui
apprennent les techniques du vol à leurs oisillons frileux sous le
regard aigu des chats qui accomplissent cruellement la tâche de
sélection naturelle dont ils ont la charge. Le séisme n'en finit
pas de se rappeler à notre bon souvenir. Après l'histoire des
camions de voleurs de sable engloutis à Cap Djinet, après la
montagne qui se serait écroulée entre Kadiria et Lakhdaria, après
l'hécatombe dont aurait été victime la gente piscivore, on
raconte qu'une faille digne du Grand Rift ou de celle de San
Andréas se serait ouverte du côté de Bouderbala... |
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Dimanche
15 Juin 2003: L'heure est au brevet d'enseignement moyen. L'épreuve
d'éducation religieuse sur laquelle ont planché les potaches
encore loin d'être adolescents avait pour sujet: le mariage, son
intérêt, ses bienfaits etc... Des adultes aigris par des années
de fade cohabitation et qui n'arrêtent pas de montrer à leurs
enfants-élèves que le mariage est synonyme de scènes et de
bouderies alternées leur imposent d'en dire le contraire et d'en
parler en bien... enfin ... |
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Lundi
16 Juin 2003: Deuxième
journée d'examen pour le passage au lycée. Les élèves du
villages subissent une double épreuve car, en plus des matières à
composition, ils doivent descendre par monts, par vaux et par...
fourgons jusqu'à Aomar-gare ou se situent les centres d'examen. Le
séisme s'éloigne de nos contrées puisqu'il a jeté son
dévolu sur Relizane qu'il a légèrement secouée. |
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Mardi
17 Juin 2003: Troisième et dernière journée d'examen du Brevet
d'Enseignement Moyen (dit Fondamental). Après l'histoire du mariage
et de ses bienfaits dans l'épreuve d'éducation religieuse, c'est
le tabac et ses méfaits que les élèves ont dû traiter dans
l'épreuve de français. La tentation moralisante des marchands
d'alphabet est devenue une seconde nature; l'école a presque
totalement oublié son rôle d'incitation à l'esthétisme, à la
tolérance, à la culture pour se faire maison de redressement pour
délinquants potentiels. A part ça, c'est le calme plat et
surtout... chaud ! |
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Mercredi
18 Juin 2003: Il a fait chaud et dans ces conditions climatiques, le village
n'a d'autre choix que celui de se mettre en totale léthargie
jusqu'aux premières fraîcheurs du soir. Le séisme qui a détruit
Zemmouri a fait plus de 300 sinistrés dans notre commune mais
paradoxalement aucun mort et aucun blessé parmi les résidents. Ces
sinistrés se sont en réalité faits sinistrés en lorgnant du
côté des logements en voie de finition. Il serait bon d'examiner
cette liste de malheureuses victimes du jeu de saute-mouton
qu'accomplissent les plaques tectoniques; on y découvrira à coup
sûr tous les squatters qui ne peuvent concevoir de laisser passer
un gâteau sans en arracher une bouchée depuis la ruée sur les
"biens-vacants" de 1962... |
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Jeudi
19 Juin 2003: L'anniversaire du "redressement révolutionnaire" de
1965 que la commune fêtait habituellement comme toutes les autres
fêtes par drapeaux et chants patriotiques de circonstance est
passé totalement inaperçu. L'actualité est dominée par l'annonce
de la mort de Mahfoud Nahnah à qui on peut reprocher une agression
lointaine contre des poteaux téléphoniques, son choix du costume
alpaga à la place de la a'baya ou son entrisme qui lui a fait
accepter les situations les plus équivoques... mais personne ne
pourra dénier au cheikh sa sagesse, sa modération, son
honnêteté, son humour et son charisme. Qu'il repose en paix. |
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Vendredi
20 Juin 2003: L'enterrement de Nahnah a drainé une foule à la mesure de son
charisme. La ferveur religieuse apparue aux lendemains du séisme ne
semble pas s'émousser et les mosquées ont toutes affiché complet
en cette pieuse journée... une pieuse journée qu'a choisie la
femme de "Boudraa" et mère de Athmane, Messaoud et
Mohamed Hamoudi pour tirer sa révérence à la vie. Depuis quelques
jours une folle rumeur alimente les ragots du village. On prétend
qu'une maison est hantée et on affirme que nombre de personnes y
ont vu un couple de vieillards avec des bras démesurés... D'aucuns
parlent de bébé moustachu (c'est vrai que le locataire des lieux
est une éminence du RND mais je doute qu'il y'ait une corrélation
entre les deux faits...). Le village qui a trouvé de quoi meubler
sa nonchalance n'y va pas de main morte et se raconte des tas
d'histoires sur ce "phénomène" que d'aucuns (qu'il ne
faut surtout pas écouter) expliquent tout simplement par un effet
d'optique d'un jeu de lumières d'un ventilateur combiné à une
veilleuse... |
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Samedi
21 Juin 2003: Le village a donné un nom au Djinn: "Merzouk". Deux
Imams auraient été appelés à la rescousse pour exorciser la
maison hantée. Les imams auraient rassuré les villageois en leur
disant que pareilles apparitions étaient tout à fait dans l'ordre
des choses après une catastrophe naturelle de l'ordre du séisme du
21 mai. Mais les histoires d'apparitions ne s'arrêtent plus au
djinn Merzouk... D'aucuns prétendent avoir vu une sorte de grand
oiseau blanc à tête de singe... C'est dire que l'affaire est grave
!!!! Les analystes un peu plus froids, tenant compte de certaines
échéances à court terme: libération de détenus célèbres et à
moyen terme: élections présidentielles, spéculent sur une
recrudescence attendue de ces phénomènes grâce à l'apport de
technologies rudimentaires sous d'autres cieux; des technologies
mises au service de certaines causes et qui pourraient nous
organiser des shows avec laser dans les nuages pour mieux nous
convaincre de craindre Dieu faute de nous inciter à L'aimer...
C'est presque de bonne guerre car "la guerre est
tromperie" (el Harb khidaa) et la politique est une guerre...
très souvent plus sale que les guerres conventionnelles. |
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Dimanche
22 Juin 2003: Comme les techniciens officiant dans la tectonique des plaques
au CRAAG, les préposés aux bulletins météo doivent avoir
reçu de quelqu'occulte officine des instructions pour diminuer le
degré de gravité des catastrophes naturelles qui nous tombent sur
la tête afin de ne pas nous alarmer. Ils ont annoncé pour
aujourd'hui 42° à l'ombre alors qu'il a dû faire pas moins de
80°... La peste est revenue "hécatomber" sa part
d'algériens. Elle s'est déclarée dans un douar de l'Oranie mais
comme nous sommes des colporteurs nés, gageons que nous saurons
très vite la transporter jusqu'aux fin fond des quartiers de Souk
Ahras. Aberkane, le ministre de la santé qui n'a pas du tout la
g... de l'emploi, toujours sournoisement conseillé par l'officine
de tout à l'heure s'est confondu en explications sur la "bégnignité"
de cette maladie et la facilité de son traitement depuis que Howard
Fleming s'est amusé à taquiner les mousses qui se sont déposées
sur ses carreaux. |
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Lundi
23 Juin 2003: C'est la pleine canicule. Ca tape si fort que ça a obligé les
abricots et les figues précoces à laisser place aux pastèques et
aux melons. Ca tape si fort que même le Djinn Merzouk ne fait plus
recette car les villageois ont d'autres préoccupations plus en
rapport avec ombre et fraîcheur qu'avec ésotérisme et
para-physique... |
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Mardi
24 Juin 2003: Le temps est toujours aussi excécrablement chaud. Le village
fourmille d'enfants tenant des bouteilles de limonade. Les
résultats de l'examen de 6e ont été annoncés et il n'y a rien de
meilleur à offrir aux voisins et aux proches qu'une limonade fraîche
pour leur signifier sa réussite. |
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Mercredi
25 Juin 2003: C'est toujours la canicule. On parle enfin de la réfection de
la route départementale 125 qui traverse le village et qui est
devenue littéralement impraticable du pont sur la RN 5 à "La
SAS"... De source éminemment municipale, on affirme qu'une
voie provisoire sera ouverte durant les travaux, elle passera sans
doute par ce qu'on nomme "Trig
Traverse" . Ce sera la fête pour les rotules
et les amortisseurs de nos tacots ! |
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Jeudi
26 Juin 2003: Une vieille dame est morte à la cité. prénommée Aicha el M'dell'la,
elle occupait une place dans le folklore du village. C'est l'épouse
de Alliouat Ettouil. Qu'elle repose
en paix. C'est encore une journée de grosse chaleur que nous avons
subie. Les moissons battent leur plein et les champs sont parsemés
de bottes de paille. Dans quelques jours il ne restera de la verdure
que les îlots de menthe sauvage et de "nettayna". El
Madjen qui a conservé une bonne quantité d'eau détonne par ses
couleurs sur l'uniformité ambiante. Une randonnée pédestre sur
les lieux est une véritable cure contre le stress. Des jonquilles
et autres herbes aquatiques y ont poussé et ont permis à une
multitude de reinettes d'y faire la fête et les casse-croûtes à
toute heure aux cigognes retardataires. Plus loin vers le village
agricole, des nappes de "fliou" d'un vert agressif noient
la nature dans leurs effluves... |
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Vendredi
27 Juin 2003: La tension est perceptible... Les résultats du BEM et du BAC
devraient être annoncés officiellement demain. En fin de soirée
ceux du BEM étaient largement connus, moyenne générale à l'appui
grâce à l'indiscrétion de certains enseignants. On mesure comme
chaque année la cruauté de ces verdicts en voyant la prostration
ou la volubilité exagérée des élèves. L'examen n'est plus une
affaire personnelle. A 19 h 30 le courant électrique n'a pas
trouvé mieux que de jouer les filles de l'air sans aucune raison
apparente. Il n'a été rétabli que très tard dans la nuit ce qui
nous a valu un dîner aux chandelles. |
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Samedi
28 Juin 2003: Les résultats du BEM ont été affichés; ceux du BAC
devraient l'être ce soir ou demain. Le site web de l'office
du bac est inaccessible. Les engins ont commencé les gros
travaux de préparation sur les tronçons les plus dégradés du CW
125. Il faut espérer que la réfection de la route ne se fera pas
comme d'habitude par simple badigeonnage de goudron. Il fait
toujours très chaud et ce soir une violente bourrasque a déréglé
les antennes paraboliques et fait voler les sachets en plastique qui
parsèment notre espace malgré l'opération de ramassage qui a
été lancée par les pouvoirs publics à grand renfort de
publicité pour la frime. |
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Dimanche
29 Juin 2003: Le ridicule tue ! Celui de l'Office National des Examens et
Concours (ONEC) est assassin. L'annonce des résultats du
bac est en effet reportée de 2 h en 2 h avec une sadique
délectation depuis 17 h par les webmasters du site dudit office. Ces gens
là ignoreraient-ils l'immense pression qui pèse sur les pauvres
candidats ? Pour éviter cette épreuve, ils auraient pu "pessimiser"
à l'extrême le moment de la diffusion des résultats au lieu de
promettre et de se dédire d'heure en heure... Pouah ! Le soleil
aussi devrait tuer s'il persistait dans son incandescence... Les
engins qui se sont faits voir hier, décapant avec un bel entrain le
macadam du CW 125 sont repartis d'où ils ne sont pas venus après
avoir dégradé un peu plus la route. Ils devraient avoir été
réquisitionnés pour des travaux plus urgents car situés sur des
itinéraires que devraient fréquenter des légumes autrement plus
importants que nous autres cornichons... |
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Lundi
30 Juin 2003: Les résultats du bac sont enfin connus. De la limonade va
encore couler à flots; des larmes aussi. Il a encore fait très
chaud. Les moissons vont bon train et les bottes de paille
parsèment les champs. Les engins qui devaient nous rendre la route
praticable ne sont pas revenus. Le tronçon qu'ils ont pelé se
transformera en ravin qui finira par avoir raison définitivement de
cette voie si par malheur la pluie s'amusait à tomber... |
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Mardi
1er Juillet 2003: Un incendie s'est déclaré à 10 H dans le champ qui fait face
au cimetière chrétien; des bottes de paille ont brûlé avec les
chaumes. Des incendies de ce genre pourraient être évités si les
paysans des EAC prenaient la peine de débroussailler les bordures
de la route dans lesquelles les herbes font des haies que le moindre
mégot peut transformer en torches. L'incendie a failli détruire
les pins rescapés des multiples agressions et qui agrémentent
l'entrée ouest du village. On parle de la perte de 400 bottes...
C'est désolant quand on sait les efforts consentis pour labourer,
semer, herser, moissonner, botteler pour que tout parte en fumée.
C'est encore plus désolant peut être de savoir le nombre d'êtres
vivants qui périssent par m2 de brûlis... Des engins mobilisés
pour refaire la route, nous n'avons aperçu qu'un rouleau
compresseur ahanant sur le tronçon décapé; si ça continue avec
cette allure, la route sera remise en état dans 10 ans. |
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Mercredi
2 Juillet 2003: La saison festive a commencé. En traversant les rues du
village, on entend dans chaque quartier youyous et chants de
femmes. L'été promet d'être chaud et ce n'est pas le séisme ou
la peste bubonique qui vont refroidir l'ardeur des fêtards. Le CW
125 attend toujours les épandeuses de goudron. Politiquement, on
entend des bruits diffus et des chuchotements trop intenses pour
être discrets. La libération aujourd'hui des détenus islamistes,
la crise entre le Président et son Premier Ministre, les prochaines
échéances électorales nationales éperonnent les tendances et les
pulsions des villageois à l'intrigue, à l'espionite et à cet
activisme sournois et obsessionnel qui permet aux autres de se faire
une notoriété et parfois une place au soleil mais qui n'a jamais
cultivé le nom du village ou aidé à le sortir de son
obscurité. |
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Jeudi
3 Juillet
2003: Jour de marché au village. Rien de particulier ne vient
perturber la caniculaire quiétude. Les ombrages de la place
accueillent des villageois lascifs. Le village commencent à se
draper sans grande conviction aux couleurs nationales en prévision
du 5 juillet. |
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Vendredi
4 Juillet
2003: Les fêtes imposent leur ambiance au village. Les cortèges
nuptiaux étalent la luxure des carrosses et le vacarme des klaxons.
Les femmes youyoutent à perte de cordes vocales et les hommes se
donnent des airs de fêtes pour cacher le désarroi de leurs
porte-monnaie... Aux drapeaux qui pavoisent les rues s'est ajouté
le grincement des hauts parleurs débitant des chants patriotiques
usés à force de se faire diffuser... |
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Samedi
5 Juillet
2003: La fête nationale se laisse célébrer avec le rituel éculé
des gâteaux et des limonades sous la cadence des anachids. La
mairie trouve comme d'habitude un plaisir sadique à faire de cette
fête celle des Moudjahidines seulement, administrant un grave désaveu
au slogan écrit sur son fronton et qui lie intimement la
Révolution au peuple tout entier. |
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Dimanche
6 Juillet
2003: C'est la reprise après un long week-end. Le temps est toujours
à la canicule. Le CW 125 continue à attendre le retour des engins
qui l'ont cruellement écorché puis l'ont laissé passer sa colère
sur les suspensions des véhicules. |
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Lundi
7 Juillet
2003: Jour de marché à Brachma (L'embranchement). Il fait toujours
chaud et les engins sont revenus dépecer la route départementale.
Les travaux agricoles touchent à leur fin et les bottes qui
agrémentaient le paysage ont été enlevées pour laisser place à
des déserts de chaume que les moutons des nomades vont bientôt
transformer en terre battue. |
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Mardi
8 Juillet
2003: Les travaux de réparation de la route qui mène au village
prennent une cadence plus honorable. Aujourd'hui des grands moyens
ont été mobilisés et la route a été décapée sur près de 500
m. Espérons que cette cadence sera maintenue pour nous
libérer aussi vite que possible de cette épreuve quotidienne
de traversée de cette sorte de hamada... |
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Mercredi
9 Juillet
2003: Les travaux de décapage continuent sur le CW 125... Pour le
reste, c'est le calme qui va précéder les fêtes de demain. |
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Jeudi
10 Juillet
2003: Les fêtes succèdent aux fêtes; les cortèges nuptiaux n'ont
pas arrêté d'aller et venir. D'habitude, les voitures se font
fleurir à Lakhdaria mais le nombre de carrosses à mariées a tellement augmenté que deux fleuristes ont dû s'installer à
Brachma (l'embranchement). La curieuse trouvaille qui consiste à
immortaliser la fête en filmant les voitures qui forment le
cortège est devenue une habitude chez nous aussi. |
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Vendredi
11 Juillet
2003: Journée pieuse et festive. Il fait toujours chaud et
malgré les nouvelles très peu reluisantes qui viennent d'ailleurs,
les villageois continuent leur partie de dominos que rien ne pourra
interrompre. |
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Samedi
12 Juillet 2003:
Les
décapeurs de macadam ont traité aujourd'hui une centaine de
mètres du côté de Z'Babedj El Metrouk. S'ils continuent à
travailler à cette cadence, notre route départementale sera
inaugurée avec le métro d'Alger. Il a fait excessivement chaud et
les journaux n'arrêtent pas de tirer des sonnettes d'alarme... la
surenchère doit représenter le seul moyen de doper le lectorat et
on n'hésite plus à faire dans le catastrophisme majeur...
L'épidémie de peste a déjà décimé des forêts (pour les
besoins en papier) mais elle n'a tué qu'un pauvre enfant. Le typhus
de Chlef n'est peut qu'un ictère puisqu'il n'a pas fait de feux...
On parle aujourd'hui de la menace des criquets (on se demande ce
qu'ils trouveront de vert à se mettre entre les mandibules) et
d'une invasion de mygales "tarentulesques" car hautement
venimeuses mais qui n'ont encore empoisonné personne. On fait les
choux gras au sujet des épidémies estivales de conjonctivite et on
redécouvre avec effroi la gale... La fébrilité du corps social
n'est certainement pas conséquente aux maladies autant qu'elle est
le résultat de conditionnements qui n'osent pas dire leurs noms en
prévision des prochaines échéances électorales. Le ridicule a
poussé certains, trop pressés de régler des comptes en latence à
imputer la peste et le séisme à un animal politique plutôt qu' au
bacille de Yersin et à la tectonique des plaques... Tu as bien
raison Fatah
24 ! |
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Dimanche
13 Juillet 2003:
Rien à signaler hormis la canicule et la route départementale 125
qui comme un long serpent gris n'arrête pas de faire sa mue... |
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Lundi
14 Juillet 2003:
Journée chaude et humide. Dans l'après midi le sirocco est venu
ajouter une note de gaieté à une atmosphère déjà très gaie. |
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Mardi
15 Juillet 2003:
Journée particulièrement chaude. Le ciel est obscurci par des
nuées poussiéreuses ramenées par le sirocco et la Sonelgaz n'a
pas mieux trouvé à faire que de priver de jus toute la région d'Aomar,
de 10 h à 14 h. Le marché de voitures de Brachma n'a pas pu
résister à la canicule au delà de 10 H. |
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Mercredi
16 Juillet 2003:
Le temps est ocre de suspensions sableuses.
Quelques gouttes de boue sont tombées et ont moucheté les
voitures. Les travaux de remise en état de la départementale 125
ont fait une victime de poids et de... taille ! Il s'agit d'une des
quatre "danioz" témoins depuis des lustres du transit des
véhicules juste après le dernier virage en contrebas du village.
Tout se ligue contre ces reliques d'un autre temps et dont je n'ai
vu de pareil qu'en bordure de route à Oued Djenane entre Sour el
Ghozlane et sidi Aissa. Ces arbres trapus et qui donnent des billes
comestibles vont finir par disparaître totalement de notre paysage.
Qui s'en souciera ?... La nuit un vent d'une extrême violence a
soufflé. |
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Jeudi
17 Juillet 2003:
L'heure est
à la fête. Les voitures fleuries n'arrêtent pas de monter et
descendre la route départementale 125 qui n'est plus qu'une grosse
piste défoncée. Le temps est à l'orage, mais un orage qui trouve
un malin plaisir à venir gronder sur nos têtes pour aller
déverser ailleurs le trop plein de ses bas nuages noirs. |
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Vendredi
18 Juillet 2003:
Le climat se fait un peu plus clément mais
sans pour autant influer sur la léthargie villageoise. Les
veillées d'hier ont incité les gens à se laisser aller au
farniente. La prière du vendredi draine peut être un peu moins de
monde vers les mosquées que les jours qui ont suivi le séisme mais
c'est tout de même une affluence exceptionnelle. |
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Samedi
19 Juillet 2003:
13 H... Un orage
a éclaté cette nuit mais au petit jour il n'y avait pas trace de
la pluie. La grosse chaleur est revenue. Les bulldozers aussi... Ils
ont arraché deux autres "danioz"... Il ne reste plus de
cette espèce qu'un spécimen qui va infailliblement connaître le
sort de ses semblables. Ca ne va certainement pas bouleverser
l'équilibre écologique de la commune mais c'est quand même triste
de voir disparaître une espèce dans l'indifférence citoyenne... |
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Dimanche
20 Juillet 2003:
C'est l'enfer... A croire que le soleil veut
carboniser la terre. Et pour parfaire son sadisme, la nature nous a
envoyé un cruel sirocco aux lacérantes lanières en début de
soirée. Heureux sont ceux qui ont disposé de terrasses pour cette
nuit car ceux qui ont dormi entre quatre murs ont eu un avant-goût
de l'enfer. |
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Lundi
21 Juillet 2003:
C'est toujours l'enfer. Dans pareilles
conditions tout s'arrête. L'actualité est donc au point mort et
seuls les échos des présidentielles à venir nous parviennent. La
campagne est bel et bien lancée et la presse sans aucune retenue
commence à vomir ses ragots et à déballer ses sales histoires.
Cette descente vers les abysses de l'immonde va continuer dans sa
surenchère jusqu'à nous convaincre que ce pays est un vaste tas
d'immondices où grouillent rats, taupes, puces et cafards... pouah
! |
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Mardi
22 Juillet 2003:
La canicule continue à sévir. Les décapeurs
de route ont entamé le tronçon qui se situe juste après le pont
sur l'oued Djemaa. Pour le reste, c'est toujours la campagne pour
les présidentielles et les linges sales qu'on déballe sans aucune
retenue. Cette manière de tirer sur l'autre au moment propice
ressemble à un chantage abject mais le reproche ne doit pas autant
s'adresser aux snippers qu'à ces messieurs-dames qui se croient
imbus d'une sorte de mission divine pour nous régenter et qui
oublient que le passé est un boomerang et que le crime ne paie
jamais... |
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Mercredi
23 Juillet 2003:
Le village prend quelques couleurs avec
l'arrivée des émigrés. Le soleil continue à taper très dur. Les
villageois commentent l'air grave la mort des deux fils de Saddam et
la brutalité avec laquelle s'est déroulée l'opération. La route
départementale n'en finit pas de se faire dénuder. L'immense pont
de la nouvelle autoroute et qui traverse Oued Djellada est en
voie de finition. Cet ouvrage colossal détonne avec la modestie et
le calme d'El Khaloua et on s'étonne que l'on puisse mobiliser
toute cette débauche d'énergie pour mater un si petit
ruisseau... |
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Jeudi
24 Juillet 2003:
Léger, très léger rafraîchissement de
l'atmosphère. Il était temps. Le week-end s'annonce encore une
fois festif... Des circoncisions, des mariages, des fiançailles...
la fête qui a littéralement déserté le village durant une
douzaine d'années reprend ses droits. Après Merzoug le génie
loufoque, c'est une autre sensation forte qu'on a créée cette
fois-ci à Brachma; il s'agit d'un serpent, une sorte d'anaconda qui
ferait selon les versions, de 6 à 18 m !!!! Il aurait été aperçu
du coté de la Briqueterie et aurait dévoré un mouton; les
militaires auraient été chargés de lui tendre une embuscade et
certains disent qu'il aurait été tué mais le secret défense n'a
pas permis de vérifier cette information. Les spéculations se sont
estompées en attendant une autre sensation forte... |
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Vendredi
25 Juillet 2003:
C'est toujours le calme plat. Le village vit
sa léthargie estivale. |
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Samedi
26 Juillet 2003:
Chaleur et poussières se liguent contre les
villageois pour ce début de semaine. Après l'accalmie qui a
succédé au séisme du 21 mai, la frénésie "constructionniste"
reprend tout le monde. Les chantiers redémarrent dans les
lotissements et sur les espaces squattés avec la complaisance des
élus locaux et des responsables administratifs. C'est avec une
célérité remarquable (moins de 5 jours) qu'une habitation a été
construite et habitée à la cité lépreuse de l'entrée du village
et qui aurait dû être détruite au moins cinq fois... |
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Dimanche
27 Juillet 2003:
Les premières figues de barbarie sont
arrivées. Quant aux figues tout court, il faut patienter selon
Saadi Boualem jusqu'au 5 août. Les fortes chaleurs, le sirocco et
les vents de sable de ces derniers jours auraient porté un coup
sévère aux figueraies et c'est bien dommage car l'hiver qui fut
généreusement arrosé laissait présager d'une récolte
exceptionnelle. La campagne pour les présidentielles continue à
déverser ses fiels et au nom d'un démocratisme débridé, ce sont
les tenants du républicanisme qui ne répugnent plus à désigner
des coupables pour ensuite les mettre au défi d'apporter les
preuves de leur innocence... C'est vrai que nombre de cibles des
médias méritent ces bains de boue qui leur rabaisseront le caquet
et leur feront perdre de leur superbe et de leur narguante
arrogance... |
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Lundi
28 Juillet 2003:
Cela fait un mois que les travaux de refection
du CW 125 ont commencé... Un mois pour décaper deux kilomètres de
goudron... moins de 70 m par jour... En d'autres lieux ce tronçon
aurait été expédié en une nuit. Mais on se rassurera en se
disant qu'il y'a pire et on continuera à supporter la caillasse et
les poussières de la route devenue piste. |
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Mardi
29 Juillet 2003:
Les émigrés sont arrivés en masse. En
soirée j'ai rencontré Brahim Sahnoune que j'ai connu grâce à ce
site et avec lequel je suis resté jusqu'à une heure tardive à
siroter des Ben Haroun fraîches au café de la place. Suite au
renversement d'un fourgon à hauteur de Sidi Athmane, la route
nationale 5 a connu une journée noire. Le bouchon qui a commencé
à se former à 7 H ne s'est délité qu'à 14 H. |
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Mercredi
30 Juillet 2003:
Des camions
ont déchargé des tas de graviers sur les bas-cotés de la
départementale 125 mais les engins décapeurs ont quitté les lieux
en laissant tout un tronçon avec son macadam totalement dégradé. |
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Jeudi
31 Juillet 2003:
La départementale 125 a connu ce matin un
accident qui aurait pu être grave. Un automobiliste de Harchaoua a
dérapé et s'est retrouvé dans le décor à plus de 50 m en
contrebas du talus, à hauteur des derniers eucalyptus avant le
pont. Le conducteur aurait été blessé et évacué vers l'hôpital
de Lakhdaria. La journée a été caractérisée comme tous les
week-ends de l'été par les fêtes: mariage du fils de Senouci
Mohamed, circoncision d'Ahmed le benjamin des héritiers de Fatah
24... Un incendie s'est déclaré à 13 H juste au point de jonction
de la départementale 125 et de la route de Harchaoua. Le feu s'est
propagé dans les chaumes et a failli atteindre les oliviers. |
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Vendredi
1er Août 2003:
Le temps s'est agréablement raffraichi.
L'ambiance est toujours à la fête. Les imbécillités que se
jouent les hauts dignitaires du pays en prévision des
présidentielles de 2004 n'ont pas encore contaminé les zélés
fans des partis au village mais ça ne saurait tarder et il y'a
risque de dérapages loufoques s'ils ne devaient pas déboucher sur
quelque tragédie... |
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Samedi
2 Août 2003:
La
fraîcheur s'accentue. Une bise revigorante nous arrive de la mer.
Les travaux de réfection de la route se poursuivent et depuis deux
ou trois jours une pelle creuse un fossé sur le talus de la route
en commençant à la sortie du pont. Ce sont les PTT qui
concrétisent leur vieille idée de nous raccorder au réseau
téléphonique par la voie souterraine. Personne ne devrait trouver
à redire sauf peut-être les hirondelles qui avaient l'habitude de
tenir des conciliabules sur les fils et les chasseurs qui faisaient
des cartons sur les tourterelles qui s'y perchaient... C'est vrai
qu'un réseau souterrain est plus efficace; mais c'est tout un
folklore qui se perd avec la disparition de ces poteaux en bois,
plantés aléatoirement et sans respect pour leur perpendicularité
et de ces fils qui touchaient terre parfois... Mais on n'arrête pas
l'progrès... |
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Dimanche
3 Août 2003:
C'est un
jour sans relief; de ceux qui passent subrepticement pour nous
envoyer en souplesse d'hier à demain. On affirme qu'un des
conseillers du maire a convolé en secondes noces... Il faut croire
que le mandat électoral incite à la polygamie puisque nombre
d'élus ont sauté allègrement sur l'occasion pour se donner une
seconde épouse... |
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Lundi
4 Août 2003:
Le temps est chaud mais le frais "bahri"
qui joue avec les feuilles des arbres et fait s'envoler quelques
poussières sur la route en construction rend la journée agréable.
Ce sont ces ambiances qui vous incitent à prendre une natte et une
jarre d'eau fraîche et à vous étendre à l'ombre du premier
olivier venu. A 15 h, un opposant notoire au maire et à l'exécutif
communal a rapporté en jubilant la nouvelle d'un accident de la
circulation dont auraient été victimes ou se seraient rendus
coupables les conseillers municipaux. Les spéculations sont allés
bon train sur les causes de cet accident et ses effets.
Jusqu'à 21 H 30 le village a continué à vaquer à ses
soirées estivales et aucun écho du présumé accident n'est venu
troubler sa quiétude. |
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Mardi
5 Août 2003:
Les jubilations indécentes de ceux qui
espéraient voir l'exécutif communal périr dans l'accident d'hier
se sont transformées en déception... l'exécutif est sain et sauf
et il continuera à sévir; l'accident n'aurait fait que quelques
dégâts matériels qui restent négligeables en comparaison avec
l'importance des dégâts occasionnés aux biens publics par la
"grâce" de l'incompétence et des impérities des élus,
de l'administration et du bon peuple... Les travaux de réfection de
la route ont abordé une autre étape: celle de l'épandage des
granulats. La pelle qui creusait le fossé devant recevoir le câble
téléphonique devrait être en panne ou mobilisée ailleurs puisque
cela fait deux ou trois jours qu'on ne l'a plus revue. |
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Mercredi
6 Août 2003:
Le rythme des fêtes s'accélère... Tous les
quartiers vivent au son du t'bal ou des derniers tubes raï de
l'été. |
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Jeudi
7 Août 2003:
L'heure est toujours à la fête; sans
exagérer, on peut affirmer que pas moins de 10 unions se sont
concrétisées aujourd'hui et que pas moins de 20 moutons se sont
faits égorger pour sceller dans le sang ces unions; sans compter le
nombre de gamins qu'on a débarrassés de leurs encombrants
prépuces dans des cérémonies où couscous, viande de mouton et
limonades ont été servis à tour de bras... Dire que certains
convives se font inviter à plus de la moitié des fêtes et qu'ils
honorent leurs tables avec un bel entrain !... |
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Vendredi
8 Août 2003:
Le temps est chaud et humide. En soirée de
gros nuages noirs ont obscurci l'horizon et un orage s'est mis à
aboyer au loin comme un chien de nomades. Il s'est rapproché en
roulant ses menaces puis s'est éloigné sans y donner suite,
chassé par un sirocco encore plus enragé et le village qui
aurait aimé rester sur Charybde a dû se résigner à supporter
Scylla... |
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Samedi
9 Août 2003:
Début de semaine laborieux pour ceux qui
n'ont pas la chance de se permettre des vacances. Le village
continue à s'assoupir sous la torpeur estivale. Signe que le climat
s'est très sérieusement chamboulé: les cigognes n'ont pas encore
décidé de partir et semblent s'installer pour de bon chez nous...
Pourquoi devraient-elles migrer si c'est pour retrouver une
Allemagne qui n'a rien à envier au Sahara. Il est peut-être
intéressant d'étudier de près cette histoire de cigognes
(et d'autres oiseaux migrateurs) qui ont dérogé à l'appel
au retour; cela pourrait renseigner sur ce que nous réserve le
climat. Un autre phénomène aurait été constaté cette année,
c'est l'insignifiance de la récolte de miel. Le printemps fut
pourtant superbe... d'aucuns mettent cette catastrophe sur le compte
du stress qui aurait frappé les abeilles suite au séisme du 21
mai. On affirme que dans pareil cas, les abeilles rechignent à
aller butiner, sont frappées de prostration et se nourrissent de
leur propres réserves de miel... Les incrédules diront que cette
histoire est un coup fourré des apiculteurs pour pouvoir mieux
spéculer sur leurs stocks de miel et ils ont peut-être raison
puisque le prix du kg flirte avec les 2500 DA !!! |
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Dimanche
10 Août 2003:
Le temps s'est sensiblement rafraîchi; il est
même tombé quelques gouttes de pluie dans l'après-midi, ce qui a
eu pour effet de réduire les poussières que dégagent les
véhicules et les engins des chantiers de l'autoroute et de la route
départementale. La rumeur villageoise parle avec insistance d'une
visite du Président de la République dans les prochains jours et
les pleureuses professionnelles préparent déjà les doléances à
lui soumettre... Il faut espérer qu'avant de venir, notre
Président visite le présent site pour s'imprégner d'une réalité
que nous avons voulu sans fards au lieu d'écouter les rapports
édulcorés des responsables administratifs et des élus... |
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Lundi
11 Août 2003:
Le marché hebdomadaire de "Brachma"
fait toujours le plein. L'heure est aux pastèques et aux melons
dont la récolte a été exceptionnelle. Il a légérement plu en
soirée mais l'été est toujours là. Les travaux de remise en
état de la départementale 125 risquent de se prolonger
indéfiniment car les PTT creusent sur le talus le fossé qui doit
recevoir leur câble et à l'allure où travaille leur pelle, il
n'est pas certain qu'elle finisse avant le printemps prochain. Tout
le monde s'étonne par ailleurs du choix du tracé qui suit les
méandres du CW 125 sur 5 km au lieu de prendre le raccourci par
"trig traverse" sur moins d'1 km... mais les PTT ont des
raisons que la raison du commun des villageois ignore... A minuit
une alerte à l'incursion terroriste a été lancée par l'école
primaire; le village s'est tout de suite vidé de tous ses
noctambules et une patrouille de l'armée s'est déplacée sur les
lieux mais aucun coup de feu n'a été entendu... C'est ce jour de
marché que Tahar Adjou a choisi pour faire la fête à son
fils. Ce fut une fête réussie. Nous félicitons le petit
Khaled et ne lui souhaitons même pas prompt rétablissement
puisqu'il s'est déjà rétabli... |
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Mardi
12 Août 2003:
Un accident de la circulation du côté de
Boulerbah a causé un énorme bouchon sur la RN5 et beaucoup
d'automobilistes ont préféré la poussière et les cahots de la
route départementale à l'attente de la reprise du trafic sur la
Route nationale. Le village a donc connu une matinée très animée. |
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Mercredi
13 Août 2003:
Le village vit dans l'indifférence le
spectacle que se donnent nos fondés de pouvoir par presse
interposée. La fronde anti-Benflis ou pro-Boutef qui doit
connaître demain son point culminant avec la confrontation sur la
place d'Alger laisse de marbre les Djébahis concentrés sur les
fêtes et la perspective de bon couscous aux raisins et à la viande
de mouton. Le deuxième minaret de la mosquée se construit
doucement mais sûrement; le fossé appelé à recevoir le câble
téléphonique a déjà fait presque 1 km; la grande rigolade c'est
quand il atteindre les tronçons de la départementale qui sont
prêts à recevoir le macadam car au vu de la manière dont il est
creusé, on sera obligé de refaire la moitié du boulot... à moins
qu'on ne décidât de l'éloigner du bord de la route. A El M'rakba
qui a connu l'année passée un spectaculaire glissement de terrain,
trois bulldozers sont à pied d'oeuvre; on ne sait ce qu'ils
comptent y faire... |
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Jeudi
14 Août 2003:
Les "z'magra" (émigrés en langage
villageois) qui sont venus profiter du soleil du cru
commencent à réintégrer leurs pénates. Beaucoup sont repartis ou
vont repartir désillusionnés... désillusionnés par le
comportement des indigènes qui sont malades de frime alors qu'en
d'autres temps ils savaient s'affubler de spontanéité;
désillusionnés aussi par le regard que portent sur eux le cousin
et le voisin du bled qui ne les voient qu'en forme d'euros... |
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Vendredi
15 Août 2003:
Pastèques,
melons, figues de barbarie, raisins comme desserts et comme plats de
résistance du piment piquant et de la tomate le tout marinant dans
de l'huile d'olive à manger avec une bonne galette chaude et puis
un oignon oblong à déburnousser et à briser d'un coup de poing,
ne pas oublier la gargoulette d'eau fraîche délicatement
aromatisée au "gatrane"... et il y'a des gens qui
trouvent le moyen de geindre et de se plaindre !... J'oublie peut
être la poignée de grosses olives cassées de la récolte de
l'année passée et la jarre de petit-lait. Nous sommes des
masochistes en puissance, nous qui avons à notre portée ces choses
si simples, si naturelles, si saines et qui nous échinons à
vouloir autre chose et qui faisons de notre vie un enfer en
n'arrêtant pas de revendiquer un autre paradis que celui qui nous
est offert... |
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Samedi
16 Août 2003:
Notre chronique ne passera pas aujourd'hui...
ainsi ont en décidé les PTT qui ont coupé ma ligne sous prétexte
de non-paiement alors que le paiement a été dûment effectué
depuis huit jours... "Ouach idir el myett fi yeddine ghassalou"
(que peut bien faire le mort entre les mains de celui qui lui
administre la dernière onction) et puis, n'est ce pas que la raison
du plus fort à toujours été la meilleure depuis qu'il existe des
loups et des agneaux ?... Qu'à cela ne tienne ! nous relaterons les
faits du jour comme si de rien n'était... A sept heure quarante
cinq, un terrible accident a eu lieu à hauteur du
"jardin" d'El H'Midi, juste avant la guérite de la garde
communale, sur la RN5. Un camion chargé de champignons en boîtes,
de margarine et autres victuailles a écrasé une Clio tuant tous
ses occupants. Un passager m'a affirmé avoir vu un pantalon
d'enfant portant toujours la ceinture et complètement ensanglanté.
La circulation a été totalement bloquée jusqu'après midi. Pour
le reste, c'est toujours la routine et les commentaires sur
l'imbécile empoignade FLN-FLN, c'est aussi la réaction musclée du
pouvoir face à la presse privée. C'est presque de bonne guerre !
Quand on veut mordre une main, il faut s'assurer que ce n'est pas
celle qui vous nourrit ! |
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Dimanche
17 Août 2003:
Rien à signaler sauf peut-être le retour du
sirocco. Les nouveaux dirigeants de l'association sportive du
village essaient de mettre en branle une équipe de football gangrenée
par le vedettariat et obérée de dettes. La
municipalité qui ne mobilise les fonds publics que quand elle a
l'assurance d'en recueillir des dividendes électoraux continue à
ronronner dans son coin comme un chat repu car elle sait les
élections encore lointaines. Contre toute attente, les dirigeants
se tourneront vers le ministre de la Jeunesse et des Sports qui ne
peut leur refuser un coup de pouce surtout qu'il est de Lakhdaria.
Ledit ministre devrait animer un meeting politique ce vendredi à
Bouira pour défendre la ligne Benflis contre celle de Bouteflika.
Il est prévu de profiter de cette aubaine pour lui glisser une
requête de main en main. Les PTT ont rétabli la ligne après
s'être rendus compte qu'ils ont perçu leur dû. |
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Lundi
18 Août 2003:
Jour de marché à Brachma. Une convocation du Procureur près le
Tribunal de Lakhdaria m'a été transmise par télégramme. Elle ne
porte aucune indication susceptible de me faire comprendre de quelle
affaire il s'agit et si je suis accusé ou accusateur... Les
convocations des tribunaux sont toutes ainsi rédigées et quand
elles se veulent quelque peu précises, elles sont écrites comme
des ordonnances dans un arabe qui ne peut être lu que par le
rédacteur avec en prime des abréviations qu'il faut déchiffrer:
"TM" pour "Taraf Madani" (partie civile) et
"M" tout court "Mouttah'am" (accusé). Je suis
très sûr que la Loi impose le respect du justiciable en précisant
les indications que doit porter une convocation émanant des
services de polices ou de la Justice; hélas , on se retrouve dans
cette situation où ce sont les institutions qui ont à charge le
respect de la Loi qui la bafouent les premiers. C'est avec
l'appréhension de me voir sèchement remis en place pour
"outrage à magistrat" que j'ai osé, en pleine audience,
faire remarquer au Juge ce manquement au droit élémentaire du
respect du justiciable et à mon étonnement, il a regardé le
greffier d'un air de reproche en hochant la tête comme pour
montrer que ma remarque était pertinente. |
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Mardi
19 Août 2003:
Mon ami et voisin de palier Djebri Messaoud
a marié sa fille. La tente qu'il a dressée n'a pas
désemplit toute la journée. Il devient risqué aujourd'hui de
faire la fête au village car il faut faire manger tout le
village. |
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Mercredi
20 Août 2003:
La route
départementale continue à se faire refaire. Les travaux de
nivellement descendent et sont presque arrivés à Bellahnèche; les
travaux de creusement du fossé devant recevoir le câble
téléphonique montent pour leur part et vont incessamment arriver
à Bellahnèche. Je ne sais pas ce que vont faire les PTT quand ils
arriveront au tronçon déjà nivelé et prêt à
recevoir le goudron... |
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Jeudi
21 Août 2003:
Les PTT ont ramené leur câble. Ils ont peut-être fini par
comprendre qu'ils ont tout intérêt à le placer et à remblayer au
fur et à mesure car autrement ils devraient détruire les tronçons
de route que les ponts et chaussées auraient refaits... A 20 H le
ciel est devenu d'un noir de suie à l'ouest puis un vent d'une
extrême violence est passé en trombe; dès qu'il se fut éloigné,
dame pluie est tombée drue sur la terre desséchée. L'odeur de
l'argile humide remplit l'atmosphère mais il fait une humidité qui
fait suer les hommes comme des phoques (je n'ai pas trouvé
meilleure comparaison)... |
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Vendredi
22 Août 2003:
J'ai appris seulement ce matin la mort de Moh Boudraa (Hamoudi
Mohamed). Il aurait succombé à une attaque cardiaque le mercredi
matin. Il avait l'habitude de sortir ses moutons à chaque nouvelle
aube pour aller les faire paître du côté de Z'Babedj El Metrouk.
Ce jour là (journée du Moudjahid) il a dérogé à son rituel. Inquiète, sa femme est allé
voir pourquoi; elle l'a trouvé mort dans son lit. Il a été
enterré le jour même. Mon père qui lui a fait la toilette
mortuaire m'a affirmé qu'il n'a jamais vu visage de défunt plus
serein. Moh Boudraa mérite une épitaphe. Maquisard
incontesté durant la guerre de libération, il a
réussi à rester au maquis jusqu'à l'indépendance. C'est l'un des
très rares moudjahidine de la région à avoir échappé aux geôles de l'armée
coloniale. Sa famille a connu les pires privations. A
l'indépendance il occupa le poste de garde-champêtre, il se refusa
à entrer dans les intrigues politiques et quand il sortit en
retraite, il alla travailler son jardin très loin dans les hauteurs
de H'Djita. Il rentrait chaque soir avec un panier plein de légumes
sur le porte-bagages de sa mobylette. Quand la fréquentation de la
montagne devint dangereuse après 1990, il s'occupa de ses moutons.
On le voyait rarement au village, même durant les commémorations
des fêtes nationales qu'on fêtait avec force pâtisseries et
limonades... Moh Boudraa tient son surnom de son père Rabah Boudraa
(le manchot) qui fut, lui aussi un maquisard émérite.
Repose
en paix Si Moh !
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Samedi
23 Août 2003:
Il fait excessivement chaud et l'épidémie de conjonctivite qui
affecte Alger s'est propagée jusque chez nous. La nuit, un vent
d'une rare violence a soufflé. |
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Dimanche
24 Août 2003:
Le temps est toujours
à la canicule. Les travaux sur la route départementale marquent un
arrêt qui dure... Les PTT pour leur part continuent de creuser le
fossé qui doit recevoir le câble à raison de 100 m par jour . Le
feu a pris dans les chaumes en face de la ferme des Messaoudi (Dar
Said Bélaid); attisé par le sirocco, il a dévoré quelques
dizaines d'hectares et a détruit plus de 150 oliviers. |
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Lundi
25 Août 2003:
Le marché de "Brachma" a draîné des dizaines de tonnes
de melons et pastèques. Il a suffi d'un bon hiver pour nous
réconcilier avec les cucurbitacées qui nous ont boudés durant
dont plus de 20 ans de sécheresse . |
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Mardi
26 Août 2003:
Un camion a dérapé ce matin sur la RN5 du coté du "garage du
Nord"; il a causé un bouchon qui s'est étendu
entre Boulerbah et le pont de Djebahia durant toute la journée. Le
temps est redevenu plus clément, contrairement aux autorités
qui empêchent toujours le journal "Le Matin" de
paraître. |
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Mercredi
27 Août 2003:
Temps assez doux. Les villageois profitent de cette dernière
semaine d'août pour faire la fête. Durant ce week-end on va
assister à de nombreux mariages: Aidaoui de "la SAS" va
épouser la fille Kenouche (dont le grand-père est notre célèbre
"Si Hamid"; Karim le neveu de Si Hamoud l'Imam va convoler
en justes noces avec la soeur de son ami Meddahi Mustapha qui tient
la quincaillerie face à la mosquée; le fils d'"El Factour"
va se marier avec sa cousine maternelle , la fille de Lounès
Bouzetine, la fille de Saadi Boualem va épouser son cousin, fils de
Moh Saadi (d'un second mariage) et qui habite Zeboudja, la fille de
Touhami le cordonnier va quitter son domicile à Doumez pour aller
vivre avec un cousin du côté de Réghaia (c'est dire qu'en dépit
des avertissements les mariages consanguins ne semblent pas
inquiéter outre mesure les candidats à la procréation...). |
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Jeudi
28 Août 2003:
Le temps est à la fête |
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Vendredi
29 Août 2003:
La fête se poursuit... |
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Samedi
30 Août 2003:
Début de semaine pénible. Les travaux sur la route départementale
125 sont à l'arrêt depuis plusieurs jours. La pelle mécanique
continue à creuser le fossé devant recevoir le cable
téléphonique. D'ici demain ledit fossé atteindra l'embrachement
qui mène vers Mahas et Harchaoua. |
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Dimanche
31 Août 2003:
Heureuse surprise avec la visite que m'a rendue Mezine Ahcène que
j'ai connu grâce à ce site. Ahcène est venu de France dans des
circonstances qu'on aurait voulu plus gaies... Sa mère est morte et
lui et sa famille sont venus lui donner une sépulture au cimetière
de Sidi Gacem Ben Haroun où elle reposera parmi les siens dans le
calme et la sérénité de ce cimetière où il doit faire bon
dormir de son dernier sommeil. Nos condoléances sincèrement
attristées à Ahcène et nos remerciements pour avoir pensé
à nous même en pareille circonstance. |
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Lundi
1er Septembre 2003:
Rien de particulier ne semble s'être produit aujourd'hui. Le temps
se rafraîchit au fur et à mesure que les jours raccourcissent. Les
travaux vont bon train sur les ouvrages d'art de l'autoroute tant
sur l'immense pont qui enjambe oued Djelada que sur les ponts plus
modestes d'El Maasra, Boubekeur et Boulerbah. Si Hamid a
commencé à vendre le raisin de Ain El Bor. Contrairement aux
autres années, celui de cette année se laisse manger. |
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Mardi
2 Septembre 2003:
Souk aux voitures à "Brachma". La circulation n'a connu
que de légers bouchons. El M'Rakba, du côté de "Dem
Erroumiya" et qui a subi un glissement de terrain spectaculaire
l'an passé, a vu ses plaies cicatrisées par les engins de
Cosider. Au bout de quelques jours de travaux, elle a
retrouvé un visage plus avenant. |
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Mercredi
3 Septembre 2003:
Les travaux sur la route départementale sont toujours à l'arrêt.
a pelle excavatrice qui creuse le fossé devant recevoir le câble
téléphonique, arrivée au niveau de l'embranchement qui mène vers
Harchaoua, a quitté l'accotement de la route pour prendre une ligne
droite à travers champs... c'est ce qu'elle aurait dû faire depuis
le pont sur oued Djemaa mais les PTT viennent peut-être d'apprendre
que la ligne droite est le plus court chemin entre deux points...
Dommage car si on avait appliqué cette loi on aurait terminé le
bitumage de la route et mis en service le téléphone... |
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Jeudi
4 Septembre 2003:
Jour de marché... la place du village est remplie de melons et
pastèques. L'école primaire et le Collège qui ont bénéficié
d'une forte subvention ont été retapés et repeints. On ne sait
qui a choisi cette couleur vert pâle affreuse par son anémie et sa
fausse délicatesse... |
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Vendredi
5 Septembre 2003:
Violente tempête en soirée, le vent a soufflé très fort et
l'atmosphère s'est surchargée de particules de sable qui lui ont
donné une couleur ocre. L'éclairage public est éteint et le
village sombre dès 20 h dans une obscurité propice à tout sauf
aux promenades nocturnes. |
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Samedi
6 Septembre 2003:
Depuis quelques jours on a droit chaque soir à une grosse tornade.
Aujourd'hui elle est arrivée aux environs de 21 H. elle a soufflé
avec une violence inouïe non sans s'agrémenter de tonnerre,
d'éclairs et de grosse pluie. Elle a duré à peine un quart
d'heure puis s'est éloignée. La conjonctivite s'est installée au
village et dans les communes d'Aomar et Kadiria obligeant même
Saadi Boualem à s'abriter derrière des lunettes noires... C'est la
première journée de la session spéciale du bac pour les
sinistrés du séisme du 21 mai 2003. |
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Dimanche
7 Septembre 2003:
Les travaux sur la départementale 125 sont toujours au point mort.
Les tronçons qui ont été décapés se sont plissés comme
une peau pleine de rides, rendant leur traversée assez pénible
pour les rotules des voitures et les fesses des conducteurs. |
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Lundi
8 Septembre 2003:
Le fossé devant recevoir le câble téléphonique est arrivé à
hauteur du cimetière français. A partir de l'embranchement de
Harchaoua, on a abandonné l'idée saugrenue (mais juteuse) de lui
faire suivre les 5 km de méandres de la départementale 125,
puisqu'on s'est résigné à lui faire traverser les champs en ligne
droite, ce qui montre que les raisons invoquées pour ne pas
adopter l'option que le commun du peuple a défendue et qui
consistait à le faire monter sur 1 km en ligne droite ne sont que
fumisteries de gens plutôt tentés par l'importance des gains que
par la rapidité et l'efficacité... mais bof !... on n'en est pas
à la première turpitude... |
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Mardi
9 Septembre 2003:
Le marché de voitures de "Brachma" n'a vraiment pas tenu
ses promesses... à l'euphorie des premiers jours de son ouverture
succède une désaffectation qui pourrait coûter cher à celui qui
l'a loué à plus de sept cents millions de cts... |
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Mercredi
10 Septembre 2003:
La rentrée des classes étant imminente, on s'empresse d'expédier
les dernières fêtes. |
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Jeudi
11 Septembre 2003:
Le temps s'est très sensiblement rafraîchi et la grosse canicule
n'est plus qu'un mauvais souvenir. |
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Vendredi
12 Septembre 2003:
En soirée le temps est littéralement froid et les plus frileux des
villageois ont déjà sorti leurs vestes. Les pastèques et les
melons commencent à déserter les étals et les figues et figues de
barbarie jouent leurs dernières partitions de l'année. |
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Samedi
13 Septembre 2003:
rentrée des classes très peu enthousiaste. L'un des innombrables
et inénarrables syndicats-caisse de resonnance des sectes en lutte
perpétuelle, a lancé un mot d'ordre de grève revendiquant...100%
d'augmentation de salaires - pas moins ! a été suivi massivement
par des marchands d'alphabet qui préférent continuer leur
farniente estival au lieu d'aller faire me boulot pour lequel ils
seraient "sous-payés". Les pouvoirs publics ont vu d'un
très bon oeil cette grève car ils avaient précipité la rentrée
alors que les travaux de réfection qu'ils ont lancé dans tous les
établissements scolaires sont loin d'être terminés. Les potaches
et les parents d'élèves eux aussi appelaient de tous leurs voeux
une prolongation des vacances et c'est ainsi que derrière les mines
scandalisées de tout le monde, se lit en réalité une belle
satisfaction pour ce retard que tout le monde espérait... La source
de Ben Haroun a enfin adopté un habillage plus attrayant pour ses
bouteilles.... voici, en exclusivité, l'étiquette qui ornera
desormais les "cols": |
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Dimanche
14 Septembre 2003:
Les Djebahis se sont transformés le temps d'une matinée en
coupeurs de routes. En effet, une manifestation de protestation
contre l'abandon du chantier de réfection de la départementale 125
a été organisée à hauteur du pont de Oued El Djema
principalement par les conducteurs de fourgons de transport de
voyageurs qu'ont rejoints d'autres usagers. La route a été coupée
à la circulation et c'est le chef de Daira (sous-prefet) qui est
venu négocier sa réouverture avec les manifestants sous l'oeil
indifférent des gendarmes et carrément approbateur du maire. Le
sous-préfet a promis de faire reprendre les travaux dans la semaine
et a obtempéré aux voeux des usagers de voir la route arrosée
afin d'éviter les poussières. Il a par contre refusé de prendre
un quelconque engagement au sujet des rues du tissu urbain sous le
prétexte(défendable)que ce serait du gaspillage puisque le
chef lieu de la commune devrait être raccordé au gaz et que
les travaux de raccordement doivent obligatoirement toucher à la
voirie... La manifestation s'est terminée dans le calme et la bonne
humeur après deux petites heures de blocage de la route qui n'ont
dérangé personne... |
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Lundi
15 Septembre 2003:
Jour de
marché. La protesta d'hier a ramené une niveleuse qui s'est
amusée à répartir les déblais du fossé sur la voie, faisant
courir le risque d'accidents graves si la pluie qui n'arrête pas de
menacer se mettait de la partie. Le lycée est en grève pour
la 3eme et dernière journée. |
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Mardi
16 Septembre 2003:
La route
est bloquée de bon matin par deux semi-remorques dont les roues
patinent sur la boue causée par les ondées de cette nuit. C'est un
vrai carnaval qui se déroule sous les yeux des usagers. Les
lycéens et lycéennes et tous les travailleurs qui doivent
descendre à Aomar ou remonter vers le village doivent se résigner
à le faire à pied dans la gadoue. Les transporteurs reprennent
leur protestation et ferment la route au niveau du pont. Le chef de
Daïra vient constater de visu que la situation mérite que les
pouvoirs publics réagissent car plus de 20000 habitants (en
comptant les administrés d'Aomar, résidant à El Madjen et Chaabet
Yekhlef) sont bloqués. Il promet de contraindre l'entreprise des
travaux chargée de la réfection de la route à ramener son
matériel et à reprendre les travaux avec plus de sérieux. |
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Mercredi
17 Septembre 2003:
Vu le peu d'empressement des pouvoirs publics, Les transporteurs
coupent la route au niveau de l'embranchement menant vers Ain
Laazerah. C'est encore une journée difficile pour les lycéens et
les travailleurs qui doivent faire à pied la distance séparant le
village de la route nationale. La protesta sauvage qui semble être
le seul moyen de faire sortir les pouvoirs publics de leur
hibernation fait tâche d'huile. Les Maasris, renouent avec leurs
amours pour les dos d'âne en augmentant sensiblement les bosses qui
commençaient à s'éroder; toujours à El Maasra, un quidam s'amuse
de manière récurrente à fermer une route pourtant sur plan depuis
la nuit des temps, à l'aide de pneus et autres fûts pour empêcher
les travaux de réalisation de l'autoroute et à hauteur d'El Madjen
un heureux bénéficiaire d'une insertion dans une EAC au nom de son
ascendance révolutionnaire a fermé l'accès vers la zone des
déblais... Si ça continue comme ça, on va aller droit vers l'in-gestion.... |
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Jeudi
18 Septembre 2003:
Les
pouvoirs publics reviennent à de meilleurs sentiment et le chantier
de réfection de la route est renforcé en moyens. |
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Vendredi
19 Septembre 2003:
La chaleur est revenue. Humide et poisseuse. Les grenades ont fait
leur apparition sur les étals des marchés. Les figues
disparaissent graduellement du paysage. Les olives à consommer sont
proposées entre 40 et 60 DA le kg. Elles sont enlevées aussitôt
exposées pour être préparées selon la tradition: à l'aide d'une
pierre on tape sur l'olive pour désolidariser la chair du noyau
sans casser ce dernier; l'olive est ensuite mise dans une jarre
pleine d'eau salée où elle restera à macérer durant quinze jours
à l'issue desquels on pourra la servir. |
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Samedi
20 Septembre 2003:
Les travaux de réfection de la route ont repris avec un meilleur
entrain. C'est dire que certains responsables ressemblent à des
ânes qui n'acceptent d'avancer que sous le bâton. Un grand camion
chargé de pylônes électriques est arrivé tout à l'heure. Il a
déchargé sa cargaison devant le stade. Les autorités ont
peut-être enfin décidé d'éclairer les hauts quartiers du village
qui vivent d'extension sauvages du réseau depuis l'indépendance
... |
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Dimanche
21 Septembre 2003:
La rentrée des classes continue à vivre sous les péripéties
d'enseignants qui ont découvert les vertus de la grève. Les
débrayages sont devenus à la mode et tout le monde s'y adonne
maintenant avec une morbide délectation. La palme de la boulimie
devrait être octroyée à ce syndicat qui réclame une
"augmentation" de 100% du salaire, pas moins ! Dans ce
pays qui ne connaît pas la mesure, on assiste souvent à ces
aberrations mais il ne faut surtout pas croire que c'est seulement
l'administré qui s'y adonne; il faut voir dans quels taux les
décideurs décident leurs augmentations (la dernière en date
étant celle du tarif des communications téléphoniques) pour
comprendre pourquoi les partis politiques et autres syndicats
n'éprouvent aucune gêne à placer la barre à des hauteurs
démesurées... Ne réclame t'on pas, à chaque fois qu'approchent
les échéances électorales, une "augmentation" de 100%
du SMIG ? |
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Lundi
22 Septembre 2003:
Jour de marché... hormis les processions de villageois prenant la
route de "Brachma", il n'y a rien à signaler. |
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Mardi
23 Septembre 2003:
La pelle excavatrice qui réalise le fossé devant recevoir le
câble téléphonique est arrivée à "Blad Likoul", un
peu plus haut que le cimetière chrétien. En parlant de ce
cimetière, il a été constaté par tout le monde que Salem Meddahi
qui s'était affairé à construire un poulailler à ses côtés a
dû démonter l'armature en bois et les murs en roseaux sur
injonction du maire - dit-on. On ne sait pas si c'est par respect
dû à ces lieux ou à cause d'une infraction au cahier de charge
régissant les exploitations agricoles... |
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Mercredi
24 Septembre 2003:
Les résultats du bac pour sinistrés du séisme sont
"divulgués" aujourd'hui. La route devient littéralement
infréquentable devant les bouchons qui s'y forment au moindre petit
problème; ainsi aujourd'hui, les usagers de la RN5 ont dû subir un
véritable calvaire entre Lakhdaria et Kadiria. Ces messieurs des
travaux publics n'ont pas trouvé journée plus propice pour
goudronner un tronçon de la route que le mercredi tout en sachant
que même en période normale, cette journée est infernale pour la
circulation. En soirée, c'est à "Brachma" que s'est
formé un autre bouchon causé certainement par un barrage de
gendarmerie. A 20 H le temps s'est mis à l'orage. Deux gros
tonnerres ont failli faire sortir les gens de leurs maisons. |
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Jeudi
25 Septembre 2003:
Mort accidentelle du fils de Ali Hamou de Ben Haroun. Le défunt
aurait trouvé la mort dans un accident de la circulation qu'il
aurait subi sur sa quatrelle au retour d'une fête où il aurait
accompagné sa mère. |
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Vendredi
26 Septembre 2003:
Le temps se fait automnal. Fraîcheur et pluie. Le Ramadhan envoie
déjà ses premiers signaux... |
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Samedi
27 Septembre 2003:
Le village reçoit une terrible nouvelle: celle de la mort
accidentelle d'une personne respectée et estimée de tous et dont
nous ne divulguerons pas le nom sans avoir confirmé la véracité
des faits car il faut continuer à espérer qu'il ne s'agit que d'une de ces
alertes qu'amplifie à la démesure radio trottoir quand elle se
fait relayer par le téléphone arabe. |
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Dimanche
28 Septembre 2003:
C'est Khouas Belkacem que nombre de corbeaux donnaient hier pour
mort. En réalité, très sérieusement amoché suite à une chute
dans l' escalier en colimaçon qui descend vers les vannes du
barrage de Beni-Amrane où il travaille, Belkacem se trouve à
l'Hôpital Zemirli d'El Harrach. Je lui ai rendu visite aujourd'hui
avec Aissa El Baggar. Il a subi un accident très grave puisqu'il
est tombé sur la tempe. Les pronostics des médecins sont
réservés mais aux dernières nouvelles, l'encéphalographie
n'aurait montré aucune lésion grave. Belkacem est toujours sur un
lit de la salle des urgences; il est incapable de reconnaître ses
visiteurs et exécute des gestes désordonnés des pieds et des
mains en essayant de prononcer un nom... celui de
"Mustapha" selon certains. Khouas Belkacem est l'un des
plus braves sinon le plus brave type de la commune. Très jeune
émigré en France, il n'a jamais accepté de couper les ponts avec
sa région natale et dès qu'il eut l'occasion, il revint
s'installer dans sa vieille maison à Harchaoua pour suivre la
scolarité de ses filles et participer à l'animation de la région.
Il accepta en 1990 de faire partie de notre liste d'indépendants
aux élections communales, liste qui ambitionnait de casser la
logique du bicéphalisme étroit FLN-FIS mais qui fut boudée par
les électeurs trop conditionnés pour rester lucides et en 1996, il
fut élu membre de l'APC sous les couleurs du RND. Il est de tous
les combats des Harchaouis et ne refuse jamais de donner un coup de
main quand il y'a un coup de main à donner. Belkacem ne mérite
absolument pas ce coup du sort... Il faut prier Dieu pour qu'il nous
revienne très vite et avec toutes ses facultés et ses
potentialités. |
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Lundi
29 Septembre 2003:
Je suis redescendu avec Aissa El Baggar à l'hôpital Zemirli d'El
Harrach pour rendre visite à Belkacem Khouas. Les prières des
villageois semblent avoir porté leurs fruits. Belkacem est toujours
gardé en observation au niveau des urgences mais les médecins sont
optimistes. En dépit de ce qu'il a subi, il reconnaît les
personnes à leurs voix, ce qui montre que son cerveau n'a pas subi
de lésions irréversibles. Je n'ai jamais vu Aissa El Baggar aussi
heureux qu'aujourd'hui. Il faut dire que Belkacem et lui sont des
amis que rien n'a pu séparer; ni l'éloignement, ni la différence
de niveau culturel, ni les contingences politiques. Au retour vers
le village et comme hier, nous avons dû supporter un embouteillage
monstre au niveau des eucalyptus de Kadiria où les ponts et
chaussées s'amusent à rapiécer la RN 5 sans égards pour les
usagers alors que pareil travail devrait se faire de nuit. Les
travaux sur la route départementale tirent à leur fin puisque le
tronçon qui va des "nouaders" à "Djebbanet Enn'sara"
a été goudronné. |
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Mardi
30 Septembre 2003:
Pris par des obligations privées, je n'ai pas revu Belkacem Khouas.
Cette défection m'a permis d'éviter l'embouteillage géant qu'a
vécu la nationale 5 entre Aomar et Boulerbah, embouteillage
conséquent au bitumage de la route au niveau du puits d'El Kerri.
La départementale 125 qui continue à se faire laborieusement
goudronner a subi les contrecoups de ce bouchon puisqu'elle a
constitué une voie de contournement que les usagers n'ont pas
hésité à exploiter; l'autoroute en construction a, elle aussi,
servi d'exutoire et c'est sous des nuages de poussières que le
village et ses environs ont dû passer la journée. |
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Mercredi
1er Octobre 2003:
L'actualité au village est dominée par la misère humaine... celle
de Hamouda El Bouchi, Gacem Essaid (frère de Si Hamoud) et "Koukou"
hospitalisés, le premier pour des complications post-opératoires,
le second pour les conséquences cardio-vasculaires de son diabète
et le troisième pour un risque de gangrène suite à un abcès au
pied. Khouas Belkacem est toujours hospitalisé lui aussi mais son
état s'améliore chaque jour un peu plus même s'il est aléatoire
d'espérer le revoir au village dans quelques jours vu ce qu'il a
subi. C'est une journée extrêmement chaude et l'entreprise qui
refait la nationale 5 a été bien avisée de ne pas
travailler aujourd'hui car un embouteillage par pareille canicule,
on ne peut "le vouloir même à un ennemi"... |
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Jeudi
2 Octobre 2003:
Il fait toujours chaud. La route a été totalement bouchée entre
Aomar et Boulerbah et seule l'autoroute en construction a pu
libérer un tant soit peu les malheureux automobilistes. Il est
certain qu'il doit y avoir des moyens de faire ces travaux sans
martyriser les usagers mais c'est à croire que c'est fait exprès
pour je ne sais quelle obscur dessein. S'il arrivait à une
quelconque autorité de lire cette chronique (ce qui est très peu
sûr car les chroniques villageoises sont peu payantes), qu'elle
sache que chaque usager devient une bombe de ressentiments en
puissance à chaque fois que, sous prétexte de lui faciliter la
vie, on lui inflige ces tortures presque gratuites et si la gabegie
doit avoir un nom, je crois qu'elle se nomme ces derniers temps DTP
(Direction des Travaux Publics - ex Ponts et Chaussées que Si Hamid
appelle "les bandits chaussés") ... |
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Vendredi
3 Octobre 2003:
journée fade comme un dimanche mal luné. Une petite virée au
marché hebdomadaire de Kadiria avec Fatah 24 nous a permis d'avoir
une idée de la mercuriale des fruits et légumes. Le melon, le
raisin et la grenade continuent à occuper les premières loges
question profusion; question prix, dame courgette rivalise avec dame
tomate sans doute en voyant venir le Ramadan. |
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Samedi
4 Octobre 2003:
Il fait un temps mitigé; une légère pluie est venue mouiller le
macadam de la route pour en faire une patinoire dont nombre
d'automobilistes font tout pour ne pas s' éviter les effets. L'hécatombre
continue sous le regard goguenard des survivants qui croient qu'ils
sont dispensés d'accidents et que ces drames n'arrivent qu'aux
autres... En haut lieu, le FLN continue son cinéma en faisant un
beau boucan que répercutent des titres de presse, pensant avoir
trouvé l'aubaine pour faire monter leur audimat... La population
blasée ne remarque même pas ces gesticulations loufoques car elle
a l'attention retenue par la cavalcade des prix annonciatrice de
l'arrivée du Ramadan. Aux dernières nouvelles une bande de
malfaiteurs aurait été démantelée au village; elle s'était
spécialisée dans le vol de confiance puisque son chef qui serait
un homme de main du maire n'aurait pas hésité à lui subtiliser
des pièces de sa voiture... Demain, après décantation des
informations qu'a colportée radio trottoir et qu'a encore une fois
amplifiées le téléphone arabe, on saura réellement ce qui s'est
passé. Belkacem Khouas est toujours au pavillon des urgences de
l'hôpital Zemirli. Il reste sous observation mais on constate une
amélioration sensible de son état, de jour en jour. |
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Dimanche
5 Octobre 2003:
Issaad Hamouda dit "Hamouda El Bouchi" est mort ce matin
d'une grave maladie. Une foule nombreuse a assisté à son
enterrement à 17 H au cimetière de Boubekeur. Hamouda est
surnommé "El Bouchi" (le boucher) parce qu'il tenait un
étal de boucherie au village avant d'ouvrir un très modeste
réduit à la place où il vendait des fournitures scolaires.
C'était une figure assez marquée avec sa quatrelle bleue, sa
manière de claudiquer et son habitude de recevoir une clique de
joyeux lurons (Hannani, Abderrahmane Gacem...) devant sa boutique
pour des moments de franche rigolade. La faucheuse qui plane au
dessus du village a jeté son dévolu sur Hamouda cette fois-ci...
Qui sait sur quel autre villageois elle piquera la prochaine fois
parce qu'il faut bien qu'il y'ait une prochaine fois et une
infinité d'autres prochaines fois. Le temps est à la pluie depuis
la nuit d'hier, mais ce soir l'horizon s'est embrasé et l'adage
paysan dit que si ça rougit le soir, il faut préparer sa monture
pour le départ. L'anniversaire du 5 Octobre 1988 a été fêté par
les "profs" de lycées par une grève des cours. Cette
pratique de la grève devient une seconde nature; il suffit que le
mot d'ordre soit lâché pour que tous les moutons de Panurge y
adhèrent avec une sauvage délectation... |
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Lundi
6 Octobre 2003:
Rien ne vient perturber le doux écoulement du temps. Depuis
quelques jours un gros bulldozer de la "houkouma" défonce
les terres des heureux attributaires des EAC et EAI héritées du
"comité de gestion". Il le fait gratuitement dans le
cadre de l'aide aux agriculteurs. Ces derniers laissent faire en
vaquant à d'autres occupations: les clandestins font les
clandestins, les joueurs de domino jouent aux dominos. L'État qui
voit la situation de ses bureaux climatisés des hauteurs d'Alger
n'a pas compris que si l'agriculture ne donne plus grand chose ce
n'est pas faute exclusive de mécanisation mais faute
d'entrepreneurs qui ont à coeur de lui arracher ce qu'elle doit
donner. Il continue à assister de pseudo-agriculteurs qui
continuent à croire qu'ils ont le droit de recevoir mais pas le
devoir de donner... |
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Mardi
7 Octobre 2003:
Il a plu durant la nuit et au petit matin, la nature sentait
l'automne. Les "bandits chaussés" ont
déserté notre route après l'avoir imbibée d'une légère
couche de goudron et saupoudrée de gravier; ils appellent ça
"tricouche" et affirment que c'est ce qu'il faut quand on
leur montre le "tapis" qu'ils réalisent sur le Route
Nationale. L'engin qui creusait le fossé dans lequel passe la
"fibre optique" est parti lui aussi sans terminer le
tronçon entre "Ennouaders" et la poste. Il va sûrement
revenir quand l'hiver sera là pour nous imposer un surcroît de
boue. |
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Mercredi
8 Octobre 2003:
Un épais brouillard couvre toute la région durant les premières
heures de la matinée. Le calvaire des usagers de la RN5
continue. Aujourd'hui un camion portant un container s'est renversé
entre Kadiria et Lakhdaria. La circulation s'est bloquée
entièrement de la pompe située à la sortie Est de Lakhdaria,
jusqu'au dépôt de gaz butane de Tiliouine; en sortant de cet
enfer, les automobilistes ont dû affronter un autre bouchon entre
Tiliouine et Kadiria causé celui là par un barrage filtrant de la
gendarmerie et le must attendait les pauvres usagers de la route
entre Boulerbah et Aomar où des travaux de remise en état de la
chaussée se déroulaient. Beaucoup d'automobilistes ont dû, encore
une fois transiter par l'autoroute en construction. La nuit, le
village est entièrement enveloppé par l'assourdissante sono
d'une chaîne stéréo mal réglée. Le son est mis à fond. C'est
un tapage nocturne que sous d'autres latitudes on aurait réprimé
comme tel; mais chez nous, cette pratique devient courante et
une fête sans débauche de décibels n'en est pas une. La fête
présentement se déroule chez El Bachir le frère d'El Bled (le
Maire) qui a marié son fils. |
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Jeudi
9 Octobre 2003:
C'est une journée littéralement printanière. La bande de voleurs
dont nous avons parlé il y'a quelques jours aurait été jugée et
condamnée. Le principal accusé aurait écopé de 2 ans de prison
ferme. |
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Vendredi
10 Octobre 2003:
Il a fait beau. L'anniversaire du séisme d'El Asnam s'est passé
sans casse du moins jusqu'à l'heure où ces lignes sont écrites
(20 h). J'ai rendu visite à 13 H à Khouas Belkacem; il est
toujours en salle de réanimation dans un état stationnaire. Pour
le reste c'est toujours le calme qui précède le Ramadan. |
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Samedi
11 Octobre 2003:
Début de semaine chaud et humide. A "Brachma" des
centaines de voyageurs attendent d'hypothétiques moyens de
transport. Ce problème de transport constitue peut-être l'un des
exemples les plus éloquents de l'immense méfait de la
centralisation et de la bureaucratie. Des transporteurs potentiels
existent en très grand nombre, des véhicules aussi, des passagers
ne demandent qu'à être transportés et les directions des
transports des wilaya, au lieu de considérer que leur mission est
celle de simplifier la vie aux voyageurs font tout pour se donner
une autre mission: celle de "réguler" le transport en
imposant des procédures qui découragent tout investisseur
désirant travailler dans ce créneau. Le résultat est là: une
insuffisance des moyens "réglementés" compensée très
souvent par des opérateurs qui n'ont d'autre alternatives que de
faire les clandestins. |
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Dimanche
12 Octobre 2003:
Bouchon monstre sur la RN5 entre Thénia et Boudouaou. Certains
passagers ont passé 6 h sans bouger de leur place. Ce bouchon
résulterait d'un mouvement de protestation des camionneurs suite à
une bavure des services de la coordination routière qui auraient
tiré sur un transporteur clandestin de sable. Tous les villageois
qui ont eu l'idée de descendre à Boumerdès et Alger ont dû se
résigner à revenir au village. |
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Lundi
13 Octobre 2003:
Une très forte tempête s'est abattue sur la région. Un vent d'une
violence inouie a soufflé durant quelques heures aux environs de 20
h. La pluie lui a succédé jusqu'au matin, ce qui a permis à Oued
Djemaa de faire sa toilette. |
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Mardi
14 Octobre 2003:
Il a plu copieusement dans l'après-midi ce qui a occasionné un
accident aux environs du Souk el Fellah d'Aomar entre deux camions.
Avant d'évacuer les véhicules accidentés, les
"arabes" ont eu tout le temps de boucler totalement la
route sur toute sa largeur en amont et en aval à coup de
dépassements anarchiques. La route s'est bloquées de 15 H 30 à 22
H 30 et j'ai personnellement passé plus de 4 H pour faire 4 km. La
route de Djebahia a encore une fois fait office d'exutoire. |
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Mercredi
15 Octobre 2003:
Au petit matin, un brouillard intense recouvre la région. La route
du village entre "la cave" et "la SAS" est
totalement impraticable; un bulldozer a décapé la famélique
couche de goudron puis la pluie d'hier a accompli son travail
d'érosion faisant de la route un torrent où déboulent les eaux en
furie venant de "la SAS" et du Boutboul. Il faut espérer
que les pouvoirs dits "publics" prennent en charge les
rues de notre village à l'instar de ce qui se fait dans les
communes d'Aomar et Kadiria où l'aménagement urbain se fait de
belle manière. Mais rien n'est moins sûr car notre village ne se
situe pas sur l'itinéraire officiel que devra emprunter le
Président de la République lors de sa prochaine visite. Pour
montrer à Monsieur Bouteflika l'immense comédie qu'on lui joue, on
devrait lui transmettre une pétition afin qu'il fasse transiter les
rutilantes mercédés de la présidence par ce pauvre village
martyr... |
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Jeudi
16 Octobre 2003:
Le bulldozer continue à labourer la route entre "la SAS et
"la cave". Pour traverser le village, on doit prendre par
la route du lotissement, elle aussi presque impraticable. Une très
forte averse s'est abattue sur le village à partir de 19 H; il y'a
fort à parier qu'elle coupera totalement l'accès vers El Maasra,
El Madjen, Ben Haroun et Ain Cheriki. Des jeunes étudiants et
autres chômeurs du village trouvent du bon au multipartisme... ils
sont une bonne dizaine à se permettre depuis une semaine un séjour
en hôtel de luxe aux frais de la princesse heu... de la passionaria
de la formation politique trotskiste pourtant surnommée:
"Parti des travailleurs". En effet, invités à gonfler
les rangs des congressistes de ce parti, ils ne se sont pas fait
prier pour aller jouer de la claque devant les caméras alors qu'ils
n'ont rien à voir avec le PT . |
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Vendredi
17 Octobre 2003:
Le temps est à la pluie. De très fortes pluies qui ont mis les
oueds en crue et raviné les champs qui attendaient les labours. Le
Ramadan se fait sentir de plus en plus lourdement pour les
portefeuilles. |
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Samedi
18 Octobre 2003:
Gacem Essaid, le frère de Si Hamoud, l'imam de la moquée du
village est mort ce soir. Le diabète et les complications
cardio-vasculaires ont eu raison de lui. Qu'il repose en paix !
Nos condoléances à son fils Karim qui a eu la présence d'esprit
de se marier de la vie de son père il y'a quelques semaines... J'ai
rendu visite à 13 à Belkacem Khouas. Il se trouve toujours en
salle de réanimation; il m'a semblé en bien meilleur état que
lors des précédentes visites. |
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Dimanche
19 Octobre 2003:
Gacem Essaid a été enterré à Braïka dans l'après-midi. C'est
une journée très chaude durant laquelle on a constaté un
inexplicable flux de véhicules sur la RN5, ponctué par des
accidents dont le plus spectaculaire s'est passé à quelques
dizaines de mètres de l'entrée Est de Lakhdaria. |
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Lundi
20 Octobre 2003:
Le marché hebdomadaire de "Brachma" donne un avant-goût
de ce que seront les prix durant le Ramadan qui piaffe d'impatience
de nous imposer sa loi puisqu'il doit être là le samedi ou
dimanche en fonction du bon vouloir des vieux surveillants
qui, chaque année se mobilisent pour voir le croissant même
quand les astrologues s'entêtent à prouver l'impossibilité
scientifique de son apparition... |
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Mardi
21 Octobre 2003:
Les lycées sont toujours en grève et tout le monde y trouve son
compte sauf les transporteurs dont les fourgons doivent peiner pour
trouver des passagers. Les "professeurs" du secondaire
demandent une retraite après 25 ans seulement de travail et une
revalorisation des salaires de pas moins de 100 % !!! Ils
doivent s'être entendus pour faire leur le bon mot du terroir qui
dit: "dharba bel fess khir men 3achra bel guadoum" (un
coup de pioche vaut mieux que 10 coups de binette). Les soubresauts
concertés qui traversent le pays n'ont en réalité rien à voir
avec les questions salariales; Pour le cas des enseignants, tout le
monde sait que la plupart de ceux qui appellent à la grève
ont su exploiter leurs longs temps libres pour se frayer un chemin
vers d'autres moyens d'arrondir leurs fins de mois et qu'ils ne
continuent à enseigner que pour les besoins de la retraite. Les
vrais enseignants qui se sont investis corps et âme dans leur
métier ne peuvent déjà que très difficilement boucler leurs fins
de mois; il leur est impossible de compromettre cette relative
sécurité par un débrayage à l'issue aléatoire. |
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Mercredi
22 Octobre 2003:
Tandis que le tronçon de la départementale 125, rafistolé
sommairement est laissé à la merci des eaux de pluies qui
phagocytent impitoyablement ses bords dans leur ruissellement
impuni, on s'est attaqué au tronçon qui va de "la SAS"
aux "Nouaders" . Le gros bulldozer que conduit Djamal
Adjou (le fils de Kouh'il) a labouré en profondeur la route ne
laissant aux usagers que l'alternative de l'autoroute pour monter
vers Ben Haroun. Le village est totalement sens-dessous et les
villageois profitent faute d'autres passe-temps, du spectacle
qu'offre le gros mastodonte de bulldozer dans ses oeuvres. |
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Jeudi
23 Octobre 2003:
Le marché de la place est perturbé par les travaux de refection de
la route. Les poteaux électriques ont été installés en totalité
au lotissement de l'ex. El Harka. Les heureux bénéficiaire de
cette opération devront néanmoins attendre le raccordement au
réseau et ce n'est certainement pas avant l'Aid que ça se fera
étant entendu que le mois de Ramadhan n'est propice qu'à la
recherche effrénée de tout ce qui se mange et non à
l'effort. |
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Vendredi
24 Octobre 2003:
Il a légèrement plu durant la nuit. Le village ressemble à
Verdun. |
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Samedi
25 Octobre 2003:
L'actualité villageoise reste dominée par l'approche menaçante du
Ramadan avec les échoppes qui s'ouvrent à vue d'oeil et les
commerçants qui aiguisent leurs prix pour mieux faire rendre
gorge aux jeûneurs. C'est aussi la réfection de la route
principale qui continue à nous procurer des bains de boue gratuits
et la tombola qui s'est réinstallée à la place et qui charrie
toute une jeunesse qui ne trouve rien de mieux à faire que de venir
saliver de libido mal retenue devant la rutilance des lots. C'est
aussi la sortie prévisible de Belkacem Khouas de l'hôpital, à 15
h. |
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Dimanche
26 Octobre 2003:
La religion a toujours constitué une aubaine pour le commerce, de
sa mode vestimentaire à ses pratiques rituelles, du pélerinage à
l'Aid el Kebir et c'est à se demander si la plupart des
"artifices" qui accompagnent la pratique de la religion ne
sont pas, comme les modes, des inventions de commerçants et
non des clergés... qui eux aussi, en réalité, font commerce
de religion... Le commerce et la religion trouvent leur apothéose
durant le Ramadan comme le prouvent la boulimie des jeuneurs et
celle des commerçants. Dame Courgette se négocie ce soir au souk
de Brachma à 80 DA alors qu'elle se donnait à 25 DA il y'a 2 jours
et dame carotte à 50 DA alors qu'elle s'offrait à 25 DA hier... Le
poulet vivant se vend à plus de 200 DA/kg ... Il est préférable
de ne pas parler de viande rouge ou des fruits car ça vous
couperait l'appétit et l'envie de jeûner... Ramdhane
Moubarak quand même à tous les Djebahis d'ici et d'ailleurs ! |
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Lundi
27 Octobre 2003:
La première journée de Ramadhan s'est passée comme... une journée de
Ramadhan !... Rentrée de tous les travailleurs avec le retard
d'usage dû aux veillées à la mosquée ou autour d'une table
de dominos? et sortie bien avant l'heure pour les provisions.
Une première journée où on a vu les commerçants vociférer comme
des damnés et le peuple d'acheteurs s'abriter sous ses
couffins. Une première journée où on a vu des rixes se
déclencher pour un oui pour un non et des automobilistes venger
leurs estomacs sur de pauvres klaxons et pédales d'accélérateurs.
Après le f'tour tout s'est calmé et les jeûneurs ont retrouvé
leur gouaille dans les cafés et leur piété dans les mosquées... |
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Mardi
28 Octobre 2003:
Quand le Ramadhan est là, il éclipse tout le reste et s'impose en
maître absolu de l'actualité. Il réussit même à faire oublier
la cabale menée par certains journaux contre le Président de la
République (présentée comme une cabale menée par la Présidence
contre certains journaux); il éclipse l'inénarrable grève du CLA*
et du CNAPEST* contre les élèves des lycées et que certains
journaux présentent comme un haut fait d'armes tout juste parce que
ça les aide dans leur cabale et que le pouvoir présente comme une
subversion juste parce qu'elle trouve de la sympathie de la part des
journaux qui le trouvent antipathique. Le cinéma continue sous
l'oeil goguenard des citoyens jeûneurs qui n'ont d'oreilles que
pour les criées des marchands de victuailles... Pendant ce temps,
le village dort de sa belle léthargie le jour pour se réveiller la
nuit au rythme de la loterie de la place publique qui répond à
l'écho des psalmodies de la mosquée... NB: *** le CLA et le
CNAPEST sont des syndicats d'enseignants "non reconnus";
dès qu'ils termineront leur grève, le SATEF et la FNTE qui sont
des syndicats "reconnus" la reprendront pour le grand bien
des élèves qui pourront ainsi ramasser les olives au lieu de
perdre leur temps à bâiller aux corneilles devant leurs cahiers
dans les salles mal chauffées face à des "marchands
d'alphabet" qui n'arrêtent pas de marchander leur
pseudo-savoir... Allez va ! comme dirait Si Hamid... |
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Mercredi
29 Octobre 2003:
Devant la maigreur des porte-monnaie des citoyens, les commerçants ont
dû se résigner à abandonner l'idée de faire fortune durant ce Ramadan.
Les prix sont descendus en flèche et l'insipide courgette a repris
sa modeste place parmi les navets et les oignons. Seule la pomme de
terre se donne pour quelques jours des allures de dame en
s'affichant à 40 DA/kg. D'aucuns mettront ce retour au bon sens sur
la piété retrouvée de nos coreligionnaires étalagistes alors
qu'il s'agit tout simplement d'une conséquence tout à fait
attendue de la loi sur l'offre et la demande. La piété n'a pas
incité les professeurs à maudire ce satané Ibliss" (ikhezzou
m'bliss) pour reprendre leur travail et épargner aux élèves et au
pays l'épreuve d'une année scolaire mise entre parenthèses. |
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Jeudi
30 Octobre 2003:
Journée froide et pluvieuse. Le village se retrouve plongé dans la
boue de la SAS aux Nouaders. La route principale est impraticable et
le marché de la place s'en ressent puisqu'il connaît une affluence
indigne d'une journée de Ramadan. |
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Vendredi
31 Octobre 2003:
M'Hamed Yazid est mort suite à une chute à la veille du Premier
Novembre... Un Premier Novembre que le village va fêter avec le
rituel immuable du recueillement devant la stèle de la place
publique, recueillement auquel seront conviés exclusivement les
membres de la "Famille Révolutionnaire" qui semblent
hériter à eux seuls d'une Révolution qui se donne pourtant pour
devise: "Par le peuple et pour le Peuple"... Le peuple
profitera de cette journée fériée pour aller faire son marché.
En prévision de cet événement, les roues boueuses du village se
sont parées de drapeaux et d'oriflammes et dès demain, les chants
patriotiques qu'on diffusera de l'APC à pleins décibels vont noyer
le village sous une ferveur révolutionnaire trop artificielle pour
être poignante... Aux alentours du village les labours se
poursuivent et les premiers "chantiers" de ramassage des
olives se font voir de proche en proche. Question climat, un violent
sirocco a assombri le ciel en y suspendant tout le sable du désert.
La pluie que prévoit la météo pour demain devrait laver
l'atmosphère pour nous redonner cette limpidité de l'air qui porte
le regard jusqu'à Lalla Moussaad à l'ouest et qui nous fait
distinguer clairement les moindres pics du Djurdjura à
l'Est. |
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Samedi
1er Novembre 2003:
La commémoration de l'anniversaire du déclenchement de la
Révolution a vu les oriflammes multicolores flotter même sur
l'embranchement de la RN 5 et de la départementale 125.
L'initiative est à mettre à l'actif de la Commune d'Aomar et notre
maire doit en avoir ressenti une grosse humiliation s'il est encore
capable de ressentir pareille chose... Le Ramadan continue sa course
vers l'Aïd. La tradition veut qu'il soit divisé en 3 périodes:
les journées des mules d'abord, les journées des chevaux ensuite
puis les journées des ânes enfin... Nous abordons aujourd'hui la
2eme phase des journées muletières. Un froid assez vif est venu ce
soir accompagner une pluie sporadique. Les paletots ont été
ressortis et les cols relevés ajoutent un surcroît de froidure à
la froidure ambiante. Aissa EL Baggar, comme de nombreux paysans
occasionnels était aux nues tout à l'heure. Il reconnaît
qu'il a été bien avisé de planter les fèves ce matin car la
pluie qui tombe leur donnera dit-il une vigueur promettant une
récolte exceptionnelle. |
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Dimanche
2 Novembre 2003:
La nouvelle se fait très insistante... Le Président Bouteflika
visitera notre région le mardi 4 novembre. Dans son programme, un
seul grand point: l'autoroute Est-Ouest. On comprend qu'il y'a de
fortes probabilités pour que l'information soit fondée en voyant
nos responsables s'affairer avec une frénésie inhabituelle.
L'itinéraire du Président doit être balisé par des trottoirs
repeints et s'il faut planter des arbres adultes, ça se fera aussi
!.... A Kadiria, les travailleurs des ponts et chaussées, malgré
le Ramadhan durant lequel les après-midi sont généralement
réservées aux emplettes, s'affairent à 16 H passés, à tracer
les lignes sur la route et tôt le matin, un compacteur compactait
déjà la boue de la route départementale qui traverse notre
village et qui, complètement défoncée, lui donne un air de Verdun
comme il nous semble l'avoir dit. Il faut espérer beaucoup de pluie
lors de cette visite, non seulement pour que les fèves de Aissa El
Baggar poussassent drues mais aussi pour que se délitassent sous
l'effet des eaux, les vernis artificiels qu'on a posés sur
l'itinéraire du Président pour lui en mettre plein la vue afin que
son regard n'aille pas au délà du chemin qu'on lui a balisé... Il
faut espérer que le Président lise cette chronique (mais ça,
c'est illusoire) pour qu'il sache s'enfoncer dans les rues
transversales et voir par exemple comment vivent les gens à
"la SAS", au lotissement évolutif, au tripot de Chaabet
Lakhera (la rivière d Jugement Dernier), à Boulerbah, à Harchaoua
et ailleurs dans ces coins que nul illustre visiteur ne daigne
visiter... |
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Lundi
3 Novembre 2003:
C'est officiel, le Président de la République viendra visiter
notre Wilaya demain. Deux portraits immenses du Président ont
été collés, l'un au mur d'un bâtiment à "Brachma" et
l'autre sur un panneau publicitaire situé sur le bord de la RN5.
Aujourd'hui, le Wali, les Sous-Préfets et les Maires qui
administrent les terres situées sur l'itinéraire présidentiel se
sont tous transformés en chefs de chantiers. Des engins ont été
sortis on ne sait d'où, des budgets mobilisés on ne sait de
quelles caisses et en une journée l'environnement s'est totalement
transformé. Notre maire dont la commune est abritée du regard à
partir de la route nationale par les collines est resté serein
comme à sa longue habitude. Ah si la RN 5 devait se couper sous
l'effet de quelque providentiel éboulement et que l'itinéraire
présidentiel devait être détourné pour transiter par les rues
boueuses de notre village !... |
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Mardi
4 Novembre 2003:
Le Président de la république est venu, il a vu et il est reparti.
Monsieur Bouteflika a ouvert une route mais pour ce faire, on a dû
fermer toutes les autres routes. On ne sait qui devra répondre
devant Dieu des milliers d'automobilistes qui ont dû supporter en
jeûnant les
embouteillages monstres qui se sont formés à Lakhdaria et sûrement
aussi à Bouira, aux limites du champ de manoeuvre du
Président dont l'épicentre se situe à Zeboudja. Au passage
obligé de Monsieur Bouteflika par Kadiria et Aomar Gare, il y'avait
l'habituelle affluence populaire avec écoliers brandissant des
drapeaux, zornas de circonstance et vieux moustachus enturbannés
levant le bras et criant "yahia Erraïs !" mais aux
journaux télévisés, on n'a rien montré de cette "liesse
populaire". La Wilaya ayant eu sa visite présidentielle,
Chaabet Lakhera et les autres tripots devront attendre encore pour
se voir dotées des commodités qu'elles attendent depuis que la
France en a fait des camps de concentration heu... de regroupement. |
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Mercredi
5 Novembre 2003: La journée est placée sous le signe des accidents de la
circulation. A 8 H, deux mastodontes se sont rentrés dedans devant
la porte du cimetière de Sidi Athmane. Une catastrophe majeure a
été évitée car le premier mastodonte est un semi-remorque
chargé de sable, le second un camion-citerne géant de la Sonatrach,
heureusement vide et qui a vu sa citerne se détacher sous l'effet
du choc pour se retrouver projetée par terre. Si par malheur elle
était remplie et que le produit s'était embrasé, on aurait
éclipsé les attentats d'Irak et la crise entre Ahmed Qoraï et
Arafat pour faire la une de l'actualité mondiale... Juste avant
l'accident on a reçu l'annonce de la mort par accident d'un
monsieur de Ben Haroun, connu pour ses cheveux poivre et sel et sa
vieille 404 familiale à l'aide de laquelle il faisait le
clandestin. Il s'agit d'un des enfants Koroghli... l'information est
à prendre avec les réserves d'usage tant le téléphone Arabe est
friand de sensations même morbides... Mais la nouvelle la plus
terrible est tombée aux environs de 15 H... Un embouteillage
monstre s'est constitué entre Kadiria et les eucalyptus sur la RN5;
il était dû au dégagement du fourgon de transport de voyageurs de
Chachou Hakim qui aurait été percuté par un autre véhicule. On a
parlé de 20 morts puis on a réduit le nombre de victime et donc
l'ampleur de la sensation à 6... Le maire m'a rassuré à 17 H en
me disant qu'il n'y eut que quelques blessés qui ont d'ailleurs
tous quitté l'hôpital. A 20 H 30 je reçois un appel
téléphonique m'informant de l'hospitalisation de T. Ahmed, un
jeune homme de "Brachma" victime d'un accident de la
circulation lui aussi. Est-ce un canular mal placé, Ahmed
faisait-il partie des passagers du fourgon de Chachou ?... On sera
éclairé quand le téléphone arabe sera moins parasité...
22 H 30... Je viens d'apprendre de la bouche de Chachou Mohamed la version de l'accident... Un camion aurait percuté le fourgon par la faute du chauffeur. Les 19 passagers ont tous été blessés; ils ont été évacués sur l'hôpital de Lakhdaria; trois d'entre eux auraient été orientés vers l'hôpital Zemirli d'El Harrach pour des traumatismes sévères dont le conducteur du fourgon, un certain "Halli" d'Aomar qui aurait eu les deux jambes sectionnées. Karim, le fils de Chachou qui faisait le receveur aurait été légèrement blessé au menton, Touati Ahmed d'Aomar a eu une déchirure du cuir chevelu et une fracture des deux poignets... Ces informations sont aussi à prendre avec quelques réserves car elles émanent de Mohamed Chachou qui, en temps normal est déjà très "catastrophiste"...
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Jeudi
6 Novembre 2003:
On continue à discuter de l'accident d'hier. L'intensité de
la catastrophe est revue à la baisse d'heure en heure. Karim
Chachou est sorti de l'hôpital. La plupart des blessés sont
gardés en observation à l'hôpital de Lakhdaria; seul le chauffeur
se trouve à Zemirli en observation; on prétend qu'il est toujours
dans un état comateux mais qu'il risque de perdre un seul pied. La
loterie continue à attirer la foule. Le Ramadhan se poursuit dans
les senteurs de la zalabia et du qalb Ellouz qu'on propose à chaque
coin de rue. Les travaux de réfection de la route sont au point
mort; pas un engin ne dérange la quiétude du village. |
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Vendredi
7 Novembre 2003:
Journée de Ramadan habituelle avec sa léthargie matinale suivie de
la ferveur de la prière du vendredi qui rend brusquement les rues
désertes. S'il y'a une prescription religieuse qui est respectée
à la lettre et même un peu plus, c'est cette interdiction de
commercer durant la prière du vendredi. Même les non-pratiquants
se font un devoir de baisser les rideaux à moitié ou de couvrir
les étals d'une bâche puis de se croiser les bras pour faire de la
tête un "non" désolé à la demande d'achat des clients.
Ce zèle est poussé au point où la fermeture des commerces se fait
durant toute l'après midi du vendredi et non pendant le temps
réservé à la prière et il arrive très souvent que le
commerçant qui n'exploite pourtant pas le temps de fermeture pour
la prière, refuse de servir de l'eau minérale à des familles dont
les enfants pleurent de soif, c'est dire l'intensité de la ferveur
religieuse !... Les travaux de réfection de la rue principale ont
repris; la phase d'épandage de tout-venant se déroule avec
l'inconfort qui en était attendu pour les usagers. |
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Samedi
8 Novembre 2003:
Catastrophe écologique du côté de Boubekeur... une fuite sur
l'oléoduc à l'endroit où ça n'arrête pas de se produire depuis
10 ans a deversé dans l'oued une grande quantité de brut qui
devrait aller polluer même le barrage de Beni-Amrane. Sans doute
pour éviter que toute la quantité de pétrole aille se répandre
à la surface du barrage en détruisant toute vie le long de Oued El
Djemaa puis de l'Isser, on a mis le feu à la nappe aux environs de
Boulerbah, ce qui a engendré un feu immense dégageant une opaque
fumée noire qui a été visible de Lakhdaria et peut être de
beaucoup plus loin. En début d'après-midi les équipes de
Sonatrach étaient à pied d'oeuvre à Boubekeur pour colmater pour
une énième fois la brèche de l'oléoduc. On se demande ce
qu'attend cette société qui a pourtant des moyens colossaux pour
régler définitivement le problème récurrent de ce tronçon. Aux
dernières nouvelles, le bilan de l'accident du fourgon de Chachou
serait de 2 morts selon un quotidien. Le chauffeur est toujours à
Zemirli dans un état critique. Les autres blessés sont à
l'hôpital de Lakhdaria. La grève des lycées perdure sans qu'aucun
indice ne vienne donner l'espoir de voir les élèves reprendre le
chemin des classes... |
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Dimanche
9 novembre 2003:
Les équipes de Sonatrach sont à pied d'oeuvre à Boubekeur pour
colmater la fuite du brut sur l'oléoduc. C'est toute une armada de
camions citernes, d'ambulances, de véhicules tous terrains qui
stationne sur la route de Harchaoua. La route principale du village,
à hauteur de la fontaine publique est totalement défoncée et la
circulation est détournée en bas des "nouaders" pour
contourner le casernement de l'ANP, passer devant la base Cosider et
remonter par la route de "Chaabet Wambir" jusqu'à
l'embranchement d'"El Maasri" qui débouche sur le palier
de la cité. Pour le reste, c'est le ramadan qui caracole depuis 4
jours à l'allure du cheval après la laborieuse décade
muletière. |
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Lundi
10 novembre 2003:
L'hécatombe continue... Aujourd'hui, c'est à moi de porter le
deuil de mon neveu FOUAD, fils de mon frère Messaoud - ex Directeur
de l'usine d'eau minérale de Ben Haroun puis de la Brasserie de
Réghaia où il habite dans un logement de fonction ébranlé par le
seisme du 21 mai. Fouad qui frôle la trentaine était plein de
vitalité; il est mort ce soir dans un accident de voiture sur le
route de Ouled Moussa et se trouve à la morgue de Réghaia au
moment où j'écris ces lignes. La famille en entier a dû se
déplacer de nuit pour tenir compagnie aux parents éplorés. Il est
difficile d'entretenir cette chronique avec cette grosse boule qui
s'est obstinément installée dans ma gorge; mais c'est peut-être
une manière subconsciente de faire diversion au drame de ma
famille, à cette réplique de ma mère que le deuil a rendue
volubile et euphorique, elle qui passait inaperçue tellement elle
est devenue discrète et qui m'a imploré tout à l'heure de
l'emmener "aux noces de Fouad"... à l'immense tristesse
de mon père qui n'a pas fini de remercier Dieu après les prières
du tarawih d'avoir épargné son autre petit fils Djamal dont la
voiture a dérapé hier soir du côté de Djebbanet Ennsara pour
s'entendre dire que le mektoub s'était trompé de cible car il
prévoyait d'emmener son autre petit fils, Fouad, au désarroi
de mon frère Messaoud et de sa femme, de leurs enfants aussi, de
mes enfants à moi que la faucheuse vient, ricanant comme une hyène
rappeler qu'elle est souveraine dans le choix de ses victimes et que
la mort n'est pas seulement réservée aux "autres"... On
annonce aussi la mort subite de Yahia Gacem à l'hôpital suite à
une crise expéditive. Yahia Gacem, le père de Lakhdar et Achour a
trimé toute sa vie comme fellah, il aurait accompli sereinement sa
prière hier. Pris de douleurs subites, il a été évacué sur
l'hôpital où il a rendu l'âme. |
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Mardi
11 novembre 2003:
Fouad a été enterré au cimetière de Réghaia à côté de son
ami. Les circonstances du drame sont maintenant connues. Fouad et
son voisin de son âge sont allés chercher un copain habitant Ouled
Moussa pour rompre le jeûne avec eux; c'est au retour que leur
quatrelle fut littéralement écrasée par un fourgon. Ils furent
tués sur le coup quelques dizaines de minutes avant le f'tour. Leur
copain devait décéder par la suite. Les parents étaient
embarrassés sur le lieu où ils devaient l'inhumer; ils ont
préféré laisser ensemble les deux amis que la mort avait choisi
de prendre en même temps et les ont enterrés côte à côte...
Yahia Gacem a, lui aussi été mis en terre ce soir par les
villageois. |
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Mercredi
12 novembre 2003: Le ciel est couvert et le temps assez frais...
il est tombé par intermittence quelques gouttes de pluie qui
n'auront pour seul effet que celui de rendre la route glissante pour
favoriser la lutte contre la démographie. Le Ramadan a atteint sa
vitesse de croisière; dans deux ou trois jours les jeûneurs
perdront du regard les denrées alimentaires pour réserver leur
attention, leur temps et ce qui leur reste dans les poches aux
habits de l'Aïd. Les engins ont continué à décaper la route
principale du village qui ressemble aujourd'hui à la faille
de San Andréas. Il faut espérer que les prochains jours ne
connaîtront pas les pluies diluviennes qui ont l'habitude de tomber
à pareille époque. Hier entre 19 et 20 h nous avons ressenti un
assez fort séisme; les connaisseurs du CRAAG ont trouvé la parade
pour s'éviter des explications; ils mettent tous les tremblements
de terre sur le compte de répliques "normales" de la
secousse du 21 mai et, pour mieux convaincre, ils situent
systématiquement et péremptoirement parce qu'ils ne risquent pas
d'être démentis, l'épicentre à Zemmouri... Aux environs de
22 H, on a entendu une très forte explosion du côté ouest du
village, elle a été suivie du retentissement strident des sirènes
du casernement de l'armée et d'un mouvement de camions militaires.
22H 20... un ami habitant Aomar-Gare m'annonce par portable qu'il
entend des coups de feu nourris du côté de la protection civile,
du CEM et d'autres coins. Il a entendu la bombe de tout à l'heure
et croit comprendre qu'elle à visé la protection civile. Le
téléphone fixe est en dérangement depuis quelques heures; il y'a
peut-être phénomène de cause à effet. Demain on verra ce qui
s'est passé si les prochaines heures n'apportent pas d'autres
développements... |
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Jeudi
13 novembre 2003:
Sombre journée. A 13 H 30 Le soleil est caché par des nuages noirs
qui menacent à tout moment de crever pour déverser sur la terre le
contenu de leurs panses. Le téléphone fixe est toujours dérangé.
Les travaux sur la route principale sont au point mort; l'armada de
la Sonatrach qui est venue colmater la brèche sur l'oléoduc est
repartie après avoir rafistolé le pipe. La bombe et les coups de
feu de la nuit d'hier sont le fait d'une attaque terroriste dont
très peu de choses ont transpiré jusqu'à maintenant. Des
gendarmes étaient à pied d'oeuvre à 13 H à côté de la
protection civile de la gare d'Aomar qui était gardée par les
agents de la police communale ce qui tend à prouver que l'attaque
d'hier la visait particulièrement, mais un cratère était visible
près du pont de Oued El Djemaa et on dit que c'est l'effet d'une
bombe actionnée certainement à distance contre un camion
militaire; une personne présente à l'hôpital de Lakhdaria après
le f'tour m'a affirmé avoir vu quatre blessés par balles aux
urgences. |
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Vendredi
14 novembre 2003:
Un vieux
monsieur encore alerte et qui est descendu à Aomar s'est retrouvé
à l'hôpital après avoir été percuté par une quatrelle à
côté du nouvel arrêt de bus de Sidi Athmane. Il s'agit d'un
DAHMANI (de ceux qui résident à El Barda et non à Ain Cheriki).
Juste avant de faire sa traversée fatale, le vieil homme aurait eu
ce mot, selon un témoin "auriculaire": "Ils nous ont
placé une guillotine"... l'arrêt de bus est effectivement une
guillotine car pour y accéder ou pour en sortir, on doit s'engager
directement et sans possibilité de vision dans la route nationale
n° 5 qui, comme tout le monde le sait, est saturée presque à tout
moment. Toujours dans la série des drames, une femme de Ben Haroun,
dans la famille Chiheb est morte suite à un malaise qui a nécessité son évacuation par ambulance vers l'hôpital. Ces morts
brusques font aujourd'hui partie de notre quotidien; elles sont dues
certainement aux problèmes cardio-vasculaires auxquels nous sommes
tous exposés du fait du stress, des difficultés financières et de
l'angoisse existentielle. Les travaux de réfection de la rue
principale marquent le pas; une conduite d'eau potable s'est brisée
en amont et l'eau a déferlé vers l'aval pour créer une grande
mare à l'entrée du village; une mare qui rappelle celles qu'on
aménage à l'entrée des couvoirs et dans lesquelles l'eau
javellisée en lavant les roues des véhicules qui y accèdent les
débarrasse des germes qu'elles pourraient transporter. |
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Samedi
15 novembre 2003:
Le Ramadhan arrive à la période où le souci du ventre laisse
place à celui des nippes. Les marchands de fruits et légumes se
font tous petits devant ceux des souliers et des vêtements. La
friperie est aussi à l'honneur et l'orgueil d'antan laisse place à
une humilité gênée chez nombre de pères de familles qui n'ont
d'autre alternative que celle de se rabattre sur les habits de
récupération. Un vent très fort et assez froid s'est levé après
le f'tour; il déferle sur le village en hurlant comme un damné. Le
téléphone est toujours aux abonnés absents. Le journal "Le
Matin" a annoncé l'attaque terroriste du mercredi 12 novembre;
selon son correspondant, c'est un camion militaire qui était visé;
il confirme le bilan de quatre blessés. Aux dernières nouvelles
(à prendre toujours au conditionnel) l'accident du fourgon de
Chachou aurait fait 4 morts; le chauffeur serait toujours dans un
coma profond. |
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Dimanche
16 novembre 2003:
Le Téléphone est toujours en dérangement; les agents des PTT sont
en train de changer les numéros et ils prennent tout leur temps
avec ceux qui n'ont pas le temps d'aller les supplier de le faire
pour leur ligne. La route du village continue elle aussi à se faire
retaper avec la célérité habituelle qui caractérise les travaux
dits publics. Le Ramadhan pour sa part est arrivé à son dernier
virage et ses journées asiniennes se succèdent à une allure qui
n'a rien à voir avec la petit trot de cadichon. |
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Lundi
17 novembre 2003:
La vie continue; le téléphone est toujours muet, la route est
toujours à l'état de chantier; les premiers chantiers de ramassage
des olives font leur apparition; les étourneaux qui avaient
l'habitude d'arriver en masse pour participer à leur manière à
cette cueillette sont étrangement en retard cette année; quelques
grives sont par contre arrivées et font déjà le bonheur des
oiseleurs. |
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Mardi
18 novembre 2003:
La pluie et le froid font timidement leur apparition; le Ramadhan en
est à ses derniers soubresauts; les étals des marchands de
légumes n'ont plus cette exubérance des premiers jours et les
prières des tarawih atteignent déjà les derniers hizb du Coran,
la voix de l'Imam n'a plus sa fraîcheur du début du Ramadhan. Le
téléphone semble trouver confortable son mutisme et prend ses
aises dans son dérangement qu'aucun agent ne vient
troubler. |
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Mercredi
19 novembre 2003:
La pluie a fait du village un immense champ de boue. Les agents des
PTT continuent à travailleur quelques minutes par jour pour nous
brancher... |
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Jeudi
20 novembre 2003:
Au marché du village, il n'y a pas grand chose sinon les deux
cageots habituels de sardine et les poulets et puis quelques
légumes, des pommes rabougries et des oranges et mandarines trop
vertes pour être décemment comestibles. |
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Vendredi
21 novembre 2003:
La prière du vendredi éclipse tout. La ferveur dopée par le
Ramadhan attire vers les lieux de cultes un très grand nombre de
fidèles parmi lesquels la gente féminine s'affiche de plus en
plus. |
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Samedi
22 novembre 2003:
Un vent d'une puissance inouie souffle sur la contrée; il va finir
par gauler toutes les olives et nous n'aurons plus le loisir de voir
ces femmes colorées chevaucher de proche en proche nos oliviers...
Consolation aussi, nous n'enregistrerons plus ces hanches luxées et
ces tibias cassés et colonnes vertébrales déplacées, qui
accompagnent infailliblement la cueillette des olives et que la
caisse d'assurances sociales ne considère pas comme "accidents
de travail" car ces pauvres femmes aux foyers sont tout sauf
des travailleuses. La route et le téléphone sont toujours en
dérangement et le vent souffle très fort comme pour montrer une
colère divine contre le sort fait à nos ânes dont la presse vient
de révéler que des milliers ont été consommés à l'insu des
jeûneurs en viande hâchée... Nous avions pourtant mis en garde
contre cette inéluctable descente aux enfers de notre sympathique
preneur de son en ouvrant un site web en son honneur depuis plus de
deux ans et en publiant des tas d'écrits dans le journal,
aujourd'hui passé à la trappe lui aussi pour cause d'appêtit
démesuré de bouffeurs de canards... Vous pouvez lire nos histoires
asiniennes sur http://www.geocities.com/amis_des_anesdz
vous pourrez même adhérer à 4A: l'Association Algérienne des
Amis de l'Ane dont les membres aiment l'âne en tout sauf en osbane... |
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Dimanche
23 novembre 2003: On
ne sait si c'est la baraka de Sidi Gacem ou de Sidi Athmane, de
Lalla Braika ou de Boubekeur, de Sid Ahmed N'AAli ou de Sidi Assem
qui a joué pour éviter un immense deuil à la veille de l'Aid
Seghir... toujours est-il que le fourgon de Djebri & Boudaoud
plein à craquer de collégiens de Harchaoua, s'est renversé et a
fait deux tonneaux au niveau du grand virage d'El Dj'bara sur la
route de Harchaoua. Les passagers n'ont pu en sortir dit-on, qu'en
se faufilant à travers un des fossés qu'on creuse autour des
oliviers qui a arrêté sa descente vers l'oued... Considérant
"l'abruptitude" de cet endroit, on peut affirmer qu'il a
fallu conjuguer la baraka de tous les saints pour faire de cet
accident un incident d'où on n'a retiré que de légers
traumatisés, ecchymosés, égratignés et autres écorchés... On
invoquera peut être aussi la baraka de l'olivier... Un très fort
vent nocturne s'est levé. La route et le téléphone sont toujours
dans un état qui ne permet pas leur utilisation. |
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Lundi
24 novembre 2003:
C'est une très belle journée et, à voir le calme et la
sérénité des oliviers et autres eucalyptus, on ne peut se
représenter que cette nuit, un vent d'une extrême violence a
failli déraciner même les jujubiers. Route et téléphone sont
toujours au point mort. Les voyeurs du Ministère des Affaires
religieuses ont réussi à entrevoir un léger croissant de lune du
côté de Naama et, pour mieux nous rassurer quant à leur bonne
foi, nous informent que ce croissant a été vu en... Afrique du Sud
!.... C'est dont demain que nous inverserons les épreuves que nous
administrons à nos estomacs en jeûnant la nuit pour nous gaver le
jour après avoir fait le contraire durant le sacré mois du
Ramadhan. On regrettera ces nuits animées par les prières à la
mosquée et qui auraient été très douces sans la déformation et
les parasites des sonos mises à fond, les gutturalités des joueurs
de domino, les effluves de la Zlabya et du Qualbellouz heu...
Qualbelkaoukaou... |
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Mardi
25 novembre 2003:
C'est l'Aïd. Prière rituelle suivie des embrassades à ciel ouvert
puis des visites des cimetières et enfin des rencontres
familiales. Rien de bien spécial en quelque sorte, à part le
fait que cette année la "Zakat" de l'Aid qu'on a
évaluée à 70 DA par tête de pipe sera gérée par la mosquée à
qui il reviendra d'établir la liste des indigents et de procéder
à la remise des aides. La bonne vieille solidarité d'antan risque
de foutre le camp pour être fonctionnarisée... Et c'est ainsi que
nos petits génies incapables de se faire des découvertes qui
valent la peine, s'évertuent avec une sadique délectation à nous
enlever le peu de folklore et de sincérité qui restent dans nos
séculaires traditions. |
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Mercredi
26 novembre 2003:
deuxième jour de l'Aid... Il pleut et sur la RN5 en contrebas,
c'est l'hécatombe... |
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Jeudi
27 novembre 2003:
des chutes de pierre au niveau des gorges de Palestro ont
occasionné des blessures à des passagers et des dégâts aux
véhicules. La route s'est bloquée durant une partie de la nuit aux
dires des journaux. |
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Vendredi
28 novembre 2003:
Les pouvoirs publics ont enfin décidé de mettre fin au cinéma de
cette grève des lycées qui n'a que trop duré; il faut espérer
qu'ils tiendront leurs promesses afin que nous puissions enfin
sortir de ce démocratisme débridé qui finit par avoir l'air d'une
pitoyable anarchie. |
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Samedi
29 novembre 2003:
Mon oncle, Tahar ADJOU, ex secrétaire de l'APC de Djébahia est tombé d'un
olivier. Il glanait les olives avec son frère Slimane et la branche
sur laquelle il était monté a cédé; il est tombé; il s'est fait
très mal mais les radios n'ont détecté aucune fracture ou lésion
sérieuse. La branche coupable a été punie par Si Slimane qui l'a
découpée en morceau pour en faire un fagot dont la destination est
la géhenne des âtres. Je rassure Yacine quant à la non gravité
de l'état de son père que j'ai vu hier et qui, en dépit de
quelques douleurs très compréhensibles, garde tout son moral.
L'ultimatum des pouvoirs publics est arrivé à expiration et
pratiquement tous les lycées ont renoué avec l'ambiance des
études sauf ceux de deux ou trois wilayates dont la nôtre qui ne
manque jamais une occasion de se distinguer quand il faut faire le
cancre... |
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Dimanche
30 novembre 2003:
Il souffle un vent digne des "rugissants" du Pacifique. La
route du village ressemble toujours à un oued et il semblerait que
les Ponts et Chaussées soient vraiment dans une grosse gêne car
ils n'auraient pas les moyens de terminer les travaux, ce qui laisse
présager d'un hiver pas commode pour nos rotules et nos souliers. |
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Lundi
1er Décembre 2003:
Le téléphone est enfin rétabli... Une nouvelle numérotation des
lignes de tout le village a été décidée... Fini le 90, nous
avons avancé d'un pas puisque nous avons dorénavant pour indicatif
de zone le 91... Pour des raisons que tout le monde comprendra,
j'hésite à donner mon numéro sur le site; je suis disposé à le
transmettre par mail à tout djebahi de l'extérieur qui souhaiterait
l'avoir pour d'éventuels renseignements urgents. Les travaux de
réfection de la route ont repris ce soir. Du sable a été
généreusement étalé sur la chaussée. Les pluies qui sont
attendues pour demain vont se faire un plaisir de le ramener de la
rivière d'où il a été puisé... |
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Mardi
2 Décembre 2003:
Il fait très froid et il a plu durant la nuit; une pluie fine et
cinglante comme des lames de glace. Il a continué à pleuvoir
toute la journée et des passagers affirment que le Dirah qui domine
Sour El Ghozlane est couvert de neige. La météo prévoit aussi de
la neige pour nos proches collines qui dépassent les 800 m et comme
notre H'lala se situe à 1039 m exactement, cela nous promet de
belles images mais aussi des nuits froides et... une pénurie de gaz
butane en perspective ... |
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Mercredi
3 Décembre 2003:
La pluie a causé en face du puits d'EL Kerri un glissement de
terrain qui a été fatal au train de marchandises. De nombreux
wagons ont été réduits à des tas de ferraille. La grève
des profs de lycées perdure. Les élèves continuent faute d'être
informés au préalable, à faire une navette quotidienne aussi
inutile que coûteuse entre leur domicile et le lycée. Le bras de
fer entre pouvoirs publics et enseignants se fait en forme de bras
d'honneur aux principaux concernés que sont les lycéens. |
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Jeudi
4 Décembre 2003:
La neige recouvre tout le Djurdjura. Un vent très froid souffle sur
le village que recouvre totalement la boue d'une route qui n'en
finit pas de se faire retaper. Si on devait établir des
statistiques, on se rendrait compte à n'en pas douter que notre
village aura vu la plus forte vente de bottes en Algérie durant les
dix derniers jours. La colère citoyenne gronde sourdement contre
cette gabegie criminelle mais elle finira comme toujours par se
dégonfler comme un ballon de baudruche parce que nos villageois
possèdent toutes les cultures du monde sauf celle de la
contestation... |
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Vendredi
5 Décembre 2003:
Les chemins de fer ont mobilisé les grands moyens pour dégager les
épaves des wagons qui jonchent la voie ferrée. En dépit d'un ciel
qui disputerait son bleu à la méditerranée le froid reste très
vif mais la campagne, sous l'effet des dernières pluies, a revêtu
un manteau de verdure printanier. Le ramassage des olives bat son
plein mais les premières livraisons des huileries sont loin de
répondre aux attentes puisque le quintal a donné une moyenne de 13
litres selon Fatah 24. |
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Samedi
6 Décembre 2003:
Les wagons continuent à joncher de leurs grosses carcasses la voie
ferrée en contrebas du village. La journée est superbement
ensoleillée mais tout de même assez froide sous l'effet des
souffles que nous renvoient les pentes enneigées du Djurdjura. La
grève des professeurs de lycées continue; la presse qui est pour
beaucoup dans cette situation annonce la reprise pour Lundi comme
confirmant que c'est elle qui imprime la cadence... |
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Dimanche
7 Décembre 2003:
Les discussions sont dominées par l'attentat qui a coûté la vie
à un jeune policier dans un café à Aomar. La victime a été
enterrée aujourd'hui à Sidi Athmane à 15 H 30. Une foule
nombreuse a assisté aux funérailles. La psychose des attentats
s'est réinstallée. Durant la nuit une rafle policière a visé un
certain nombre de jeunes de la localité et beaucoup de commerces
n'ont pas ouvert aujourd'hui. Durant la matinée on a assisté en
direct au pilonnage par hélicoptères de la zone à l'est de Tizi
Larbaa. On dit aussi qu'une bombe artisanale a explosé au passage
des paysans à Ben Haroun; elle aurait fait deux blessés. Le temps
détonne avec la grise mine des gens et s'offre un soleil splendide. |
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Lundi
8 Décembre 2003:
De gros nuages noirs ont commencé à affluer vers notre région;
mais ils n'ont donné que des pluies légères car ils avaient
déversé tout le contenu de leurs immenses panses sur l'Algérois.
La préparation de la route pour l'opération revêtement bitumineux
touche à sa fin puisque le compactage du tout venant a atteint les
limites basses du village. L'actualité reste dominée par
l'attentat d'avant hier et la bombe qui a explosé à Ben Haroun. On
sait maintenant que ce sont les enfants de Gharbi Hamani de kef
leh'mam qui ont été légèrement blessés. La bombe aurait
explosé au passage du "disque" que traînait leur
tracteur lors des travaux de labours. Toute la presse de la journée
s'est faite l'écho de l'attentat d'Aomar, projetant encore une fois
sur notre contrée les spots d'une actualité qu'elle aurait aimé
ne pas voir s'allumer pour pareils événements. |
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Mardi
9 Décembre 2003:
La pluie et le beau temps se sont succédés durant toute la
journée. Il fait un froid assez vif. La cueillette des olives bat
son plein, les labours se poursuivent avec un entrain tempéré par
les pluies. A Aomar on continue à discuter de l'attentat de
Dimanche et la peur a brutalement repris sa place après une longue
période de paix. |
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Mercredi
10 Décembre 2003:
Décembre continue à dérouler ses jours de pluie, de vent, de
froid et de boue. Le village n'est pas beau à voir avec ses rues
défoncées qui se sont transformées en torrents de boue. Le
taciturnisme du temps a contaminé les villageois et il est rare
d'entendre un rire ou de voir un sourire dans les mines fermées des
gens que le froid crispe encore plus. |
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Jeudi
11 Décembre 2003:
Le mauvais temps continue à sévir et le marché du village ne
propose que quelques cageots de mandarines et d'oranges, des
tas de cardes, de navets et d'épinards et des poulets
rabougris. |
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Vendredi
12 Décembre 2003:
La pluie continue à favoriser l'envasement du village. Les travaux
de réfection de la route sont totalement à l'arrêt et la
traversée de la route principale ressemble à un parcours de vrais
combattants. Pendant ce temps, les villageois qui n'ont aucune
sensation à s'offrir se rabattent sur les jeux de dominos. Le
nouveau café de la SAS qu'a ouvert Zaabouche depuis le Ramadhan ne
désemplit pas. Il faut dire que le tenancier n'est pas allé de
main morte pour offrir aux joueurs un confort qui n'a rien à envier
aux cafés de Bouira ou Lakhdaria. Il faut espérer que cette
manière d'attirer la clientèle par l'amélioration du service fera
tâche d'huile pour nous épargner le spectacle de ces bouges
habituels qui servaient de lieux de loisirs et de
rencontres. |
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Samedi
13 Décembre 2003: De
la SAS aux Nouaders et de Bled Lounis à Ain Hamana, de Chaabat
Ouambir à Zebboudj Djemaa, le village n'est plus qu'un immense
champ de boue. Nombre de gens montrent du doigt un APC et son maire
qui, entre nous soit dit, est la plus faible assemblée communale
que le village ait eu depuis sa création. Mais culpabiliser la
mairie toute seule est un raccourci trop pratique pour oublier que
derrière toutes les misères que vit le village et ses habitants se
profilent en ombres chinoises des gens presque au dessus de tout
soupçon; ce sont ces dizaines de fonctionnaires qui sévissent dans
les différentes administrations, de la Santé au Prix, des Travaux
Publics à la Sous-préfecture, des Domaines à l'Habitat, de
l'Hydraulique à la Poste et qui font tout pour retarder les projets
car ils se sont eux aussi investis dans la politique et ils savent
que le meilleur moyen de détrôner le maire c'est de faire des
misères à ses administrés... Si les pouvoirs publics en ce pays
voulaient un réel développement local, il devraient au départ
imposer un choix aux fonctionnaires: ou faire de la politique, ou
faire le commis de l'Etat car les deux fonctions sont antinomiques.
Sous l'effet de la chaussée rendue glissante par la boue, Moh
"La Paille" a fait une chute mémorable au sortir de la
mosquée. Ceux qui ont assisté à la scène disent que ce fut un
spectacle car Moh "La Paille" n'a pu se relever qu'après
s'être copieusement roulé dans la mélasse mais ce qui rendait la
scène plus cocasse c'était d'entendre ce bon croyant qui sortait
"zaama" de la mosquée, jurer comme un charretier et
pester comme un damné contre les "responsables" ... |
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Dimanche
14 Décembre 2003: Brouillard
très dense en début de journée. La discussion sur la boue dans
laquelle patauge le village éclipse l'information relative à
l'arrestation de Saddam Hussein. Le village est en effet totalement
"impraticable". |
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Lundi
15 Décembre 2003: On
reprend les travaux de réfection de la RN 5 à partir d'Aomar gare
vers Bouira. A la couche de 30 cm de bitume on ajoute une autre
couche de 30 cm; la route s'élève maintenant très au dessus des
talus et les travaux, menés en plein jour et sans déviation ni
contrôle de la circulation (les gendarmes se contentant de réguler
uniquement au niveau du tronçon qui se fait retaper et non loin en
amont et en aval), on a droit à un effroyable bouchon qui s'étend
entre Zeboudja et Kadiria. L'anarchie de nos chauffeurs faisant le
reste, on se retrouve dans un inextricable fouillis. Beaucoup
d'usagers préfèrent prendre par l'autoroute en construction pour
continuer par notre village et El madjen et sortir vers Zeboudja. Ce
flux de véhicules qui traverse nos rues défoncées malaxe à
outrance la boue et cela donne un spectacle qui n'est pas du tout
beau à voir. |
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Mardi
16 Décembre 2003: une
grève d'une journée est décidée par je ne sais plus quel
syndicat d'enseignants des lycées. Elle est bien sûr suivie à 100
% car dans ces situations, il importe peu de savoir d'où vient le
mot d'ordre, pourvu qu'on ait du repos... Après un brouillard
matinal très dense, le soleil a repris ses droits. Dans les champs,
les herbes ont atteint une densité qu'elles n'atteignaient
habituellement qu'en mars, ce qui laisse présager un printemps
aussi exubérant que celui de l'an passé. L'entreprise GERIR qui
est chargée de nous retaper la route est aux abonnés
absents; et de notre route il ne reste que le nom; le silence
des responsables a quelque chose de criminel, celui de la
population, quelque chose de honteux... |
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Mercredi
17 Décembre 2003: Rien
à signaler... toutes les affaires pendantes suivent leur cours
"normal" avec la désinvolture havituelle qui caractérise
les suivis de tous les cours, des écoles aux rivières... En
fin d'après-midi, j'ai l'heureuse surprise de recevoir Memet et
Nadia, un couple très sympathique et qui essaie de réaliser une
oeuvre encore plus sympathique pour le village. |
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Jeudi
18 Décembre 2003: Je
descends à Boumerdès et je me rends compte de visu, le long des
plages, que l'immense chape de "taciturnisme" et de
dévotion frénétique qui a suivi le séisme s'estompe à la
rapidité avec laquelle la mémoire humaine oublie et la
faculté qu'a la vie de transcender la mort. |
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Vendredi
19 Décembre 2003: Journée
de piété. Les psalmodies du Coran. Il faut admettre que la
religion n'a pas retiré de grands bienfaits du modernisme
puisqu'elle diffuse les psalmodies du Coran en usant de cassettes
très mal enregistrées ou très mal entretenues et de haut-parleurs
dont les grincements arrivent à rendre inconfortable l'écoute de
la voix divine pourtant si douce et si sereine. C'est à croire
qu'on veut forcer l'incursion du religieux dans le quotidien profane
des gens et l'effet de matraquage donne des résultats
littéralement pavloviens, ce qui est antinomique avec la vraie foi
qui elle, découle d'une volonté sincère sans quoi elle n'est
qu'hypocrisie et ostentation... |
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Samedi
20 Décembre 2003: Journée
ensoleillée. c'est aujourd'hui que commencent les vacances
scolaires; les lycéens n'y ouvrent pas droit car ils doivent -
dit-on - rattraper les jours de grève. |
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Dimanche
21 Décembre 2003: Je
descends à Bordj Ménaiel pour régler un petit problème
professionnel; j'en profite pour faire un tour jusqu'à
Zemmouri, Courbet pour ses nostalgiques, un plat de sardines dans
l'une des gargotes du front de mer me réconcilie totalement avec
mon pays et me fait oublier la boue des routes de mon village et les
sournoiseries paysannes de nos gens... |
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Lundi
22 Décembre 2003: Le
temps printanier d'hier n'est qu'un vieux souvenir; l'hiver
impose sa présence par toutes les armes qu'il possède; ça va du
crachin froid et obstiné au vent du nord qui "mord comme un
chien"... Le village s'emmitoufle dans une grosse
couverture de silence. |
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Mardi
23 Décembre 2003: Les
hauteurs de H'lala et de Bouhandjar sont, au petit matin,
saupoudrées de neige; il fait un froid très vif et la grêle n'a
pas cessé de jouer avec de frileux rayons du soleil. Les anciens
disent qu'elle "prépare le lit" de la neige. La route se
défonce de plus en plus et les considérables quantités de
rout-venant qu'on lui a chargées ont été reprises par les eaux en
furie pour rejoindre l'oued d'où elles ont été ramenées.
L'électricité s'est coupée durant la nuit et les bougies ont
repris du service, elle a été rétablie dans certains douars
au cours de la journée; à Brachma-est elle était toujours absente
à 17 h. |
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Mercredi
24 Décembre 2003: La
neige n'est pas tombée sur le village et comme d'habitude, nous avons
dû laisser aux autres les avantages pour prendre les
inconvénients... à eux la neige et son immaculée blancheur, à
nous la boue et le froid. La journée a été particulièrement
pluvieuse et les oueds commencent à trouver leurs lits trop
étroits. La route du village était coupée aux premières heures
de la matinée par 4 gros camions bloqués par la boue et n'était
la deviation qui descend de la SAS jusqu'à Chaabet Ouambir
pour rejoindre le bas des Nouaders, les villageois n'auraient pu
quitter les lieux. JOYEUX NOEL A CEUX QUI N'ONT PAS QUE LA BOUE POUR
MEUBLER LEUR QUOTIDIEN... |
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Jeudi
25 Décembre 2003: Le
beau temps est revenu mais le froid reste très vif. Le Djurdjura
n'est plus qu'un immense cône blanc. |
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Vendredi
26 Décembre 2003: Belle
journée. Les herbes qui ont été arrosées à satiété ont pris
des proportions qu'elles ne pouvaient se permettre qu'en mars. Mais
dans ce décor paradisiaque, le village détonne comme une verrue
sur un beau visage avec sa boue omniprésente. |
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Samedi
27 Décembre 2003: Le
ciel dégagé de cette nuit a favorisé un froid nocturne acerbe et
une gelée matinale que le soleil n'a pas réussi à dissiper avant
midi. |
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Dimanche
28 Décembre 2003: Le
froid revient en force après quelques jours d'accalmie. Aux
environs de 14 H 30, un homme s'est jeté sous un semi-remorque
rempli de parpaing sur le palier de la RN5 à proximité de l'usine
de grillage. Il a été écrabouillé; sa cervelle et ses entrailles
se sont disséminés sous le camion; il a été impossible de le
reconnaître; il n'avait pas l'air d'un vagabond puisqu'il était
convenablement habillé. Les pompiers l'ont évacué vers la morgue
de l'hôpital de Lakhdaria. Demain on en saura un peu plus sur ce
drame. |
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Lundi
29 Décembre 2003: L'homme
qui est mort écrasé par un semi-remorque serait originaire de
Kadiria; il serait âgé de 28 ans et aurait perdu la raison depuis
peu. Son suicide ne fait presque pas de doute. Le chauffeur du
camion a affirmé qu'il avait vu de très loin le jeune homme et
qu'il s'attendait à tout sauf à le voir se jeter sous ses roues.
Il a plu copieusement durant toute la nuit; l'eau déferle des
hauteurs de "la SAS" et descend le long de la route; à
hauteur de la poste, c'est un petit torrent qui déboule vers les
Nouaders en charriant sur son passage tout le sable entassé sur la
route par la sté GERIR qui devra penser à recharger la chaussée
pour la troisième fois... |
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Mardi
30 Décembre 2003: Pluie,
froid et boue sont notre lot de ce jour. |
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Mercredi
31 Décembre 2003: Après
une légère accalmie matinale, la pluie est venue pleurer l'année
2003. Dans la nuit un vent d'une très rare violence à obligé les
nuages à déverser leur trop plein puis les a chassés vers
d'autres cieux, le courant n'a pas pu résister aux sautes d'humeur
du temps et nous avons failli fêter le Nouvel An à la bougie mais
à minuit le calme est revenu et la nouvelle année s'est extirpée
de l'ancienne en douceur. Le téléphone est depuis hier aux
abonnés absents... 2003 n'a pas à être regretté... Bonne année
2004 ! |