Mais nous avons quelques idées de ce qu'il fut du temps
des romains. Un médecin de l'hôpital de Palestro
qui a écrit une belle thèse sur l'eau de BenHaroun
affirme que les Romains y avaient installé un sanatorium ou ils remettaient sur pied
leurs centurions blessés. Cette thèse semble plausible puisque Si Hamid, un fellah qui labourait sa terre à El Maasra, en contrebas de BenHaroun
y a trouvé une pièce romaine (les centurions devaient être bien avares pour ne perdre
qu'une sesterce direz-vous !).
Sans vouloir trop polémiquer, nous pouvons par ailleurs affirmer que c'est
à Oued Djelada, juste à l'endroit
où Si Hamid a trouvé cette pièce
de monnaie que TACFARINAS livra sa
dernière bataille, si on se refère à certains livres d'histoire.
Mais comme les Djebahis sont soucieux d'abord de s'autosurveiller,
ils n'ont jamais eu la présence d'esprit de défendre cette version, contrairement aux
"Aumaliens" qui tentent
par tous les moyens d'inscrire la mort de l'illustre heros dans leur état civil.
Les Arabes qui sont venus par la suite y sont restés jusqu'à ce jour mais
n'y ont laissé aucun vestige significatif.
Ils n'étaient pas venus pour ça direz-vous !
Même si les Djebahis (laperrinois) sont dans leur
majorité écrasante de vrais "têtes de turcs", il n'est pas certain que les
Ottomans s'y soient installés. Le nom de Koroghli que portent certains habitants ne peut
à lui seul entretenir un quelconque doute sur cette évidence. Il faut toutefois signaler
que Mahfoud Kaddache, l'historien,
fait passer la route de la Mehalla par Draa
Lebghal (le Col des Mulets).
La Mehalla pour ceux qui l'ignorent, c'est la procession fortement
armée des percepteurs qui s'en allait chaque année racquetter les paysans pour
faire vivre le Dey et ses Janissaires et ravitailler la Sublime Porte. C'est à cette
halte qui devait se situer quelque part entre BenHaroun et Djebahia que la Mehalla se
divisait pour rejoindre Ain Bessem et le Titteri ou pour continuer vers Bouira et les Bibans où elle s'arrêtait sous les embuscades meurtrières
des tribus berbères.
Quand les
Français sont arrivés, ils ont vite fait de chasser les autochtones vers les montagnes.
Ils se sont accaparés les bonnes terres, y ont construit des haciendas puis ont rappelé
les arabes dont ils ont fait des métayers et des saisonniers. Laperrine fut ainsi crée pour les besoins de la cause. Les
maisons des colons y sont encore debout. Ces colons avaient pour noms: Lacomb,
Villa, Teissier, Marius, Catala...
Ils y ont aménagé une église et avaient leur cimetière où
plusieurs générations de leurs parents reposent.
En 1954, quand éclata la Révolution, les colons ne furent pas tellement
inquiétés et les maquisards s'en prirent rarement à leurs récoltes. Le village où
s'est installée une garnison fut attaqué (le Commandant Azzeddine a relaté cette attaque dans un de ses livres).
L'attaque échoua parce qu'il y eut traîtrise ou mauvaise préparation. Si Djebbah, de son vrai nom:
Bouchedda Tahar, natif d'El Harrach et connu comme étant un ancien scout y trouva la
mort. Il fut enterré par les villageois au cimetière de Sidi
Boubekeur d'où ses restes furent
deterrés en 1964. Il fut réinhumé au centre du village qui porte aujourd'hui son nom.Après l'indépendance, des intrigues aujourd'hui encore
mal élucidées ont fait que le village perdit son statut de commune. Il fut rattaché à
celle de Kadiria et dut végeter
litteralement pendant une bonne periode.
En 1984, un nouveau
découpage administratif lui restitua le statut de commune. Mais le Parti qui avait la
mainmise sur toutes les affaires de la Cité ne put admettre de la voir s'émanciper; et
c'est ainsi que des executifs communaux sur mesure lui furent choisis.
Au lieu de s'interresser à le développer, ils passèrent leur
temps dans les intrigues.
Sous la période faste de Boumediene, il n'eut même pas droit à son village socialiste;
et n'était la vigilance de ses jeunes, il aurait même perdu son stade qui fut affecté
à la construction de logements au profit des attributaires de la Révolution Agraire.
En 1991, il ne résista pas à la déferlante islamiste.
Puis il connut la periode des DEC. La première équipe battit en retraite au premier
attentat au cours duquel furent assassinés des éléments de la garde communale. Une
autre DEC lui succéda. Elle subit un assaut direct mais s'en tira sans grands dégats.
Le village fut toutefois relativement épargné, comparativement aux
douars limitrophes. Il fut partiellement détruit par l'explosion d'un véhicule piégé
le 1er jour du Ramadhan de l'année 1996. On n'y déplora par miracle qu'une seule victime.
Les élections de 1998 furent remportées par l'équipe
de l'ancien DEC qui fut opposée à
l'équipe qui avait été désignée avant lui et qui démissionna (qui a dit que le
pouvoir n'était pas un aimant !).
Ces élections furent contestées par l'opposition qui accusa
l'équipe gagnante de fraude. Celle-ci ne fit rien pour s'éviter cette accusation
puisqu'elle se gratifia comme au bon vieux temps du parti unique d'un score sans appel
d'un tout petit peu moins de 100%.
Le mandat du maire fut accompli devant une filigrane
d'ombres chinoises où transparaissaient par intermittence une administration publique,
une autoroute, d'heureux milliardaires et beaucoup de presomption de magouilles. Le maire
en fît d'ailleurs son cheval de bataille lors des elections du 10/10/2002 ( lire la chronique ) et pour se libérer de son
index accusateur, les accusés se coalisèrent sous la bannière d'un front
et montèrent à l'assaut non pas de la mairie mais du maire !...
Le maire qui aurait pu et dû être défenestré de la mairie
profita du peu de crédibilité de cette coalition d'intérêts que la population
sanctionna par sa réintégration par la porte au grand dam des comploteurs qui
compromirent ainsi leur avenir social et politique et privèrent la commune d'une
alternative et d'une alternance plus profitables.