LES MORTS ABSURDES
SI H'MIDA
14 Juillet 2009
Si H'Mida est mort aujourd'hui...
De son vrai nom BELLIL Rabah, Si H'Mida
est un paysan d'El Hamra, dur comme un roc, résistant comme un chêne... Il est
mort tout à l'heure dans un lieu totalement inconvenant, un lieu de détente et
de soins, une source thermale dans laquelle se construit un centre de cure... à
Hammam Ksenna, connu chez nous sous le nom de Hammam Fraksa...
C'est ce matin qu'un groupe d'habitants
de Ben Haroun a eu l'idée de louer les services d'un fourgon de transport de
voyageurs pour y aller faire trempette dans ses eaux soufrées.
Il faut dire que le choix de cette
journée est un peu hasardeux... la canicule est déjà insupportable à l'air
libre, comment peut-on avoir l'idée d'aller vers l'enfer des eaux volcaniques de
Hammam Fraksa dans lesquelles habituellement on peut se fait cuire un oeuf...
D'aucuns disent que les cures thermales en eaux chaudes sont précisément plus
bénéfiques en périodes de grande chaleur, d'autres, plus résignés et fatalistes
disent que l'appel de la mort n'a pas à être discuté ni commenté ni justifié...
Entré avec un Kazouit; septuagenère
comme lui, Si H'Mida n'a pas pu résister aux eaux brûlantes et à leurs
vapeurs... Kazouit affirme qu'il n'a eu la vie sauve que par miracle tant
l'atmosphère était étouffante.
Le fourgon est revenu à Ben Haroun avec
la dépouille de Rabah Bellil dans la consternation d'une excursion qui finit en
tragédie...
Gageons que comme la mort gratuite du
jeune Ouali, empalé sur les ferrailles d'un regard d'égout en construction,
celle de Rabah Bellil sera elle aussi mise sur le compte du Mektoub et que
personne n'en tirera les leçons qui éviteront d'autres morts absurdes du même
type... Gageons qu'on ne dissertera pas sur les recommandations des
professionnels de la santé qui n'ont pas arrêté de mettre en garde les personnes
vulnérables contre les méfaits de la canicule exceptionnelle annoncée par la
Météo... Gageons que personne ne prendra la peine de vérifier la capacité de
résistance des curistes avant leur admission dans les "étuves"... Nous avons vu
pourtant de simples douches publiques afficher des avertissements exigeant des
clients atteints de maladies chroniques (asthme, diabète, hypertension,
cardiopathies...) de se signaler aux préposés avant d'accéder aux bains.
Gageons que personne ne se demandera
comment une personne valide peut entrer dans un centre de cure pour en sortir
les pieds devant...
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