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Samedi
1er janvier 2005: Une nouvelle année commence pour
le village... le bilan de celle qui vient de partir est éloquent
quant à la malédiction qui pèse sur cette région que tout
prédestine à être un paradis mais que nous faisons tout pour
transformer en enfer. En une année rien ne s'est construit hormis
neuf dos d'ânes pour réfréner nos ardeurs de chauffards... Alors
que les communes limitrophes profitent de l'embellie pétrolière
pour se faire belles, la nôtre n'a même pas pu terminer la
réfection de ses trottoirs. Les seules opérations méritoires qui
ont été réalisées relèvent plus de la volonté des pouvoirs du
wali ou de l'état que de celle de la commune puisqu'elles concernent
uniquement le bitumage de la départementale 125 (réalisé de bien
piètre manière) et l'aménagement de fossés bétonnés entre Ben
Haroun et "la SAS" (avec de longs tronçons
"oubliés")... Espérons un meilleur sort pour cette
année qui commence aujourd'hui...
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Dimanche
2 janvier 2005: La nuit a été très froide... au
petit matin le gel recouvrait les voitures et les flaques laissées
par les dernières intempéries. A l'usine de Ben Haroun c'est
l'effervescence. L'unité aurait été cédée à un privé en
catimini pour 15 milliards de centimes avec promesse
d'investissement de 28 milliards de centimes. Les travailleurs
devraient bénéficier, au terme d'un accord passé on ne sait
comment, de 10% des 15 milliards soit à peu près 12 millions de
centimes par tête de pipe et du maintien de leur emploi.
Aujourd'hui des représentants de l'acquéreurs sont venus pour
vérifier les inventaires; les travailleurs les ont empêchés
d'accéder à l'usine; ils ont établi une plate-forme de
revendications qui a été remise à tous les décideurs et autres
partenaires sociaux; entre autres revendications: 100 millions de
cts pour chacun des 140 employés en guise de "prime de
dépermanisation", 43 millions de cts représentant 10% du
montant des actifs et des investissements à consentir, la garantie
du maintien de l'emploi durant trois années et en cas de
licenciement, une prime confortable... Les travailleurs ont
désigné huit de leurs pairs pour imposer leur plate-forme à
l'acquéreur... Les jours à venir verront certainement des
développements inédits... attendons pour voir !
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Lundi
3 janvier 2005: L'accalmie aura été de courte
durée. Ce soir les monts de H'lala et Bouh'andjar se sont couverts
d'épaisses brumes et une pluie fine a commencé à tomber sur le
village. Les travaux de reconstitution de la route nationale
grignotée dangereusement par l'oued se poursuivent. A Brachma, le
chantier de réalisation de logements "participatifs" a
occasionné un glissement de terrain qui a déjà causé
l'écroulement d'une bâtisse de la vieille cité située face à la
mairie. Une course contre la montre est engagée par les autorités
pour éviter une extension de ce glissement de terrain qui pourrait
avoir des effets désastreux pour les habitations en amont. C'est le
prix qu'il fallait bien payer pour avoir choisi de démarrer les
travaux en hiver dans une région connue depuis longtemps pour
l'instabilité de ses terres.
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Mardi
4 janvier 2005: La grosse menace d'hier s'est
piteusement dégonflée et nous eûmes droit à une journée
splendide. Un projet d'élargissement de la route
départementale a été lancé et les travaux devraient débuter
incessamment; mais ce n'est certainement pas pour les beaux yeux des
Djebahis puisque la route devrait être traitée du pont jusqu'à
l'embranchement de Z'babedj El Metrouk afin de servir tout juste
pour l'accès de la RN5 à l'autoroute... Les Djébahis n'ont
sûrement pas de beaux yeux puisque la délégation qui est allée
plaider la cause des travailleurs de l'usine de Ben Haroun a été
renvoyée par la direction générale de la société qui a fait
savoir aux travailleurs que ses revendications sont rejetées en
gros et dans le détail... Et pour parfaire l'humiliation,
l'acquéreur a refusé de recevoir ladite délégation au
motif qu'il n'avait aucun compte à rendre aux travailleurs car sa
négociation, il l'a menée avec les patrons... Retournés
bredouilles et sonnés par la brutalité et l'incompréhension, les
représentants des travailleurs qui n'ont plus que le Bon Dieu à
qui exposer leurs doléances ont décidé de s'en remettre à la
presse sans savoir que la presse n'est que la voix de son
maître... 22 H 50... un concert de klaxons fuse du cortège
qui emmène les candidats au pèlerinage à l'aéroport. Cette
année c'est le tour d'Issaad Aissa (Aissa Hamana pour ses intimes)
et de sa femme, de Adjou Laaldja veuve du vénérable cheikh Aissa
Adjou, Hamouda Trad le fils d'El Hadj Ali, Si Omar "Ben
Azzouz" et sa femme, Moh Lounès et Si Hamoud l'imam.
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Mercredi
5 janvier 2005: Depuis quelques jours nous devons
affronter une gelée noire. La nuit est excessivement froide et au
matin le gel recouvre tout; c'est si dru qu'on le
prendrait pour de la neige. El Hadja Keltoum, s?ur de Mouloud
"el postier" est morte hier; elle a été enterrée
aujourd'hui. La fitna de la mosquée est en position de statu-quo;
les ambitions vont certainement s'aiguiser à l'approche de l'Aïd
mais il est peu probable que ça aille jusqu'au clash car Si Hamoud
l'imam et protagoniste de la crise (sinon sa cause) est en
pèlerinage à la Mecque.
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Jeudi
6 janvier 2005: La très forte gelée de la nuit n'a
pas résisté longtemps au soleil du matin et la journée fut d'un
bleu sans taches... La route est saturée de cortèges
arborant le drapeau sur les capots; il s'agit de pèlerins en
partance pour les lieux saints. Tout le monde est à pied d'?uvre
pour respecter l'échéance du 15 janvier à laquelle le tronçon
d'autoroute entre les eucalyptus de Kadiria et l'évitement de
Lakhdaria devrait enfin permettre de ne plus subir la traversée de
Kadiria. Il restera à trouver un moyen de contourner Brachma pour
sauver des dizaines de chauffeurs de... l'infarctus.
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Vendredi
7 janvier 2005: Le ciel trop dégagé ne pouvait
donner autre chose que de la gelée; et c'est encore une nuit
sibérienne que nous avons dû supporter; mais la récompense d'un
soleil éclatant et d'un ciel d'une limpidité de mer de juillet
nous a fait oublier l'épreuve nocturne. Les pèlerins continuent de
défiler sur les routes malgré la détresse des victimes du
tsunami...
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Samedi
8 janvier 2005: Rien à signaler... les jours se
suivent et se ressemblent. Les tas d'olives grandissent à vue d'?il
devant les huileries. Les premières huiles s'avèrent
succulentes même si le rendement est jugé très peu prometteur. Le
sympathique "Rocky" a dû ouvrir sa boutique de produits
de beauté à côté de la mairie car il a été évacué du local
loué au fils du maire, lequel aurait décidé de se faire
commerçant lui-même.
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Dimanche
9 janvier 2005: Si Allal Smaïli, le père de Salah
Smaïli est mort hier; il a été enterré dans la journée même.
Il aura vécu dans l'anonymat des humbles; sa mort est
littéralement passée inaperçue car il n'apparaissait que très
rarement au village. Que Dieu ait son âme ! Les travailleurs de
l'usine de Ben Haroun continuent à organiser AG sur AG pour
réduire leurs prétentions ou dénoncer les attentistes et les
déviationnistes parmi le collectif ou les représentants qu'ils ont
mandatés pour transmettre leurs doléances; pendant ce temps,
l'acquéreur de l'unité règle avec l'administration de tutelle les
derniers points du transfert de propriété. Pauvres travailleurs !
après avoir cru avoir fait corps avec leur usine, les voilà qu'on
ampute sans ménagement et sans même utiliser avec eux le rituel
démagogique habituel qui leur ferait croire qu'on les associe au
sort de l'usine, au moins en les informant des étapes de ce
transfert de paternité... Personne ne sait ce que doit penser, du
fond de son tombeau, Sidi Gacem Ben Haroun, au sujet de cette
humiliation qu'on inflige à ses enfants... Personne n'est en mesure
de dire ce qu'il adviendra de cette eau... restera t'elle humble, à
la portée des humbles comme elle l'a toujours été ou deviendra
t'elle une boisson aristocratique comme l'ont voulu ceux qui lui ont
donné la dernière bouteille, hautaine dans sa coquetterie
?...
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Lundi
10 janvier 2005: Avant dernier marché de "Brachma"
avant la fête du "sacrifice" durant laquelle ce sont les
pères de familles qu'on sacrifie sur l'autel du culte du mouton...
C'est par troupeaux que ces bêtes ont été acheminées vers le
marché qui a débordé sur la route nationale; ce qui a occasionné
comme de bien entendu l'imparable bouchon sur cette voie à grande
circulation. L'un des "indus occupants" des logements de
fonction de l'école primaire a fini par s'évacuer des lieux avant
de se faire évacuer; ce qui a permis à un enseignant
d'habiter enfin un logement qui lui était destiné... Il faut
savoir que "l'indue occupation" a duré plus de... 10 ans
pour se rendre compte de l'immense complaisance avec laquelle sont
traitées certaines affaires... il faut aussi savoir qu'il a fallu
deux mots déplacés de cet "indu-occupant" à l'édile en
chef du village pour que la justice soit actionnée, qu'elle rende
son verdict et que ses auxiliaires exécutent ses décisions...
c'est dire aussi que pour pouvoir jouir impunément de son larcin,
il faut éviter tout simplement de dire des mots déplacés aux
émirs-maires...
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Mardi
11 janvier 2005: Grosse anarchie sur la RN5. Le
marché de voitures de "Brachma" a causé un embouteillage
monstre. Le lycée a dû suspendre nombre de cours parce que les
professeurs et les élèves n'ont pu le rejoindre; les unités
industrielles ont dû retarder le travail jusqu'après 10 h... Si
les autorités locales devaient calculer les pertes qui découlent
de ce marché, elles se rendraient compte que le seul gagnant,
c'est son adjudicataire qui ne doit débourser qu'une infime
partie de ses bénéfices au fisc et qui ne prend même pas la peine
d'assurer ses deux ou trois employés qui émargent très
certainement au secours public de la commune.
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Mercredi
12 janvier 2005: C'est le premier jour de l'an
traditionnel; une fête qui ressuscite après qu'elle fut jetée
dans les oubliettes par les volontés conjuguées des tenants de l'occidentalisme et de l'orientalisme. Et chaque année elle reprend
sa place dans nos traditions par un retour graduel aux rites
d'antan... C'est ce début d'année que la mort a choisi pour
enlever le vieux Mohamed Adjou fils d'El Hadj Kaddour. Diabétique,
il a été amputé d'une jambe atteinte par la gangrène; il ne s'en
est pas remis et a succombé sans doute sans se rendre compte de
cette amputation. Il a été enterré tout à l'heure, à 14 H 30
dans le cimetière du piémont de Lalla Moussaad à Hazzama
(Lakhdaria). On l'appelait "Si" Moh car il faisait
autorité en matière de théologie; il avait appris les soixante
hizb du Coran et avait fait carrière dans l'enseignement où il a
terminé inspecteur de l'enseignement primaire. Originaire d'El
Mouilha (entre Ben Haroun et Ain Laazerah) comme tous les
Adjou, il a du vivre à Palestro où son père "El Hadj
Kaddour" travaillait chez le richissime et très influent
"Hamana". D'aucuns prétendent qu'il était son garde du
corps. Si Moh était un brave type d'une sensibilité à fleur de
peau. Il avait la larme facile et pleurait comme un enfant devant la
misère des autres; c'était aussi un très bon
"réciteur" du Coran et on avait plaisir à écouter ses
psalmodies... Qu'il repose en paix !
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Jeudi
13 janvier 2005: L'heure est au mouton de
l'Aïd. Tous les espaces susceptibles de servir d'enclos sur
le bord de la route ont été squatté par des maquignons qui
proposent des moutons à la toison encore rouge du sable de la
steppe. La surenchère est paradoxalement entretenue par les petits
acheteurs qui n'arrêtent pas d'arrondir les yeux d'étonnement en
criant à qui ne veut pas les entendre que les mouton est hors de
prix. La presse qui n'a plus rien à se farcir en ces temps de
disette politique (tout le monde sait que nos partis hibernent pour
se réveiller en fanfare la veille des élections) n'arrête pas de
crier au scandale des prix... En entendant et en lisant ces
informations, les maquignons aiguisent encore plus leurs
exigences...
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Vendredi
14 janvier 2005: On va continuer à vivre avec
l'omniprésence des bêlements des moutons et les cris d'orfraie des
pères de familles devant les sourires sardoniques des maquignons.
Notre quotidien est de toute manière condamné à vivre de ces
fixations périodiques. La raison du sacrifice est reléguée très
loin derrière d'autres motivations qui n'ont rien de religieux mais
nous sommes devenus totalement prisonniers de cette immense
hypocrisie sociale qui fait que la tradition impose ses rites même
quand notre raison nous démontre que ce n'est que frime... Le
village qui n'a aucune sensation forte à s'offrir mord dans l'Aid
à pleines dents.
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Samedi
15 janvier 2005: C'est encore de moutons qu'on
parle. Cette année les habituelles courses aux habits ont été
oubliées... Les pouvoirs publics qui se comportent comme une
administration d'occupation offrent un beau cadeau d'Aïd aux
administrés-indigènes: des augmentations en série et dans quels
produits ?... les hydrocarbures où notre pays se targue d'être
parmi les plus gros producteurs. Passons sur les carburants que le
peuple "dévéhiculé" approuve par un grand "chah
!" sans savoir que c'est lui qui paiera la note...
l'imbécillité de ces augmentations se lit surtout dans le gaz
butane qui augmente de 20 DA la bouteille soit 12% !...
Quand on sait qui sont les consommateurs de ce produit et où ils
résident, on ne peut s'empêcher de penser que les décideurs ont
une dent contre les pauvres et les ruraux et qu'ils n'aiment pas du
tout l'arbre car c'est lui qui fera les frais de cette décision...
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Dimanche
16 janvier 2005: Encore une grosse gelée pour
la nuit d'hier... Fatah 24 m'a affirmé avoir entendu dire que ces
gelées ont leur utilité puisqu'elles décimeraient littéralement
la population des petits rongeurs dont la prolifération est devenue
très inquiétante... Aissa El Baggar, parlant des méfaits de ces
sales bêtes m'a assuré qu'elles ont détruit pratiquement toute la
récolte d'amandes alors que personne ne soupçonnait chez elles
cette habitude alimentaire... Immense embouteillage entre Béni
Amrane et Lakhdaria. Les habitants de Guergour sur l'évitement de
Lakhdaria ayant découvert les vertus de la contestation, ont coupé
la route à l'aide de pneus brûlés; la circulation a été
déviée sur Lakhdaria dont la chaussée ne peut permettre le
passage simultané de deux camions et ce qui devait arriver
arriva... L'Aïd el Kebir dont nos responsables ont dû revoir
la date de célébration pour se mettre au diapason de nos frères
saoudiens et qui a été avancé à Jeudi alors que tous nos
calendriers le prévoyaient pour vendredi n'a pas facilité les
choses car le rush a été décalé lui aussi d'une journée...
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Lundi
17 janvier 2005: Dernier marché avant l'Aid.
C'est encore un lundi noir que nous vivons; à 13 h l'embouteillage
s'étendait d'Aomar à Boulerbah. Les régulateurs du flux des
véhicules connaissent ce phénomène récurrent mais
n'interviennent jamais au moment opportun pour le prévenir; leur
intervention est toujours curative; un peu comme s'ils voulaient
nous signifier que c'est un problème entre nous... En fait de
marché, c'est un souk à bestiaux auquel nous eûmes droit. Les
pouvoirs publics qui ont décidé depuis peu de confier la
distribution des logements aux sous-préfets parce que les maires
pêcheraient par leur propension à l'expectative ont décidé de
confier la destruction des constructions illégales à ces dits
maires qui sont dorénavant autorisés à faire les juges et
bourreaux puisqu'ils peuvent mobiliser les bulldozers sans recourir
aux tribunaux... Les maires qui sont déjà très bien vus se voient
investis de missions de répression et désinvestis des missions
sociales. C'est ce qui fera sans doute remonter leur côte de
popularité et qui assoira durablement la commune comme cellule
administrative de base comme se plaisaient à le répéter les
caciques de l'unicité de pensée... A l'usine d'eau minérale de
Ben Haroun les travailleurs reprennent espoir de voir aboutir leurs
revendications. L'acquéreur et les gestionnaires se seraient - aux
dires de ces travailleurs - retrouvés confrontés à un gros
blocage dans le transfert de propriété du fait que "le
partenaire social" refuse de cautionner l'opération. On parle
de tentatives de récupération mais l'opacité qui entoure cette
affaire ne connaît aucune éclaircie...
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Mardi
18 janvier 2005: Ca gèle toujours aussi fort.
La route continue à se rétrécir devant un trafic qui se fait
démoniaque. Le tronçon d'autoroute entre Lakhdaria et les
eucalyptus de Kadiria a été ouvert avant que d'être inauguré
officiellement par quelque gros ponte. Les automobilistes n'avaient
pas d'autre choix que de l'emprunter pour permettre à la RN 5 de
souffler. Les moutons de l'Aid connaissent une grosse baisse des
prix et nombre de nouveaux maquignons ont dû se rendre à
l'évidence que Perrette et le pot au lait n'est pas seulement
une fable de La Fontaine...
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Mercredi
19 janvier 2005: Le temps s'est gâté; un vent
très fort et très froid souffle sur la région et de gros nuages
noirs passent en n'hésitant pas à nous balancer des giboulées. L'Aîd
El Kebir s'annonce donc sous des auspices très peu favorables à la
fête. Beaucoup de gens aiment d'ailleurs que la fête se passe en
l'absence du soleil car le soleil a pour mauvaise habitude de
permettre aux enfants de sortir étaler leurs nouveaux habits et ça
fait très mal à ceux qui n'ont pas de quoi s'en payer... Ce
soir, c'est un concert de bêlement qui nous est servi et demain,
entre 8 et 12 h le cheptel ovin d'Algérie se verra amputé de 5
millions de têtes; on ne sait pas si c'est pour faire plaisir au
Bon Dieu ou à nos enfants; si ce massacre à grande échelle est
dicté par des considérations religieuses ou tout simplement par
l'impossibilité de résister au poids des
"convenances" et on ne sait pas qui, entre l'homme et la
bête, dans cette affaire, fait le mouton... de panurge !
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Jeudi
20 janvier 2005: Le massacre a lieu sous la
pluie et le froid. Après la prière de l'Aïd et l'inévitable
quête au profit de la mosquée (cette année les poches des
croyants se sont allégées de 6 millions de centimes) c'est la
ruée vers les couteaux. Le massacre accompli tout le monde
s'est gavé d'abats et le ventre repu, les mines se sont faites
enjouées pour se laisser aller aux embrassades du pardon. L'eau
absente des robinets depuis quinze jours malgré son déferlement
sur les trottoirs a constitué un point noir pour cette fête; le
second point noir c'est le calendrier et la décision de l'avancer
à jeudi; ce qui donne aux familles très peu de temps pour se
réunir.
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Vendredi
21 janvier 2005: L'eau s'est remise à couler
après une absence de deux semaines... "La veille de la
fête c'est le jour de la fête" disait je ne sais plus quel
quidam... Ce quidam ne devait certainement pas connaître l'Aîd El
Kebir car, en l'occurrence, pour cette fête, la fête c'est le
lendemain de la fête si par fête on entend ripailles et bonne
chair... Ce deuxième jour de l'Aïd a été consacré aux visites
des familles et c'est un carrousel incessant de véhicules qui
traverse le village depuis les premières heures de la matinée. De
toutes les maisons s'échappent les effluves des viandes qu'on fait
cuire et les narines connaisseuses savent identifier l'odeur
caractéristique du couscous à la viande de mouton, plat
traditionnellement servi en la circonstance.
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Samedi
22 janvier 2005: C'est la reprise après les
épreuves de l'Aid el Kébir. Une reprise laborieuse car nombre de
fêtards se sont crus obligés de prolonger la fête. La route est
inexplicablement dégagée alors que (ou parce que) tout le
monde s'attendait à l'habituel engorgement. Les olivaisons sons
terminées et les huileries de toute la région se lancent les
signaux de fumée car l'heure est au pressage. Le rendement n'est
pas uniforme; on m'a parlé de 22 litres par quintal du côté d'El
Mouilha et d'à peine 12 litres pour les olives du Bou'T'boul. A
l'usine d'eau minérale de Ben Haroun les travailleurs ont observé
un débrayage avant l'Aid; personne ne s'en est rendu compte car
l'usine hiberne depuis belle lurette. La protesta se serait
déroulée sans casse et c'est aussi pour ça qu'elle constitua un
non événement.
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Dimanche
23 janvier 2005: Il a fait très beau; si beau
que nous sommes restés sceptiques devant les prévisions météo
pour demain qui annoncent un froid très vif et de la pluie à
volonté... La nature ferait preuve d'une grosse indécence si elle
devait changer de temps si vite et si fort. Un faux barrage aurait
été dressé par un groupe armé à Tabbourt sur la route qui mène
de Kalous à Tizi Larbaa; cela s'est passé la veille de l'Aid entre
20 h 30 et 23 h et on y aurait dénombré un mort et de nombreux
passagers rackettés. Le pays est d'autre part en ébullition à
cause des dernières augmentations qui ont touché surtout le gaz
butane, combustible des plus démunis. Aujourd'hui beaucoup de
transporteurs de voyageurs ont débrayé (les nôtres ont assuré
normalement leur service) et les habitants de Beni Mansour, à la
frontière entre les wilayas de Bouira, Bejaia et Bordj Bou Arreridj
ont bloqué la nationale 5. La synchronisation entre l'annonce des
augmentations contestées et de l'opération assainissement du
foncier agricole fait qu'on ne peut dire si ces manifestations sont
réellement spontanées du fait du ras le bol citoyen ou si
elles sont orchestrées par les potentats qui ont réussi à
s'accaparer les terres pour en faire des ranchs ou
des lots à
bâtir qui leur ont fait gagner le gros lot..
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Lundi
24 janvier 2005: Notre chronique se serait
rendue coupable d'un crime de lèse majesté en rapportant dans ses
pages du 10 et 11 décembre 2004 l'affaire du comité religieux. Des
copies de ces pages ont été tirées et montrées avec l'air
scandalisé de vierges effarouchées... ceux qui s'y sont sentis
touchés directement ou indirectement n'ont pas hésité à créer
une sorte de front contre moi. J'ai même eu droit à des procès en
règle de la part de certains d'entre eux... "il
croit qu'il est le seul à savoir écrire " aurait
proféré un monsieur qui s'est commis d'office avocat pour
défendre je ne sais quel honneur perdu... et un autre, adepte
de Kafka, aurait pris un air de profonde solennité pour avertir: "
la situation est mauvaise (el hal machi m'lih), la situation peut
aller loin (el h'ala tnedjem trouh' b3id)..."
Bref, c'est une belle cabale qui est lancée contre ma personne pour
un avis que j'ai osé émettre depuis plus d'un mois (c'est dire
qu'en matière de réaction, mes co-villageois font toujours dans le
réchauffé !). Je remercie ceux qui ont cru avoir découvert
l'eau chaude en ayant découvert la "perfidie" de ma chronique, pour l'heureuse publicité gratuite qu'ils
font à ce site; j'avoue que je commençais très sérieusement à
désespérer car au vu des fréquentations, je pensais que seuls mes
amis d'outre-mer le connaissaient... J'informe par ailleurs ces
messieurs - qui me connaissent assez pour savoir que c'est dans
l'adversité que je devient plus cinglant - que je continuerai à
alimenter ma chronique de tous les faits publics dont le village
sera témoin, victime ou acteur; je conseille aux gens qui craignent
que leur nom sorte des limites de la commune d'éviter les
tréteaux. L'association religieuse comme l'association
sportive que j'ai épinglée dans cette chronique reste à ma
connaissance, une instance publique susceptible elle aussi de
critiques; mais s'il faut reconnaître aux sportifs leur
sportivité, il faut convenir que les membres de l'association
religieuse n'en connaissent pas le sens... Je considère
enfin que ceux qui ont les faveurs des suffrages ou qui
aspirent à briguer les faveurs des foules jouissent un
peu trop du confort de l'anonymat et qu'il est temps qu'ils
apprennent que le peuple qui les a faits rois a aussi le droit
de leur crier à la face leurs incohérences...
Après cette digression
indépendante de ma volonté, je reviens à notre chronique: Les
météorologues ne se sont pas trompés. Dès le matin un froid
très vif s'est annoncé et les nuages ont vite fait de noircir tout
le ciel. La pluie qui a louvoyé toute la journée s'est
abattue franchement à partir de 19 H. La protesta continue un peu
partout contre les dernières augmentations; hier ce fut infernal
pour les usagers de la RN5 dont certains ont été contraints de
rejoindre Alger par Ain Bessem - Tablat et le coupe-gorge des Deux
bassins. |
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Mardi
25 janvier 2005: La neige est là... Elle a
commencé à tomber au lever du jour et n'a pas arrêté durant
toute la journée. Les écoles ont dû fermer faute d'élèves; les
routes de Ben Haroun et Ain Laazerah n'ont été ouvertes qu'en
milieu de journée. La météo ne prévoit un retour à la normale
que le vendredi et si la neige devait continuer à tomber durant la
nuit, il est certain que demain les villages de Ain Laazerah, Ben
Haroun, Ain Cheriki et El Madjen seront isolés du chef lieu. Nous
ne citerons pas H'Djita, Lahguiya et Ch'nayène... il est certain
aussi que la départementale 125 sera difficile pour les
usagers. Voici quelques photos prises entre 17 et 18 h. La
photo 1 représente El Maasra vue d'El Khaloua, la photo 2 montre El
Madjen vu de l'entrée Ouest et la photo 3 la rue du moulin à
Djebahia.
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Mercredi 26 janvier 2005: Nous sommes condamnés à
passer la journée à la maison car la neige a tout bloqué.
L'électricité s'étant coupée, on devine un peu l'ambiance... La
neige n'a pas arrêté de tomber et la départementale 125 a été
dégagée très difficilement mais cela n'a pas servi à grand chose
puisque les voitures sont restées bloquées par plus de 50 cm de
neige devant les maisons. Le tonnerre et les éclairs ont ponctué
les chutes de neige*** qui s'est manifestée tantôt par de gros
flocons tantôt par de fines particules... A la tombée de la
nuit aucun signe d'amélioration n'est perceptible et si ça
continue comme ça, nous devrions nous résoudre à passer encore
d'autres journées difficiles avec toutefois une belle compensation:
celle d'un paysage féerique. Les pigeons et les moineaux, eux ne
doivent pas avoir cure du paysage; c'est leur pitance qui doit
constituer leur préoccupation. Sur le rebord d'une seule petite
fenêtre, j'ai compté 15 moineaux se bousculant pour picorer les
miettes de pain posées pour eux...
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Jeudi 27 janvier 2005:
10 h... La neige
s'est transformée en glace par endroits. La route est couverte
d'une grosse couche de verglas et aucun véhicule n'y circule. A 7 h
30 le ciel était d'un bleu azur; maintenant il s'est couvert d'une
épaisse couche de brume qui laisse transparaître un léger halo du
soleil... Voici une photo de notre parking; ma voiture est à
gauche.
19 H 30: il fait un froid très vif; la nature parée d'un bleu glacial revêt un aspect surréaliste. Le maire m'a parlé d'usagers de la RN5 bloqués par la neige et qui ont dû passer la nuit d'hier dans leurs voitures; il affirme qu'on a déploré quelques décès par hypothermie. Les engins de COSIDER n'ont pas arrêté de déblayer les routes mais ce fut souvent peine perdue car l'amas de neige se reconstituait immédiatement après leur passage. Ben Haroun aurait été désenclavé mais Ain Laazerah reste toujours totalement isolée et nous n'avons aucune nouvelle des autres villages de la montagne. Tous les établissements scolaires sont fermés pour la troisième journée... Certains habitants ont épuisé leur stock de gaz butane; il faut espérer une accalmie qui permettra l'accès des camions vers les regroupements de la population. L'ambulance de la protection civile a fait deux interventions pour évacuer des personnes âgées indisposées par le froid; j'ignore le nom de la personne évacuée durant la première intervention; la deuxième intervention visait une vieille personne habitant le lotissement de Ain Ben Haggache; la niveleuse a dû la précéder pour lui ouvrir le passage. A noter que certains quartiers ont vu leurs habitants réagir pour évacuer la neige, à l'instar d'El Maasra, des Eucalyptus etc... mais en gros la population reste très peu mobilisée et préfère critiquer le peu d'efficacité des pouvoirs publics au lieu de prendre en charge ses problèmes. Il est en effet déplorable que des rues soient restées fermées alors qu'il aurait suffi de 20 coups de pelle par habitant des lieux pour en balayer la neige... J'ose espérer que cette remarque qui n'excuse en rien l'autorité locale ne m'attirera pas, encore une fois, les foudres des " croquantes et des croquants, de tous les gens bien intentionnés"...
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Vendredi 28 janvier 2005:
11 h... Le soleil essaie par tous ses rayons de faire fondre
l'immense tapis de neige glacée qui couvre la nature. Le verglas a causé
à bien d'imprudents piétons des chutes douloureuses. La route est
ouverte mais elle reste très glissante. Ce n'est pas le cas du Chemin
communal qui mène à Ain Laazerah qui reste totalement coupée du monde;
le téléphone sans fil qui a été mis en service dernièrement est
inopérant, de même que le téléphone conventionnel et le réseau
Mobilis. La niveleuse de Cosider qui
devait dégager la route est tombée en panne parce qu'elle aurait été
démarrée alors que l'eau du moteur était glacée; la même mésaventure
est arrivée à nombre d'automobilistes qui ont fait confiance à un
anti-freeze
frelaté... gageons que le distributeur ne sera même pas identifié
malgré l'énorme préjudice causé. En tournée
autour du village avec le maire, nous avons repéré une fuite de
pétrole sur l'oléoduc à hauteur de Chaabet Wambir; le pétrole brut y a
constitué une flaque d'au moins 1 m de diamètre; emporté par la fonte
de la neige, il dévale vers l'oued... il y'a risque de pollution de
l'Isser
et du barrage de Beni Amrane si la Sonatrach n'intervient pas. Les
travailleurs de Cosider rencontrés sur les lieux affirment que la fuite
date de longtemps avant la chute des neige et que la flaque en question a
été creusée à dessein pour pomper le pétrole qui fuit. Le maire a
immédiatement appelé le Sous-préfet sur le réseau Djezzy, seul à
continuer à fonctionner. J'ai appris de la bouche du maire qu'au moins trois personnes
auraient été mordues par des chiens enragés à Ben Haroun et que leur
évacuation a été très difficile.
16 H... La route de Ain Laazerah a été dégagée. C'est Aissa Errifi, venu à pied en longues bottes, qui me l'a confirmé. Un très beau soleil a transpercé les nuages; la route départementale est maintenant ouverte à la circulation; le talus de 50 cm de neige sale qui la borde montre que l'ampleur des chutes... Un tour jusqu'à El Madjen puis Aomar Gare m'a permis de constater que la vie reprend mais aussi de noter ce phénomène exceptionnel qui a fait blanchir totalement même le lit de l'oued Djemaa d'habitude allergique à la neige.
18 h ... Ils ont bien raison nos paysans qui affirment: "soleil de neige, soleil trompeur" puisqu'il a suffi qu'il de rien pour que ça reprenne avec une belle ardeur... en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, les voitures se sont retrouvées recouvertes d'un duvet blanc... La météo annonce des froids sibériens pour cette nuit. Le téléphone est totalement coupé, l'eau ne coule plus dans les robinets depuis sa brève r
éapparition au lendemain de l'Aid, l'électricité est instable, le gaz est introuvable, les boulangers puisent sur leurs stocks de farine et les fruits et légumes ont déserté les étalages... Il aura suffi de quatre jour d'isolement pour arriver à cette situation; c'est dire la précarité dans laquelle vivent les villageois depuis qu'ils ont laissé tomber le kouffi... nous en reparlerons ! |
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Samedi 29 janvier 2005:
Une petite pluie matinale a rendu caduques les
prévisions des météorologues en diluant le gel de la nuit. La
neige est restée assez dure mais pas tranchante et l'air est assez
tiède pour être très agréable... La route ruisselle de neige
fondue et on y note une circulation très diffuse. Le téléphone
est toujours silencieux et l'eau ne coule toujours pas dans les
robinets. Durant la journée une pluie fine est venue adoucir encore
plus l'atmosphère et réduire la couche de neige. La pompe a
essence d'Aomar est fermée pour panne' électrique; le réseau est
d'ailleurs détruit en plusieurs endroits; les fils de moyenne
tension sont tombés à terre sous le poids de la neige et il faudra
certainement quelques jours pour rétablir la situation. Les unités
industrielles, les écoles, les commerces sont restés fermés et
seuls s'activent les travailleurs des ponts et chaussées et les
agents des services de police, gendarmerie, armée et garde
communale. Du côté de Krarib sur les hauteurs d'Aomar, une femme
n'a pas trouvé moment plus propice pour accoucher que la sale
journée d'hier... des témoins oculaires affirment qu'elle n'a dû
sa survie qu'à la mobilisation d'une centaine de jeunes qui ont
littéralement porté la voiture qui la ramenait et le tracteur qui
remorquait cette voiture, sur plus de 7 km. Arrivé devant la
maternité d'Aomar, le cortège aurait essuyé de la part d'un
infirmier une fin de non recevoir à sa demande d'accès; cela lui
aurait valu un lynchage en règle. Aux dernières nouvelles, la
femme aurait accouché dans de bonnes conditions. Il faut savoir
qu'il existe une maternité dite "rurale" aussi bien à
Aomar qu'à Djebahia; celle d'Aomar n'accueille les parturientes (je
crois que c'est le mot) que le jour et selon le bon vouloir des
préposé(e)s quant à celle de Djebahia, elle sert depuis très
longtemps au stockage de... ruches !
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Dimanche
30 janvier 2005: La neige nous a
administré une grosse frayeur... entre 8 et 10 h elle est tombée
aussi drue que les jours passés. La pluie est venue nous rassurer
par la suite en alternant avec des moments d'éclaircie. Les
chaînes pour le gaz butane s'étirent à perte de vue au niveau des
stations services et au centre de distribution de Tiliouine c'est
littéralement le marché. Les conséquences écologiques des chutes
de neige que nous vivons devraient être catastrophiques. On parle
d'une hécatombe chez les lièvres et lapins de garenne; la perdrix
qui a connu des années de répit - du fait de la situation
sécuritaire - et qui a réussi à reconstituer une population
laminée par la chasse, les pesticides et la réduction de l'aire de
vie doit avoir connu elle aussi une chute vertigineuse de sa
représentation. Il en est de même pour les petits passereaux tels
que le moineau, le gros-bec, l'oiseau à huppe qu'on appelle
"q'ouba3a"... Il est certain qu'aucune étude ne sera
réalisée sur ce sujet et que tout se passera comme si de rien ne
fût... Les autres conséquences vont se manifester sur le relief de
la région. Tout le monde connaît l'instabilité des terres de
Djébahia et Aomar et les mouvements qu'elles connaissent sous
l'influences des précipitations de moindre importance.
L'infiltration des eaux suite aux fontes des neiges risquent
d'emporter de grands pans du sol argileux qui longe la
départementale 125, laissé à la merci de l'érosion alors qu'il
aurait pu recevoir de très profitables plantations de
figuiers, amandiers et oliviers. Les glissements de terrain qu'on
remarque déjà sont assez importants pour ne pas constituer de
forts signaux d'alarme surtout que le lotissement construit en
amont, à la va-vite et sans étude de sol à Ain Benhaggache s'est
déjà signalé comme potentiellement menacé... Rappelons que
l'autorité locale, alertée par les habitants des lieux, au lieu de
réaliser les confortements nécessaires, avait alors fait
taire les récriminations en distribuant des enveloppes qui ont
servi à tout sauf à conforter le terrain... Pour revenir à
l'actualité immédiate, il faut signaler que l'eau a coulé dans
les robinets, que l'électricité au niveau de la région est
d'Aomar a été rétablie mais que le téléphone est toujours
aux abonnés absents. Un information de dernière minute et qui
reste à confirmer fait état de la mort par asphyxie de deux
personnes à Ain Cheriki; nous en saurons plus demain.
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Lundi 31 janvier 2005:
C'est un bien maigre marché du lundi que nous avons eu
à Brachma. La neige recouvre toujours nos contrées malgré les
très fortes pluies de la journée. Sa fonte fait couler des
milliers de ruisseaux dans une très belle symphonie champêtre.
J'avoue ne pas avoir eu le temps de confirmer ou d'infirmer la
nouvelle macabre d'hier car j'ai été appelé par mon devoir
professionnel et familial à descendre à Alger. Au retour, à 18,
j'ai eu l'agréable chance d'assister à ce beau coucher de soleil
sur la neige, vu des eucalyptus du grand virage qui suit le
cimetière chrétien; une demi-heure avant, je n'ai pu résister au
charme de Lalla Oumessaad toute de blanc voilée; je vous offre ces
photos... |
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Mardi1er février 2005:
C'est hélas confirmé... un couple a péri à Ain
Cheriki, asphyxié par le gaz... Il s'agit du vieux Dahmani Laifa et
de son épouse, originaire de Tizi Gheniff. Ce drame risque fort de
se reproduire car il fait un froid terrible; la météo le situe
dans certaines régions à -9° et même à -11°... Du jamais vu !
Le ciel qui s'est dégagé offre des conditions idéales à la
constitution des fortes gelées. La neige semble s'éterniser
puisqu'elle en est à sa 8eme journée alors que d'habitude elle a
tôt fait d'aller se faire voir ailleurs. Les cours n'ont pas repris
dans les écoles, collèges et lycées et tout le monde y trouve son
compte: les élèves qui se donnent des vacances inespérées,
les enseignants qui peuvent vaquer à des occupations plus
lucratives et les parents d'élèves qui ne sont plus obligés de
débourser chaque matin les frais de transport de leurs enfants...
La neige a causé bien des dégâts; presque toutes les baraques en
tôle ont été affectées ainsi que les étables et poulaillers
recouverts de plaques en fibrociment (éternit). La neige a touché
par ailleurs tous les oliviers dont les branches n'ont pas pu
résister à son poids et le spectacle des arbres littéralement
massacrés est hallucinant.
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Mercredi 2 février 2005:
La pluie est revenue malgré la rougeur de l'horizon
d'hier. Elle est tombée tranquillement en prenant tous ses aises et
a redonné vigueur et saleté aux ruisseaux que la neige
faisait limpides et chantant en fondant. Le temps froid, neigeux,
brumeux et pluvieux nous fait revivre les hivers d'antan. La
circulation reste très fluide sur les routes, sans doutes pour la
grande catastrophe qu'a connue le parc des véhicules lors de la
grosse gelée du mercredi passé. On parle de centaines de voitures,
camions et engins dont les blocs auraient éclaté sans même que
leurs moteurs aient été mis en marche. Une virée en soirée
jusqu'à Ben Haroun m'a permis de mesurer les dégâts causés
par les eaux à la route et l'importance des glissements de
terrain tant du côté d'El Khaloua que sur la rive sud de Oued
Djelada. On comprend aussi l'importance des fossés bétonnés pour
cette route à forte déclivité en voyant ce qu'il est advenu du
tronçon non traité, entre le pont et la route de l'usine,
comparativement aux tronçons traités.
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Jeudi 3 février 2005:
La neige persiste encore en montagne mais dans les
plaines aux alentours du village elle s'efface presque à vue d'?il.
Le temps reste mitigé et le soleil se fait toujours désirer. Les pèlerins
reviennent de la Mecque. Les cortèges des voitures qui les
ramènent sont reconnaissables aux drapeaux posés sur les capots. On
ne sait qui a eu le premier, l'idée d'associer le pèlerinage qui
est un acte de foi strictement individuel au drapeau qui a un sens
patriotique très large... Mais peut-être est-ce seulement un signe
permettant de distinguer ces cortèges des cortèges nuptiaux,
funèbres ou de supporters allant encourager leurs équipes.
Certains établissements scolaires ont enfin ouvert mais la faible
affluence montre que les cours n'ont pas encore repris comme il se
doit. Il faut espérer que le bouleversement climatique dont on
n'arrête pas de parler ne classera pas notre pays parmi ceux qui
devront subir un refroidissement car cela éliminerait le peu qui
nous reste d'école...
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Vendredi
4 février 2005: Le temps est toujours à
la grisaille et le soleil a beau insister, les nuages continuent à
lui faire barrage. Les terres gorgées d'eau sont
impraticables aux randonneurs et seuls des chiens en meutes
les parcourent à la recherche de proies faciles offertes par la
neige et le froid; les glissements de terrains augmentent
d'envergure à mesure que la tiédeur dilate les pores du sol.
Oued El Djemaa s'est gonflé de toutes les eaux de
ruissellement; il dévale maintenant sans trop de bruit vers l'Isser
où il se perd dans le grand delta de Ziraoua. A partir de
Beni Amrane, en allant vers Alger, on voit un printemps précoce
fleurir les "nez de chatte" (khannoufet el gatta" de
toutes les nuances du rouge et la moutarde (ouachnaf) d'un jaune
d'or. Maintenant que fourar (février) a passé à yennayer
(janvier) une nuit et un jour pour faire taire la vieille
prétentieuse qui a osé le défier, nous devrions très vite voir
le temps revenir à de meilleurs sentiments et nous concocter des
jours pleins de couleurs pour dérider les mines qui se sont
crispées à force de broyer du noir... Le téléphone est coupé
depuis ce matin et c'est comme d'habitude indépendamment de la
volonté des hommes mais de la volonté des éléments naturels et
des équipements techniques... Espérons que ces perfides coupeurs
de téléphone, d'eau, d'électricité réaliseront le tort qu'ils
n'arrêtent pas de faire à nous autres, pauvres hommes innocents et
impuissants...
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Samedi
5 février 2005: 10 h 30: La route de Djébahia a
subi une très forte cassure - presque un mètre de dénivellation -
suite à un glissement de terrain consécutif aux dernières
intempéries. Rien ne devrait pouvoir arrêter cette cassure et il
est à craindre qu'elle ne remontât progressivement vers le
lotissement de Ain Ben Haggache et la partie nord-ouest du village.
Le talus bordant la route est par ailleurs sujet sur presque toute
sa longueur, du pont jusqu'à la route de Harchaoua à un mouvement
assez fort; en certains endroits, des coulées de terre ont envahi
en partie la chaussée; en d'autres endroits, les lignes de
mouvement du sol apparaissent très loin en amont et montrent
l'importance des masses en déplacement. Il faut espérer qu'elles ne
basculent pas précipitamment comme ce fut la cas il y'a quelques
années à Dem Erroumya où le relief a subi un accident de grande
ampleur. La mémoire collective a d'ailleurs enregistré on ne
sait en quelle date, un glissement autrement plus important et plus
spectaculaire mais beaucoup plus haut, du côté de H'lala; on dit
que des maisons y furent déplacées sur plusieurs centaines de
mètres et on affirme que leurs habitants ne s'en sont rendus compte
qu'au petit matin en découvrant un nouveau décor au pas de leurs
portes... c'est dire que ces accidents de la nature ne nous sont pas
inconnus. Le téléphone est toujours en dérangement...
faut-il en chercher la cause dans ces mouvements du sol ? C'est
assez probable puisque le câble sous-terrain se situe le long
de cette ligne de cassure... il est même permis de croire que c'est
justement le fossé recevant ce câble qui est à l'origine de ce
bouleversement du relief dont on devra certainement reparler. 19
h 30: Les visiteurs des Lieux Saints reviennent à leurs
pénates présumés lavés de tous leurs pêchés. Le village vit au
rythme des klaxons et des youyous... Les transporteurs se sont mis
en grève ce soir sans préavis, laissant en rade des centaines de
voyageurs... ils ont repris quand ça leur a plu de reprendre,
montrant ainsi qu'ils ne différent en rien des autres
protestataires qui décident quand ils veulent de dresser des
barricades puis de les enlever... Le courant électrique a été
coupé en début de soirée; il n'a été rétabli qu'à 17 h 30...
le téléphone aussi a été rétabli ce soir montrant que nous
avons tiré des conclusions trop hâtives quant à sa coupure...
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Dimanche
6 février 2005: 07 h 00: Un vent
très fort souffle depuis hier soir. Il va emporter les dernières
écharpes blanches qui continuent à parsemer les champs et
peut-être même, débarrasser les monts d'alentours de leur neige
qu'il a "laissée se chauffer les mains mais qui a étendu les
pieds " faisant comme chez elle... 18 h 00: La neige
s'est évaporée avant de se liquéfier sous l'action combinée du
vent et du soleil. On inventorie avec effarement les effets
des dernières neiges et des gelées qui les ont accompagnées. La
faune sauvage a été décimée... les paysans parlent de nombreux
lièvres trouvés morts sous les choux et les cardes; un agriculteur
de Guerrouma, Monsieur Fakir Aïssa, sourcier à ses heures perdues,
rencontré tout à l'heure à Lakhdaria m'a parlé de véritable
catastrophe sur les légumes et sur les arbres. Les oranges ont
acquis une amertume qui leur donne le goût de la pamplemousse; la
chair du citron s'est recroquevillée sur elle même après avoir
perdu tout le jus. De jeunes pousses d'oliviers pourtant très
résistants auraient été brûlés; les oliviers adultes semblent
pour leur part avoir subi les effets de souffle d'une bombe
atomique; pas un seul arbre n'est sorti indemne. Les eucalyptus ont
été non seulement élagués mais leurs feuilles paraissent avoir
été sucées de leur sève; le figuier de barbarie, d'habitude
tenace, s'est effondré sous le poids de la neige et les palmes
restées debout se sont pourries sur toute leur circonférence; les
bananiers même sous serre se sont fanés; les plantes
d'agrément: lantana, géranium, jasmin ont pourri sur place. La
campagne offre une image de désolation totale. La terre a été
ravinée par de nombreux nouveaux ruisseaux et on ne compte pas les
glissements de terrain.
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Lundi 7 février 2005:
Le vent du nord souffle toujours mais après avoir fait fondre la
neige, il nous décoiffe en douceur et non en "mordant comme un
chien"... Le village vit avec les visites aux nouveaux hadj. On
se fait un point d'honneur à aller les voir tous, comme pour
ramasser un maximum de senteurs d'Arabie. A Ben Haroun, le nouveau
propriétaire aurait pris les rênes de la gestion et les
gesticulations des travailleurs auraient totalement cessé. On parle
même de méthodes de gestion nouvelles qui auraient été
instaurées et auxquelles les travailleurs se soumettent sans trop
de difficultés après avoir pourtant été habitués à la gestion
par la complaisance qui caractérise l'entreprise publique. Il faut
maintenant attendre ce que ce groupe industriel très présent dans
le secteur de l'agroalimentaire, fera pour développer une région
dépourvue de toute perspective malgré ses atouts.
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Mardi
8 février 2005:
Il a fait nuit à 18 H. Une obscurité quasi totale est tombée
exclusivement sur notre région et les véhicules ont dû circuler
tous phares allumés. De grosses nuées noires ont en effet obscurci
le ciel; des éclairs l'ont zébré à grand renfort de tonnerre. La
foudre s'est certainement abattu sur quelque malheureux olivier
puisqu'on a entendu une brève mais très forte déflagration du
côté du Bou'T'Boul. La pluie est tombée en hallebardes augmentant
les risques de glissement de terrain. La chaussée détériorée
sous l'effet de ces glissements a été balisée par des fûts
peints en rouge et blanc en attendant sa réhabilitation. Les
religieux font encore leur loi en faisant durer le suspense. A la
sortie du travail à 16 H personne ne savait si Awwal Moharram devra
être fêté demain ou après-demain... Il a fallu attendre les
informations de 20 H pour que le ministère du travail diffuse un
communiqué au journal télévisé l'annonçant pour jeudi... A
l'heure où ailleurs on a réussi à calculer à la seconde près la
descente d'un engin sur un satellite d'une lointaine planète, ici
on laisse à des vieillards impotents le soin de décréter le
calendrier lunaire, avec tous les désagréments que cette
programmation de dernière minute cause chaque fois à
l'économie mais aussi aux familles... S'il y' a des gens qui
nuisent à la religion, il faut les chercher sans doute parmi ses
zélés fans pachydermiques...
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Mercredi
9 février 2005:
Il a plu... la terre déjà repue n'a pas trouvé quoi faire de
toute l'eau qu'elle reçoit encore; alors elle la laisse raviner les
sols pour descendre vers l'oued qui la ramènera à la mer d'où
elle est venue. La faille qui s'est ouverte sur le bord de la route
départementale 125 et qui a détruit une partie du macadam continue
à s'élargir. Les arbres brûlés par le gel du mercredi noir ont
pris des couleurs automnales; personne ne peut affirmer si les
eucalyptus et autres mimosas revivront après avoir subi pareille
torture.
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Jeudi
10 février 2005: C'est "Awwal
Moharram", le début de l'année Hégirienne que nous fêtons
non pas pour ce qu'elle est mais surtout par une sorte de
chauvinisme de très mauvais aloi car nos tribuns n'arrêtent pas -
comme s'ils se sentaient obligés - de faire le parallèle avec le
1er Janvier pour justifier une célébration en l'opportunité
de laquelle ils seraient les premiers à douter . C'est
aussi l'occasion de sortir la "zakat" et cette année on
fait tout un tapage sur le sujet... Si nous profitons de la dualité
culturo-cultuelle en acceptant de bonne grâce de nous reposer le
jour de l'an grégorien et le jour de l'an hégirien, nous devons
par ailleurs trouver très lourd l'immense fardeau des impôts
auquel nous devons ajouter une zakate que personne n'a pensé à
considérer comme charge déductible... |
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Vendredi
11 février 2005: Journée
printanière; la neige n'est plus qu'un mauvais souvenir; le
printemps en gestation tape des pieds et si les gelées ne viennent
pas le retarder, il y a fort à parier qu'il naîtra très
précocement. Un rétro-chargeur a passé la journée d'hier à
décaper le trottoir entre le grand virage du centre du village et
"la cave"; renseignements pris, il s'avère qu'une
nouvelle entreprise a été choisie pour continuer l'opération
"trottoirs" entamée par une autre société dans des
conditions qui n'ont pas plu aux différentes tutelles
administratives et techniques... Espérons que cette fois-ci on ne
viendra pas chercher encore des poux sur les têtes des chauves et
que l'on s'occupera une fois pour toutes de ces voies de circulation
qui ne nécessitent pourtant pas un gros effort financier mais qui
constituent un calvaire permanent pour les habitants et une
illustration parfaite de ces villages de la boue que sont devenues
nos agglomérations.
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Samedi
12 février 2005: Profitant du
ciel dégagé de la nuit passée, le gel a tapissé la terre de ses
froidures acerbes qui vont très certainement ajouter au calvaire
des arbres blessés. La journée fut très belle; ce qui nous
obligera encore à supporter le gel pour une autre nuit... Les
nouveaux pèlerins, barbe et calotte de circonstance obligent, sont
sortis de chez eux et se font copieusement embrasser à chaque coin
de rue. Les opérateurs de téléphonie mobile, Nedjma et
Mobilis auraient jeté eux aussi leur dévolu sur le lotissement
d'El harka pour y implanter leurs relais sur les dalles de chanceux
habitants... Personne n'est venu rassurer les résidents quant à
l'absence de nocivité des radiations de trois relais mitoyens parce
que personne n'a demandé à être rassuré...
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Dimanche
13 février 2005: C'est
l'printemps ! serait-on tenté de chanter tant le temps s'est fait
clément; un soleil radieux éclaire depuis ce matin et jusqu'à 18
h une nature qui s'est faite belle sous un ciel d'un bleu uni que
nul nuage ne vient troubler... les deux photos ci dessous ont été
prises à 17 h 30 à hauteur du cimetière chrétien; regardez cette
immense voûte céleste et essayez de dénicher le moindre
moutonnement du moindre cumulus... Et pourtant !... et pourtant ces
gens de la météo, pessimistes à l'extrême nous annoncent pour
demain... le retour de la neige, pas moins !!!!! Regardez encore ce
ciel bleu et reconnaissez que si ces météorologues vont avoir
raison c'est que le bouleversement climatique pour ne pas dire
l'anarchie, c'est une réalité qu'elle est vraie comme dirait
l'autre !
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Lundi 14 février 2005:
Hélas ! Les météorologues avaient raison et le bouleversement
climatique s'avère être une réalité dont nous devrons nous
accommoder. C'est à l'aube que tout s'est déclenché avec une rare
brutalité; un vent d'une violence inouïe a commencé à souffler;
il a eu raison du courant électrique et certainement aussi des
branches épargnées par la neige de l'autre fois. Il a été suivi
par une pluie mêlée à des flocons de neige... le manège
s'est poursuivi avec des temps de relâche durant la journée. Il a
repris violemment à partir de 19 h... le courant électrique est
devenu très instable, obligeant les gens à éteindre avec regret
des télévisions braquées sur le Liban où l'infortuné Rafik El
Hariri s'est fait assassiner, offrant un prétexte macabre à tout
un beau monde pour montrer du doigt une Syrie dont le président
s'est empressé de condamner l'attentat comme pour déclamer son
innocence...
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Mardi
15 février 2005:
Les "citerneurs" ont repris du service; l'eau ne coule
plus dans les robinets et l'Algérienne des Eaux qui a la charge de
sa gestion devrait suivre la politique du ministre Abdelmalek Sellal
qui a reconnu qu'il nous fallait recourir à la coopération
internationale pour gérer la distribution de l'eau après l'avoir
requise pour nous la mobiliser dans les barrages... Les grandes
écoles de formation des cadres supérieurs en hydraulique, les
instituts et facultés où on étudie la gestion et qui font sortir
chaque année des hordes de diplômés ne dispenseraient donc
aucune formation de qualité et nous voilà, près d'un demi-siècle
après l'indépendance, reconnaissant par la voie autorisée d'un
ministre de la république notre incapacité chronique à nous
autogérer... Durant les trois dernières décennies, le leitmotiv
de nos décideurs consistait à "perroquer" le manque
d'eau subséquent à la sécheresse... aujourd'hui que l'eau
commence à nous engloutir, nous invoquons notre inexpérience à la
canaliser... Cette longue digression ne constitue qu'une
introduction à une autre page météo dont cette chronique à bout
d'inspiration n'arrête pas d'abreuver ceux qui ont la patience de
la lire. En effet, l'eau noie l'eau (el ma k'la l'ma) comme on dit
chez nous pour montrer que l'eau du ciel et de la terre se sont
rencontrées... Il pleut, il neige, il vente depuis hier et le ciel
ne se prive pas de lancer pour la nuit prochaine des menaces dont on
ne peut dire qu'elles sont à peine voilées car les gros nuages
noirs les rendent trop potentielles pour ne pas faire craindre le
déluge...
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Mercredi
16 février 2005:
Elle est revenue ! Au petit matin elle était déjà bien
installée... Elle n'a même pas attendue que fonde celle qui l'a
précédée. Fort heureusement elle n'a commencé à tomber qu'à
l'aube. Elle a continué à tomber sans aucune pudeur durant toute
la journée et a fini par tout blanchir. Il est 21 H 50 au moment
où je rédige cette chronique. Dehors il fait silence; ce silence
qui caractérise les nuits de neige. Un épais brouillard enveloppe
le village et les derniers veilleurs rentrent chez eux, la tête
enfoncée dans leur torse, les mains dans les poches de leurs
paletots. La commune a procédé aujourd'hui à la location aux
enchères publiques de ses locaux. Le café de l'angle ouest de la
place, surenchère oblige, a été enlevé au prix faramineux de 2.5
millions de centimes par son ancien tenancier. Il y'eut dit-on une
belle empoignade entre deux dirigeants de l'équipe de Foot-Ball et
l'estaminet qui se faisait enlever à moins de 0.5 millions de
centimes a vu sa côte atteindre le quintuple "z'kara" !
D'aucuns diront que tout le plaisir fut pour la commune mais il faut
savoir que très souvent l'enchère ne se fait que "a3la 3youn
ennass" car ce qui se paie réellement n'a rien à voir avec ce
qui se crie devant le public et si la commune devait montrer ses
impayés impunis on se rendrait compte que cette procédure de
criée publique n'est qu'une grosse farce...
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Jeudi
17 février 2005: La neige a continué à
tomber mais la pluie a pris le dessus et l'a empêchée de prendre. La
terre ne peut plus absorber toute l'eau que le ciel a déversée sur
elle. Des profondes ravines se creusent à travers champs et la
terre arable faute de racines d'arbres pour la retenir est emportée par
milliers de m3 vers la rivière. Les accidents de terrain qu'a connus la
route ne cessent de s'élargir faisant courir un risque patent de coupure
de cette unique voie de circulation qui relie Aomar à Ben Haroun. En
amont, une information dont je n'ai pas encore contrôlé la véracité
fait état de la destruction ou de l'imminence de la destruction d'une
maison située au lotissement de Ain Ben Haggache dont nous avons parlé
de la précarité sur cette chronique. La météo ne prévoit pas
d'amélioration pour cette nuit...
Vendredi
18 février 2005: C'est la veille de
l'Achoura. Le ciel se débarrasse des nuages résiduels. L'eau continue à
bouder les robinets et chacun se débrouille comme il peut pour se la
procurer... Du côté de Bou'T'Boul une source à très fort débit a
jailli. Aménagée sommairement par El H'Midi, elle rend d'énormes
services aux villageois. C'est une eau très limpide et d'un aussi bon
goût que l'eau de Ben Haroun. Elle nous change de l'eau du robinet qui,
puisée de la nappe phréatique du delta de oued Isser, est insipide et ne
fait cuire ni pois-chiches, ni fayots ni lentilles. La Sonatrach est à
pied d'?uvre du côté de Chaabet Wambir pour juguler la fuite de
pétrole dont nous avons parlé le... vendredi 28 janvier !!!!
Samedi
19 février 2005: C'est l'Achoura. Nous
ne savons plus si nous célébrons la fuite réussie de Moïse
ou l'assassinat de Hussein à Kerbala... La raison s'est
estompée au fil des siècles et il n'en reste que le rite... le poulet au
berkoukes que nous nous offrons en guise de sacrifice. Le poulet est
d'ailleurs très abordable puisqu'il se vend nu à 165 DA/kg. C'est aussi
une occasion de s'offrir deux jours de jeûne, une pratique qui n'avait
cours que chez quelques initiés mais qui est devenue une mode, à
l'instar des 6 jours qui suivent l'Aid El Seghir et qu'on appelle "ayyam
essabrine" (les jours des patients). Ces jeûnes
"facultatifs" tendent à s'ériger en obligation et seuls de
fieffés excentriques osent aujourd'hui manger à ciel ouvert sans
craindre de se faire montrer du doigt. La route de Ben Haroun a
été coupée à la circulation aujourd'hui à 12 h. Le glissement de
terrain que nous avons signalé le mercredi 2 février et le jeudi 17
février a fini par emporter une grande partie de la chaussée et miner
l'assise du peu qui est resté. Il est heureux qu'aucun autocar ne se soit
aventuré sur les lieux car la catastrophe aurait été terrible. Les
ponts et chaussées ont détourné la circulation sur l'autoroute en
chantier ce qui n'est pas pour déplaire aux usagers... L'autoroute en
question a subi elle aussi les effets des glissements de terrain et de
gosses bosses et des crevasses y sont apparues sur le tronçon allant de
Bou'T'Boul à Boulerbah. L'oléoduc lui aussi, fuit en trois endroits et
le champ compris entre l'autoroute et la départementale 125 des environs
de la SAS jusqu'à Ain Hamana n'est plus, par endroits, qu'un
marécage noir de pétrole. Les glissements de terrain ont aussi atteint
Ain Ben Haggache et le lotissement qui y a été aménagé risque à très
court terme de voir ses constructions emportées... Le danger est si
imminent que le Wali a sommé le maire de permettre aux habitants des
lieux d'occuper les logements sociaux de la Cave ou des Eucalyptus et qui
attendent d'être distribués mais les habitants ont refusé cette
solution arguant pour certains, en dépit des évidences, que le danger ne les
menaçait
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Dimanche 20 février 2005:
L'Algérienne des Eaux (ADE) qui gère notre eau potable, n'ayant
certainement pas trouvé une solution à la défectuosité d'un
réseau refait pourtant depuis peu, a mobilisé ses propres
citernes pour nous ravitailler à l'?il... C'est la première fois
que nous sommes l'objet de pareils égards; c'est dire que nous
avons recouvré quelques part des bribes de citoyenneté ou que le
service public a acquis quelques uns des réflexes qui font sa
raison d'être... Le trottoir de la rue principale se refait
avec une cadence acceptable et nous semble t'il, avec au moins
le respect de la ligne droite. Le chemin piétonnier a été
matérialisé entre le poste de la garde communale et la mairie;
faut il en déduire que la boue ne sera qu'un mauvais souvenir dans
quelques semaines ? il est trop tôt pour l'affirmer... L'arbre qui
voilait le clocher et sa montre, ces reliques qui donnaient au
village une personnalité, cet arbre, un saule pleureur, a été
brûlé par la gelée... Il a été élagué de son feuillage
asséché et le clocher se laisse maintenant voir avec sa montre qui
s'est arrêtée d'indiquer un temps inutile depuis belle
lurette... Les glissements de terrains continuent de grignoter
la route et de nouveaux accidents du relief sont apparus. La météo
qui prévoit encore des précipitations et de la neige sur les
hauteurs dépassant 500 m n'est pas pour arranger les choses...
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Lundi 21 février 2005:
Le mauvais temps est revenu... froid, pluie et neige annoncée sur les
reliefs de plus de 500 m. Le mois de février s'est avéré d'une hargne
qu'on ne lui connaissait pas... le proverbe du cru dit à son propos:
"fourar igoul lellouz t'bayadh oualla n'bayadh" (Février
prévient l'amandier en lui disant: ou tu blanchis ou je blanchis)... Les
pauvres amandiers ont oublié même de bourgeonner cette année et le
vilain fourar en est à son troisième blanchiment... L'autre
proverbe dit "maghress bou'thloudj ou yebrir bou'l3asloudj"
(mars le mois des neiges, avril le mois des tiges) ... la traduction ne
rend pas la finesse du proverbe... Février qui a squatté quelques
journées de janvier afin de s'en prendre courageusement aux vieilles sans
défenses, lorgne vers mars pour lui usurper son titre de mois des
neiges... bref, l'actualité est faite de pluie et de ses effets; et
ses effets ne sont pas des moindres; pour s'en convaincre, il suffit de
voir les transformations brutales que subit le relief. Le glissement de
terrain du lotissement de Ain Ben Haggache prend de l'ampleur et il n'est
pas exclu qu'il aboutisse à une hécatombe si les victimes potentielles
continuent à ignorer les mesures prises en leur faveur... L'aménagement
des trottoirs continue; la rue principale commence à prendre un air plus
avenant en dépit de ses arbres qui se sont desséchés.
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Mardi
22 février 2005:
Le mauvais temps annoncé s'est très vite estompé pour donner une
après-midi radieuse et un coucher de soleil flamboyant. Les montagnes
restent couvertes de neige et le vent qui y transite nous ramène une
fraîcheur que le soleil essaie vainement de tempérer. Le ciel dégagé
fait craindre une autre gelée nocturne mais à 20 H 30, une
légère brise s'est mise à souffler; elle devrait l'empêcher de venir
donner le coup de grâce aux abries martyrisés par la neige. L'eau ne
coule toujours pas dans les robinets et les villageois font dans la
débrouille. L'eau ne coule pas aussi à El Maasra où une conduite
a flanché du coté de Oued Djelada. Pour le reste, c'est le statu-quo.
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Mercredi
23 février 2005:
Si le temps ne nous avait pas habitués à ses sautes d'humeur, nous
aurions été tentés de crier: "c'est l'printemps !"... Un ciel
d'un bleu profond, un soleil d'une joviale espièglerie et des herbes qui
poussent à vue d'oeil... Des marguerites ont même osé remplacer
la neige dans certains espaces... Sur les hauteurs de H'lala, elle
continue quand même à se donner en spectacle en prenant tout son temps
pour fondre... La lagune d'El Madjen forme un beau lac et tous les
ruisseaux chantent l'hymne de l'eau qui voyage vers la mer... Le spectacle
est beaucoup moins féerique au village ou les arbres des bords des rues,
totalement débarrassées de leurs feuilles, dressent leurs branches
décharnées vers un ciel indifférent.
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Jeudi
24 février 2005: C'est encore une journée
littéralement printanière... au marché du village, on ne propose
que quelques oranges rabougries; la pluie et le gel ont sabordé les
plantations, empêché les cueillettes et réduit les déplacements des
colporteurs de fruits et légumes. Une figure emblématique du folklore
villageois a disparu aujourd'hui... Saïd Bouferkas, Saoud pour ses
intimes et ils sont nombreux est mort à l'hôpital; cela fait bien
longtemps qu'il traînait une maladie invalidante. Saoud était planton à
la mairie avant de prendre sa retraite; sa gouaille légendaire en faisait
une véritable attraction. Mordu de l'ARD, le club de football local, il
ne ratait aucun de ses déplacements et le café du village se souvient
des grosses rigolades que générait Saoud quand il fustigeait Salah le
goal ou l'indigne arbitre qui a osé accordé le "pinarti" fatal
à l'équipe adverse... Le village ne sera plus comme avant car il lui
manquera dorénavant la chéchia rouge de cet homme qui a traversé la vie
en s'y confondant. Tout le monde se souviendra de cette journée où
notre équipe nationale de Foot-Ball devait rencontrer je ne sais plus
quelle équipe d'un "ennemie". Les yeux étaient accrochés à l'écran
de télévision du café de Si Moussa et un silence de plomb s'était
abattu sur la salle car notre team était mené au score et c'est Saoud,
du fond de la salle qui creva ce silence en disant: na3toul'houm
t'raih'ha ki n'souddou lelh'doura - "nous allons leur
donner une tannée (à la seconde mi-temps) quand on aura la pente en
notre faveur " ... le téléviseur de Si Moussa était posé sur un
plan légèrement incliné et Saoud pensait, dans son ineffable
ingénuité que nous devions monter la pente pour atteindre les buts
adverses... L'éclat de rire qui a suivi cette boutade du bon Saoud finit
par dérider l'atmosphère et je n'en suis pas très sûr mais je crois
fort bien que nous administrâmes à nos "ennemis" la tannée
promise par Saoud. Repose en paix 3ammi Essa3id...
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Vendredi
25 février 2005: Saoud a été enterré
hier au cimetière de Braïka. Le comité religieux a été renouvelé...
Les anciennes figures qui ont à leur actif la réalisation d'une très
belle mosquée ont été remerciés pour la plupart; les plus acharnés
opposants ont été boudés par les urnes et c'est un comité incolore et
inodore qui a été élu, une sorte de groupe de fonctionnaires sans
grande gueule ni notoriété et qui devrait travailler dans l'ombre
ou végéter comme tout comité sans figures charismatiques... La pluie a
refait son apparition et un léger crachin mouille à peine la terre mais
insuffle aux gens une forte dose de mélancolie. Le privé qui a
racheté Ben Haroun a tenu hier une conférence de presse; il s'est fait
accompagner de la section syndicale qui s'est faite toute docile et qui a
même reconnu que l'usine et ses travailleurs sont les grands gagnants de
ce changement de statut. Un des responsables de la poussée revendicative
qui a suivi la vente de l'usine au privé m'a expliqué tout à l'heure
que dans un bras de fer il faut bien qu'il y'ait un gagnant et un perdant
et qu'il n'avait pas à rougir de l'épreuve de force qu'il avait menée
même si elle n'a abouti a aucun résultat. J'ai appris de la bouche de
Essaid Guerrache que Slimane Derouaz est hospitalisé à Rouiba. Nous lui
souhaitons un très rapide rétablissement.
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Samedi 26 février 2005:
La pluie et le froid sont encore là. Les arbres de la place publique ont
été taillées; on leur a enlevé leurs branches tuées par le gel.
Personne ne peut dire s'ils reverdiront ce printemps ou si leur mort
apparente est une mort réelle... Les orangers de toute la vallée de
l'Isser
ont subi très violemment les contrecoups du gel. Leurs fruits
habituellement succulents ont acquis une très forte amertume et même les
fabricants de jus n'en veulent plus. L'autoroute qui était ouverte au
public entre les eucalyptus de Kadiria et l'entrée de Lakhdaria et qui
permettait une fluidité du trafic sur ce tronçon étroit, a été
fermée depuis deux ou trois jours par des gros tas de sable. Le tronçon
reliant Boulerbah à Ben Haroun est toujours ouvert; on n'aura
certainement pas besoin d'y entreposer des tas de sable pour empêcher les
usagers de l'emprunter car la nature commence à s'en charger... Sur toute
la partie allant de BoutBoul à Boulerbah se forment des crevasses et le
mouvement du sol est si fort qu'une partie de la chaussée, en glissant
vers l'oued, a carrément chevauché la plaque qui se situe en aval.
Les moulins à olives continuent de tourner à plein régime; de Zeboudja
jusqu'à Lakhdaria, ça n'arrête pas de fumer et les tas d'olives qui
restent à triturer montrent l'importance de la production de cette
année, stabilisant le prix de l'huile à 200 DA/litre alors
qu'habituellement elle se négociait à plus de 250 DA.
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Dimanche
27 février 2005:
Réunion de crise à la mairie... Toutes les autorités étaient là pour
débattre du problème des glissements de terrains qui menacent le
village. Des préconisations auraient été faites et qui consisteraient
à réaliser des banquettes et une ceinture verte qui irait de Chaat
Ettolba à Boubekeur en passant par Ghar Eddhiba... Il est certain que si
la pluie continue à tomber comme elle le fait depuis plus d'un mois et
comme elle le fait encore ce soir, le village connaîtra de très sérieux
problèmes avant que les arbres ne soient plantés. On a discuté aussi
des routes... il s'avère qu'elles sont toutes en piteux état, le chemin
communal qui va de Djébahia à Ain Laazerah et Mouah'djar est
pratiquement impraticable si ça peut se dire; le chemin vicinal qui va
de Chaabet Lakhera vers El Mouilha a besoin d'un ouvrage au niveau du
ravin à hauteur des Meddahi, le Chemin de wilaya 125 est détruit en
plusieurs endroits... bref, nous payons l'immense laisser-aller qui nous a
servi de stratégie depuis des lustres... On a discuté aussi de l'eau qui
est absente des robinets depuis plus de 20 jours... l'ADE se justifie en
invoquant des casses qu'elle ne peut réparer faute d'engins susceptibles
de travailler dans la gadoue des terres imbibées d'eau et
l'administration prend acte en attendant le retour du beau temps; pendant
ce temps, les citerneurs se frottent les mains pour ce plan de charge
inédit: le village manque d'eau parce qu'il a trop plu !!!!...
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Lundi
28 février 2005: Février se termine
dans le froid et la pluie. A l'instar de l'Europe qui grelotte sous un
froid sibérien, notre pays vit sous les effets de perturbations
successives qu'il a rarement connues. Le froid est devenu cet ogre que
tout le monde redoute; dans les discussions, la pluie, la neige, le froid
sont personnalisés et il n'est pas rare d'entendre les gens
insulter "le grand père du père de cette saleté de
neige" (yen3al djed babaha !) ou les parents de la pluie "
yen3al ouldih'a" ou encore reprocher au froid ses morsures: "merreg'ha...
ma bghach yefham rouhou !" (il exagère ! il ne veut pas entendre
raison !). C'est vrai que ce trio abuse en ne se rendant pas compte que
nous sommes à 3 semaines seulement du printemps !
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Mardi
1er mars 2005: Mars débute dans la
grisaille. Il a plu sans discontinuer durant toute la journée et un froid
cinglant a contraint les gens à relever les cols de leurs paletots. L'eau continue à
bouder les robinets et il n'est pas certain qu'elle reviendra avant
l'été; les glissements de terrain n'arrêtent pas de drainer les masses
de terres et l'on s'attend à un big one qui va affaisser dans un grand
bruit toute une partie de la région située en amont de la
départementale 125 et qui créera d'autres falaises abruptes comme celles
qui longent l'oued... Tout le monde est conscient du risque latent mais
spécule sur son avènement à l'arrivée des tiédeurs printanières qui
incitent habituellement la terre à "marcher" plus vite. Les
autorités locales qui ont tenu la réunion de crise du dimanche passé
ont terminé leur mission... il est en effet de coutume que les préposés
à notre quiétude croient avoir mis en oeuvre les solutions par le fait
seulement d'avoir discuté des problèmes.
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Mercredi
2 mars 2005: "Singing in the rain"
serait la chanson la plus détestée par les villageois s'ils la
connaissaient... Dame pluie est en effet devenue cette belle-mère trop
attentionnée pour ne pas être envahissante au point où on en arrive à
ne souhaiter qu'une seule chose: la voir quitter notre quotidien ! Et
cette sacrée météo qui, au lieu de nous rassurer, vient nous prévenir
avec un sadisme cruel que nous aurons juste un peu de répit le week end
pour replonger dans l'ambiance épuisante du froid et de la neige à
partir du vendredi soir !... Les archs se seraient entendus avec le
premier ministre pour mettre un terme au mandat illégitime des
"indus élus"... Les conseillers municipaux de la formation
politique du premier ministre ont immédiatement réagi dans une parfaite
discipline partisane à Tizi Ouzou pour annoncer leur démission... il
faut dire que le RND ne perd pas grand chose puisqu'il possède très peu
de représentants, presque toujours minoritaires dans cette région qui
reste le fief du FFS... Il nous reste à espérer que nos élus fassent
preuve d'une aussi belle discipline et remettent leurs costumes (pour ne
pas dire leurs tabliers car ils sont là non pas pour se salir à servir
la canaille mais pour profiter des bienfaits de leur statut) ... il est
permis toutefois de douter qu'ils aient cette réaction honorable et il
est même presque sûr que l'amour du koursi incitera certain à vendre
leur âme à ces diables qui ont pour noms PT, FLN etc... plutôt que de
répondre à l'appel de leur chef ... nous ne dirons pas: de leur
conscience, car cela fait bien longtemps qu'ils n'en usent pas...
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Jeudi
3 mars 2005: L'eau coule à nouveau
dans les robinets... la pluie continue à tomber et la terre à glisser...
Le groupe SIM a organisé un grand couscous à l'usine de Ben Haroun à
l'occasion du transfert de propriété à son profit ... voir le reportage-photos
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Vendredi
4 mars 2005: Il pleut toujours et rien
n'indique que ça va s'arrêter. L'actualité s'arrête dans ces
conditions à la platitude d'un quotidien fait de boue, de froidure, de
cafés bondés de joueurs de dominos avant et après la prière du
vendredi. Le village vit dans une plate expectative et toute tentative de
lui arracher le moindre soubresaut bute sur sa langueur
littéralement "léthargisante"...
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Samedi 5 mars 2005:
Les pluies résiduelles terminées, le temps s'est mis au beau en
convoquant un soleil tout frémissant de retrouver une terre trop
longtemps abandonnée. Les oiseaux et les fleurs qui en ont assez
des brumes et des nuages se sont mis à saluer spontanément le soleil
mais comme la spontanéité est toujours anarchique, c'est dans une
cacophonie de chants, un chassée croisé de vols et une débauche de
couleurs que fut célébrée la fête au soleil... Pendant ce temps,
le village se complait dans sa léthargie...
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Dimanche
6 mars 2005:
Et ça revient ! la pluie est tombée en hallebardes, d'Alger à
Djebahia et certainement plus loin aussi. Le ciel n'arrête pas de
s'essorer sur nos contrées et nous avons l'impression, nous qui ne
pouvons nous concevoir sans soleil, de vivre à moitié... Le pétrole s'est trouvé une autre ouverture pour fuir l'oléoduc et aller nous
empoisonner les eaux de l'oued; cette fois -ci il a jailli à 100 m en
amont de la jonction de l'autoroute avec la route de Harchaoua. Les engins
de la Sonatrach s'activent pour juguler la fuite.
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Lundi
7 mars 2005:
C'est un temps paradoxal... aux très belles éclaircies succèdent
de profondes noirceur et quand les nues crèvent en nous balançant sans
ménagement toutes leurs tripes, il s'ensuit des accalmies succulentes et
ce manège dure depuis le lever du jour. A la tombée de la nuit, le froid
est devenu plus cinglant;: les montagnes d'alentours se sont saupoudrées
de blanc et si aucun vent chaud ne vient faire fondre les flocons qui
doivent se modeler en altitude, il est fort probable que la neige
reviendra nous rappeler que mars est vraiment un mois fou...
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Mardi
8 mars 2005: C'est la journée de la
femme et par respect pour elle, on lui accorde... une demi-journée de
repos !... On constate quand même que nos gens se font à ces dates, à
leur cérémonial et à leur symbolique. Le commerce des roses rouges
fleurit à la St Valentin, les bûches s'arrachent au réveillon et les
flacons de parfums s'achètent en catimini le 8 mars... il faut espérer
que nous accordions plus d'attention à la nocivité dé la cigarette le
jour "sans tabac", que nous plantions spontanément des arbres
le 21 mars, que nous évitions les sachets en plastique le jour de
l'environnement et que nous déferlions vers les librairies le 16 avril à
l'occasion de youm el 3ilm comme nous nous avons sacralisé le poulet au
berkoukes de l'Achoura, le mouton de l'Aid, les pétards du Mouloud et les
grasses matinées du 5 juillet et du premier Novembre... Le journal
"El Watan" a publié aujourd'hui un article sur les glissements
de terrain que connaît notre région mais c'est plus pour rapporter
les craintes de l'acquéreur de l'eau de Ben Haroun que pour montrer la
reconfiguration de notre relief et les dégâts qui en découleront... Il
a neigé durant la nuit sur les hauteurs et la journée fut d'un froid
très vif. Le coucher du soleil a été flamboyant ce qui devrait donner
raison à la météo qui prévoit un réchauffement à partir de
demain...
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Mercredi 9 mars 2005: La
nuit fut très froide et au petit matin une grosse couche de gel
recouvrait la nature... Un soleil impitoyable est venu par la suite
réchauffer la terre puis, prenant ses aises, il s'est laissé aller
jusqu'au crépuscule. Les connaisseurs en accidents du relief, et ils sont
légion au village, affirment que les glissements de terrain deviennent
plus rapides quand la terre se réchauffe et c'est à croire qu'ils ont
raison car les failles s'agrandissent littéralement à vue d'?il. A Ben
Haroun, les travailleurs ont perçu leur pécule; une dizaine de millions
de centimes par tête de pipe... Le nouveau propriétaire a commencé par
augmenter ses prix mais le changement est perceptible d'abord à la
présence de l'eau minérale chez tous les épiciers du village, ensuite
aux camions qui défilent devant l'usine pour colporter cette eau aux
quatre coins du pays alors que d'habitude c'était l'usine qui
s'évertuait à la distribuer à l'aide de ses moyens dérisoires... Hier
il y'eut à "Brachma" un accident spectaculaire et qui aurait pu
avoir des conséquences dramatiques: un camion qui transportait un chariot
élévateur, toutes fourches dehors et sans attaches a fait une
embardée sur une protubérance de la route; le chariot a basculé comme
un morse géant et a planté ses deux dents dans un car de transport de
voyageurs qui suivait le camion. On ne déplore fort heureusement aucun
mort mais les usagers de la route ont dû passer de sales quarts d'heures
car un embouteillage s'étendant de Kalous à Boulerbah s'est formé...
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Jeudi 10 mars 2005: La
nouvelle loi portant code de la route est appliquée avec un zèle suspect
par les "services concernés"... L'ancienne loi qui était
déjà très dissuasive n'a pas fait ses effets non pas à cause d'un
quelconque anarchisme atavique des usagers de la route mais surtout à
cause de la désinvolture et du passéisme de ceux qui devaient veiller à
son respect. Les décideurs, avec leur courte vue habituelle ont pensé
qu'en corsant les peines ils allaient mieux dissuader et l'on se retrouve
avec une nouvelle loi qui, appliquée sans complaisance, devrait
sanctionner 98% des conducteurs, non appliquée, elle viendrait s'ajouter
à l'arsenal des textes inutiles qui discréditent la Loi au lieu de lui
donner la force qu'elle se doit d'avoir... Je dis ça parce que j'ai eu à
subir aujourd'hui même les rigueurs de cette nouvelle loi alors que je
dépassais à 110 km/h un camion sur une voie d'autoroute aussi libre que
le rob3 el khali... prétexte: dépassement de la vitesse autorisée...
quand on sait que cette "vitesse autorisée" est fixée sur
l'autoroute à 80 km/h, on devrait se questionner sur l'opportunité de
ces concessionnaires qui proposent des automobiles pouvant aller à 200
km/h et aussi sur l'idée loufoque de ne plus importer des véhicules de
plus de 3 ans d'âge alors que la logique devrait nous inciter, par
respect pour NOTRE loi, à doter le peuple en lada et autres ami_6... Je
pense que pour bien montrer l'absurdité de cette loi, les usagers
devraient faire une sorte de grève du zèle en la respectant à la
lettre... c'est à dire, rouler à 80 km/h sur l'autoroute, descendre la
pente de Thenia à 50 Km/h... On verra alors si les routes seront autre
chose que d'immenses bouchons... Il est évident que les concepteurs de
ces incongruités sont ces VIP qui passent en cortèges à tombeau ouvert
quand il leur arrive par hasard de faire la route...
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Vendredi 11 mars 2005:
Le temps ne sait plus où donner de la tête... Après une matinée
éclatante, il s'est renfrogné mais n'est pas allé jusqu'à pleuvoir. Le
village vit toujours les répercussions de l'immense ingratitude qu'il a
témoignée au Président du Comité Religieux dont personne ne peut
sincèrement démontrer en quoi il aurait démérité mais qui s'est
retrouvé en dehors de ce comité suite à un véritable coup de force...
Mais il est dans l'habitude des villages de défenestrer les méritants
pour accorder des faveurs aux nouvelles têtes comme si le fait de confier
les responsabilités représentait une sorte de gratification... Le
complexe de Peters faisant son effet, on aboutit toujours très vite à
des états de latence qui favorisent une léthargie que tout le monde
semble souhaiter.
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Samedi 12 mars 2005:
Très belle journée. Un soleil généreux a permis aux gens de se dépêtrer
de leurs paletots pour se mettre parfois en bras de chemises, faisant fi
du proverbe qui avertit les inconscients non pas en mars mais en avril. Un
engin a nivelé aujourd'hui le "6 chemins" situé devant
l'ancien dispensaire; espérons que l'autorité municipale et les services
techniques sauront aménager cet espace de rencontre privilégié. Devant
la garde communale une grosse protubérance est sortie sous l'effet du
poids des camions sur le macadam; si par malheur il arrivait même à un
véhicule de grand tonnage de faire passer cette bosse entre ses roues, il
n'est pas certain qu'il pourrait rester quelque chose de la boite à
vitesse et du carter... Cette déformation de la chaussée est assez
ancienne mais tout le monde fait comme si ça ne le concernait pas. Il
aurait pourtant suffi de trois bras, trois pelles et trois quarts d'heure
de travail pour l'enlever... La journée a connu deux protesta: d'abord
celle des habitants de Tiliouine qui ont bloqué totalement la RN 5
pour exiger une passerelle sous laquelle les habitants pourront traverser
la route en slalomant entre les véhicules et en continuant à se faire
écraser comme on le fait partout où il y'a des passerelles...
ensuite celle des lycéens et collégiens d'El Madjen qui exigent une
réduction des tarifs des transports que les transporteurs déjà sur les
jantes, ne peuvent accepter car ils risquent de se retrouver sur les
essieux...
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Dimanche 13 mars 2005:
Le temps oscille entre la franche grisaille et le clair soleil...
Sur les routes, la circulation se raréfie; les gendarmes n'y vont pas de
main morte et, exploitant l'immense injustice de la nouvelle loi sur la
circulation routière, ils arrachent littéralement les permis de conduire
des poches des pauvres usagers de la route, coupables de ne pas respecter
strictement une signalisation faite pour ne pas être respectée... Cet
excès de zèle est caractéristique de tout ce que nous entreprenons; ça
part en fanfare puis ça régresse pour finir en queue de poisson... Cette
euphorie répressive connaîtra elle aussi le sort de toutes les
"campagnes" menées au départ tambour battant car les
incongruités de la loi, les passe-droits et la lassitude finissent
toujours par restaurer un naturel qu'on cherche à combattre par la
matraque sans savoir qu'il revient inévitablement au galop dès qu'on
range ladite matraque...
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Lundi 14 mars 2005:
Il est arrivé en fin de soirée et très vite il a instauré un
temps d'été en plein hiver. Le sirocco puisque c'est de lui qu'il s'agit
est donc venu secouer les arbres pour faire de la gymnastique à des
branches percluses par des mois de léthargie et tirer les herbes qu'un
hiver rigoureux a rendues rabougries. A 22 h il fait franchement chaud. Au
village, l'opération "aménagements urbains" se poursuit cette
fois-ci très méthodiquement. Les bordures de trottoirs ont été
placées, les accotements rechargés et des petits carrés ont été
aménagés pour recevoir des arbres. L'opération cimentation des voies
piétonnières devrait suivre très vite. Il n'y a qu'un seul regret,
c'est celui de ne pas voir nos fondés de pouvoir opter pour de la belle
pierre taillée au lieu de ce goudron et de ce ciment qui ne laissent
aucune place à l'esthétique...
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Mardi 15 mars 2005:
A moins d'une semaine du printemps, l'hiver tente encore d'imposer
sa grisaille mais l'été, décidé à introniser le printemps a envoyé
en éclaireur un sirocco zélé. L'ambiance est, on le devine, très
instable et très peu propice aux pronostics... Le printemps de cette
année devra de toute façon se faire sans les arbres car le gel a
exterminé tout ce qui porte feuilles et a bloqué le bourgeonnement des
branches dénudées par l'automne. En dépit de la réfection des
trottoirs qui donne aux rues du village l'impression d'être beaucoup plus
vastes qu'elles ne le sont en vérité, rien ne vient leur donner de la
vie car les arbres qui les décoraient semblent définitivement
fossilisés.
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Mercredi
16 mars 2005:
La journée fut brumeuse et une légère pluie a même mouillé la
terre aux premières heures de la matinée. La nuit fut bruyante du côté
de la SAS où un mariage se fête à la zorna comme au bon vieux temps.
Pour le reste, c'est le statu-quo... le siège de la commune a reçu des
barreaux en fer d'un baroque qui n'a rien de la solennité administrative
que la mairie symbolise. A Brachma, le cimetière de Sidi Athmane est en
voie d'être clôturé; ce qui mettra au moins les tombes à l'abri des
rejets vésicaux des usagers de la RN 5 qui pourront se soulager contre le
mur d'enceinte et laisser les morts reposer en paix...
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Jeudi
17 mars 2005: La chronique s'enlise désespéramment
dans le déjà vu... Le temps persiste dans sa grisaille; les arbres
refusent toujours de bourgeonner et personne ne peut affirmer s'ils le
feront où s'il faut que nous en fassions notre deuil. Said Adjou, "Kohil"
pour ses intimes vient de terminer sa construction de locaux commerciaux
face à la cave et aujourd'hui un nouveau coiffeur est en train d'officier
en ces lieux. Le village se bazardise inexorablement... On y compte déjà
4 coiffeurs alors qu'il y'a à peine 5 ans, on devait aller se faire
tailler la barbe chez Boualem à Brachma ou chez Moh Kaci à
Lakhdaria... Les taxi-phones poussent aussi très fort puisque, outre
celui d'El Maghassla, il y'en a un autre à la SAS, un autre aussi près
de la Mosquée, un autre encore du côté des Bouzetine
etc...
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Vendredi
18 mars 2005: La nuit d'hier fut
mouvementée... des rafales d'armes automatiques ont même été
entendues. Selon certains, c'est une tentative de faux barrage sur le pont
de Oued El Djemaa qui aurait tourné court; selon d'autres c'est un camion
qui aurait été mis en travers de la route pour retarder les renforts qui
descendraient du village pour porter assistance à un poste de
surveillance de la garde communale, attaqué en même temps aux environs
de Kalous. La journée quant à elle fut placide. Le printemps s'efforce
de rattraper le retard qu'il a pris et impose aux fleurs de s'ouvrir alors
que les plantes sont encore au ras de la terre. Une autre droguerie vient
d'ouvrir ses portes aujourd'hui; et c'est un héritier de l'édile en chef
qui s'est offert ce commerce; le village continue donc à se
bazardiser au lieu de s'investir dans des activités plus intelligentes...
Le Wali a intenté une action en justice en référé contre les
villageois dont les maisons sont menacées par le glissement de terrain et
qui ont refusé de les évacuer. Les concernés sont convoqués pour le 20
avril; on ne connaît pas l'acte d'accusation; on ne sait pas si c'est le
refus d'obéissance à une réquisition de l'autorité, la tentative de
suicide, la tentative d'homicide prémédité ou la non assistance
à (sa propre) personne en danger...
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Samedi 19 mars 2005: C'est l'anniversaire du
cessez-le-feu... Un cessez-le-feu qui a été mis à profit en son temps
par tous les embusqués pour monter le fougueux cheval de la Révolution
pour en faire un perfide canasson... A voir aujourd'hui les comportements
de certains de ceux qui se disaient à l'époque imbus de conscience
révolutionnaire, on devine l'immense supercherie... Le sommet arabe
d'Alger va s'ouvrir incessamment pour permettre aux ubus d'étaler leur
emphase... Loin de ces histoires, le village continue à vivre de sa belle
mort...
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Dimanche
20 mars 2005: L'heure est au sommet
arabe. Les rues d'Alger, pavoisées à leurs couleurs mobilisent tous les
nettoyeurs pour se faire belles. Des arbres ont même poussé en quelques
nuits sur les bords des routes et les marigots fétides ont par miracle
cédé la place à de beaux jardins. Les camions étant interdits de
circuler, on observe un trafic aussi fluide que celui qu'on enregistrerait
sur la départementale 125, un vendredi, entre 13 et 14 h. Après la ligne
jaune du séisme, nous avons droit à une ligne verte pour les
délégations officielles... Il ne reste aux usagers de la route qu'une
étroite voie de passage entre les deux lignes, voie de passage où ils
doivent faire attention à des tas de pièges, chacun valant son pesant de
permis de conduire... Au village en n'en a cure de ces histoires d'en haut
car les préoccupations sont beaucoup plus terre à terre... au marché de
Brachma, ce soir, le piment a fait comme le pétrole; il a atteint un
record historique: 200 DA/kg !
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Lundi
21 mars 2005: Ce sont de drôles de jours
que nous devons supporter... des nuées basses qui vous ferment l'accès
au ciel et qui vous étouffent sous une chaleur humide. Le sommet Arabe
d'Alger fait toujours la une de la chronique mais c'est surtout par la
gêne occasionnée aux citoyens; ainsi, aujourd'hui, non contents
d'installer un barrage filtrant à Dar El Beida pour les véhicules à
destination d'Alger, barrage qui a causé un embouteillage monstre,
l'après-midi c'est un autre barrage filtrant qui a été installé à
Tidjellabine, à hauteur de la bretelle menant vers Boumerdes et
pour les véhicules sortant des wilayate d'Alger et Boumerdes !!!! Ce
barrage a causé lui aussi un énorme bouchon qui a dû s'étendre
jusqu'à Boudouaou. On ne sait plus l'utilité de ces
"violences" gratuites contre des usagers de la route et quel but
on espère atteindre en les pratiquant de manière si sadique. Au village,
on continue à poser les trottoirs et à El Maasra, l'eau potable ne coule
plus depuis plus d'un mois sans que la population ne s'insurge pour faire
réagir une autorité communale qui ne s'ébroue que quand on la pique...
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Mardi
22 mars 2005: Le soleil continue à nous
refuser son franc éclat, mais la chaleur s'est imposée et la terre
s'attiédit au grand bonheur des herbes qui montent à vue d'?il. La
route de Ben Haroun est toujours coupée, la borne kilométrique dont il
était question dans la chronique du 6 février n'a toujours pas été
redressée et les failles qui sont apparues sur la départementale 125
s'agrandissent chaque jour un peu plus. La grosse frénésie qui a pris
l'autorité locale devant l'apparition des glissements de terrain s'est
totalement estompée et les nébuleux projets de confortement ne sont plus
que vieux souvenirs. Les trottoirs continuent de se faire refaire - à
notre cadence - et hier des "responsables" sont venus repérer
l'endroit où sera installé le poste de détente du gaz de ville...
Gageons que nos trottoirs ne seront terminés que le jour où la pelle
excavatrice devra creuser les rues pour faire passer le gaz... A "Brachma"
par contre, après avoir aménagé la place de la mairie avec jet d'eau,
jeux de lumière, terrains de sport, bancs publics et espaces verts, la
commune a réglé définitivement le problème des fossés bétonnés, des
trottoirs et des allées piétonnes et va incessamment terminer la
clôture du cimetière de Sidi Athmane. C'est vrai que chez nous on a
d'autres préoccupations... les heureux élus ont occupé des logements
qui ne leur reviennent d'aucun droit; ils se sont empressés de gonfler
des effectifs communaux déjà en surnombre en leur rajoutant leurs
rejetons et ils passent le gros de leur temps à répartir des aides au
confortement de logements qu'aucun séisme n'a ébranlés...
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Mercredi
23 mars 2005: Encore une sale journée;
un vent du sud crasseux et poisseux nous a ramené plein de particules
ocres qu'une pluie parcimonieuse fait descendre sur nos voitures, nos
murs, nos habits, nos plantes... en chiures de mouches. Pendant ce temps,
les présidents, émirs et rois des arabes continuent leur cinéma... La
télévision n'arrête pas de nous montrer des ubus à l'arrogance
déplacée quand on connaît la manière dont ils se sont imposés à leur
peuple et le mode de gouvernance qu'ils leur imposent... Au village c'est
toujours le statu-quo.
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Jeudi
24 mars 2005: Des éléments en béton
placés depuis deux ou trois jours pour protéger les arbres des bords de
rues ont été détruits par des vandales en herbe. La garde communale
n'a, comme de bien entendu, rien vu... Du temps de la colonisation, trois
garde-champêtres officiaient au village: Hamitouche, Baskel et Mahmoud.
Le respect des lieux publics était imposé par leur seule présence.
Après l'indépendance, Aissa Ech-chambit et Moh Boudraa faisaient régner
à eux seuls la discipline au village et même dans les bourgs
limitrophes. Ils se permettaient même d'empêcher les enfants de glaner
les mûres des arbres de la place et chassaient à coup de pierres les
mioches qui essayaient de faire de l'abreuvoir municipal une piscine...
et ceci en plus de leur travail qui consistait avant tout à faire
respecter l'ordre à la poste, à la mairie, au stade etc... Aujourd'hui
une armada de garde-champêtres dispose même d'un casernement et d'un
véhicule de service mais ne réussit même pas à sauver des arbres du
vandalisme juvénile ou à organiser la traversée des rues aux élèves
de l'école primaire... Le texte portant création de cette garde
communale leur donne pourtant toutes les prérogatives en la matière.
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Vendredi
25 mars 2005: Des insidieuses tentatives
de museler cette chronique me sont imposées depuis quelques temps. On
invoque tour à tour le droit à l'intimité de personnes dont j'ose
parler, le risque que j'encours en dénonçant les carences des
responsables, l'inutilité de cet étalage publique de faits et de
situations privés etc... Mes co-villageois ont ceci de particulier
qu'ils ne font (dans leur majorité) absolument rien sans
contrepartie parce qu'ils en sont incapables non pas
intellectuellement mais avant tout "moralement"... parler, ils
savent le faire, mais seulement dans l'anonymat des dialogues autour d'un
café ou dans un véhicule... Je continuerai donc, ne leur en déplaise,
à raconter les joies et les peines de ma région, et s'il me faudra un
jour arrêter de citer des gens, je me contenterais de parler du "dhourraïss"
qui chante sur les fougères de ghar eddhiba, de la sella qui pousse drue
sur les bords de la départementale, des sérénades printanières des
grenouilles d'El Madjen, de l'eau qui chante à Oued Djelada, des chacals
qui glapissent à Bou'T'Boul, de la succulence des fèves de Z'babedj El
Metrouk... Cette parenthèse fermée, on parlera du temps qui semble
s'installer pour de bon dans le sirocco... La terre s'est craquelée sous
son souffle chaud et donne raison aux paysans qui disent que rien n'est
joué pour l'agriculture avant les pluies du printemps qui abreuvent
les herbes et font renaître les sources.
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Samedi
26 mars 2005: Rien à signaler. La route
de Ben Haroun est toujours coupée, les travaux de remise en état du
tronçon entre le pont de Oued El Djemaa et le village n'ont pas été
entamés, les trottoirs continuent cahin caha à se faire refaire et cette
opération qui devait durer 15 jours clopine toujours à son 150e jour.
Des oliviers ont été plantés sur la terre blessée de Ain Benhaggache
mais rien ne dit qu'ils vivront... il faut savoir que beaucoup d'oliviers
ont été plantés il y'a de cela deux ou trois ans sur toute la langue de
terre en aval du lotissement menacé par les glissements de terrain. Aucun
de ces oliviers n'a réussi à passer le printemps et aucun responsable
n'a été sanctionné pour ce "florocide" criminel. L'eau
continue à se laisser désirer à El Maasra, ce bourg intermédiaire sans
aucun statut et auquel on a refusé même une plaque nominative...
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Dimanche
27 mars 2005: Le sirocco s'en est allé
sévir ailleurs et le soleil est revenu printaniser la terre. Les genêts
commencent à jaunir mais très timidement alors que, dépassé Beni
Amrane, ils sont en feu. L'oued coule d'une belle eau claire comme il ne
lui est plus arrivé depuis trois dizaines d'années et si le débit se
maintient, il n'est pas exclu que l'on revoie les pêcheurs d'eau douce
taquiner l'anguille du côté de Ziraoua. Les aides aux pseudos sinistrés
du séisme commencent à divulguer leurs secrets... Il faut reconnaître
que la majorité des heureux bénéficiaires est coupable de délit
d'initiés; parmi eux on rencontre des présumés sinistrés qui ont
touché le pactole, ce qui leur permet de terminer leurs constructions
parfois pharaoniques... Des listes ont circulé dans une discrétion
incroyable pour un village où tout se sait; cautionnées par la mairie et
approuvées par un CTC pas très regardant, elles ont permis à 75% des
résidents de se voir gratifiés de sommes atteignant parfois 100 millions
de cts pour des habitations qui n'en valent pas la moitié... L'opération
n'a pas été exempte de calculs politiciens comme toutes les opérations
dans lesquelles l'état accorde ses subsides à ses citoyens par
l'entremise de son administration ou de ses élus...
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Lundi
28 mars 2005: Les asphodèles des bords
de route sont en fleurs. La blancheur des fleurs de nos asphodèles est
sans doute unique; on a l'impression, à les regarder, de les voir jubiler
du plaisir d'être si belles, si blanches, si pures, si nettes. La RN5 a
connu une journée noire; le marché de Brachma a occasionné un
mémorable bouchon en matinée; dans l'après-midi les inénarrables dos
d'âne de Tiliouine ont causé un bouchon qui s'est étendu de Kadiria à
Lakhdaria et les usagers de la route qui ont cru avoir trouvé une
échappatoire en empruntant l'autoroute en construction ont vite
déchanté devant l'imbécile sadisme de certains responsables qui n'ont
rien trouvé de mieux à faire que d'obstruer la voie en y déversant des
chargements de tout-venant. Beaucoup d'automobilistes pris au piège ont
dû subir les rigueurs des motards qui les attendaient de pied ferme pour
leur retirer le permis de conduire à chaque velléité de dépassement à
droite ou de chevauchement de la ligne continue... La chaleur de la
journée a laissé place en début de soirée à un froid assez vif. Les
télévisions du monde entier ont braqué leurs caméras sur le sud est
asiatique où un tremblement de terre de 8.7° sur l'échelle de Richter
est venu ajouter aux épreuves de Sumatra et des pays environnants. Le
risque d'un ras de marée a incité les autorités de plusieurs pays de la
région à ordonner l'évacuation des populations de la zone littorale
vers des zones moins exposées. A 22 H 15, au moment où cette chronique
est rédigée, aucun bilan officiel n'a été donné.
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Mardi
29 mars 2005: Encore une journée
éprouvante pour les usagers de la RN5 à cause de ce satané marché de
voitures de "Brachma" . A 7 H 30 la circulation était déjà
littéralement bloquée entre la guérite de la garde communale de Mahas
et celle d'El Koudia El Hamra. Le temps s'est franchement rafraîchi ce
soir et le ciel s'est fortement couvert. Fatah 24 m'a dit que nous vivions
la "f'tira" (période de grand froid située au début du
printemps) mais pour Fatah 24, toute période froide est qualifiée de
f'tira. La route de Harchaoua a été finalement programmée pour un
entretien poussé et c'est Gerir (l'entreprise qui a retapé la
départementale 125) qui a eu le privilège de rendre praticable cette
voie de circulation mal conçue, mal entretenue, mal
réalisée...
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Mercredi
30 mars 2005: C'est une journée assez
fraîche. Après les genêts, c'est au tour de l'aubépine et de
l'églantier de nous gratifier d'un spectacle haut en couleurs et en
odeurs... Les fougères ont reçu une grosse poussée qui leur fait
dresser très haut leur tiges charnues au grand bonheur des gros-becs qui
y trouvent un tremplin idéal à leurs sérénades. El Madjen s'est rempli
de jonquilles et dans quelques jours il fera bon y écouter les concerts
des grenouilles... Au village l'actualité reste dominée par la
réfection des trottoirs et l'aménagement de la route de Harchaoua.
Bouzid Hamoudi qui se trouve au village m'a concédé une partie de son
temps; nous en avons profité pour parler de cet étrange mal qui ronge
notre village et qui a fait que la division s'est installée partout où
elle a réussi à trouver un interstice qu'elle a transformé en faille.
Nous avons rendu visite à Aissa El Baggar à Harchaoua et profité, à
l'occasion, du spectacle d'une nature qui se prépare fébrilement à
fêter le printemps.
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Jeudi
31 mars 2005: Le printemps est bien là...
mais la terre qui a donné toute son eau aux herbes commence à avoir
sérieusement soif. Une randonnée pédestre à El Madjen permet de
constater les gerçures qui décorent le sol... Il suffirait de quelques
millimètres de pluie printanière pour que la nature "s'exubére"
et nous offre à voir ses plus belles oeuvres. En attendant, nous ne
devons pas faire la fine bouche car ce qui nous est donné à contempler
vaut bien la peine... jugez-en par ces spécimen que j'ai eu le plaisir de
trouver sur mon chemin ce soir, à 18 h 30. |
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Vendredi 1er avril 2005: Même
pas un canular pour nous réconcilier avec l'humour... Les jours se
suivent et se ressemblent et il faut aller chercher les sensations dans
l'anodin... Les figuiers ont sorti leurs oreilles de souris et l'adage
prévient que "quand "el karma" sort ses oreilles de
souris, le froid impose à l'enfant de ne pas s'éloigner de la porte de
la maison" (ki l'karma twassi wedhnin el far, el yetchir ma ifareg
bab eddar)... Mais avec ce soleil, il faut s'attendre à ce que les
figuiers sortent très vite leurs oreilles de b?ufs et alors tout sera
permis (ki l'karma twassi wedhnin el ferd win bghit ferrech ouergoud)...
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Samedi
2 avril 2005: Le pape est mort; il vient
de s'éteindre ce soir. Les images diffusées par les télévisions du
monde entier montrent des foules se recueillant dans le silence et la
dignité et ça nous gêne quelque part quand nous nous remémorons nos
foules hurlant derrière les chars qui emmènent nos défunts vers leurs
"paradisiaques" destinations finales. La mort que nous devons
accueillir avec sérénité et philosophie, est reçue avec ces
expressions de révolte aussi vaines que stupidement théâtrales... Si le
pape ne papotera plus, le prince Rainier lui aussi ne "rainiera"
plus sur le rocher. La régence vient en effet d'être confiée à un de
ses fils. Et ce sont deux hommes de grande sagesse qui décident de tirer
leur révérence après avoir fait leur devoir de citoyens du monde. Au
village on continue à aménager les trottoirs et à ignorer que dans la
proche banlieue, à El Maasra, les habitants vivent depuis trois mois sans
eau car les italiens de la société qui réalise les ouvrages d'art sur
le pont de Oued Djelada ont détruit une partie de la conduite. Le maire,
toujours pareil à lui même avoue de prime abord qu'il ignore le
problème... pour montrer toutefois qu'il a fait son devoir de
responsable, il affirme avoir transmis... une mise en demeure à la
société italienne !..
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Dimanche
3 avril 2005: Les travaux d'élargissement
du tronçon de route entre la bretelle d'accès à l'autoroute de Zbabedj
el Metrouk et la RN5 ont été entamés. La réalisation a été confiée
à la société de salariés "STC" qui appréhende de
déstabiliser encore plus un terrain qui a prouvé qu'il était capable
des pires mouvements... l'autre problème qui risque de retarder les
travaux se situe au niveau du câble téléphonique souterrain, ce qui
montre que les réserves que nous avons émises sur cette chronique
durant la pose de ce câble sont largement fondées. L'opération "trottoirdisation"
du village est presque terminée; la société qui en a la charge est
arrivée aux finitions. Le froid est revenu ce soir et quelques gouttes de
pluie sont tombées durant la journée mais sans apporter un quelconque
réconfort à la flore vue leur insignifiance.
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Lundi
4 avril 2005: Au marché de Brachma la
tomate est reine. Elle se négocie à 100 DA le Kg... Son fidèle
compagnon, le piment, lui est à 200 DA ! C'est du jamais vu !... Il est
dit que quand la reine fève arrive, les légumes se font tous petits...
Elle est arrivée mais n'a rien pu faire contre la pénurie conséquente
à la faiblesse de la production due aux rigueurs de l'hiver mais aussi à
l'ineffable loi sur la circulation routière qui a littéralement bloqué
le trafic routier et donc l'activité économique. Il fait assez froid et
les "connaisseurs" prétendent que nous devons supporter ce
temps jusqu'au 16 avril, "f'tira" oblige ! Le téléphone est en
dérangement; il nous est permis de recevoir mais pas d'appeler.
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Mardi
5 avril 2005: Les travaux d'agrandissement
de la route départementale ont été lancés. A hauteur de
l'embranchement qui mène vers Harchaoua, on est en train de décaper le
talus au grand dam des fellah qui voient leur fourrage détruit alors
qu'il arrive à maturité. Les ruelles du lotissement d'El Harka se font
refaire elles aussi. L'épandage du tout venant est terminé sur nombre de
tronçons. L'entrée ouest du village revêt elle aussi graduellement un
aspect plus avenant avec l'aménagement des trottoirs et d'une allée
piétonne le prolongeant. La pluie est tombée durant l'après-midi; elle
a donné plus de vigueur aux herbes. Le téléphone est toujours en
dérangement.
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Mercredi
6 avril 2005: Il a
plu durant la nuit et au matin, des flaques ça et là montrent que ce fut
quand même assez important. Les travaux sur la route
départementale continuent; aujourd'hui on a décapé un autre morceau du
talus juste avant l'embranchement de Harchaoua; cette opération risque de
déstabiliser encore plus le terrain qui connaît de grands glissements.
Le mauvais temps n'a pas trop duré; ce soir il fait un soleil endiablé.
Le téléphone est toujours inopérant; l'accès à Internet nous est
toujours refusé.
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Jeudi
7 avril 2005: Le
match de coupe entre l'entente de Sétif et l'USM Blida s'est déroulé ce
soir à Bouira. Les Sétifiens étant sortis vainqueurs, les hordes de
supporters blidéens ont laissé libre cours à leur colère sur la RN5
qui a été fermée à la circulation entre Aomar et Zeboudja contraignant
les automobilistes à transiter par le village ou par l'autoroute. On
parle d'actes de vandalisme et à 19 H 30 les gendarmes étaient sur le
pied de guerre à Brachma où j'ai remarqué nombre de jeunes prêts à en
découdre avec ces supporters surchauffés au cas où il leur viendrait
des velléités de brigandage... Un vent d'une rare violence
souffle sur la région depuis le début de la soirée... Il a même eu
raison de la grosse assiette qui servait d'antenne parabolique collective
avant que les antennes individuelles ne viennent champignonner tous les
balcons. Mon téléphone que je pensais être en dérangement a en fait
été coupé soit-disant pour défaut de paiement... Pour appeler ACTEL il
faut avoir son numéro de téléphone, pour l'avoir, il faut appeler les
renseignements; pour avoir les renseignements, il faut un miracle; dans
ces conditions, on devra garder son calme et attendre la fin du week-end
pour aller jusqu'à Bouira et régler ce faux problème...
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Vendredi
8 avril 2005: Le
temps se fait lourd et c'est une pluie toute sale des sables du désert qui nous
tombe dessus très parcimonieusement. Certains supporters de l'USM Blida
se sont comportés avec un très grand courage en affrontant en hordes les
usagers de la RN5 hier. On parle d'un jeune homme poignardé à
Brachma et de nombre de véhicules détruits sur la route. Le Pape s'est
fait inhumer dans un immense show médiato-businessique qui a du faire
l'affaire de nombre de radios et télés et de commerçants de
portraits et de crucifix... Les thuriféraires du souverain pontife
croient booster la religion en laquelle il croyait; ils viennent de miner
pour longtemps sa succession car il est aléatoire d'espérer trouver un
cardinal qui pourrait faire mieux puisqu'il semble que Jean Paul II ait
été infaillible... Nous connaissons un bout à ces béatifications
puisqu'il nous faut jusqu'à aujourd'hui continuer à porter le deuil de
Boumediene... Pour revenir à nos oignons, disons que le village change de
forme à vue d'oeil avec ses rues qui se font aménager et son jardin
public qu'une main heureuse est en train de piocher...
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Samedi
9 avril 2005: Il a
fallu du temps pour comprendre et faire réagir les PTT... Tout est
rentré dans l'ordre ce matin. Ma ligne a été rétablie et je peux donc
reprendre ma connexion et vous offrir ce bref aperçu quotidien de la
(non) vie de notre village. Aujourd'hui il a fait froid et une pluie
intermittente est venue régénérer les herbes et mettre un peu de boue
sur nos souliers. Du côté de Lakhdaria une véritable fourmilière
travaille à l'ouverture du tronçon d'autoroute qui permettra d'éviter
Kadiria. Les nombreux gendarmes qui occupaient la route depuis ce matin
laissent penser qu'une haute personnalité serait en visite de
"travail et d'inspection" dans notre région; il y'a fort à
parier que ce soit justement pour l'ouverture de ce tronçon d'autoroute.
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Dimanche
10 avril 2005: La
neige est revenue... tous les reliefs qui entourent le village ont blanchi
durant la nuit. Il fait un froid très vif et des passagers venant de Sour
El Ghozlane disent que là bas, la neige a pris ses aises. On ne
sait pas quelles seront les conséquences de ce froid très inhabituel sur
la faune et la flore mais il est certain que la catastrophe écologique de
l'hiver passé qui a décimé l'eucalyptus sur un très large rayon sera
suivie par un autre phénomène non moins catastrophique avec ce froid
brutal qui nous vient au moment où les bourgeons naissants attendaient
plus de tendresse et de chaleur. En attendant, nous continuons à payer au
prix fort les rigueurs de l'hiver puisque la tomate caracole à 150 DA le
Kg, le piment à 200 DA, la salade à 60, la courgette à 80 et... le
poulet vivant à 190 DA !
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Lundi
11 avril 2005: La
neige de H'lala et Bouh'andjar n'a pas résisté à la tiédeur du
printemps; ce soir il n'en est resté que de vagues écharpes. Le froid
s'est, lui aussi, très fortement estompé. L'évitement de Kadiria a
été ouvert à la circulation, cette ville qui s'est "tentacularisée"
devrait subir très fortement ce détournement de la circulation vers sa
périphérie, un peu comme Thé nia (Ménerville) qui, de passage obligé
s'est trouvée du jour au lendemain réduite à un bourg qu'on survole du
haut de l'autoroute sans presque s'en rendre compte.
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Mardi
12 avril 2005: L'Algérienne
des Eaux a mobilisé ce soir toute une armada pour remettre en service son
réseau de distribution. La conduite fuit en effet depuis belle lurette du
côté de Z'babedj El Metrouk et a même formé une belle mare qui fait
face aux autres mares noires laissées par la fuite de l'oléoduc du
côté de Boubekeur. La très grande couche argileuse de l'épiderme de la
terre en ces lieux subit des gros mouvements et il est illusoire de
s'attendre à ce que les tuyaux en fonte ou en acier puissent leur résister. L'autoroute
qui traverse ce terrain est d'ailleurs elle aussi sujette à ces
mouvements et se casse ou se gondole en plusieurs endroits. L'évitement
de Kadiria a été officiellement ouvert à la circulation par notre Ghoul
de Ministre des Travaux Publics hier. Monsieur Ghoul a inspecté par la
même occasion le tunnel de Ain Cheriki et la presse d'aujourd'hui affirme
qu'il a eu de sacrés coups de gueule contre les responsables coupables de
retard dans l'exécution des travaux mais aussi contre un cadre qui aurait
tenté de lui faire plaisir en lui offrant une photo encadrée d'une de
ses précédentes visites. Le ministre aurait dit à l'assistance que le
meilleur cadeau qu'on pourrait lui faire c'est le respect des délais de
réalisation des ouvrages... Il y'a bien sûr beaucoup de démagogie dans
cette sortie ministérielle mais il y'a aussi encore plus d'imbécile
bassesse dans le geste de ce cadre...
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Mercredi
13 avril 2005: La
nuit est assez fraîche malgré la tiédeur du jour... Les travaux de la
bretelle d'accès à l'autoroute de Z'babedj el Metrouk reprennent de plus
belle depuis hier, signe que le tronçon qui va de chez nous aux
eucalyptus de Kadiria ne saurait tarder à être mis en service. De
passage aujourd'hui par l'évitement de Kadiria, j'ai remarqué la
tristesse de l'ancienne route, d'habitude si mouvementée. Les trois
stations services qui recevaient un flot ininterrompu de véhicules
chôment littéralement et à Kadiria brusquement désertée par les
visiteurs de passage, les commerces habituellement florissants risquent de
connaître des jours noirs.
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Jeudi
14 avril 2005: Le
Mouloud Ennabawi Ech-charif que nous devrions célébrer le jeudi prochain
si aucun événement saoudien ne vient déranger le calendrier lunaire, se
fait déjà sentir et entendre à l'odeur de la poudre et aux
déflagrations des pétards. Sur tous les marchés formels et informels du
pays, des petits débrouillards ont installé des étals de fortune sur
lesquels ils proposent des trucs pyrotechniques venus d'ailleurs et
strictement interdits à la vente, devant des représentants de l'ordre
excessivement "permissistes"... Cette culture du bruit qui a
supplanté toute autre manière de fêter ce digne événement est
caractéristique de l'état de déchéance culturo-cultuelle auquel
notre société est arrivée... Les pétards se font d'année en année
plus gros et les déflagrations plus décibelliques; c'est à croire que
nous avançons irrésistiblement vers une sorte de Big One qui nous
purifiera une fois pour toutes de ces pulsions autodestructrices que nous
avons emmagasinées depuis que nous avons compris que nous devons tout
faire pour être les dignes descendants de Caïn...
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Vendredi
15 avril 2005: Le
village vit au rythme des pétards. L'Imam, dans son prêche du vendredi a
fustigé cette mode en citant un verset du Coran qui assimile les
"dépensiers" aux "chayatine". Il n'a pas compris que
toute mode est une question de gros sous et que ce ne sont pas les sermons
et les serments qui feront raison entendre à ceux qui profitent de cette
manne... Il aurait dû faire contre mauvaise fortune bon c?ur et faire
comprendre à ses ouailles qu'il est peut être préférable de laisser
les "chayatine" se défouler à coups de pétards plutôt qu'à
faire les rédempteurs à coups de yatagans faute de leur expliquer qu'il
faut bien que jeunesse se passe ou que la nature culturelle de l'homme
elle aussi, a horreur du vide... Aux environs de 20 h, à la périphérie
du village, du côté d'El Madjen, loin des déflagrations des pétards,
les grenouilles font un boucan du diable et une bande de jeunes, la sono
à fond, leur donne la réplique de l'autoroute en construction. Il fait
assez frais et la pleine lune joue avec les nuages rendant agréables les
nonchalantes promenades entre El Maasra et Djebbanet Enns'ara.
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Samedi
16 avril 2005: C"est
"la journée du savoir"... une idée loufoque a germé un jour
dans la tête d'un de nos illustres fondés de pouvoir, il l'a mise en
application en créant une journée pour le "savoir"... La
journée du savoir correspond à l'anniversaire de la disparition d'un
"3alem" ... un érudit en... sciences religieuses ! Ledit fondé
de pouvoir a voulu en fait honorer son propre père qui faisait partie des
"uléma"; la célébration se poursuit jusqu'à nos jours et il
est heureux qu'on n'ait pas décrété cette journée fériée... il est
toutefois malheureux qu'on résumât le savoir aux seules sciences
théologiques mais bon... Au village, la journée du savoir s'est passée
comme toutes les journées; aucune manifestation n'a été programmée par
la mairie qui ne s'intéresse pas du tout aux histoires de savoir ni par
l'école qui a fort à faire avec une inspection de la gestion des
cantines qui, aux dires de certains, aurait dévoilé des trucs pas très
catholiques dans nombre d'établissements... A la mosquée, la nouvelle
équipe dirigeante s'échine à trouver des solutions aux fenêtres des
deux minarets, au crépissage des murs extérieurs, à l'aménagement de
la clôture et à... l'aménagement d'un couloir qui permettra aux
croyantes de passer sans se faire voir par les croyants...
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Dimanche
17 avril 2005: Il a
plu durant la nuit et la journée a été fraîche malgré le soleil. La
commune plante des arbres sur le rebord des rues. Comme elle ne peut
mobiliser ses garde-champêtres pour les protéger des mains "vandaleuses"
des gosses et des incisives grignoteuses des moutons, elle s'est
résignée à les mettre en cage. Un remarquable effort de crépissage est
accompli sur nombre d'habitations grâce aux dons offerts par les pouvoirs
publics aux citoyens sous prétexte de les aider à réparer les effets du
séisme. On dit que plus de 270 villageois ont reçu des aides allant de
12 à 100 millions de centimes pour des fissures qui, en fait, n'ont rien
à voir avec la tectonique des plaques. Ces heureux élus se recrutent
principalement parmi les initiés aux secrets du sérail politique local
et parmi les agents des administrations. On dit que les premiers
responsables de l'autorité locale ont eu la part du lion... Ceux qui
crieraient à l'imposture en lisant ces affirmations sont mis au défi de
la transparence: qu'ils affichent devant Dieu et Ses Hommes les listes de
tous les heureux bénéficiaires de l'aide qui a suivi la bombe qu'on a
fait exploser devant "dar carillo", du séisme du 21 mai
2003, de l'autoconstruction, du glissement de terrain de cet hiver...
Qu'ils aillent plus loin dans "la chafafiya" et qu'ils publient
les listes de l'emploi (TUP HIMO, préemploi, vacataires etc...) ainsi que
les listes des gens qu'on mobilise aux recensements et aux élections et
on aura une idée précise de cette république locale des copains et des
coquins...
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Lundi
18 avril 2005: Les
travaux se poursuivent sur la départementale 125, sur la bretelle
d'accès à l'autoroute, sur les trottoirs de la route principale et des
ruelles du lotissement d'El Harka, sur les logements destinés à abriter
les résidents de "la SAS"... Beaucoup de maisons ont l'air plus
avenant après avoir subi un crépissage extérieur grâce à l'aide
accordée pour raison de séisme... Le temps se fait de jour en jour plus
beau mais les blés, les foins et les fèves sont en retard de croissance;
du côté de Bled Likoul les céréales ont déjà des épis malgré leur
allure rabougrie. Le village est surchargé de monde de 16 h à 0 h en
dépit de la fermeture des deux cafés de la place qui furent victimes de
folles enchères.
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Mardi
19 avril 2005: Les
journées villageoises s'écoulent sans faire de vagues. Aucune sensation
forte ne vient ébranler notre torpeur et nous passons notre temps dans
une sorte d'apnée du sommeil où nous ne nous rendons plus compte de
notre respiration. La nonchalance des villageois accentue cette impression
de ralenti et nous n'avons même plus la chance d'entendre un gros rire,
un gros juron, un gros rot... La vie nous impose souvent cette linéarité
trop douce pour ne pas être suffocante. On ne sait pas quand aura lieu le
prochain soubresaut et pour quelle drame mais il est certain qu'il se
planifie déjà dans les arrière-salles du destin... Benoît XVI a
supplée à la vacance papale ce soir. Ce fut fait à grand renfort
d'apparat; le nouveau pape, réputé "intégriste", a été élu
par les cardinaux dans une sorte de grande messe à laquelle le monde
entier a participé par la vertu de dame télé. Ce cinéma va faire des
émules chez d'autres confessions et vous verrez que l'on s'efforcera
d'aller plus loin dans le cérémonial à toutes les occasions qui vont se
présenter...
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Mercredi
20 avril 2005: Après le
16 avril, décrété jour du savoir pour immortaliser la mort (!) du
chantre de notre arabité, voici venu le 20 avril, date anniversaire elle
aussi de notre sursaut identitaire et qui précède le 21 avril, date
anniversaire de la naissance du Prophète de notre Islamité... A mon sens
cela fait un peu trop et, à force de vouloir trouver nos marques, nous
risquons de perdre totalement nos repères... mais bon ! tant que nous
fêtons notre arabité à coups de slogans, notre amazighité à coups de
pneus brûlés et notre islamité à coups de pétards, nous ne courrons
qu'un seul risque: celui de créer la fête pour n'importe quoi et ce
n'est pas cela qui devrait nous déranger... "Le jour de la fête,
c'est la veille de la fête" dit-on. Au village comme dans tous les
villages d'Algérie, cette veille dure depuis déjà un mois; mais
l'apothéose est pour cette nuit et celle de demain car il faudra liquider
durant ces deux nuits tout le stock de pétards ramené de la lointaine
Chine par certains de nos importateurs au bras trop long... Il nous faut
quand même savoir réfréner notre nausée devant cette gabegie en nous
disant qu'un mouloud tonnant vaut bien mieux qu'un mouloud d'enfants de ch?ur
chantant de tristes comptines à des adultes hypocritement
contrits...
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Jeudi
21 avril 2005: C'est le
Mouloud. L'euphorie est à son paroxysme et la violence latente que
portent nos doux chérubins s'extériorise dans l'odeur de la poudre et
les déflagrations des pétards sous l'?il bienveillant des adultes qui
regrettent de devoir réfréner leurs ardeurs par respect pour les
convenances... Le temps se refuse encore à prendre option et se laisse
tenter par quelques froidures mais sans se faire trop d'illusion car il
sait que mai piaffe d'impatience d'imposer son soleil qui fait mûrir les
épis d'orge, durcir les tiges de l'avoine et noircir les sourcils des
fèves...
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Vendredi
22 avril 2005: Le calme
est revenu; un calme si fort qu'il nous fait regretter le boucan de ces
derniers jours et on ne sait pas ce qu'on devra inventer pour échapper à
la monotonie des jours à venir... la journée fut belle malgré des
passages nuageux trop hauts pour faire peser sur nos têtes une quelconque
menace. Du côté de Ben Haroun, Sim qui a pris définitivement possession
de l'usine d'eau minérale a marqué sa propriété en effaçant toutes
traces de l'ancienne tutelle pour apposer sa griffe sans prendre la peine
de changer de plaque... |
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Samedi
23 avril 2005: C'est la
reprise après un week-end tonitruant. Une équipe de vétérinaires est
venue vacciner les chiens de la commune contre la rage; comme il fallait
bien nourrir ces braves gens, la cantine de l'école primaire a été
sollicitée; mais depuis qu'un inspecteur rôde dans les alentours avec
l'idée bien ancrée dans sa tête de rendre les cantines aux élèves et
de faire rendre gorge à ceux qui outrepasseraient ce principe, l'école a
refusé de servir les vétérinaires... la commune a alors ordonné le
déchargement des bouteilles de propane de ladite cantine et qui étaient
prêtes à aller se faire remplir... comme quoi, depuis le loup et
l'agneau, la raison du plus fort reste bien la meilleure mais passons à
des choses plus sérieuses... La photo ci dessous, montre un curieux
phénomène; celui du bourgeonnement exagéré des troncs de tous les
eucalyptus affectés par le gel de l'hiver passé; on remarquera que sur
toute la longueur du tronc et des branches de nouvelles pousses sont
sorties et ça donne aux arbres un aspect hirsute qui n'est pas sans
charme. Question météo, c'est le sirocco qui a la côte... un très fort
sirocco rempli de particules de sable et qui vous rend l'atmosphère grise
de saleté. |
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Dimanche
24 avril 2005: C'est le
statu quo. Le vent s'est calmé en début de soirée mais la pluie n'est
pas venue laver l'atmosphère des grains de sable en suspension ce qui
donne une lourdeur facile à imaginer. La société qui prend en charge
l'élargissement de la route départementale 125 a vu ses engins allégés
durant la nuit, de certains de leurs organes: démarreurs, alternateurs...
cela s'est passé du côté de Brachma où ces engins étaient parqués
près d'un dépôt de matériaux de construction.
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Lundi
25 avril 2005: Un jeune
homme de Ben Haroun aurait succombé à une crise brutale au village
après avoir été emmené au dispensaire de la SAS. Le nom du jeune homme
a même été avancé mais aucune confirmation n'a pu être obtenue
jusqu'à 22 h. On en saura plus demain... Les soirées printanières
s'annoncent comme d'habitude très belles au village; les gens se laissent
aller jusqu'à des heures avancées aux longues promenades le long de la
route départementale ou même sur les chemins de traverse. La nature en
pleine effervescence est remplie de bruits et d'odeurs qui vous incitent
à prolonger votre contact avec elle. Un séisme d'une intensité moyenne
a été ressenti dans tout l'algérois. Chez nous certaines gens l'ont vu
passer et il y'eut certainement beaucoup d'entre eux qui y ont entrevu une
aubaine car les catastrophes sont devenues généreusement payantes pour
nos villageois.
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Mardi
26 avril 2005: Des
drapeaux décorent les rues du village depuis hier. On ne sait pas en quel
honneur. Peut-être est-ce pour cause de 1er mai auquel cas ce serait trop
d'honneur qu'on accorderait à la fête des travailleurs au moment où le
travail n'est plus à l'honneur... La météo a annoncé des foyers
orageux pour ce soir; c'est vrai que le temps s'est agréablement
rafraîchi mais l'espoir de voir une belle ondée d'avril ragaillardire
les herbes s'estompe devant un beau temps qui trouve plaisir à faire
durer son plaisir...
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Mercredi
27 avril 2005: Tous les
travaux se poursuivent... la trottoirdisation du village connaît une
nouvelle péripétie; cette fois-ci, ce sont les bordures de la rue
principale qui ont été enlevées pour être remplacées par des bordures
flambant neuf... L'eau est revenue aujourd'hui après une éclipse qui
aura duré plus de 15 jours; quand l'eau revient au village, il n'est pas
besoin d'être devin pour le deviner; il n'y a qu'à voir les rues des
lotissements; si on constate qu'elles ruissellent abondamment on doit
conclure à sa libération... mais si l'eau coule à flots dans les
ruelles du village, il n'en est pas de même pour El Maasra qui continue
à attendre que les italiens qui ont détruit une partie de la conduite la
refassent... il faut bien qu'ils la refassent puisque le maire leur a fait
une injonction... mais comme ni les italiens ni le maire ne souffrent de
manque d'eau, il faut s'attendre à ce que El Maasra continue à chercher
la sienne de toutes les sources de fortune des environs.
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Jeudi
28 avril 2005: Un crime
vient d'être commis sur la départementale 125... un olivier centenaire a
été arraché aujourd'hui par les engins qui réalisent l'élargissement
de la route. Mais s'il était permis aux arbres de solliciter leur
euthanasie, il est certain que ce pauvre olivier aurait exigé la sienne
pour toutes les tortures qu'il devait endurer. Il est vrai aussi qu'on ne
fait pas de routes sans casser les arbres... Le temps d'aujourd'hui fut
très brumeux et assez frais; nombre de cortèges nuptiaux ont profité
des derniers jours d'avril pour conduire des mariées vers leurs nouvelles
vies. Cette frénésie de la fin avril a une curieuse explication: tout le
monde est convaincu que mai est un mois maudit pour les unions car les
mariages qui s'y contractent sont infailliblement rompus avant le prochain
mois de mai. Les paysannes sont si certaines des méfaits du mois du
muguet et des travailleurs qu'elles ne s'aviseraient jamais de mettre des
oeufs à couver durant ses 30 journées et les paysans affirment qu'il
renferme en son sein une période creuse qu'on nomme "les jours
vides" durant laquelle ceux qui se risqueraient à planter
pois-chiches, piments, tomates etc... ne cueilleraient rien car les fleurs
des légumes tombent sans laisser derrière elles autre chose que la trace
des pétales... |
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Vendredi
29 avril 2005: Il y'a deux
ou trois jours, un jeune homme a pénétré dans la daira
(sous-préfecture) brandissant un bidon d'essence et un briquet. Il a
menacé de s'immoler pour protester certainement contre sa condition ou
contre une des innombrables injustices dont on se rend coupable à
l'encontre de ces indigènes de citoyens... Il aurait été dissuadé de
passer à l'acte par un autre indigène de ses amis mais comme la
politique est toujours opportunément présente là où il y'a détresse
citoyenne, d'aucuns ont prétendu et même écrit dans quelques feuilles
de chou que la daira n'a pas été calcinée grâce à l'intervention d'un
député... Il est certain que nous allons assister plus souvent à ces
spectacles car tout est fait pour ne pas les décourager. Pour revenir à
des choses plus agréables, signalons les appels éperdus des perdreaux
qu'on entend du coté de Boubekeur le soir si on veut bien faire
l'effort de tendre l'oreille...
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Samedi
30 avril 2005: Journée
très chaude; le décor est en train de changer de manière brutale entre
Z'babedj el Metrouk et le pont sur Oued El Djemaa... de grandes blessures
ont été faite au talus de la route et les aubépines, les églantiers et
les genêts qui regardaient passer les voitures ne décoreront plus ces
lieux. Un talus aussi abrupt que notre manière de penser fera dorénavant
le spectacle; il faut tout juste espérer que nos décideurs auront
l'heureuse idée de le revêtir de pierres afin que s'y dépose cette
douce patine du temps qui donnera à cette route le "bucolisme"
qui rendra agréable sa traversée... |
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Dimanche
1er Mai 2005: Aissa El
Baggar m'a affirmé qu'il a été contraint de ne pas labourer les
trois derniers sillons de son vignoble par pitié pour ses deux ânesses
car le soc de la charrue a refusé de s'incruster dans la terre trop
sèche et Fatah 24 qui a planté quelques fèves en contrebas de la
départementale 125 et qui est allé voir ce que ça a donné a prédit
avec un air de circonstance que s'il ne pleuvait pas dans les huit jours
à venir, les céréales connaîtraient une véritable catastrophe. Comme pour leur
faire écho, le sirocco s'est remis à souffler. Il va dessécher les
herbes et mettre à rude épreuve les épis d'orge, de blé et d'avoine
qui sont en période de lactescence et qui ont besoin d'une belle rasade
plutôt que de son souffle chaud. L'espoir reste toutefois permis car
quand se calme le sirocco vient généralement la pluie et puis ne dit-on
pas chez nous que "Mayou Mayah" (Mai est humide) ?... Nous
allions oublier de dire que c'est le premier mai; la fête des
travailleurs et du travail qu'on célèbre par le repos, un peu comme si
on devait célébrer le journée de la femme en la rossant... mais c'est
bien vrai qu'on célèbre la journée du mouton en l'égorgeant alors ... |
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Lundi
2 Mai 2005: La chaleur
s'est imposée avec brutalité. L'effervescence qui caractérise depuis
quelques semaines tous ses recoins transformés en chantiers de
construction par la vertu de la manne sismique s'est estompée sous
l'effet des grosses bouffées de chaleur et c'est après le coucher du
soleil que le village s'enivre littéralement de fraîcheur.
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Mardi
3 Mai 2005: Les habitants
de Zeboudja ont bloqué la route dans un endroit trop stratégique pour ne
pas être cause de grosses perturbations dans le trafic. Ils ont choisi
l'embranchement par lequel doivent transiter tous ceux qui fréquentent
cet axe routier à grande affluence que constitue la RN5. Les usagers de
la route ont subi un véritable calvaire; nombre d'entre eux ont dû
passer par Djébahia sans savoir que tous les chemins mènent à Zeboudja
sauf celui de la montagne qui peut mener jusqu'à Ain Bessem si on a la
chance de ne pas faire quelque rencontre du troisième type... La journée
fut très chaude et ce n'est qu'à la nuit tombée que la
"miséricorde de Dieu" est tombée sur Ses pauvres créatures.
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Mercredi
4 Mai 2005: Les innocents
automobilistes qui ont dû subir l'épreuve d'hier ne savent pas que la
cause de leur calvaire fut... une baraque en tôle ! C'est en effet pour
avoir osé détruire une baraque aussi laide qu'inutile que les autorités
de la commune d'Ain Turk ont fait souffler un vent de révolte sur
quelques habitants du village de Zeboudja. Ladite baraque était placée
comme une verrue sur un visage de poupin au niveau de l'embranchement
fleuri qui donne accès à l'autoroute. On dit que pas moins de cinq
messieurs étaient associés dans cette baraque; on dit aussi que les casse-croûte
qui y 'étaient proposés aux automobilistes cachaient
d'autres activités moins innocentes; on parle même de commerce de
stupéfiants... toujours est-il que l'émeute qui a suivi la démolition a
été jugée disproportionnée par tout le monde, y compris par nombre
d'habitants de ces lieux... La journée fut très chaude mais en soirée
des signes de changement climatique ont commencé à se faire voir...
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Jeudi
5 Mai 2005: Le temps s'est
brutalement rafraîchi, prenant au dépourvu nombre de gens qui s'étaient
mis en bras de chemises... La pluie est venue nous rappeler à son bon
souvenir; une pluie très légère mais qui a le mérite de laver
l'atmosphère et de fixer les poussières au sol. Des éleveurs nomades
sont venus occuper certains champs du côté de "trig Mahas";
ils ont dressé leurs tentes en plein champ, comme à leur habitude et ont
vite implanté une clôture sommaire dans laquelle ils feront dormir leurs
bêtes; dans quelques jours la plaine herbeuse sur laquelle ils ont jeté
leur dévolu se fera entièrement tondre par les incisives des moutons. |
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Vendredi
6 Mai 2005: Il fait
beau... un soleil très peu insistant donne à la bise la possibilité de
refroidir l'air tout juste pour le rendre agréable et la terre
reconnaissante pour ces égards offre plein de fleurs à un ciel qui cache
son plaisir sous une fausse fierté... Une randonnée en campagne assure
de belles surprises à celui qui se donne la peine de la faire...
Ci-dessous, une belle symphonie en bleu suivie d'une grosse cacophonie
florale enregistrées à 10 h à 3 km du village...
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Samedi 7 Mai 2005: Le
printemps risque d'être très éphémère. La pluie d'avril ayant refusé
de tomber, le soleil commence à avoir raison des herbes et déjà de
grandes surfaces jaunes parsèment les champs de blé, d'orge et d'avoine.
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Dimanche 8
Mai 2005: Une menace de
pluie s'est très vite estompée pour laisser place à nouveau à un
soleil trop fort pour ne pas être nuisible.
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Lundi 9 Mai 2005: Les
travaux s'accélèrent au niveau de la bretelle de l'autoroute en
construction à Zbabedj el Metrouk; le tronçon qui relie la
départementale à l'autoroute a reçu son bitume et, en contrebas, la
route s'élargit à vue d'oeil sous les coupes des engins. L'amas de terre
argileuse retiré de ces travaux d'élargissement est déposé à côté
du pont et forme déjà une grosse montagne; il est certain que s'il
y'avait un minimum de concertation, on aurait évité cette solution très
peu productive; il aurait juste fallu rameuter les briqueteries des
environs pour bénéficier d'un enlèvement à l'oeil de cette argile.
Cette solution fut appliquée avec beaucoup de bonheur pour tout le monde
lors des travaux de décapage de l'autoroute.
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Mardi 10 Mai 2005: Un
grand chantier a été ouvert à Boulerbah et les camions n'arrêtent pas
de déshabiller El M'rakba de sa terre rouge pour habiller le pont qui
doit permettre aux habitants de Boulerbah, Lahguiya, Chenayene etc... de
rejoindre la RN 5 sans emprunter l'autoroute. On dit qu'un quidam aurait
tenté d'empêcher les travaux au prétexte qu'ils empiétaient sur sa
propriété; on affirme que le quidam s'est retrouvé à l'ombre... si
c'est vrai, cela donnera à réfléchir à nombre de fieffés ingénus qui
croient toujours que les pots de terre peuvent tenir tête aux pots de
fer...
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Mercredi 11 Mai 2005: Rien
à signaler hormis le tapage nocturne organisé à l'occasion du mariage
du petit fils de Saoud et fils du "commandant" Slimane du côté
du lotissement de Ain Ben Haggache... un mariage courageux puisqu'il a
osé déroger à la tradition qui veut qu'on s'abstienne de pareilles
trucs durant le mois de mai.
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Jeudi 12 Mai 2005: Au
marché du village on négocie les dernières fèves vertes de la saison.
La succulence des fèves est, comme tout le monde le sait, inversement
proportionnelle à la longueur de la gousse et nos fèves rabougries sont
réputées les plus succulentes du monde car elles concentrent tout leur
goût dans le peu qu'elles donnent, contrairement aux "s'ba3i"
venu d'ailleurs et qui répartit son goût sur les sept fèves que
renferme la gousse...
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Vendredi
13 Mai 2005: Les fenaisons
risquent cette année de supplanter les moissons... On parle de plus en
plus de faucher les blés en herbe car l'insuffisance des pluies en
Mars et Avril a fait que les épis ont dû se résoudre à sécher avant
maturation. La venue précoce des éleveurs nomades est un signe de
"mauvaise année". La société villageoise qui a perdu ses
repères et s'est engoncée dans l' égoïsme et qui s'est totalement
"deshierarchisée" n'a même pas pu se mobiliser pour un
Boughandja ou une Salat El Istiska qui auraient rendu les divinités ou le
Bon Dieu cléments envers leurs créatures. Cette "démission"
sociale, voulue par les cartésiens et autres "scientistes"
représente peut-être l'une des plus insidieuses et des plus redoutables
entreprises de "désocialisation" de l'individu et du groupe car
elle instille en eux l'idée d'impuissance et de dérision de leurs actes
individuels ou collectifs mais ça, c'est de la philosophie
...
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Samedi
14 Mai 2005: Le cimetière
de Sidi Athmane a reçu une belle clôture. Ce sont bien sûr les pouvoirs
publics qui ont financé cette opération car les citoyens n'ont pas que
ça à faire. Sidi Athmane est pourtant un Saint local si vénéré que
nombre de gens ne jurent que par lui. Et s'il y'avait un minimum de
reconnaissance pour ce Saint, le village où il repose devrait porter son
nom au lieu de continuer à porter celui de Brachma (déformation du
mot "embranchement") ou de "Gare-Omar" quand ladite
gare, dans les usages des chemins de fer, continue à se faire prénommer:
Gare de Dra El Mizan. D'aucuns pourraient rétorquer qu'on ne connaît
presque rien de ce Saint... ils oublient qu'on ne connaît rien aussi de
cet "Aomar" si ce n'est la version qui affirme qu'il dérive de
"Aoumeur", une famille qui aurait vécu en ces lieux... |
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Dimanche
15 Mai 2005: Belle
journée; des brumes insistantes ont laissé planer l'espoir d'un peu de
pluie puis se sont évanouies... A El Fasma sur les hauteurs de Ben Haroun
une guérite a été construite et est occupée par la garde communale;
elle est visible du village. La presse rapporte dans son édition
d'aujourd'hui que nombres d'abris ont été détruits dans le djebel qui
surplombe Ben Haroun et personne ne peut affirmer s'il y'a une relation de
cause à effet entre cet événement et l'implantation de la guérite. En
contrebas, les travaux se poursuivent à une belle cadence pour rendre
infréquentable notre départementale d'habitude si calme et si placide,
en en faisant un accès obligatoire pour l'autoroute.
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Lundi
16 Mai 2005: Des nuages
trop ostensibles pour être réellement menaçants ont laissé tomber
quelques gouttes sales de toutes les poussières en suspens dans
l'atmosphère, juste pour salir les capots des véhicules et les chemises
des passants. Le marché de "Brachma" n'a pas drainé la grande
foule et l'habituel bouchon était aujourd'hui insignifiant. L'opération
plantation des arbustes des bords de rue est terminée; les arbres sont
maintenant protégés par une nasse grillagée et des "canisses"
de roseaux. Devant l'ancien dispensaire, l'embranchement de 6 chemins est
en train de se faire matérialiser laborieusement; un poteau électrique
en béton s'y dresse comme une verrue sur un visage de vieille fille; au
lieu d'imposer à la Sonelgaz de lui changer d'emplacement on s'échine à
l'entourer de bordures de trottoirs comme on le ferait pour un massif de
fleurs...
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Mardi
17 Mai 2005: Il a plu par
intermittence durant la nuit et au petit matin; La pluie a martelé
rageusement la terre mais n' a eu d'autre effet que celui de pourrir les
foins déjà fauchés. Elle a toutefois réussi à rafraîchir
l'atmosphère et à réduire le taux de poussière que nous nous trouvons
contraints de respirer. A Boulerbah la réalisation du pont sur
l'autoroute se poursuit. On affirme que le quidam dont il était question
dans notre chronique du 10 mai aurait écopé de trois longs mois de
prison ferme. C'est la durée prévue pour la réalisation de cet ouvrage
et le juge aurait décidé de cette peine parce que le quidam aurait juré
que s'il était libéré, il irait empêcher les bulldozers de faire leur
travail en se couchant sur leur passage. Le juge a prononcé cette peine
parce qu'il doit abhorrer le suicide...
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Mercredi
18 Mai 2005: Journée
assez fraîche. Les travaux se poursuivent sur la départementale 125 et
sur le pont de Boulerbah. Les grands espaces verts virent au jaune à vue
d'oeil. La région a été très durement éprouvée par la sécheresse et
il est probable que nous ne verrons pas cette année le spectacle des
moissonneuses raser des pans et de terre et des sacs de jute remplies de
bon blé parsemant les champs. Les paysans ont dit vrai quand ils ont
affirmé que ce sont les pluies du printemps qui vous font une bonne
année. Les grosses précipitations de l'hiver n'auraient donc ramené que
froideur et boue...
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Jeudi
19 Mai 2005: Belle
journée, si la beauté des jours pouvait s'évaluer à l'intensité du
soleil et au bleu du ciel. Les champs se font faucher à belle allure et
dans quelques jours il ne restera du printemps que le souvenir de son
passage éphémère. Pas de fêtes en ce week-end; les croyances quant aux
maléfices du mois de mai sont plus ancrées dans nos m?urs qu'il n'y
parait à première vue. Pour le reste, c'est toujours la même image
figée: des hommes assis devant les épiceries et sur les bancs des cafés
regardent passer d'autres gens en voiture vers des destinations qui
semblent convenues en attendant de rejoindre la mosquée d'un pas lourd à
l'appel immémorialement itératif du muezzin.
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Vendredi
20 Mai 2005: La bêtise
villageoise et l'incompétence des édiles ont eu raison de ces beaux
havres de fraîcheur que constituaient les deux cafés de la place
publique. L'été se fera sans la nonchalance des consommateurs attablés
sur les esplanades à siroter des Ben Haroun fraîches.. les sournoiseries
villageoises ont en effet augmenté les enchères au delà du seuil de
rentabilité: 2.5 millions de centimes pour l'exploitation mensuelle de
chacun de ces estaminets... les enchérisseurs belligérants n'ont pas
voulu décrocher et quand l'adjudication s'est faite, l'heureux
adjudicataire n'a pas trouvé d'autre alternative que de se désister pour
ouvrir un café juste en face, dans cette autre partie de la place
publique, trop basse pour recevoir la bise vivifiante des soirs de
canicules... Dans le registre des affaires locales, cette histoire à ne
pas raconter aux enfants: c'est un monsieur qui a rendu visite à l'édile
en chef; en sortant il oublie son portable... l'un des agents municipaux qui n'en
est pas à son premier larcin s'en empare en promettant 2000 DA pour son
silence à un unique témoin, ancien garde armé... le monsieur
saisit les services de sécurité car il tient à sa puce... les
investigations de l'édile en chef lui permettent de remonter au coupable
de ce haut fait d'armes... les deux complices sont entendus... l'affaire
se fait clore dans un compromis qui permet de sauver les faces...
Est-ce ainsi que les hommes vivent disait l'autre et A*** El B*** a bien
raison d'affirmer que notre crise est avant tout une question d'hommes...
Demain on vous racontera une autre histoire.
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Samedi
21 Mai 2005: C'est une
journée excessivement chaude; les champs jaunissent littéralement à vue
d'?il. Une randonnée à travers champs du côté de Doumez permet de
constater l'intensité de la soif que doit éprouver la terre; les
crevasses qui s'y sont formées peuvent laisser passer un pied de b?uf.
L'orge est prête à se faire cueillir pour les besoins du "mermez"
et nombre de femmes sont dans les champs pour arracher les épis; le soir,
elles rentrent en procession, tenant sur leur tête des sacs de jutes au
ventre rebondi. L'histoire du jour, c'est celle de ce quidam exclu des
faveurs de la cour de l'édile en chef et qui est monté jusque chez le
wali pour lui rapporter les frasques de son bourreau... Faisant sien le
principe qui veut que plus c'est gros mieux ça passe, il a tout déballé
et en a rajouté un peu beaucoup comme dirait l'autre; il a parlé des
deux rejetons qui seraient rétribués par les caisses de la
municipalité, de l'émetteur d'un opérateur de téléphonie mobile qui
serait placé sur la terrasse de la mairie moyennant injuste
rétribution et d'autres exemples d'abus de biens sociaux... Les
responsables ont donc envoyé une commission d'enquête... celle-ci a
déterminé qu'il n'y avait qu'un seul héritier de l'édile en chef qui
émargeait au budget de la municipalité; elle n'a pas cherché à savoir
pourquoi ni comment les autres adjoints de l'édile en chef avaient aussi
des rejetons fonctionnaires; un des membres de l'auguste commission
est monté sur le toit de la commune pour dénicher l' émetteur
compromettant; il n'y a trouvé que fientes de pigeons... l'affaire n'est
pas allée plus loin...
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Dimanche
22 Mai 2005: A voir le
volume de terre enlevé des bords de le route départementale on penserait
que les ponts & chaussées vont réaliser une piste d'atterrissage...
Les bulldozers ayant trouvé l'argile facile à décaper, n'arrêtent pas
de grignoter le talus. C'est vrai que sans l'autoroute personne n'aurait
pensé à rendre praticable cette voie de circulation dont on ne rappelle
que lorsque la RN 5 se fait bloquer par l'incivilité des citoyens
conducteurs ou le zèle des motards ou se fait couper par des
glissements de terrains ou des humeurs de Gavroches entre Aomar-Gare et
Zéboudja car elle représente alors l'unique voie de dégagement. A El
Madjen, dans la lagune d'eaux stagnantes polluée par le
déversement sans traitement des eaux usées des égouts d'El Maasra
et de la base vie des italiens de Garboli, des gamins à l'abri des
regards dans une crique s'ébattent voluptueusement dans une eau boueuse
au milieu des jonquilles. Les maires d'Aomar et de Djébahia qui ne
doivent jamais avoir mis les pieds en ces lieux si éloignés n'ont jamais
pensé à donner aux enfants des piscines pour s'y ébattre et n'auront
jamais l'idée de placer sur le bord de cette mare de tous les
risques, un panneau d'interdiction de baignade; les services
sanitaires eux, ne font pas dans la prévention; c'est lorsque se
déclarent les épidémies qu'ils mettent leurs blouses blanches
immaculées pour venir juguler les effets quant aux parents des gamins;
ils ont fort à faire au café, à la mosquée ou au marché pour se
préoccuper de ces questions si puériles... L'histoire d'aujourd'hui,
c'est celle de l'eau d'El Maasra... vous vous souvenez sans doute que la
conduite communale qui sert ce hameau a été endommagée par les italiens
qui réalisent les travaux sur l'autoroute... le maire ayant été saisi
aurait immédiatement envoyé une mise en demeure aux ritals; ces derniers
ont bien sûr fait la sourde oreille... La coupure à duré plus de trois
mois et les habitants se sont faits à la pratique du jerrycan... Les
sources se tarissant petit à petit à l'approche de l'été, les
habitants ont décidé de réparer le tort fait pas les italiens et non
corrigé par les autorités locales; durant plusieurs jours ils se sont
échinés à remettre de l'ordre dans la canalisation et ce soir l'eau
devait à nouveau couler dans les robinets en attendant qu'un autre engin
des turcs qui réalisent le tunnel de D'hamnia vienne endommager à
nouveau la conduite et que le maire leur fasse une mise en demeure à
laquelle ils répondront par un haussement d'épaules ... |
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Lundi
23 Mai 2005: La lassitude
générale peut être illustrée par la désaffection pour le marché
hebdomadaire de "Brachma"; aujourd'hui nous n'avons même
pas eu un embouteillage digne d'être cité puisque le bouchon qui s'est
très vite délité n'a pas atteint "El Koudia el hamra". Le
gros du travail a été fait sur la départementale 125 qui ressemble
maintenant à un long stade méandreux... Du côté de l'ancien
dispensaire, un entrepreneur chargé de refaire les trottoirs joue à
l'artiste en aménageant à sa guise le carrefour; il faudra que le
conseil communal interdise l'accès aux lotissements pour les poids lourds
car il n'est pas certain que camions et tracteurs puissent passer en ces
lieux sans chevaucher les bordures de trottoirs et les terre-pleins qui y
ont été aménagés.. L'histoire du jour a pour théâtre Harchaoua qui a
bénéficié d'une opération d'évacuation des eaux usées. Des égouts y
ont en effet été construits; ça slalome entre les mansardes puis ça va
se perdre du côté de Ghar Marwane. L'entrepreneur a "oublié"
de couvrir les fosses intermédiaires et pour éviter à leurs bêtes de
se casser les pattes en les posant par mégarde dans le vide, les paysans
des lieux ont rempli de branchages et d'herbe ces pièges potentiels. Ces
insuffisances n'ont pas été jugées dignes de faire l'objet de réserves
de la part des services techniques qui ont apposé leur visa sur son
PV de fin de travaux. L'entrepreneur s'est présenté devant l'édile en
chef pour se faire payer; l'édile en chef l'a renvoyé vers
son chantier... La question que se pose les ingénus c'est de savoir
comment les services dits "techniques" ont osé signer un PV
sans s'assurer que les travaux n'étaient pas terminés; les petits malins
eux, savent que le PV est presque toujours une simple formalité...
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Mardi
24 Mai 2005: On sait
depuis toujours que les ministres sont sadiques; notre ministre de
l'éducation - et non de l'instruction car nous avons une fâcheuse
tendance à faire les rédempteurs au lieu de nous confiner dans le rôle
plus modeste et surtout plus noble d'instructeurs, notre ministre
disais-je est pire que les autres; il n'aime pas les enfants et trouve
plaisir à les faire souffrir... Ne voilà t'il pas en effet qu'il vient
de les forcer à se taper la chaleur de cet été précoce sur les bancs
des écoles ?... Devant les lycées et collèges, comme il est de coutume,
la terre est depuis quelques jours jonchée de feuilles déchirées; les
potaches qui s'étaient déjà mis en vacances ont été brutalement
rappelés à l'évidence que leur bonheur reste tributaire des humeurs
d'un adulte. Cela aurait pu paraître normal si c'était vraiment l'inculcation
des connaissances qui motivait cette décision ministérielle... hélas
non... ce cas d'autoritarisme déplacé est très fréquent dans nos
contrées; il résulte d'une poussée d'arrogance ou d'un besoin de
vengeance (dans ce cas c'est peut être plus une manière de sanctionner
les enseignants qui se sont mis au syndicalisme qu'un moyen de développer
les connaissances de l'élève) et dans tous les cas, on privilégie la
forme au fond... et on est sûr, à chaque fois, de trouver une clique qui
fait la claque... Ce sera notre histoire du jour; le village quant
à lui, continue à somnoler nonchalamment sous la chaleur diurne et la
douce tiédeur nocturne ...
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Mercredi
25 Mai 2005: C'est la
société STC qui effectue les travaux d'élargissement du tronçon de la
départementale 125 reliant la RN5 à la nouvelle autoroute. STC est une
société de salariés issue de cet empire que constituait l'ENCOTRABA
(Entreprise communale des travaux du bâtiment de Bouira). La société
mère fut disloquée et répartie entre plusieurs collectifs de
travailleurs; certains de ces collectifs ont essayé d'activer; d'autres
ont préféré tout vendre pour se partager le pactole, le consommer en
moins de temps qu'il ne faut pour l'encaisser puis faire le pied de grue
devant les employeurs privés ou émarger au secours public. STC, sous la
férule de son jeune et dynamique gérant, Monsieur HAOUALI, a su tirer
son épingle du jeu, du moins jusqu'à aujourd'hui. Pourtant, personne
n'aurait misé un sou troué sur cette société qui s'était donné comme
par une sombre prémonition ce nom bizarre que d'aucuns ont vite traduit
par: "Solde de Tous Comptes"... La photo ci dessous montre STC
dans ses oeuvres avec un matériel amorti 10 fois... Nous ne l'avons pas
publiée pour lui faire de la pub mais juste pour vous donner à voir un
paysage que vous ne verrez plus dans très peu de temps. L'olivier sauvage
qui a poussé sur le talus de l'ancienne route et qui saluait de manière
presque audible les usagers est en train de vivre ses dernières heures;
c'est triste mais que voulez-vous ? on ne fait pas de route sans
déraciner les arbres disions-nous dans cette chronique, le 28 avril... |
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Jeudi
26 Mai 2005: Le pont de
Boulerbah devrait être bientôt opérationnel; ce qui permettra d'ouvrir
tout le tronçon d'autoroute entre Lakhdaria et Djebahia. Le Premier
Ministre Ouyahia a parlé hier de Ben Haroun... non pas du Saint Homme qui
repose en ces lieux ni des braves personnes qui comptent sur sa
bénédiction pour échapper à un quotidien chaque jour un peu plus
compliqué; non, monsieur Ouyahia a parlé des extraordinaires vertus de
la privatisation qui auraient permis à l'usine d'eau minérale de tripler
sa production, de gonfler de 3000 DA les salaires des ouvriers et même
d'exporter une partie de sa production vers un pays maghrébin qu'il n'a
pas cité et tout ceci en quelques semaines !!!!. Pourquoi citer Ben
Haroun en exemple ?... d'aucuns vous cligneront de l'oeil en vous
rappelant qu'ils vous avaient bien dit que notre premier ministre aimait
bien l'eau de Ben Haroun; ils vous parleront de cette bouteille
ostensiblement posé sur la grande table ronde du conseil des ministres
juste avant que la décision de privatisation de l'usine soit prise...
Monsieur Ouyahia a raison de vanter les performances du secteur privé qui
fait du superlatif en tout sauf... en fiscalité. Mais il aurait dû
nuancer pour que ses interlocuteurs puissent comprendre qu'il ne s'agit
point d'une quelconque question de compétences managériales mais d'une
simple question de statut... car les compétences managériales existaient
et existent encore dans le secteur public mais elles sont tout simplement
bloquées par la chape de bureaucratie que leur impose le pouvoir
politique dont monsieur Ouyahia n'est pas le moindre des représentants...
Et pour s'en convaincre, il suffit de lire la circulaire qu'il a diffusée
depuis peu aux banques et qui leur exige de se plier à des exigences qui
en font de simples guichets... mais ça, c'est de la politique,
laissons la aux politiciens et si les banquiers et autres dignes servants
du secteur public trouvaient que leurs compétences managériales étaient
bloquées effectivement par les interventions intempestives de l'autorité
politique; ils devraient remettre le tablier car la démission qui est un
acte de grand courage est souvent
aussi un décision de haute compétence...
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Vendredi
27 Mai 2005 Journée de
grande ferveur religieuse et de grosse chaleur aussi. Les fenaisons se
terminent et l'opération bottelage est déjà pleinement entamée.
L'odeur des foins imprègne l'atmosphère et vous fait revivre "la
terre" de Zola avec ses pulsions libidineuses et ses passions
viscéralement terriennes. Plus terre à terre, au village, la
trottoirdisation continue à notre cadence; le kiosque du haut de la place
a réouvert en bleu: tables et chaises bleues, parasols bleus; c'est d'un
assez bon goût. Le village a aujourd'hui le choix entre deux cafés tenus
par d'irréductibles adversaires; il va permettre une décantation
salutaire pour les consommateurs, favoriser les palabres réciproques, et
obliger les villageois à se déterminer; il restera aux embusqués des
deux bords les trois autres cafés périphériques pour s'éviter des
étiquettes.
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Samedi 28 Mai 2005: L'été
se fait chaque jour plus présent; il est rare maintenant de trouver un
espace vert. Les moutons des éleveurs nomades finissent le travail du
faucheur en grignotant les tiges qui ont échappé aux faucilles. Les
cafés ont sorti toutes leurs tables et les joueurs de domino se laissent
aller à leur hobby dans la fraîcheur des soirées. Le domino se joue
dans le grands coups sur la table et les vociférations sans lesquelles il
perdrait et son charme et son rôle destressant aussi bien pour ses
pratiquants que pour les spectateurs qui s'agglutinent autour d'eux.
Après une éclipse qui a duré une décennie car les gens n'avaient pas
le c?ur à ça, il est revenu en force et il me semble que c'est le café
de "La Sas" qui enregistre les meilleures joutes; celui de la
poste perdant chaque jour des habitués du fait de l'absence de charisme
du nouveau cafetier qui y officie
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Dimanche
29 Mai 2005: Mai se meurt
en emportant avec lui les dernières bribes d'un printemps trahi par la
pluie et qui s'est fait vieux avant que d'être. L'intervention du premier
ministre au sujet de Ben Haroun n'était pas fortuite; elle aurait été
motivée par celle de Zarat le député PT de notre région qui lui a
donné du grain à moudre (l'allusion ne peut être déchiffrée que par
les initiés aux commérages sur les hautes coulisses) et monsieur Ouyahia
pas photo s'est donné plaisir à démentir ces allégations perfides
contre la privatisation dont il a fait son cheval de bataille, FMI
oblige... La passionaria du PT a par la suite répondu à Monsieur
Ouyahia bon banania en lui précisant que les 3000 DA d'augmentation dont
ont bénéficié les heureux ouvriers qui sont passés d'un statut à un
autre ne représentaient qu'une sorte d'aumône de l'Achoura mais comme
notre Ouyahia rien à ajouter n'est pas porté pour la polémique, il a
fait semblant de ne rien entendre... La France boude l'Europe juste pour
faire enrager Chirac et montrer que la sétifienne est plus perspicace que
bibi... Juste au moment de la fermeture des urnes et de la diffusion des
premières estimations, le courant a sauté chez nous, nous enjoignant
d'aller nous faire voir chez Morphée, comme pour nous dire que ce
problème franco-européen ne nous concernait pas. Le courant est revenu
très tard dans la nuit.
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Lundi
30 Mai 2005: c'est une
journée trop anodine pour laisser une quelconque trace de son passage;
une de ces journées qu'on croit ne pas avoir vécues... Essaid Zarifi est
à l'hôpital. Il s'est assez sérieusement blessé dans un accident de la
circulation mais tout de même beaucoup moins que ce que la rumeur a
colporté. La place du village est sérieusement prise en charge; du gazon
y a été planté dans ses plate-bandes et un projet de reconstruction de
la stèle des Martyrs est, semble t'il, en gestation dans le ventre
fécond de l'administration. Amar Ch'kara a été désigné gardien et
jardinier; il aurait même été titularisé et c'est une très bonne
chose, pour le sympathique Amar "le sac" qui mérite une
stabilité professionnelle mais aussi pour le jardin publique car, à voir
le zèle avec lequel il accomplit sa mission, on devine que les vandales
n'auront pas la tâche facile.
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Mardi
31 Mai 2005: Il a fait
très chaud et une très forte humidité a fait suer les gens comme des
phoques (comme on dit). Le soir le vent s'est levé avec une grosse
brutalité et quelques gouttes de pluie sont tombées sur une terre avide
qui les a bues goulûment. A 22 h le vent a redoublé de férocité mais le
courant a résisté jusqu'au moment où ces lignes ont été écrites (23
h 08). La douche publique d'El Bessami devrait certainement changer
de vocation car des travaux d'aménagement y sont effectués. Le café en
face de la poste a fermé ses portes sans doutes pour incompatibilité
d'humeur entre le propriétaire des murs et le tenancier.
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Mercredi
1er Juin 2005: Un vent
d'une violence inouïe souffle depuis hier sur la région. Il a eu raison
des nèfles, des raisins et des abricots. Il n'est pas certain qu'il ne
fera pas de dégâts aux maigres céréales que la sécheresse a
épargnées. L'atmosphère est très sale du fait des particules que
soulève le vent; dans pareille ambiance, les humeurs des gens sont, elles
aussi, d'une grosse saleté et il n'est pas recommandé de s'étaler dans
les discussions car ça dégénère infailliblement en dispute si ce n'est
en bagarre. Les logements sociaux de la cave et des eucalyptus vont
bientôt être distribués; les heureux bénéficiaires sont les
résidents des cités gourbis de l'entrée du village et des eucalyptus de
la sonde et du moulin. Les personnes déplacées ne vont pas avoir cette
fois-ci la chance de vendre leurs chaumières à plus infortunés qu'eux
puisqu'il paraîtrait que le bulldozer suivra les camions de
déménagement. Rappelons que ces chaumières ont vu se succéder des
dizaines d'occupants car à chaque fois que l'autorité décide de reloger
ceux qui y habitent, d'autres familles viennent squatter les lieux...
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Jeudi
2 Juin 2005: Le vent a
fini par se calmer et à la chaleur de la journée a succédé une très
agréable fraîcheur en soirée. Des embruns ont même couvert tout
l'horizon laissant entrevoir un espoir de pluie. Les fêtes bloquées par
mai ont repris de plus belle dès la venue de juin; aujourd'hui deux
mariages sont célébrés au village; le premier chez Si Lakhdar, le
second chez les Meslem de "la SAS". L'ambiance est donc très
festive. Boostés par la manne distribuée aux pseudo sinistrés, de
nombreux villageois construisent, reconstruisent ou retapent leurs
logements; la mode en matière de crépissage extérieur est à au
moucheté et on n'arrête pas d'y aller de la tyrolienne. Malheureusement,
la touche finale est toujours de trop; au lieu de crépir le mur de
manière uniforme, des maçons au goût douteux ont inventé l'art de
décaper et de lisser les piliers puis de les peindre selon la
disponibilité de la peinture ou le goût personnel, en blanc, vert, bleu,
jaune, rouge... Le village aurait été d'une grande beauté si la
municipalité ou les services de l'urbanisme avaient imposé une même
couleur par îlot. Mais un avant goût nous a été offert par le maire
qui a peint sa demeure en rouge; la cacophonie des couleurs est criarde et
on a même vu une maison toute de violet peinturlurée...
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Vendredi 3 Juin 2005: Les
embruns continuent à couvrir l'horizon et ce n'est pas pareil climat qui
inciterait les estivants à aller bronzer sur les plages. Si ça continue
comme ça, nous irons vers un été aussi peu propice aux vacances que
celui que nous avons vécu il y'a deux ou trois années de cela. Le wali
d'Alger qui n'a rien trouvé d'autre à faire, vient de pondre un arrêté
interdisant aux poids lourds de déranger la quiétude de ses
administrés. Cette décision a soulevé un tollé et il est certain que
notre preux wali va revoir la copie de son arrêté pour aller de
dérogation en dérogation jusqu'à le vider de toute sa substance et l'on
se demande pourquoi nos fondés de pouvoir s'échinent à chaque fois à
imposer des procédures, des interdictions, des obligations etc... avant
de s'assurer de leur "exécutabilité"...
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Samedi 4 Juin 2005: Début
des épreuves du BEF. Cette année, notre inénarrable ministre de
l'éducation nationale n'a pas trouvé mieux que d'introduire une sorte de
piège pour empêcher les enseignants tricheurs de favoriser leurs
rejetons et ceux de leurs copains; il a décidé de donner un coefficient
de 3 points à la moyenne obtenue au BEF et un seul point à la moyenne
annuelle pour déterminer le passage en seconde (1ere année secondaire
comme on dit maintenant). Notre pauvre ministre ne sait pas que si
l'honnêteté et la compétence font défaut à nombre de nos enseignants,
ils conservent quand même suffisamment de solidarité pour se pistonner
réciproquement durant les épreuves ou les corrections...
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Dimanche
5 Juin 2005: Consternation
!... Ali Azrarak, l'adjoint maire d'Aomar a été tué par balles hier aux
environs de 18 H à la station service d'Aomar. Ali Azrarak était
enseignant avant d'être appelé à briguer dans une liste FFS
l'assemblée populaire communale d'Aomar. C'était un homme affable et
d'une grande disponibilité qui prenait à c?ur son rôle d'élu. On ne
lui connaissait pas d'ennemis. La population de la région est sous le
choc de cette nouvelle brutale et on constate, à l'évidence que certains
ressorts se sont brisés.
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Lundi
6 Juin 2005: Le marché de
"Brachma" n'a pas drainé la grande foule et pour cause ! C'est
à treize heure que le défunt Ali Azrarak, adjoint maire d'Aomar a été
inhumé en présence d'une assistance très nombreuse au devant de
laquelle se trouvaient les autorités administratives et les cadres du FFS
auquel le défunt était affilié. L'enterrement s'est fait proprement au
cimetière d'Assila à quelques mètres du domicile mortuaire et l'
oraison funèbre ne s'est pas transformée en tribune politique comme il
est de coutume dans les enterrements de personnalités des villes. La
population est toujours sous le choc et s'essaie à des hypothèses sur
cet assassinat que rien n'explique.
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Mardi 7 Juin 2005: Le
village se la coule douce entre la chaleur léthargique du jour et la
fraîcheur vivifiante des soirées. Les partisans des libations attendent
le crépuscule pour se rincer la glotte du côté de Bou'tboul; chaque
soir ils reviennent sur le lieu où ils ont fait la fête la veille et les
canettes n'arrêtent pas de s'entasser... Le maire a réagi à la menace
de recourir à internet pour dénoncer l'état d'abandon dont souffre la
tombe de Si Djebah, le martyr qui a donné son nom au village; une armée
d'ouvriers s'est affairée à nettoyer l'endroit des mauvaises herbes qui
y avaient poussé et à récurer les carreaux de faïence qui font office
de dalle de marbre. Les barreaux de très mauvais goût qui entouraient la
tombe et dont les écarts thermiques avaient eu raison des peintures ont
été peinturlurés n'importe comment. L'opération "trottoirdisation"
du village se poursuit laborieusement.
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Mercredi
8 Juin 2005: Les travaux
d'élargissement de la départementale 125 se poursuivent. Des
confortements en gabions se font parallèlement sur les talus en contrebas
de la route. Sur les marchés de la région, l'heure est à la nèfle et
à l'abricot. Des pastèques de gros calibre nous sont venues,
certainement des régions du Sud; elles se vendent à 50 DA le Kg et il
est rare, pour ce prix là, de voir se former une chaîne devant ceux qui
les proposent. Les premières nichées de moineaux ont pris les airs.
Nombre d'oisillons n'auront pas le loisir d'effectuer un second vol car
des chats gourmands veillent strictement au respect de la sélection
naturelle.
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Jeudi
9 Juin 2005: Le temps est
relativement frais. Il faut espérer qu'il n'aura pas l'idée de nous
faire le coup qu'il s'est permis de faire à certains habitants d'outre
méditerranée qui se sont retrouvés héberlués devant un manteau de
neige. C'est aujourd'hui que Nacer Adjoudj s'est religieusement liée à
une fille de Bouira. La cérémonie, tout un rituel, s'est déroulée à
la mosquée de Dra El Bordj. Si Hamid était présent... comme à son
habitude, il était pressé que finisse le cérémonial; devant la
mosquée, il avait déjà exprimé son impatience et clamant: " que
Mimouna soit confiée aux bon soins de Mimoun et qu'on en finisse !" |
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Vendredi
10 Juin 2005: Il n'y a
rien à signaler; la vie poursuit son cours dans l'indifférence
générale; les premières figues précoces "bakour" ont fait
leur apparition sur les étals; cette année elles seront peut-être
comestibles contrairement à l'année passée où leur calibre et leur
apparence cachaient un pourrissement intérieur dû à quelque
dysfonctionnement climatique. Deux moissonneuses ont traversé le village
tout à l'heure; la campagne moissons-battage devrait commencer
incessamment; on ne sait pas ce qu'on pourra récolter cette année mais
il est certain que ce sera loin d'être une performance en considération
de la sécheresse qui a sévi durant tout le pritemps.
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Samedi
11 Juin 2005: L'heure est
au baccalauréat. Comme pour mieux corser les épreuves, le temps s'est
mis à la canicule.
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Dimanche
12 Juin 2005: Le soleil a
tellement redoublé de férocité qu'il a fâché le ciel au point de lui
faire perdre la notion du temps et de l'inciter à lancer des
hallebardes... Ca a duré quelques minutes puis ça s'est calmé et pour
tout résultat nous eûmes un surcroît d'humidité. Le climat pourri de
cet été favorise une extrême prolifération des moustiques et tout le
monde se plaint de passer des nuits blanches. Pour le reste, c'est
toujours la même rengaine sur laquelle il est inutile de
s'étaler.
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Lundi
13 Juin 2005: Chaleur et
humidité sont notre lot d'aujourd'hui. A 18 H une averse a nettoyé l'air
des poussières soulevées par un très fort vent nocturne. La pluie n'a
pas eu le temps de transformer la terre en boue qu'elle s'est évaporée
mais elle a laissé une belle impression de fraîcheur qui permet
d'espérer que le sommeil ne sera pas difficile à trouver.
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Mardi
14 Juin 2005: Brachma...
le marché de voiture n'attire plus la grande foule. Les mesures prises
par les pouvoirs publics pour éliminer de la course les vieilles bagnoles
semblent avoir refroidi tout le monde... C'est la dernière journée
d'épreuves pour les candidats au bac; les examens se sont déroulés
semble t'il sans problèmes.
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Mercredi
15 Juin 2005: L'ambiance
est festive. Les réjouissances ont repris et dans nombre de quartiers
l'heure est à la musique. Ce qui est dommage, c'est cette mode de la
chaîne stéréo qui diffuse à gros renfort de décibels des chansons à
la musique et aux textes douteux. Avant, c'était franchement mieux, quand
les femmes chantaient en ch?ur des airs du cru. Les paroles et les
rythmes de ces airs risquent de se perdre et ce sera impardonnable
pour une région qui n'a pas grand chose à proposer en matière de
culture et qui, pour échapper à son indigence s'est investie
ostensiblement dans un prosélytisme ombrageux qui lui a ôté le peu de
folklore qu'elle possédait...
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Jeudi
16 Juin 2005: Toujours
rien à signaler... le marché du village offre surtout des nèfles,
abricots et pêches et bien sûr les piments et tomates. Il fut un temps
où les légumes nous venaient des monts de H'Djita; arrosés de l'eau
fraîche et pure d'El Barda, ces légumes avaient la saveur sauvage du
lentisque et du genévrier... ces richesses du cru ont été laminées par
l'invasion des hybrides venus d'ailleurs et cultivés sous serres à
Biskra et Ain Defla. C'est vrai qu'ils sont plus beaux et plus charnus
mais ils sont très loin d'avoir le goût de ceux qui se laissaient
cultiver avec amour là haut sur la montagne et dont les feuilles les gorgeaient de
soleil le jour et de lune la nuit et les racines les saturaient de tous
les sels minéraux que renferment les profondeurs de nos terres.
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Vendredi
17 Juin 2005: Rien de
particulier n'est venu donner du relief à ce jour de piété qui a fini
par obéir à un rituel immuable... Un vent de fraîcheur souffle sur la
région; on dit que c'est cette brise vivifiante qui fait mûrir les
figues précoces. C'est vrai que par moment ça vire littéralement au
froid malgré un mois de juin d'habitude plus estival.
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Samedi
18 Juin 2005: Reprise
laborieuse après un week-end langoureux. La frénésie habituelle a
laissé place à une grosse nonchalance. Les élèves des lycées et
collèges sont en vacances; les fourgons de transport de voyageurs se
raréfient et les rues se font moins animées. Les locaux commerciaux des
rez-de chaussées des logements de la cave ont été vendus aux enchères;
comme d'habitude, la publicité sur ces enchères s'est faite en catimini
afin de profiter aux seuls initiés du sérail. La liste des heureux acquéreurs
renseignera sur cette autre perfidie de notre gestion locale.
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Dimanche
19 Juin 2005: Les
résultats du BEF sont affichés, le Collège du village aurait obtenu un
record en matière de réussites. Beaucoup de villageois commencent à
appréhender cette période; experts dans l'art de détourner les
réjouissances pour en faire des épreuves, nous avons en effet imposé un
rituel totalement inopportun et qui nous contraint à rivaliser en cadeaux
aux heureux lauréats. La surenchère s'est tellement endiablée qu'elle a
atteint des seuils que le commun d'entre nous ne peut franchir sans
altérer durablement sa capacité de survie (financièrement parlant). Il
est certain qu'aucun homme politique, aucun homme de culte, aucun
responsable de mouvement associatif ne viendra mettre un holà à cette
frénésie en recommandant par exemple l'octroi de cadeaux-symboles à la
place des cadeaux-oboles... Dans un tout autre registre, c'est aujourd'hui
l'anniversaire du "redressement révolutionnaire" mais comme le
redresseur n'est plus de ce monde et que le redressé est toujours vivant,
les acteurs du redressement ont décidé de ne plus fêter l'événement
en décrétant son jour anniversaire férié... Il est vrai qu'il est plus
facile de tromper un mort que de devoir supporter l'animosité d'un
vivant... comme quoi les principes sont tout sauf inamovibles.
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Lundi
20 Juin 2005: L'heure est
aux réjouissances pour les heureux lauréats du BEF. Le deuxième minaret
de la mosquée est en voie de finition; les arbres des bords de rues
poussent à vue d'?il sous l'arrosage régulier qui leur est concédé.
En contrebas du village, la route continue à se faire élargir sous les
ahans des engins. Les moissons ont atteint leur vitesse de croisière mais
derrière les moissonneuses - batteuses, la proportion de sacs de blé par
rapport aux bottes de paille est dérisoire, signe que la sécheresse est
passée par là. Autre signe évident: celui de la paupérisation qui a
atteint de larges couches de la population et qu'on voit à travers
les processions de femmes ramassant les épis tombés des moissonneuses;
un spectacle habituel durant la colonisation mais qui a totalement disparu
durant les années socialistes et qui revient en force avec le
libéralisme débridé que nous imposent OMC et FMI.
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Mardi
21 Juin 2005: on ne va pas
faire la fine bouche et pour une fois on ne s'auto flagellera pas... notre
Collège a eu le mérite d'obtenir le meilleur pourcentage de réussite au
BEF et la meilleure note de la Daira et nous sommes obligés de tirer
chapeau aux responsables, aux professeurs, aux travailleurs et aux
élèves. Les journaux font état de cette prouesse dans des entrefilets
laconiques mais c'est tout à fait normal... encore heureux qu'ils
n'aillent pas crier à la fraude afin de diminuer ou de nier le mérite
d'une population qui ne compte pas un seul correspondant de presse et qui
n'a aucune voix au chapitre dans les colonnes des journaux hormis quand il
s'agit d'exactions des groupes armés... pour vous convaincre de la
véracité de cette affirmation, reportez vous donc au plus proche des
moteurs de recherche sur Internet et vous saurez ce qu'on écrit quand on
écrit sur notre région... C'est vrai que nous le méritons un peu, mais
tout de même !... |
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Mercredi
22 Juin 2005: La nouvelle
est tombée comme un couperet après 20 h... un accident de la circulation
du côté de Kalous aurait fait deux morts... une jeune fille et un homme
qui travaillent dans une société étrangère... La jeune fille est de
Djebahia, le jeune homme de Ben Haroun. L'information étant
toujours au conditionnel, nous préférons taire les noms de ces
personnes. Mais si elle est vérifiée, il faut dire que c'est terrible
pour les proches des deux victimes... L'accident a effectivement eu lieu
à Kalous puisque j'ai eu confirmation de ce fait à 22 h 30 par un
habitant des lieux qui m'a même décrit les circonstances dans lesquelles
l'accident s'est déroulé; c'est en se rabattant totalement à gauche
pour éviter un camion chargé de bottes que la voiture dans laquelle se
trouvaient les victimes a été percutée de plein fouet en son milieu...
Le jeune homme serait mort sur le coup tandis que la fille aurait été
sortie vivante du véhicule mais un villageois m'a affirmé qu'elle était
morte sans plus de précisions. Demain on saura la vérité.
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Jeudi
23 Juin 2005: La nouvelle
tragique d'hier est hélas confirmée... C'est Roza Meddahi, la fille de
Moh' Tahar et un jeune homme de la famille Bouferkas de Ben Haroun, le
fils d"El Borno" qui ont trouvé la mort hier dans l'accident de
la circulation dont nous avons parlé. Ils travaillaient avec la société
irtalienne GARBOLI et c'est sur un véhicule de service qu'ils sont
morts. Les deux malheureuses victimes de ce triste coup du sort ont
été enterrées après la prière de l'Asser... La route départementale
125 a été elle aussi le théâtre ce soir d'un autre accident. Deux
jeunes hommes un peu trop excités selon des témoins oculaires ont
dérapé et sont allés se perdre sous le talus en contrebas de la route.
L'ambulance de la protection civile d'Aomar les a évacués vers
l'hôpital de Lakhdaria sans qu'il nous soit donné de connaître le
degré de leurs blessures... Ces deux jeunes hommes seraient d'Aomar.
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Vendredi
24 Juin 2005: La canicule
s'est brutalement abattue sur notre région. Depuis hier il fait une
chaleur épouvantable. Dans ces conditions extrêmes, il vaut mieux
s'éviter tout effort aussi nous arrêterons notre chronique à ce constat
en attendant qu'une providentielle bise vienne nous revigorer les
méninges...
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Samedi
25 Juin 2005: Encore une
journée de grosse chaleur. On ne sait pas si ça a un rapport de cause à
effet, mais c'est aujourd'hui que la tante de Essaïd et Mohamed Zarifi a
décidé de faire l'ultime voyage. Elle a été enterrée ce soir au
cimetière de Boubekeur.
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Dimanche 26
Juin 2005: La canicule sévit
toujours. Le sirocco a eu raison des figues précoces; il a fait tomber
les prunes et a contraint les abricots à une rapide disparition; il a
chassé les nèfles des étals et a ramené pastèques et melons. Il a
fait mûrir massivement les tomates et les poivrons, les courgettes et les
haricots entraînant une baisse de la mercuriale, proportionnelle à la
montée du mercure.
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Lundi 27
Juin 2005: Un long détour par
Ain Bessem, Tablat, Guerrouma et Lakhdaria m'a permis de voir une
population laborieuse vaquer à ses occupations. D'insoupçonnables
jardins parsèment les reliefs tourmentés et l'eau y est omniprésente.
Les habitants des lieux proposent la figue fraîche à 30 DA, la prune à
10 etc... Sur les hauteurs menant à Zbarbar, l'air est d'une grande
pureté et la sérénité des lieux détonne très fort par rapport à
leur réputation. |
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Mardi 28
Juin 2005: il fait toujours
très chaud mais à voir ce qui se passe en Europe, nous ne trouvons pas
matière à nous plaindre.
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Mercredi 29
Juin 2005: Les premiers raisins
font leur apparition sur les étals des marchands de légumes; les
pastèques ont littéralement chassé les abricots; les cerises et
les |
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Jeudi 30 Juin 2005: Rien
à signaler... l'été continue à imposer sa canicule diurne et ses
moustiques nocturnes.
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Vendredi 01 Juillet 2005: On
remarque un net changement dans les habitudes de travail de la STC qui
réalise l'agrandissement de la départementale 125. La société de
salariés a été rachetée par un privé; elle vient d'apprendre que les
week-ends peuvent être aussi des journées de travail. |
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Samedi 02 Juillet 2005: Le
second minaret de la mosquée est terminé; ce fut laborieux mais l'oeuvre
est honorable en tous points de vue.
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Dimanche
03 Juillet 2005: La
canicule sévit avec rage. Le gazon planté sur la place publique pousse
dru sous les arrosages soutenus de Amar Chkara; devant la mosquée et la
garde communale, les mûriers des bords de rues poussent eux aussi à vue
d'oeil; leurs feuilles dépassent déjà les cages de roseaux dans
lesquelles on les a abrités des mains des vandales en herbe.
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Lundi
04 Juillet 2005: Les
résultats du bac ont été affichés par les lycées alors que le site
web de l'office National des Examens et Concours est resté fermé pour
cause déclarée de "maintenance". Aux dernières
nouvelles, le Collège de Djébahia aurait été classé 4eme à
l'échelle nationale aux résultats de BEF; l'école primaire de Djébahia
aurait eu 60% de réussite en 6eme, se classant très loin derrière
l'école primaire d'El Madjen qui aurait réussi une performance de 90%. |
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Mardi
05 Juillet 2005: Le
village s'est laissé pavoiser aux couleurs nationales. Devant le siège
de l'ONM, mitoyen avec celui du RND et qu'on n'ouvre qu'à l'occasion des
fêtes patriotiques ou des élections, il y'avait quelques vieillards qui
se préparaient à 8 H à rejoindre le cimetière des Martyrs situé la
haut sur la montagne. Un cimetière dont on ne se rappelle qu'en deux
dates historiques: le 1er Novembre et le 5 Juillet et entre le 1er
Novembre de l'année passée et le 5 juillet de cette année beaucoup
de mois ont passé... beaucoup de vandales aussi puisque les dalles
mortuaires ont été dégradées... Devant la mairie, il y'avait aussi une
certaine fébrilité; là, on fête ces anniversaires à coup de limonade
et de pâtisseries et ça a la vertu d'attirer plus de monde que les
sermons affectés.
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Mercredi
06 Juillet 2005: Le village
vit sa léthargie estivale que ne vient troubler nul événement digne
d'être rapporté.
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Jeudi
07 Juillet 2005: Les
drapeaux du 5 juillet continuent à flotter sur les rues. L'eau est
absente des robinets depuis belle lurette et les autorités locales
semblent très peu s'en soucier.
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Vendredi
08 Juillet 2005: Journée de piété... l'Imam s'en
est pris dans son prêche à la musique des DJ qui a supplanté les belles
mélodies des femmes et à remplacé la douceur par des décibels mais ce
ne sont pas les décibels qui gênent nos hommes de foi; c'est la
réjouissance "païenne" qu'ils trouve antinomique avec les
principes de la religion...
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Samedi
09 Juillet 2005: Le gazon
a poussé dru sur les plates-bandes de la place publique où les
villageois viennent savourer la fraîcheur vivifiante des soirées d'été
autour de Ben Haroun glacées. La distribution des logements sociaux a
fait beaucoup de mécontents aussi bien parmi ceux qui en ont été
bénéficiaires que parmi ceux qui ne l'ont pas été. Ce qu'on ne sait
pas, c'est le sort qui sera réservé aux bêtes de ces gens là car très
peu d'entre eux n'en possèdent pas. Vivants dans des maisons de fortune
et n'ayant aucun boulot déclaré, la plupart d'entre eux vivaient
d'expédients: petit élevage, poteries etc... Pour ceux là, les
épreuves viennent de commencer car ils devront payer le prix des loyers,
du courant electrique, de l'eau et bientôt du gaz aussi et accepter de se
départir des seuls moyens de subsistance qu'ils possédaient.
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Dimanche
10 Juillet 2005: Triste
nouvelle... un jeune homme s'est fait percuter par un bolide roulant à
tombeau ouvert sur l'autoroute en construction, du côté de Bout'boul. Le
choc a été si violent que des promeneurs qui flânaient en contrebas sur
la départementale 125 l'ont entendu et c'est Hamid ADJOUDJ pompier de son
état qui aurait aidé à porter le corps de la victime dans la voiture
qui l'a évacué sur l'hôpital. On parle de fractures des pieds.
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Lundi
11 Juillet 2005: Le village
apprend avec désolation la mort du jeune homme fauché hier par une
voiture. Il s'agit d'un petit fils d'Ahmed Benslimane. Le chauffard
coupable de cet accident serait un jeune homme de Ben Haroun, soudeur de
son état, de la famille Boulahouache. La victime serait décédée des
suites d'une hémorragie interne.
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Mardi
12 Juillet 2005: le petit
fils de Ahmed Benslimane et fils du regretté Rachid Graba a été
enterré aujourd'hui sous la consternation des villageois qui ne
s'expliquent pas comment on peut tuer ou mourir de manière si gratuite.
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Mercredi
13 Juillet 2005: C'est la
fête chez El Merri qui marie un de ses fils à la fille de Benaissa d'El
Madjen. Une fête des humbles, passée sans tambour ni trompette entre
humbles là bas, au lotissement de Ain Ben Haggache.
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Jeudi
14 Juillet 2005: C'est la
fête au village. Les jeunes villageois convolent en justes noces sous une
brusque ferveur religieuse qui impose une solennité à des moments
habituellement empreints de grosse jovialité. Pour aujourd'hui c'est l'un
des enfants d'El Djoudane qui épouse la fille de Boualem Lamri; c'est
aussi le fils à "Gabardine" qui se marie ainsi que Slimane, le
fils à Bouferkas Amar d'El Maasra qui a jeté son dévolu sur une jeune
fille des Hadj Amar d'El Madjen. En début d'après midi un feu de chaume
s'est déclaré en contrebas du village; il a été circonscrit sans avoir
pu embraser tous les champs de bled Likoul où des bottes de foin sont
encore entreposées.
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Vendredi
15 Juillet 2005: Les
forêts de Lalla Moussaad brûlent. La chaleur des incendies accentue à
l'extrême celle de l'été. Les fumées couvrent tout le paysage et les
débris cendrés de la forêt martyre arrivent jusque sur les capots de
nos voitures et les toitures de nos maisons.
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Samedi
16 Juillet 2005 au Dimanche 31 Juillet 2005: La
canicule et les feux de forêts ont caractérisé la période. Les fêtes
aussi. Chaque week-end a eu son lot de cortèges nuptiaux et la nouvelle
mode des cadeaux qui a remplacé celle de la bonne vieille "Taoussa"
a permis à certains commerçants de s'investir dans les cadres dorés,
les sorties de bain, les services à eau, les veilleuses et les lots de
serviettes de toilettes. Une autre mode ruineuse s'est elle aussi
imposée: celle des petits paniers de sucreries faites maison et comme en
nombre d'autres domaines, là aussi, l'emballage a fini par éclipser le
contenu. Des petits paniers en carton doré aux petites nasses tissées au
crochet et généreusement amidonnées, le choix de la présentation est
très varié mais aussi très coûteux car il arrive souvent que le
contenant coûte deux fois plus que le contenu. Une troisième mode est
venu réfréner notre gloutonnerie qui nous faisait boire la limonade ai
goulot, c'est celle des chalumeaux parfois très décorés que nous nous
faisons un devoir d'utiliser... Question politique, les élus du FLN et
l'élu d'El Islah on fini par jeter l'éponge; ils ont démissionné en
bloc, espérant certainement mettre à mal un maire potentat qui
n'attendait que ça. pour le reste, c'est toujours la trottoirdisation qui
continue à pas de fourmis, l'eau qui a déserté les robinets parce que
SIM (rappelez vous l'acquéreur de l'unité d'eau minérale ) aurait
découvert - notez le conditionnel - que le forage lui appartenait et
qu'il était en droit de faire passer le rinçage de ses bouteilles avant
l'approvisionnement de la populace... Félicitations au cousin
Nasser qui s'est marié durant cette période de déconnexion et en guise
de cadeau cette photo de son père Slimane en cow-boy et qui semble se
désoler devant les ruines d'El Maasra
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Lundi
1er Août 2005: La
traversée de Brachma devient chaque jour plus contraignante. Aujourd'hui
la circulation n'a retrouvé sa fluidité qu'à 14 H 30 et à 7 h le
bouchon atteignait Boulerbah à l'Ouest et El Koudia El Hamra à l'Est.
Les autorités semblent trouver plaisir à faire souffrir les usagers de
la route car il aurait suffi d'un minimum de réflexion pour trouver une
solution radicale à ce problème récurrent, causé surtout par
l'étroitesse de la route conséquente au squat des trottoirs par les
vendeurs mais aussi par un marché hebdomadaire dont la surface utile a
été grignotée par un chantier de construction de logement à l'ouest et
un grand terrain réservé à la réalisation d'un "hôtel
continental" à l'est mais qui a été clôturé depuis belle lurette
pour servir de... parking payant !
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Mardi
2 Août 2005: Les
automobilistes ont dû supporter encore une autre journée noire pour
traverser Brachma. La canicule et des gendarmes prêts à faire payer 800
DA tout écart de conduite n'ont pas simplifié les choses. La
départementale 125 continue à se faire élargir. Le temps s'est voilé
en soirée et quelques gouttes sont tombées entraînant avec elles les
poussières en suspension dans l'atmosphère qu'elles ont déposées sur
les capots et les pare-brises des voitures.
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Mercredi
3 Août 2005: l'atmosphère
s'est sensiblement rafraîchie et en soirée nous eûmes droit à un beau
feu d'artifice sous l'effet des éclairs qui ont zébré le ciel sans
discontinuer.
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Jeudi
4 Août 2005: La fête
continue. Les cortèges nuptiaux se suivent et se ressemblent. Le temps se
fait plus frais et la nuit vous impose de vous couvrir. Les figues ont
très mal résisté aux poussées de chaleur de la semaine passée; celles
qui ne sont pas tombées se sont gâtées. Les raisins pour leur part
semblent tenir le coup mais il ne faut pas se fier au temps car la moindre
grêle peut avoir des effets catastrophiques.
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Vendredi
5 Août 2005: Souvenez-vous
de la Chronique du jeudi 10 mars 2005... Je vous disais l'immense
injustice que commettaient les pouvoirs publics en promulguant leur
ineffable loi sur la circulation routière qui limite la vitesse en
autoroute à 80 km/h. Je viens d'en subir les conséquences... convoqué
au tribunal de Lakhdaria pour répondre de mon "délit" -je
doublais un camion à 110 à l'heure !... j'ai écopé d'une amende
carabinée mais l'affaire ne s'est malheureusement pas arrêtée là... ce
soir les gendarmes sont venus me confisquer mon permis de conduire. La
commission de Wilaya (j'en fus membre il y'a 1/4 de siècle) m'a condamné
par "contumace" à une peine de... 12 mois de retrait de mon PC
!... la même peine dont a écopé un autre automobilistes que faisait de
l'excès de vitesse en agglomération et qui s'est rendu coupable
d'homicide... Je n'ai pas reçu leur convocation et je présume qu'ils ne
me l'ont pas envoyée... je sais que je ne compte pas beaucoup d'amis dans
les rouages de l'administration car j'ai passé 5 années à fustiger
certains comportements durant mon mandat au conseil régional. Ils ont
trouvé une occasion de se venger, ils ne l'ont pas ratée mais bof ! si
ce n'était les vacances compromises de mes enfants, je me dirais que
c'est une bonne chose pour moi car ça va me permettre d'user mes
semelles en me remettant à la marche à pied...
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Samedi
6 Août 2005: Notre Ghoul
de Ministre des Travaux Publics qui affectionne particulièrement notre
région depuis qu'on a décidé de la déchirer par une autoroute est venu
inspecter le chantier des tunnels de Ain Cheriki. Ce fut laborieux mais on
a réussi à sortir de l'autre côté vers l'immense viaduc de Oued Rekham
qui a déjà ruiné GICO et GARBOLI, deux sociétés italiennes de renom.
Monsieur Ghoul a intérêt à bousculer les sociétés qui réalisent ce
tronçon d'autoroute car la Nationale 5 est saturée entre Boulerbah et
Zeboudja, un tronçon qui est devenu une véritable hantise pour les
usagers de la route.
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Dimanche
7 Août 2005: Encore un
énorme bouchon sur la Nationale 5 entre Aomar et Kalous; des gendarmes
sont maintenant mobilisés à longueur de journée à Brachma où ils
essaient de fluidifier la circulation mais je crois que c'est cette
organisation du trafic à l'intérieur de l'agglomération qui le ralentit
à l'extérieur car l'anarchie n'est devenue systématique que depuis
l'intervention systématique des gendarmes. C'est une aubaine pour le
trésor public car des motards aux aguets n'arrêtent pas de verbaliser
les automobilistes trop empressés qui doublent la file sur le terre plein
de droite ou qui vont souvent aussi à contre courant de la circulation
sur le terre plein de gauche. Le projet d'alimentation du village en gaz
de ville est reporté aux calendes grecques. On affirme de source sûre
que les pouvoirs publics auraient renoncé à mettre à exécution ce
projet qui était pourtant arrivé à maturité et comme de bien entendu,
la population qui est la première concernée est tenue dans la totale
ignorance de cette situation. On ne sait pas quel taon a piqué les gens
de l'ADE mais depuis quelques jours ils nous libèrent l'eau seulement à
la nuit tombée; c'est ce qui a fait dire à Fatah 24: "nous voilà
logés à la même enseigne que les gens de Bab El Oued
!"
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Lundi
8 Août 2005: Sensible à
mon argumentaire, le Directeur de l'Administration Générale de la Wilaya
a bien voulu introduire mon recours devant la Commission de retrait du
Permis de Conduire. J'ai compris pourquoi ma "transgression de la
Loi" était qualifiée de "délit" et non
d'"infraction"... je ne roulais pas à 110 km à l'heure mais
à... 111 !!!!! et à 111, je dépassais d'un km la limite de
requalification de l'accusation... La Commission a écouté ma pathétique
plaidoirie et a réduit ma peine de 12 mois de retrait du permis de
conduire à... un avertissement ! J'ai osé faire cette incursion dans ma
vie privée pour montrer la précarité de certaines situations que nous
vivons et où votre bonheur ou votre malheur sont suspendus à l'humeur de
certains fondés de pouvoir mais je crois que ce n'est pas exclusif à
notre région même si chez nous ça frise littéralement la caricature.
Autre phénomène que j'ai observé aujourd'hui avec une révolte que j'ai
difficilement contenue: la composante sociale des citoyens qui ont subi
les rigueurs de la Loi portant sur les infractions à la circulation
routière... parmi la trentaine de personnes qui attendaient leur tour
d'être jugés dans le grand hall qui sert de salle d'attente, aucune
n'avait les souliers cirés et il est certain qu'il n'y avait parmi elles
aucun avocat, aucun médecin, aucun militaire, aucun maire, aucun notaire,
aucun fonctionnaire de la Wilaya, aucun douanier, aucun directeur de
société (hormis bibi), aucun homme politique.... Et je voudrais bien
voir les journaux publier les détails sur les statistiques qu'ils mettent
en avant à chaque fois pour vanter les mérites de la répression
routière, les détails sur les statuts des conducteurs auxquels on
applique les rigueurs d'une loi sensée être au dessus de tous.
Mais c'est bien vrai que sous nos cieux comme sous toutes les latitudes de
ce globe cossu, c'est toujours la canaille qui (se) conduit mal !
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Mardi
9 Août 2005: La grosse
canicule est revenue. Le feu a pris sur les contreforts boisés de Hammam
M'Hadjbiya; il risque d'aller loin car l'accès motorisé y est
impossible. Le marché de voitures de Brachma a encore fait des siennes en
bloquant la route entre Boulerbah et Kalous de 7 H à 13 H. Après 13 H
c'est une semi-remorque chargée de ciment qui n'a pas trouvé meilleur
endroit où se renverser que la descente de Kalous rendant la circulation
infernale. Les deux minarets de la mosquée sont terminés; il reste à
dorer le dôme du dernier, à doter les ouvertures de persiennes et à
peindre le tout pour nous donner une mosquée digne de celle de Tlemcen.
Fasse Dieu que les c?urs de ceux qui l'y prient aient la grandeur et la
beauté de ces deux minarets.
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Mercredi
10 Août 2005: Encore une
journée de pleine canicule. Les forêts qui brûlent un peu partout ont
généré un nuage de fumée qu'un très fort vent du sud essaie
vainement de chasser. Cette ambiance n'a pas empêché la fête; et dans
chaque quartier du village c'est à coup de décibels qu'on célèbre
l'enterrement des prépuces ou des célibats.
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Jeudi
11 Août 2005: Week-end
très festif. J'en profite pour féliciter M'Hamed: Rachid pour ses
intimes, mon neveu qui a pris exemple sur Nasser mon cousin en décidant
lui aussi d'opter pour la vie de couple. La fête fut celle des jeunes qui
n'ont lésiné ni sur les décibels ni sur les déhanchements et n'était
l'intervention intempestive du grand-père (trouble-fête comme à son
habitude) elle se serait prolongée jusqu'à l'aube. Mokhtar "El
Baggar" en a profité pour peaufiner sa danse à la Zorba; il eut
l'heureuse idée de convoquer une petite troupe de jeunes artistes de
Lahguya qui nous ont rappelé le bon vieux temps de Hamouda N'Said et H'Midett
et nous ont emportés loin derrière les DJ insipides d'aujourd'hui.
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Vendredi 12 Août 2005: Le
temps joue la clémence après avoir fait goûter un avant-goût de
l'enfer... L'enfer est brandi par l'Imam dans son prêche d'aujourd'hui
contre ceux qui croient que la fête c'est la joie et qui croient que la
joie c'est la permissivité... Il a axé son sermon sur ces inconscients
qui osent user de DJ et autres sataniques trouvailles telles les caméras,
qui s'habillent légers et osent mélanger les genres... A court
d'inspiration, le clergé revient à son pêché mignon: celui de
s'attaquer aux femmes qui n'ont pourtant que ces fêtes pour extérioriser
le trop-plein de stress qu'elles accumulent au long de l'année sous les
regards libidineux et les index culpabilisants des hommes, les
sournoiseries de leurs infortunées semblables et les besoins
incompressibles des mioches...
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Samedi
13 Août 2005: Journée
sans teint. L'été s'efforce de montrer que le réchauffement de la
planète n'est pas une théorie fumeuse de climatologues en mal de
sensationnel. Les figues ont été très en dessous des espoirs qu'a fait
naître un hiver dispendieux. Les figues de barbarie ramenées d'Ech-Ch'haïbiya
à dos d'âne n'ont ni le calibre ni la succulence qu'on leur connaît. En
contrebas du village, sur la départementale 125 qui n'en finit pas de se
faire agrandir, l'heure est à la réalisation des voies d'évacuation des
eaux pluviales. |
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Dimanche
14 Août 2005 au Lundi 29 Août 2005: C'est
à El Kala que j'ai passé quelques jours qui ne furent pas de tout repos
malgré la splendeur du sable de la plage de Messida, la beauté sauvage
des forêts, la féerie du lac Tonga. J'essayais quand je le pouvais, de
prendre des nouvelles du village que me distillait parcimonieusement Fatah
24 qui ne voulait surtout pas perturber mes vacances. La nouvelle la plus
digne d'intérêt est celle qui fait état d'une plainte déposée par un
ancien fidèle du maire contre ce dernier et "des complices"
pour un délit d'une extrême gravité dont nous reparlerons... L'autre
événement qui semble avoir donné un semblant de vitalité à un village
plongé dans sa léthargie, c'est la Loi sur la Réconciliation qui sera
votée le 29 septembre. On assiste à un placardage tous azimuts de photos
de leaders politiques comme si c'était de ces Ubus qu'il s'agissait et
non d'un projet de société et la mairie qui souscrit totalement à la
démarche non par conviction mais par discipline partisane s'efforce de
faire du zèle pour bien montrer ses dispositions réconciliatrices; un
zèle qu'elle aurait montré si l'instruction de "la tutelle"
visait une philosophie fondamentalement opposée... J'ai appris et je vous
l'apprends, la mort durant mon absence, du vieux B'lel de Harchaoua et de
la femme de Said Hamoud, le planton de notre mairie, connu pour ses
réparties comiques et sa casquette qui le fait ressembler à Ludo,
l'inspecteur de bandes dessinées. J'ai appris aussi que le club de
football local est sans président depuis la émission de Haroun
Noureddine. Les tractations vont bon train et aux dernières nouvelles, ce
sont des adjoints du maire qui auraient décidé de prendre en main ce
club-pactole (la rumeur publique - qu'il ne faut bien sûr jamais croire -
parle de la négociation de deux rencontres pour la bagatelle de 55
millions de cts et quand on sait à combien se chiffre le budget
d'une équipe de football, on se dit qu'il est tout à fait naturel de
voir ces batailles épiques pour leur présidence...) |
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Mardi
30 Août 2005: Nous
reprenons cette chronique avec une heureuse nouvelle: celle du début des
travaux de mise en place du réseau de gaz de ville. Les pouvoirs publics
ont dû reprendre le dossier de façon plus sérieuse puisque le choix de
l'Entreprise qui doit réaliser tout ou partie de cette opération a été
effectué. L'autre bonne nouvelle qui me concerne particulièrement, c'est
la restitution de mon permis de conduire qui a fini par atterrir à la
Wilaya après plus de 20 jours de pérégrinations dans les structures
verticales de la gendarmerie. A signaler aussi pour aujourd'hui la visite
de Benbouzid, notre inamovible ministre de l'éducation qui n'est pas venu
pour faire les éloges de la "Réconciliation" même s'il en a
certainement loué les vertus quand il a inauguré les Collèges de
Boulerbah et Kalous. A Boulerbah, les propriétaires du terrain d'assise
du collège lui ont fait valoir leur droit suite à leur expropriation
mais comme ils ne posséderaient pas les actes de propriétés, ils n'ont
dû recevoir du ministre que les mêmes promesses qu'ils ont reçues des
autorités locales. |